kamo ☾ a light to burn all the empires

kamo utilise le pronom ille ; ni il ni elle, ni rien du tout, ni tout à fait, ille navigue sans être esseulé, ille, comme île, deux ailes, deux lui, jamais seul, jamais ☾ ille s’arrache les cuticules sans arrêt, encore et encore, goût de sang dans la bouche, doigts rougis par la peau arrachée ☾ ille ne supporte pas qu’on lui touche les poignets ☾ kamo se bat sans règles, un couteau entre les doigts et toutes dents dehors, ille a mordu plus d’une fois une personne qui s’était approchée trop près. les canines juste un peu trop pointues pour ne pas être inquiétantes, ille claque des dents machinalement quand ille est contrarié ☾ insomniaque, ille a du mal à différencier la réalité des songes, passe son temps à douter, éveillé, endormi, éveillé, endormi, la seule preuve c’est son frère, la seule constante, c’est son frère, s’il est là, kamo ne dort pas. kamo ne rêve jamais de lui ☾ kamo se pique, sniffe, avale, teste les limites de son propre corps comme pour mieux en sortir, pour mieux ignorer les mains sur lui et la thune qui manque, le vide dans son bide qui n’a de cesse de grandir ☾ kamo ne supporte pas de dormir seul, toujours collé à son frère, toujours enfoui contre le corps de molly, le dogue allemand qu’ils ont récupéré plusieurs années auparavant ☾ rancunier, bagarreur, terriblement loyal, mélange explosif et barbare, il attaque, mord, aboie, les yeux brillants et le corps tendu, prêt à se jeter sur les gens qui le trahissent, prêt à écharper quiconque lui mentira, kamo pardonne pas, kamo refuse de s’excuser, tout ce qui se brise n’est jamais réparé ☾ ille collectionne les clés perdues, les objets égarés, les fait entrer dans des serrures au hasard comme dans l’espoir de dégoter un endroit vide où vivre avec son frère, ille croit plus aux contes de fée depuis longtemps, pourtant ☾ ille est religieux, peut-être, croyant, quelque part, une espèce de batardisation des croyances juives de sa mère qu’ille se remémore par morceau seulement, religion tordue, fendue, à laquelle ille ne peut pas s’empêcher de se rattacher ☾ descolarisé depuis presque toujours, on le prend pour un abruti ; s’ille ne sait pas vraiment écrire, ille réfléchit beaucoup trop vite pour se laisser stopper ☾ migraine fracassante qui le saisit, régulièrement, incapable de lutter contre, ille passe des heures recroquevillés pour échapper à la lumière et au bruit dans le pire des cas. vulnérable à en crever, ille lutte pour les éviter, préfère enfoncer son couteau dans ses cuisses pour mieux oublier ; ça ne marche qu’un temps



01. La fumée âpre de la cigarette lui pique les yeux. Bee dort. Enfin, Kamo pense qu’il dort sans en être vraiment sûr. Ille sait simplement que lui ne dort pas, parce que sinon, son frère ne serait pas là. C’est la seule différence entre la vie et le sommeil, en ce moment, et ille s’accroche à la main sale de son frère jumeau. Ils se sont enfuis. Ou plutôt, non, ils ont glissé entre les mailles du filet. C’était trop facile de disparaître, maman leur a appris comment se faire petit, Kamo a bien appris malgré sa grande gueule, malgré sa rage, malgré ses dents trop pointues, malgré ses yeux trop luisants. Kamo apprend vite. Ça a toujours été comme ça. C’est pour ça qu’ille a vite compris qu’on voulait les séparer, après quatre ans à passer de foyer en foyer, c’est pour ça qu’ille a vite su comment y échapper. La rue est vaste et quand on sait où chercher, on finit toujours par trouver quelqu’un qui voudra bien utiliser les désespérés. Kamo est désespéré, ille le sait. Jouer les petites frappes ne l’inquiète pas. Ce qui l’inquiète, c’est de disparaître, ou que la toux qui roule dans ses poumons s’aggrave, ce qui l’inquiète, c’est le regard prédateur d’un type un peu plus loin, ce qui l’inquiète, c’est d’être séparé de son frère à qui ille se cramponne comme s’il n’y avait pas de lendemain.

Ce jour-là, il y a un lendemain. Les semaines qui suivent aussi.

