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| Sujet: Tasty, tasty beautiful fear (Harley - Coyote) Lun 22 Fév - 13:30 | |
| Dans l'épisode précédent...
- Coyote:
Ma paume tremblante et moite se plaque contre le mur pour enfoncer la sonnette à l’entrée. Je n’aurais probablement jamais dû faire ça, jamais dû venir ici. Mais revenir vers elle, encore et encore, c’est ce que je fais toujours. La repousser ou l’adorer, tel un aimant selon la pôle vers lequel je suis tourné… Pôle nord, pôle sud. Pôle maniaque ou pôle dépressif. Qu’elle n’en doute jamais, je reviendrais toujours près d’elle, à ses pieds pour la supplier ou pour l’envoyer sur les roses, comme toutes ces personnes qui ont un jour essayé de m’aider. Sauf qu’elle, elle ne peut pas me tourner le dos comme tous les autres, parce qu’elle est ma thérapeute, parce qu’elle n’a aucun affect à mon égard… Parce que tout ce que je peux lui dire pour essayer de la détruire parfois ne peut pas l’atteindre… Pas vrai ?
Que je revienne ce soir n’a rien d’exceptionnel dans ma manière de “gérer” ma psychose. À une différence près. Ici, ce n’est pas son cabinet, ici, c’est juste inadapté. Irrespectueux et certainement terrifiant pour elle. Mais comment résister à ce besoin vital d’être ici alors que cela a été un véritable jeu d’enfant pour moi de retrouver son adresse. Uniquement en partant de son numéro professionnel, la magie du web. Toutes nos vies sont sur la toile. Y disparaitre est quasiment impossible une fois que l’on a commencé. Et quand l’on commence, on est loin d’imaginer qu’un jour ça nous fera du tors, le jour où vous aurez besoin de disparaitre pour une raison ou une autre… Ce sera tout simplement impossible.
La douleur est insoutenable, mes muscles se crispent douloureusement le long de mon dos, de mes jambes, m’obligeant à trembloter comme une misérable feuille d’érable à l’aube de l’hiver. Pourvu qu’elle réponde, pourvu qu’elle soit là.
D’habitude la nuit je m’en prend à Vil, mon colocataire, quand les angoisses nocturnes arrachent des hurlements dans mon sommeil trouble. Il est là pour me calmer, pour me secouer, pour m’injecter parfois la seringue retard que je tente tant bien que mal d’esquiver. Mais Vil enchaine les gardes de nuit cette semaine, il me laisse seul face à ma folie. Ce monstre qui se cache dans mon ombre, qui grandit, prêt à m’engloutir. La folie gagne toujours sur moi, tôt ou tard, d’une manière ou d’une autre… Elle me défini sans que je ne puisse être qui que ce soit d’autre que le diagnostic posé neuf ans plus tôt.
Alors quand la porte s’est ouverte, la lumière de son logement éclaire mon visage que j’ai griffé quelques dizaines de minutes auparavant furieux de ne pas parvenir à enfiler mon manteau et maintenant, je suis trempé jusqu’aux os. Mes yeux rougis par le chagrin et le froid aux pupilles dilatées par la souffrance et la peur croisent son regard.
Sa peur s’injecte dans mon cerveau, elle est terrifiée, et moi, je suis terrorisé à l’idée qu’elle me claque la porte au nez, qu’elle me laisse crever là. J’vais mourir, pas vrai ? J’vais mourir si on ne me donne rien, j’vais mourir si on me donne quelque chose. J’vais crever c’est sur, c’est pour ce soir. Pourquoi j’devrais crever seul comme un chien ? C’est pas juste…
Alors j’ai forcé sur la porte, je me suis engouffre dans le domicile d’Harley, ma psychiatre. Le corps toujours crispé par les tensions mentales qui se disputent ce qui me reste de raison. Ma bouche devient incontrôlable…
- J’ai encore fait ce rêve… J’ai recommencé. Pourquoi ça recommence ? Pourquoi est-ce que je dormais ? J’dois pas dormir ! C’est pas bon pour moi… Je le sais, mais c’est de sa faute. J’voulais pas faire ce rêve, j’voulais pas y retourner. Ils vont savoir que j’y étais… Ils vont m'butter ! Donne-moi des médicaments… J’pars en vrille c’est ça ? Il faut que tu m’en donne. J’ai oublié de les prendre… Tu peux pas comprendre… Si je les prend, j’suis pas… J’suis pas moi. Mais j’suis personne, mais si je les prend… J’deviens… J’deviens les médicaments. J’prefère encore être personne. Tu sais ce que ça fait ? Les médocs volent tout ce qu’il y a dans ma tête, ils prennent mes pensées. Pourquoi tu m’donne ces merdes ? Putain, faut que tu m’en donne…. Dis quelque chose… J’ai mal partout… J’ai encore fait ce rêve, pourquoi ça recommence et pourquoi est-ce que je dormais ? Je…
J’ai pas déjà dis tout ça ?
