no light, no light ± harley

rares sont les soirs où tu ne travailles pas. tu passes le plus clair de ton temps au devils den comme s'il s'agissait de chez toi. hantant les couloirs d'une démarche féline bien assurée. tes courbes exhibées dans les robes hors de prix que tes clients prennent plaisir à t'acheter. tu en profites pour rester tranquillement à l'appartement lorsque tu es en congé. tu restes posée dans ton lit à avaler tout un tas de popcorn devant la télé. rien de bien passionnant t'es juste une adolescente qui ne saurait vieillir, changer. tu caches toujours un sachet de bonbon dans le tiroir de ta table de chevet. tu ne peux pas t'endormir si ta veilleuse n'est pas allumée. ton émission préférée n'est rien de plus qu'un talk-show démodé. t'es toujours la même que lorsque t'avais seize ans. en plus sage sûrement. t'as arrêté de te mettre dans de sacrés pétrins depuis longtemps. t'as arrêté de fréquenter les mauvais garçons, tu travailles pour eux en échange de quelques billets. de leur protection, de stabilité. dix ans, dix longues années déjà que t'es devenue une prostituée. ça commencé bêtement et tu ne t'es jamais arrêté. ça peut paraître un peu bête et étrange, mais tu l'aimes ton métier. t'aimes à croire que t'es douée dans ce que tu fais. t'as arrêté l'école jeune à cause de ta dyslexie et de tes difficultés à te concentrer. comme si c'était ta faute à toi si les nuages et les brins d'herbes agités par le vent étaient plus intéressant que tout ce que tes cours pouvaient raconter. avec tes dix doigts t'es pas forcément douée. t'es clairement pas aussi intelligente qu'harley. harley, elle brille dans tout ce qu'elle fait. t'es fière d'elle, trop fière d'elle et t'espères qu'elle le sait. que ta grande sœur est un modèle d'exemplarité. elle est tout ce que tu ne seras jamais. quelqu'un de responsable sur qui l'on peut compter.

vous avez toutes les deux eut une agréable soirée ce soir. vous vous êtes faites livrer à manger, italien comme à votre habitude car les pâtes sont quelques choses que vous ne savez pas aussi bien cuisiner. vous vous êtes installées sur le canapé devant un vieux film que vous pourriez bien regarder les yeux fermés tellement vous le connaissez. vous avez ri pendant que tu peignais les ongles de la blonde en violet. un truc tape à l'œil, qu'elle a accepté sûrement uniquement pour que t'arrêtes de l'embêter. vous avez bu une bouteille de vin puis vous êtes parties vous coucher. bien sagement. ni trop tôt, ni trop tardivement. tu n'as pas eu de nouvelles de clarence ce soir, sûrement bien trop occupé. t'as boudé une heure, deux puis tu t'es endormie en caressant du bout des doigts la chevalière que tu lui as dérobée. pour avoir quelque chose de lui constamment à tes côtés.

boum! crac! bang!

ça te réveille en sursaut, tu te redresses dans ton lit ne sachant pas quelle heure il est. l'appartement pourtant bien silencieux se retrouve animé par des hurlements. des pleurs que tu reconnais. tu roules hors du lit, manque de tomber en glissant sur un magazine abandonné. ton myocarde bat la chamade, affolé. "harley!" tu cries une première fois en t'enroulant dans un peignoir en satin bleuté. tu rejoins le couloir, manque de te casser à nouveau la figure dans la foulée. tu pousses la porte de la chambre de ta soeur pour la rejoindre, allumes la lampe sur une commode pour un peu plus de luminosité. la blonde se débat contre des démons invisibles, hurle à plein poumons qu'ils doivent arrêter de la tourmenter. c'est à genou que tu gagnes ses côtés, tes mains sur son épiderme pour la rassurer. tu l'enlaces, glisses à ses côtés. "j'suis là, j'suis là. il n'y a que moi. on est en sécurité. tout va bien harley." secouée par des soubresauts qu'elle ne semble pas contrôler, tu te serres un peu plus contre son cœur. assez fort pour qu'elle puisse sentir le tien aussi collant que du chewing-gum, mou comme du beurre. tu tentes de la redresser un peu, quittant la position couchée pour une assise plus confortable pour la consoler. elle a passé sa vie, à te surveiller. à prendre soin de toi comme une mère le devrait. c'est ton tour aujourd'hui d'être là, de tenir sa main lorsqu'elle trouve les choses compliquées. jamais vous ne vous quitterez. ["calmes toi, plus personne ne nous fera de mal maintenant je te le promet." ensembles jamais.