02. Et puis, il y a Panthère. Ou, plutôt, il y a Panthère et tous les autres. Kamo respire pour la première fois depuis la mort de sa mère et la moquette dégueulasse, depuis son père en prison. Ille inspire fort, ille hurle, ille se bat, ille devient féroce, beaucoup plus qu’avant, un couteau dans les mains et des mauvaises idées plein la tête, un cachet sous la langue dès qu’on le laisse faire. Ille lâche jamais la main de son frère, certaines choses ne changent pas, mais ils se transforment en arme de guerre, sorte de canon super nucléaire. C’est plus facile d’être cruel à deux, plus facile d’être des caïds en bande ; ivre de famille Kamo oublie qu’on ne peut compter que sur soi. Ille ne s’en rend compte que lorsque sa vie commence à se désagréger entre ses doigts, petit à petit, papier journal qui se dissout dans le caniveaux, Lou qui se casse, qui les abandonne, Lou qui disparaît, Kamo veut tout péter. C’est pas le seul à trahir, parce que tout s’effondre de toute façon, deux ans de bonheur pour que tout retombe.

03. La porte d’un nouveau foyer claque devant eux et Kamo a toujours sa main dans celle de son frère. La femme qui s’occupe des « jeunes en difficulté » passe son temps à parler sans que Kamo ne lui prête attention. Ton corps est un temple, elle balance un soir, et Kamo n’a même pas la force de ne pas avoir l’air furieux. Son corps est un temple, se remémore-t-ille, encore une fois isolé du reste à cause d’un mauvais comportement. Son corps est un cimetière. Ille a parfois l’impression de flotter au milieu des fantômes et des absents, au milieu d’une brume trop épaisse pour continuer d’exister. La seule personne vivante dans son monde, c’est Bee, et c’est une pensée aussi terrible qu’elle est apaisante. Le seul vivant c’est Bee et c’est le seul à qui ille rend des comptes. Le reste a peu d’importance. La nana ne lui parle plus après cela. Le couteau qui a servi à la menacer disparaît peu après.

04. La première fois qu’il sniffe, c’est derrière le comptoir pourri d’une épicerie de nuit où ille squatte régulièrement. Le caissier est une connaissance, un pote peut-être, un type un peu trop vieux, mais qui l’emmerde pas et le laisse piquer des bières sans moufter. Ille devrait être au foyer depuis longtemps, son téléphone vrillé de messages inquiets et de menaces. Ille en a lu quelques uns avant d’en recevoir un de son frère. Bee le couvre, Bee le couvre toujours et Kamo fait de même. Ille n’est même pas sûr qu’ils se rendront compte que Kamo manque de toute façon, que quelqu’un joue son rôle. De toute façon, ça n’a aucune importance. Son pote du jour est occupé à tracer des lignes sur le comptoir dégueulasse, un sourire affable sur le visage. Ille accepte parce qu’ille n’a peur de rien. Ille ne se souvient pas bien de ce qui se passe après. Ille se souvient juste de l’énergie, de la vitesse, de l’infernale toupie. Ille se rappelle de la joie pure et brutale et de la liberté subite, du sourire du gars qui lui propose de repasser un de ces jours, histoire de recommencer. C’est pas un contrat, mais c’est tout comme, ille suppose, parce qu’ille envisage même pas de ne pas y remettre les pieds.

05. La première fois est un accident, proposition lancée au vent et billets rapidement échangés ; les fois d’après plus vraiment. Ille a besoin d’argent rapidement et ille n’a pas grand-chose à monnayer. Ille devrait être à l’école mais ille a d’autres préoccupations. Les cours l’ennuient, ille ne comprend rien à ce qu’on tente de lui enseigner. Retard, marmonnent ses profs et ille finit par décider d’être en retard jusqu’à la fin de l’année, calfeutré dans une rue qu’ille pense avoir apprivoiser, à tirer des porte-monnaies ou à fréquenter des caïds pour une pincée de poudre blanche ou une extase qu’ille n’a pas encore testé. Ille n’est pas assez stupide pour accumuler des dettes, heureusement. À la place, ille racole, grindr sur le téléphone, la tête renversée en arrière et les yeux vides. Ille n’en tire pas de plaisir, pas réellement, mais l’argent qu’ille récolte est suffisant. Ille a même un régulier, un truc sympa grâce auquel ille pense qu’ille va pouvoir économiser. Ille accepte de l’accompagner chez lui, un soir, plutôt que de faire ça dans les toilettes à l’arrière de la supérette. Ille accepte pas de se faire attacher, mais ça, le type écoute pas.