- Harley:
tasty, tasty beautiful fear ☾ Il y a de ces nuits bien plus dures que d'autres. Ces nuits où tu te retrouves plongée dans des songes, des songes cauchemardesques, des songes dont tu aimerais t'extirper aussi vite que ton inconscient t'y a conduis. Parce que quand tu te retrouves au beau milieu d'une scène, cette scène qui te glace le sang. Qui te rappelle que tu vas y passer, encore une fois. Parce que c'est toujours comme ça avec lui. Dès que tu te retrouves seule, ne serait-ce qu'un court instant, ces quelques minutes suffisent à te bousculer, te violenter. C'est un besoin qu'il a. Une obsession envers toi-même. Et là, tu le sais bien que le revers de sa main, il est pour ton doux visage d'ange. Ca calque, ça fait du bruit, ça résonne dans toute la pièce. Ce sourire de satisfaction, ce soupire de soulagement. Et comme à chaque fois, t'es impuissante, tu peux rien faire. Si tu fais ou dis quelque chose, tu te verras séparée de ta soeur, mais ça, c'est pas possible. Tu regardes autour de toi, et l'envie de lui planter ce couteau de cuisine dans le thorax brûle en toi. Ta main, elle tremble. T'es qu'une lâche, tu le feras jamais. Comment ta soeur réagirait si elle savait que c'était toi qui lui avait ôté la vie. Et Madame Wheeler, qui s'est toujours démenée pour que vous vous sentiez ici chez vous, pour que vous ailliez le sentiment d'être leurs filles. QU'est-ce qu'elle dirait si tu ôtais la vie de cet homme ? Mais c'est avec le regard froncé, et cette noirceur au creux des pupilles qu'il se rapproche de toi. Voilà que pour une fois, tu te débats, et tu t'enfuis dans ta chambre, là où tu fermes la porte, et où tu fais pression avec ton petit corps pour ne pas qu'il y pénètre. Car s'il venait à rentrer dans cette chambre, tu ne sais dans quel état tu finirais. Voilà qu'il tambourine à cette dernière. « Non... Non... Nooon ! » Tu hurles. Tu trembles. Toudoum, toudoum, toudoum. Ton palpitant lui, il n'en peut plus, il tape si fort que tu pourrais entendre chaque pulsation. Il y a aussi ce bruit qui résonne dans ta demeure. T'as chaud, tu transpires, mais qu'est-ce qu'il se passe. Encore une cauchemar. Mais ce bruit. Pourquoi persiste-t-il alors que tu es réveillée ? Il est quelle heure, trois heures du matin. Bordel, qui fait tout ce vacarme ? Qui est entrain de s'acharner sur le sonnette. T'as la boule au ventre. T'es mal réveillée. Tu te sens pas bien. Tu te sens angoissée. Ce cauchemar t'as littéralement retourné. Ca semblait si vrai. Si réel. T'en as marre de le voir s'immiscer dans tes nuits. Tu aimerais pouvoir dormir, calmement et sereinement, mais ce n'est pas évident. Tu ne contrôles pas tes rêves, ou plutôt tes cauchemars. Tu descends rapidement, pour te retrouver devant ta porte d'entrée. Tu n'en reviens pas. Hein.. Quoi... Tu ne comprends pas. Ton patient. Qu'est-ce qu'il fait là. Tu fermes les yeux une demie seconde, avant de les ré-ouvrir, pour être sûre que tu ne rêves pas. La demie seconde qui lui suffit à s'immiscer dans ton cocon. Voilà qu'il pénètre ta bulle, ton espace. De quel droit. Tu le vois bien à son facies que ça ne va pas du tout. « Comment est-ce... » Mais t'as pas le temps de finir ta phrase, qu'il te coupe la parole, et part dans une tirade dont tu ne comprends que le tiers de ce qu'il dit. Des bouts de phrase prononcées, sans une véritable cohérence. Nul doute qu'il est en pleine crise. Le problème, c'est qu'encore une fois, cela fait un certain temps qu'il a disparu de la circulation, qu'il ne vient plus à ses séances, convaincu que de toutes les façons, tu ne lui aies d'aucune aide. « Coyote, hey, on se calme » Que tu lâches, en essayant d'être la plus posée possible. Tes mains viennent alors se poser sur ses avants-bras. Tous ces muscles sont crispés dû à sa crise dont il n'est pas capable de gérer seul. Tu essaies d'à la fois le contenir, pour qu'il se recentre, principalement sur ta voix, pour le sortir de cet état second, et le rassurer aussi. « Tout va bien, vous n'êtes pas seul. Ca va aller. Essayez de vous concentrer sur ma voix. Arrêtez d'écouter ce brouahah intérieur. Dites-moi, comment vous avez trouvé mon adresse ? » Tu lui demandes alors, pour qu'il parvienne à se concentrer sur autre chose. Qu'il se recentre sur le moment présent, le fait d'être chez toi. Evidement, cette question n'a pas été posée au hasard. Bien sûr que tu te demandes comment il est arrivé ici. S'il y a bien une chose qu'il ne t'était encore jamais arrivé dans ta carrière de psychiatre, c'était bien de te retrouver face à un patient devant ta porte d'entrée. @Coyote Waterston
- Coyote:
À l’instant où la porte s’est ouverte, je me suis engouffre dans cette lumière, dans cet espoir de recouvrer la raison, de parvenir à planter mes griffes dans le plan de la réalité. Je ne veux pas faire attention à l’incorrection de mon comportement, je m’excuserais plus tard, je suis devenu fort à ça. Le champion des excuses. Il a bien fallu que je le devienne, parce que rien de ce que je fais n’est normal, parce que je suis coupable de ne pas savoir être responsable de mes actes. Coupable d’être bipolaire. L’injustice sans fin de la maladie mentale. Un cancéreux ne demande pas pardon de pourrir de l’intérieur.