T'étais proche de ta petite soeur toi. Elle était indéniablement la personne dont tu étais le plus proche sur cette Terre. Et celle qui comptait le plus à tes yeux. Qu'est-ce que tu ferais sans elle hein ? Comment tu parviendrais à avancer dans la vie, si elle n'était pas là pour te relever à chaque chute, pour t'aider à surmonter chaque obstacle qui s'était mit sur ton chemin. Mais Summer, elle ne le sait pas combien de fois elle t'as sauvé la vie. Quand elle débarquait à l'improviste, alors que tu te retrouvais dans ta chambre, objet tranchant en main, à deux doigts d'aller t'ouvrir la peau, pour ressentir la douleur, pour te sentir mieux. Te faire du mal, c'était devenu une habitude. C'était comme un refuge pour toi, que de te retrouver dans ta chambre, et de te scarifier la peau. Ce n'est pas pour rien que tu ne voulais jamais te montrer à nue devant quiconque. Tu avais bien trop honte. Tu savais que ces marques sur ton corps questionnerait quiconque les verrait. C'est pour ça que tu évites au maximum que l'on puisse te voir dénudée. Tu as toujours un petit lainage pour les cacher. Mais Summer, elle ignore tout ça. Et encore ce soir, alors que vous avez passé une excellente soirée. Tu vas te coucher, et tu te sens pas bien. Mais ce n'est pas à cause d'elle. Au contraire, ça t'as fais du bien de passer ce moment avec elle. Vous vous êtes fait livrer, ça vous arrive de temps en temps, soit par plaisir, comme ce soir, ou alors pour plus de facilité, quand vous rentrez tard du travail et que vous n'avez aucunement envie de faire quoi que ce soit à manger. Où la seule chose que vous voulez, c'est vous étaler dans le canapé à discuter pendant des heures et des heures, à refaire le monde à votre sauce. Mais toi, tu les aimais bien ces moments, t'avais besoin de passer du temps avec ta soeur. Ce petit rayon de soleil. Probablement le seul rayon de soleil dans ta vie. Elle était la part de lumière dans l'obscurité qu'étaient ta vie et ton être.

Il y avait des jours plus durs que d'autres. Mais cette période, elle te tourmentait, parce qu'elle te rappelait des choses que tu avais vécu. Des choses que tu aurais aimé oublier, malheureusement. Même si tu essayais de ne pas y penser, un rien te le rappelait. Même la nuit ne te laissait pas en paix. Tu avais réussi à te contenir jusqu'à cette nuit. Inconsciemment, tu commençais à t'agiter dans le lit. Mais tu ne t'en rendais pas vraiment compte puisque tu étais plongée dans ton sommeil. Tu aurais aimé réussir à en sortir vite, mais tu n'y parvenais pas. Comme si le vivre n'avait pas été assez douloureux comme ça, il fallait que tu le revives dans tes nuits cauchemardesques. Peu à peu, tu te mis à bouger, assez violemment, jusqu'à te mettre à crier. Le problème c'est que plus tu criais, moins tu parvins à te réveiller. « Non... Non... Non ! » Que tu t'exclamais pour qu'il s'arrête, mais il n'était pas décidé à s'arrêter. Ses grandes mains encerclant tes poignets et collant son torse contre ta poitrine. « Laisses-moi tranquille » Que tu dis de plus belle. Distinctement. Tu voulais qu'il recule, qu'il s'éloigne, qu'il s'arrête et qu'il s'en aille. Tu voulais qu'il disparaisse. T'avais souvent eu envie de mettre fin à ses jours. Mais tu n'étais pas comme ça Harley, tu n'en n'étais pas capable, jamais tu aurais pu faire une chose pareil, même s'il le méritait. Heureusement, la douce voix de Summer te sortit de cet horrible cauchemar où tu étais en nage. Ton haut de pyjama te collait à la peau, tant tu avais transpiré. T'as du mal à te contrôler, à gérer tout ça. Tu trembles. Tu te crispes. Tu te contractes. T'as plus du tout le contrôle de ton corps qui décharge toute l'angoisse accumulée dans ce cauchemar. T'as les larmes qui te monte. Aucun son qui sort de ta bouche, juste les larmes qui roulent le long de tes joues sans que tu ne pus les retenir. « Me... me laisse pas, restes là » Tu n'avais pas vraiment réussi à écouter ce qu'elle venait de te dire, toi, tout ce que tu voulais, c'est qu'elle soit là, à tes côtés, qu'elle te sert fort dans ses bras. T'étais la plus grande, mais parfois, tu avais besoin de ses bras réconfortant autour de toi, et de sa voix pour t'aider à te recentrer sur elle, pour parvenir à passer au dessus de cette crise. Ce n'était pas la première fois qu'elle intervenait Summer lors de tes cauchemars.  « Je... Je suis désolée... Je voulais pas te réveiller » Tu le savais que c'était indépendant de ta personne, mais tu ne pouvais te retenir de culpabiliser de l'avoir une fois de plus réveillée.