06. Le retour à la rue est une libération. Dix-huit ans plus bons à rien, on les jette dehors et Kamo se déplie, comme libéré d’une gangue qui l’étouffait. Ille a froid, ille a faim, ille a envie de crever tous les gens qui le regardent, mais ille a plus besoin de faire semblant d’être civil avec des gens qui n’ont rien de réel. De toute façon, tout n’est pas noir, Bee est avoir lui et y a Molly aussi. Molly leur ressemble un peu, jetée à la rue et seule, Molly est un peu une soeur. Molly est un dogue allemand, mais ça ne change rien. Elle mange leur nourriture et combat à leur côté, leur tient chaud la nuit venue, louve enroulée de Remus et Romulus dans les bas fonds d’Exeter. Y a pas de gloire là-dedans, seulement des odeurs de pisse et de sang et de transpiration, et les yeux de Kamo, tantôt vide, tantôt remplis de feu, qui ne cessent jamais de vivre et de traquer les gens qui passent sur le trottoir, menton relevé et histoires plein la bouche, mensonge pour vivre, passes rapide, larcins et baston, tout ce qui peut faire courir l’adrénaline dans son sang. Panthère passe parfois leur filer un boulot. Panthère n’est plus le sauveur qu’ille a été.

Kamo n’hésite plus à montrer les dents.

07. La bibliothèque qu’ille squattait le fout dehors lorsqu’ille découpe un journal de trop. C’est pas qu’ille aime lire, ille sait à peine le faire, mais le journal porte une trace lointaine de sa mère, archive publique d’une mort cruelle, visage granuleux imprimé sur un papier en train de désagréger. Elle manquera à personne d’autre qu’à ses fils, ille pense, en la découpant. Elle manquera à personne d’autre, soigneusement plié en quatre tout au fond de la poche intérieure d’un manteau qui a vu des meilleurs jours. L’article mentionne pas ses enfants. L’article mentionne rien de toute façon, comme s’ils n’avaient jamais existé, comme s’ille n’avait jamais vu le jour. Les limites de la réalité lui échappent souvent, perdues au milieu de la douleur et des cachets et du sommeil qui le fuit sans jamais s’arrêter. Parfois, ille demande à Bee s’il le voit et Bee dit oui. Kamo n’est pas sûr de pouvoir le croire. Peut-être qu’ille n’est que son reflet. Peut-être qu’ille n’est qu’une ombre. Peut-être qu’ille n’est rien.

Certains jours, plus que d’autres, Kamo se demande s’ille est né.
Les bras de Bee, fermement enroulés autour de lui, le ramènent à la réalité.

Lev. a écrit:

A tes méchantes blessures. j'ai 27 ans, je passe trop de temps sur internet, j'ai une passion pour le thé, les chats, les comédies musicales, les jeux vidéos, les fanfictions, les pays de l'est / ex-bloc de l'URSS et pour tout ce qui touche aux traditions et mythes juifs. . en ce moment je passe beaucoup trop de temps sur twitter et tik tok, j'écris beaucoup, j'aime un peu beaucoup daniel pennac d'où le pseudo.

(ps merci les pipous qui ont laissé un petit message sur ma fiche et à qui j'ai pas répondu, tous vos petits mots m'ont fait trop plaisir mais j'ose pas vous répondre sur l'autre forum pour pas flooder bêtement       )
kezako, ton perso. pré-lien de @Lou Abellard !

Code:

[b]Kamo Pribeagu [/b] : sdf
[b]Quartier d'habitation :[/b] /
[size=10][u]numéro[/u] [b][i] Nom de ton personnage[/i][/b] Appartement, loft, maison ou squat.[/size]

Hé oui, te voilà validé.e !   
Pour débuter ton aventure ici, je te conseille d'ores et déjà de passer dans les fiches de lien pour y déposer la tienne, afin de tisser ta toile sociale. Si tu as des envies de lien, n'hésite pas aussi à faire un tour dans le répertoire, faceclaim des membres du forum, certains te taperont sans doute dans l'œil. 
La plume te démange, je le sais, je le vois.  Nous avons mis à ta disposition une loterie des rps si tu souhaites confier ton destin au big brother farceur (si t'as le cœur bien accroché, tu vas t'éclater). 
N'hésite pas à passer du côté du marché noir afin d'en apprendre plus sur ce système, grappiller quelques points mais aussi les dépenser à ta guise.
Pour ce qui est du reste, le flood, les jeux, nous te laissons vagabonder dans le forum, partir à sa découverte, sur des territoires inconnus, qui sait. Tu peux aussi passer du côté des mini-floods afin de voir ce qu'il s'y passe en ce moment. 
Pour finir, un serveur discord est disponible.   

deux activités te sont proposées dès le départ. 
D'abord, big brother en appelle à toi et à ton arrivée ici pour donner de l'eau au moulin de son site internet nauséabond, big brother.org
Et afin de mettre un peu de piment dans la vie de ton personnage et participer à l'évolution du forum, tu peux t'inscrire à la prochaine intrigue et découvrir ce que big brother aux habitant.es de la ville. 
Bon jeu.