Lorsque ses mains se sont posées sur mes avants bras, glacésa, car je suis parti de chez moi comme une furie, sans prendre la peine de me couvrir. Je me suis crispé d’avantage à son contact, bien que cela semblait impossible que mes muscles se figent davantage. Je claque légèrement des dents avant de m’habituer, de sortir de la torpeur face à l’idée d’être à nouveau enfermé quelque part. Je ne veux plus y aller… Je ne peux plus.
Mes pupilles s’agitent dans les globes blancs de mes yeux paniqués avant qu’ils ne se figent sur le visage de la thérapeute. J’ai besoin d’elle. J’ai tellement besoin d’elle. C’est une douleur insoutenable, c’est une torture pour mon âme que de l’admettre une fois encore. Admettre que je ne m’en sortirais jamais, que la maladie ne s’envolera pas par miracle, que l’on peut essayer d’étouffer les symptômes, tenter de frôler la normalité.
Me concentrer sur sa voix, sur cette mélodie si douce. Je retourne mes paumes moites pour attraper moi aussi les avant-bras d’Harley. Je me retiens de planter mes ongles dans sa peau douce, j’ai déjà balafré mon visage, mais elle ne mérite pas d’être esquintée. Elle n’est pas défectueuse comme moi, non, elle a l’air si parfaite… Elle qui peut tout résoudre chez moi, pas vrai ? Qu’est-ce qu’elle attend pour m’éteindre avec ces médicaments ?
- Non… Non… Ça… Ça n’ira jamais.
Fataliste ou réaliste ?
- Je l’ai trouvé… Trop facile.
Mais on s'en fout de ça, n'est-ce pas ?
Pourquoi faut-il que le monde s’effondre ainsi à chaque fois ? J’étais si fort, si grand, si capable. Je ne suis plus rien, poursuivit par les ombres de mes échecs. Je me suis endormi et j’ai encore rêve de cette nuit-là. J’entend les coups de feu, je sens mon cœur qui se serre alors que mes yeux paniqué fouillent la foule. Je sens qu’on m’emporte, qu’on m’éloigne loin de la scène de crime, j’ai besoin de la voir… L’amour de ma vie… Mais je ne l’ai revu que sur la table d’un médecin légiste. Son ventre si rond abritant mon fils soulève le drap au point qu’il devient trop court pour couvrir ses pieds.
- J’t’en supplie aide-moi…
Que je lâche dans un souffle, resserrant mes mains un peu plus fort sur ses bras alors que mes paupières se gorgent de larmes. Je ne sais pas quoi faire pour que ces pensées, ces souvenirs repartent là où elles étaient. Dans l’oubli.
- Aide-moi à oublier. J’ferais n’importe quoi…
Est-ce que je me ferais enfermer à nouveau ? J’en suis terrifié, mais à cet instant je serais incapable de refuser, c’est bien à cause de ça que je me suis retrouvé si souvent en service de psychiatrie, voyant s’envoler ainsi tellement d’années de ma vie. Ma liberté j’y tiens, mon droit d’avoir une vie, d’exister, de ne pas être qu’une pathologie. Je m’agrippe à elle, comme je l’ai déjà fait des dizaines de fois avant de la rejeter comme une moins que rien, comme une empêcheuse de vivre, une moralisatrice, une castratrice ! Lui tournant cruellement le dos, donnant un violent coup de pied dans tous les efforts que nous avons faits, dans tous les progrès réalisés pour retomber toujours plus bas.
- J’suis une cause perdue, pas vrai ? Tu vas m’laisser tomber…
Alors je n’aurais plus qu’à crever.
- Harley:
tasty, tasty beautiful fear ☾ Te sortir de ce cauchemar était probablement la meilleure des choses qu'il puisse t'arriver. Cependant, te faire réveiller de la sorte, il en était tout autre. L'angoisse que tu pouvais ressentir au cours de ce cauchemar t'avais littéralement retourné lorsque tu t'étais réveillée en sursaut, suite à des bruits de sonnette en continu. Tu étais tellement paumée, que tu avais du mal à discerner le vrai du faux. A tel point que lorsque tu avais ouvert les yeux, et que tu avais entendu ce bruit incessant, tu en étais venue à te demander si ce n'était pas lui qui était entrain de s'acharner sur ta sonnette. Heureusement, la réalité te rattrapait très vite. Et l'hypothèse que cela puisse être cet homme derrière ta porte d'entrée était tout bonnement impossible. Fort heureusement pour toi. Sinon, l'angoisse reprendrait de plus belle. Cependant, tu étais soucieuse de savoir qui pouvait venir sonner à une heure pareille chez toi. Il était tout de même presque trois heures du matin. Tu espérais que ce soit pour une bonne raison. Toutefois, tout ce que tu espérais c'était de ne pas voir la police sur le pas de ta porte, car cela serait signe de mauvais présage. Si toutefois tu espérais que ce soit pour la bonne cause, tu fus littéralement tétanisée, lorsque tu te retrouvais face à l'un de tes patients. Et pas des moindres. Tu avais du mal à y croire, te demandant si finalement, tu n'étais toujours pas entrain de rêver. Mais non, tu avais quitté le royaume des songes pour te retrouver face à la réalité, et surtout, face à un Coyote totalement désemparé, qui s'était glissé à l'intérieur de ton cocon sans y avoir été invité. Tu avais pris rapidement soin de fermer la porte pour éviter de ne laisser le froid rentrer dans la maison, avant de l'écouter. Il était en pleine crise, il n'y avait nul doute. Le problème avec Coyote, c'était son instabilité qui l'empêchait d'être assidu et de suivre les séances à la lettre. Coyote, il était ce genre de personne qui va venir aujourd'hui, parce qu'il en a vraiment besoin, parce qu'il perd le contrôle de lui-même, et puis, quand la réalité le rattrape, il t'envoie presque chier en pleine séance, et disparaît pour une durée bien indéterminée. Et quand tu t'y attends le moins, il pointe de nouveau le bout de son nez. Parfois, t'aurais envie de le secouer, mais tu es bien trop professionnelle pour ça. Même si tu considères que Coyote lui, en aurait bien besoin. Malheureusement, tu ne peux pas le forcer à suivre tes séances à la lettre. A se présenter à chaque fois que tu lui as programmé une séance. Et pourtant, bien que tu t'en prennes parfois plein la tête, tu acceptes toujours de t'occuper de lui. Tu pourrais littéralement baisser les bras avec lui, ça serait totalement compréhensible, quand on connaît vraiment Coyote. Surtout que tu as des années de pratique avec lui. Tu sais comment il est, tu sais comment il fonctionne. Et surtout, au fond de toi, tu sais qu'il reviendra toujours. Parce qu'il a besoin de toi. Il te l'a répété bon nombre de fois, dans ses pertes de contrôles. Il n'a pas le droit d'être là, tu le sais aussi bien que lui. Et pourtant, tu l'autorises à rester là. Parce que t'es comme ça toi. Tu ne peux pas le laisser sur le pallier de ta porte, à essayer de se calmer tout seul. Parce que tu sais pertinemment qu'il n'y arrivera pas. Enfin, si, tu sais qu'il en est capable, seulement, il ne s'en donne pas les moyens. Au delà d'avoir crée une dépendance aux anxiolytiques, c'est envers toi qu'il a également crée une dépendance. Tu ignores la source de cette dépendance, mais quand tu l'écoutes, il n'y a que toi qui peut le sauver. Et Dieu seul sait que tu essaies de mettre tout en oeuvre pour y parvenir, que tu aimerais le sauver. Tu aimerais l'extirper de cette noirceur dans laquelle il vit quotidiennement. Mais tu as l'impression que quand tu commences à l'aider à sortir la tête hors de l'eau, il ne peut s'empêcher de te repousser, et de se laisser de nouveau couler dans les profondeurs de l'abyme. Comme s'il y avait quelque chose en lui qui l'empêcher de pouvoir s'en sortir. Et il semblerait qu'il ne se considère pas assez fort pour y parvenir, mais quand tu lui tends la main, il finit toujours par la lâcher. « Je ne pourrai malheureusement jamais t'aider à oublier tout ça Coyote, et tu le sais aussi bien que moi. Mais je peux t'aider à accepter pour aller de l'avant. Tu en es capable » Tu lâches, à l'attention de ce dernier, quand soudainement, ses doigts se referment sur ta peau, créant une certaine douleur sur cette dernière. « Doucement, tu me fais mal... » Que tu lui dis, de la manière des plus douces possibles, pour ne pas le brusquer. Pour ne pas qu'il se sente attaqué. « C'est ce que tu essaies de te persuader. Et moi, je reste persuader que tu peux t'en sortir. Il faut seulement t'en donner les moyens... » Tu secoues la tête. Tu sais que tu es censée avoir une certaine distance professionnelle avec tes patients. Que l'affect n'est pas censé prendre le dessus sur le professionnalisme. Que tu n'es pas censée t'attacher à tes patients. Mais malheureusement, tu n'es pas un robot. Tu as un coeur et une âme. Et Coyote. Ca fait des années que tu le suis, ça fait des années que tu l'accompagnes dans son quotidien, malgré ses allers et venues intempestifs. Alors oui, tu l'apprécies. « C'est mal me connaître si tu penses que je pourrais te laisser tomber » Et puis, il faut dire que tu étais sacrément têtue, et tu voyais en chaque cause perdue, comme il le disait si bien, une lueur d'espoir. Et toi, au fin fond de cette bien sombre âme qu'il dégageait, tu voyais cette petite lumière. Elle venait de loin, mais tu la percevais toi. « Viens, on ne va pas rester à l'entrée » Lui tenant toujours l'avant-bras, tu l'entraînais avec toi jusque dans le salon. Il avait la peau glacée, qu'il t'en donnait presque la chaire de poule, frileuse que tu étais. « Tiens couvres-toi » Tu lui dis, tout en déposant un plaid bien chaud, et tout doux sur ses épaules et sur ses avant-bras, froids comme la glace. « Est-ce que tu veux une boisson chaude pour te réchauffer ? » Tu lui proposes, pour essayer de lui changer les idées. Afin qu'il parvienne à faire redescendre toute cette pression qui lui avait fait perdre la tête. @Coyote Waterston
- Coyote:
Oublier, effacer, au moins anesthésier… Amoindrir mes émotions, taire mes pensées. J’ai besoin qu’elle fasse cela pour moi, parce qu’elle a ce pouvoir sur moi sans que je ne sache comment ni pourquoi. Bien sur, dans quelques semaines je lui cracherais au visage que je n’ai pas besoin d’elle en cessant de franchir la porte de son cabinet, mais ce soir, j’ai besoin d’elle... À tel point que j’ai franchi la porte de chez elle.
Je tremble face à ses mots, je suis ce soir, si fragile. Mes pupilles s’agitent d’inquiétude, de désespoir.
- Aide-moi…
Que je souffle entre ses mots. D’un œil extérieur on pourrait croire que je suis buté, que je n’écoute pas, mais c’est loin d’être le cas et elle le sait, sans quoi elle ne gâcherait pas sa salive. Elle est cette personne unique en cette terre à connaitre par cœur mes réactions, mon comportement. Pas parce qu’elle me connait personnellement en tout point, mais parce qu’elle a parcouru les livres, parce qu’elle s’intéresse sincèrement aux cas comme moi.
La preuve que j’écoute est probablement mes doigts qui relâchent leur pression alors qu’elle souligne que ma poigne est trop forte, je n’ai jamais voulu lui faire de mal… Je ne veux pas qu’elle m’abandonne elle aussi, je ne le supporterai pas.
- J’veux pas… J’veux oublier… Ou je veux qu’elle revienne…
Deux choses impossibles que mon cœur désire. J’ai ce souvenir enchanteur de ma vie avant le drame, avant ces huit minutes de fusillade qui m’ont privé de celle qui me rendait meilleur, qui me faisait sentir comme étant capable de mener une vie comme tous les Hommes. Elle croyait en moi au point de faire de moi un père. J’avais tant évolué, tant surmonté, j’avais bravé mes addictions et appliqué un suivi régulier, m’accrochant malgré la souffrance, encouragé par ce ventre qui ne cessait de s’arrondir… Aimer… Être aimé. Cela semble si lointain, ça semble désormais inaccessible. Interdit. Maudit.
Mes pas sont saccadés, la démarche est bancale alors que je m’efforce à la suivre. Mon corps me fais si mal, chaque muscle est tendu, mes os semblent bouillir. Aucune maladie physique ne présente ce genre de symptômes, tout ça c’est dans ma tête, mais le pouvoir du mental me torture des pieds à la tête.
Mes paupières glissent sur mes globes humides alors que la sensation de douceur imprègne ma peau, un contraste avec mon âme qui me chamboule. Ce cocon de tissu, un toit pour mes émotions. Je resserre les pans autour de mon corps comme un vieillard, prenant une seconde pour ressentir mon être dans son ensemble et non pas comme des morceaux douloureux maintenus les uns avec les autres. Cette peau froide, ce cœur qui bat, cette douleur lancinante que je peux étrangement localisé derrière mon front. Toutes mes pensées s’agglutine là, elles demandent à surgir, à se déverser sur le monde qui ne le comprendrait jamais. À quoi bon ?
J’ouvre les yeux, alors qu’une éternité semble s’être écoulée qui ne fut en réalité qu’à peine trois secondes. Son visage de sauveuse qui me fait face semble être la plus belle chose que j’ai vu en cette sombre journée, si seulement je pouvais être comme elle.
- J’mérite de souffrir, pas vrai ? C’était ma faute…
Si je n’avais pas travaillé comme un dingue sur ce spectacle, jamais je n’aurai eu un billet en premier rang pour elle, jamais elle n’aurait été en première loge pour se faire tirer dessus. J’ai tout gâché, comme je gâche toujours tout. Je ne mérite pas de vivre, cela aurait dû être l’inverse. C’est moi qui devrait être sous terre.
Dans une lenteur extraordinaire je bascule ma boite crânienne vers mes épaules, laissant mon regard couler vers le plafond. Ma gorge se serre, laissant glisser ma pomme d’Adam au passage de ma salive, je contiens l’envie d’hurler, de détruire tout autour de moi comme je le fais maintes fois dans ma chambre, mon appartement et une paire de fois dans son cabinet. La perte de contrôle, l’envie de souffrir plus forte que celle de mourir.
J’vois au plafond les taches de sang, les marres d’hémoglobine qui s’étend… Le bruit des balles m’assourdis, mes paumes se plaquent sur mes oreilles alors que je tombe à genoux, pliant sous le poids de la culpabilité. Les détonations me transpercent, lynche le coupable.
- J’l’ai tué ! J’les ai tués !
Criais-je avant que ma voix ne se vrille en milliards de morceaux pour souffler
- J’ai tué mon bébé…
Je me fige, incapable de sortir de cette spirale déshonorante.
- Harley:
tasty, tasty beautiful fear ☾ Il est si mal Coyote. Pour avoir trouvé où tu habitais, c'est qu'il a besoin de toi. Tu sais que ce n'est pas bien ce que tu es entrain de faire. Accepter qu'un patient se rende chez toi. Professionnellement parlant, tu aurais du lui refuser l'accès à ton intérieur. Mais, avant d'être une professionnelle de la santé, tu es avant tout un être humain, et au delà de ça, tu avais ce qu'on appelle de l'empathie. Il t'était clairement impossible de le laisser sur le palier de la porte, et de lui claquer cette dernière au nez. Ca n'était pas toi ça. Alors, tu le laissais entrer à l'intérieur. Il était dans un état second. Tu l'avais probablement pratiquement vu sous toutes ces formes à Coyote. Impassible, comme si ce que tu pouvais lui dire lui passer au dessus. Têtu, bon nombre de fois où ce dernier refusait de t'écouter, prétextant que de toutes les façons, tu ne lui servais strictement à rien, que tu n'étais là que pour l'écouter, mais que tu ne lui apportais rien de plus. Parfois dans le besoin. Ca, c'était souvent en phase de crise. Quand il avait besoin de médicaments pour cesser des phases là. C'était malheureusement la première fois que tu le voyais dans un tel état. Il était totalement désemparé. Quand tu essayais de capter son regard, ce dernier était vide, ses mots étaient parfois dénués de sens. Tu savais comment le calmer. Il fonctionnait beaucoup aux médicaments. Déjà qu'il en était dépendant de base, tu ne voulais pas accentuer cette dépendance. Et puis, tu savais aussi qu'il lui arrivait parfois de vendre ou d'échanger les médicaments que tu lui prescrivais contre de la drogue. Chose qu'évidemment tu ne cautionnais absolument pas. Comment tu le savais ? Parce qu'il s'en était déjà venté, lors de ces nombreuses fois où il te crachait son venin au visage pour disparaître pendant une durée indéterminée. Ca te rendais mal parfois. Il t'arrivait de rentrer chez toi le soir, et de ne pas parvenir à couper avec ton travail. Parce que oui, il arrivait parfois que tu penses à tes patients, ceux qui te donnaient le plus de fil à retordre, et Coyote, il en faisait parti. Ca te faisais de la peine à toi, de voir que tu avais beau donner le meilleur de toi, et bien, ça ne fonctionnait pas, rien ne changeait. Avec Coyote, c'était un pas en avant, quand ce n'était pas qu'un demi pas, et trois pas en arrière. Sa présence si irrégulière ne lui permettait pas d'avoir un suivi bien précis, ainsi, quand il revenait, c'était toujours quand il était au plus mal, alors, c'était difficile de le soigner. Il t'avait souvent dit qu'il était une cause perdue, que de toutes les façons, tu n'en ferais rien de lui. Mais Coyote, c'était un sacré challenge pour toi. Et plus il te repoussait, et te disait que tu n'y arriverais jamais, plus tu fonçais tête baisser, quitte à parfois, voir même très souvent te retrouver face à un mur. La vie est injuste parfois, et c'est fou de voir combien tout ce que la vie nous inflige peut avoir comme conséquence sur notre mental. Coyote devait probablement avoir des terrains dépressifs, et des troubles émotionnels pour réagir de la sorte. Perdre un être cher, c'est sans doute ce qu'il y a de plus compliqué sur cette Terre. Mais perdre la personne que nous aimons, et ce devant nous, tu n'osais l'imaginer tant c'était un crève coeur. L'histoire de Coyote, tu la connaissais. Tu savais comment il avait perdu non pas un, mais deux êtres chers ce jour-là. C'était horrible, et ce dernier avait énormément de mal à passer au dessus. Le temps avait beau passé, on dit que le temps guéri les blessures, il semblerait que le temps commençait à être long pour Coyote. Et ce dernier était hanté par ces images. Il n'avait strictement rien écouté de ce que tu lui avais dis. Cette spirale infernale était une horreur. Plus tu essayais de lui changer les idées, moins tu n'y parvenais. « Coyote ! Stop. » Tu n'avais pas haussé le ton plus que ça, mais c'était simple, direct et concis. Tu voulais qu'il arrête de s'enfoncer lui-même dans ce cercle vicieux. Et c'était la seule chose que tu avais pu dire. Un ton assez sec pourrait peut-être le ramener à la réalité. Enfin, ça, c'est ce que tu espérais. « Tu n'y es pour rien Coyote. Cesses de t'en vouloir. Ce n'est pas ce qu'elle voudrait. J'imagine combien ce que tu vis est difficile, qu'il n'y a aucuns mots qui puissent soigner ta peine. Mais, tu ne peux pas continuellement t'enfoncer dans cette spirale infernale. Tu peux t'en sortir, tu en es capable. Mais pour ça, il faut que tu me laisses aussi l'opportunité de pouvoir t'aider » Lui faire la morale n'était en aucun cas dans tes projets. Tout ce que tu voulais, c'était lui montrer que tu étais là pour lui. Que la professionnelle qui s'occupait de lui depuis maintenant bien des années, serait toujours là pour lui. Qu'il te repousse ou non. Même si parfois, selon le discours qu'il te tenait, cela te faisait te remettre en question. Si tu l'écoutais, tu avais tout pour toi, tu avais la chance d'avoir la belle vie. Mais ça, ce n'était qu'une facette, il ignorait ce qu'il se cachait derrière le sourire de la psychiatre de Exeter. « Essaies de te calmer, s'il te plaît » que tu lâches d'une voix douce, et d'un ton apaisant. Ta main de nouveau posée sur son avant-bras, en guise de contenance. @Coyote Waterston
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| Sujet: Re: Tasty, tasty beautiful fear (Harley - Coyote) Lun 22 Fév - 19:51 | |
| The now, now.
Mes entrailles se déchirent sous la douleur, je ne supporte plus cette situation, je ne supporte plus cette vie. J’ai besoin que les choses changent, que ma vie s’arrange. J’ai la douloureuse sensation que cela n’arrivera jamais. Je serais prêt à me tirer une balle dans la tête pour me soustraire à toutes ces pensées. Harley… C’est un point lumineux dans ses ténèbres, une ile déserte à laquelle se raccrocher dans le ras de marrée de mes émotions.
Coyote ! Stop. »
Si seulement ça pouvait s’arrêter, si ça pouvait enfin se mettre sur pause, juste une journée. Quelques heures sans cette maladie, quelques heures sans les dégâts qu’a causés celle-ci sur tellement de personnes. Je me dépeins souvent comme un monstre, mais je sais que je ne suis jamais bien loin de la réalité. Un faux monstre, parce que je sème le mal pour ensuite être rongé par la culpabilité. Parfois j’ai envie de laisser tomber cette culpabilité, de sombrer complètement, mais c’est comme toutes mes lubies… Ça va, ça vient. Cet enfer d’instabilité ne cessera qu’avec mon dernier souffle.
Mon regard se lève vers ma thérapeute, ce soir elle est bien plus qu’une psychiatre. Elle est ma sauveuse, tant qu’elle voudra bien l’être. Parce qu’un jour, elle lâchera l’affaire, c’est inévitable. Je ne pourrais pas même lui en vouloir, à sa place, j’aurais laissé tomber depuis tellement longtemps. J’aurais appelé la police à l’instant où j’ai frappé chez elle. Mais Harley c’est un ange, elle est pleine d’espoir pour moi alors que je n’en ai plus.
- Je ne sais pas ce qu’elle voudrait… Je ne peux pas l’oublier…
Est-ce qu’elle voudrait que je passe à autre chose ? Est-ce qu’elle me pardonnerait de lui avoir obtenu ses places ce jour-là ? Est-ce qu’elle me pardonnerait tout simplement, d’avoir eut la mauvaise idée d’entrer dans sa vie ? Je peine à y croire, imaginer que l’on puisse pardonner une telle chose, surtout à moi… Qui fais conneries sur conneries. Combien de fois je lui ai fait du mal à cette fille ? Tromperies, engueulades, mensonges… Si encore je l’avais rendu heureuse, si j’avais été un homme de bien avec elle.
Je souffle doucement, mais c’est difficile de se calmer comme elle me le demander, d’apaiser les vents de cette tempête émotionnelle…
Après quelques respirations, l’ordre n’est toujours pas revenu dans ma tête, probablement que cela n’a jamais été ordonné de toute manière. Je l’observe, cette femme qui a toutes les qualités, parfois elle m’fait penser à elle. Parce qu’elle avait toutes les qualités aussi, mais j’l’ai abimée… Au point de la faire tuer un jour. J’esquinte tout autour de moi. Je devrais probablement être enfermé quelque part, dans un endroit où je ferais de mal à personne. Oui, dans cet état, je serais capable d’accepter n’importe quoi, même la psychiatrie, c’est ce qui m’a valu malgré moi quelques séjours en ces lieux morbides.
- Tu vas m’donner quelque chose ?
N’importe quoi, pourvu que ça fasse effet. Si j’avais du fric, j’aurais acheté d’la drogue, mais c’est plus simple de venir ici. Il faut qu’elle me donne quelque chose, n’importe quoi, n’importe quel sédatif fera l’affaire.
- J’reviendrais aux séances…
Énième retour en thérapie. On ne les compte plus.
- J’peux rester ici ?
Vil va péter un câble quand il verra que je ne suis pas rentré, ou pas… Peut-être que ça lui fera des vacances… Pour tout dire, cruellement, je ne pense pas vraiment à Vil. Il est dans un coin de ma tête, sans être là. J’pense qu’à cette douleur et à la présence d’Harley à mes côtés. J’voudrais qu’elle comprenne tout ce merdier dans ma tête, qu’elle puisse mettre un bon coup de ménage là-dedans, qu’elle puisse me libérer de tout ce qui me met de travers.
Mais j’me doute de ce qu’il va se passer…
- J’recommencerais pas, à v’nir ici… Juste cette fois… J’sais pas c’que j’ferais si t’es pas là.
Si seulement j’avais un peu de cervelle, j’la manipulerais, j’ferais du chantage, j’lui dirais que j’me ferais du mal si elle me laisse seul, j’lui dirais que ça sera de sa faute, mais j’en suis incapable… Je suis à l’instant présent dans le doute qui m’habite. J’sais pas ce que je ferais pour arrêter de penser… Par contre, pour ce qui est de ne jamais revenir ici, c’est très certainement un mensonge, il suffit d’une fois pour tenir pour acquis mon droit à venir ici…
Ma main se superpose à la sienne posée sur mon avant-bras, j’m’accroche à elle pour par partir en délire, mais ça m’bouffe toute mon énergie, toute ma concentration. J’ai encore envie de hurler, de casser des trucs, de m’venger d’la vie.
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| Sujet: Re: Tasty, tasty beautiful fear (Harley - Coyote) Mar 23 Fév - 20:36 | |
| tasty, tasty beautiful fear ☾ C'est dur pour toi, de le voir comme ça. Il a quelque chose Coyote qui ne t'as jamais laissé de marbre. Toi, t'as toujours eu cette envie au plus profond de toi, de l'aider, de le sortir de ses tourments, de lui donner comme une seconde vie. Le problème avec Coyote, c'est qu'il ne t'en a jamais laissé l'opportunité de le faire. C'est comme si, lorsqu'il sentait les bienfaits de la thérapie, il fuyait. C'est comme si au final, il voulait s'en sortir, sans vraiment s'en sortir. Ce n'était pas évident pour toi, car tu avais à chaque fois l'impression de devoir tout reprendre à zéro avec lui. La constance ne faisait pas partie de son vocabulaire, et c'était bien ça le plus compliqué dans la thérapie. Mais malheureusement, quoi que tu puisses lui dire, il était ton patient, il était celui qui déboursait de l'argent pour toi, et si demain il avait envie de tout foutre en l'air, il en avait tous les droits. Coyote était probablement le seul et unique patient à t'avoir fait te remettre en question à bon nombre de reprises. Tu ne comptais même plus toutes les fois où tu te retrouvais seule dans ton bureau, parce qu'il n'était pas venu, et toi, tu te demandais pourquoi, tu te sentais parfois dans l'échec. L'échec de ne pas être parvenue à l'aider comme tu aurais aimé. Et si tous tes patients ressentaient la même chose que lui : l'envie de fuir eux aussi, mais que contrairement à Coyote, par pur culpabilité ne le faisaient pas ? Tu t'étais déjà posée mille et une questions. Mais ce qui était étonnant encore une fois, c'est que quoi qu'il arrive, il terminait toujours par revenir vers toi, tel un aimant. C'était une véritable torture cette remise en question assez fréquente, pour qu'au final il revienne, te redonne de l'importance, et une certaine confiance en toi, mais surtout en ton travail, pour de nouveau la briser quelques séances plus tard. Tu aurais eu envie de lui répondre, mais tu savais pertinemment que tu faisais face à un mur. Il était bloqué dans ses idées. Pour lui, tout était de sa faute. Pour lui, sa défunte petite amie devait lui en vouloir. Alors qu'il n'y était strictement pour rien. Comme dirait l'autre, ils étaient là, au mauvais endroit, et surtout au mauvais moment. Il ne pouvait pas préméditer une fusillade. Personne n'avait décidé de s'en prendre au lieu où ils étaient pour ruiner la vie de Coyote ou du moins, si c'était le cas, il avait omis de te faire part de cette information. Enfin, quoi qu'il en soit, non, il n'y était pour rien, car même si cela avait été le cas, l'acte en lui-même n'était pas justifié. Depuis quand on s'en prend aux autres de la sorte pour régler ses comptes. Comme tu savais que c'était une discussion sans fin, tu ne prenais pas la peine de lui répondre. Il savait déjà tout ce que tu pensais vis à vis de ça, et tu n'avais pas envie qu'il se torture d'avantage avec tout ça. Si tu étais plutôt du genre à te torturer physiquement, dès que tu en avais l'occasion, Coyote, lu, c'était plutôt de la torture mentale. Tu n'aimerais pas être au beau milieu de tout ce foutoir que sont ses pensées. « Je n'ai rien chez moi, Coyote. » Comme à son habitude, une énième demande, et toujours la même. S'il croit vraiment que les médicaments seront la principale cause de sa guérison, malheureusement, il se trompe royalement. Si les médicaments pouvaient résoudre tous les maux, même ceux qui nous rongent de l'intérieur, ça se saurait. Tu serais surement la première à en prendre. Si cela pouvait te permettre d'oublier tout ce que tu as pu vivre dans le passé, de cesser de te faire du mal comme tu peux le faire, d'arrêter de cauchemarder, toujours plus ou moins les mêmes cauchemars. Voilà qu'une nouvelle fois, il prononçait ces mots. Les mêmes qu'il prononce à chaque fois qu'il revient comme une fleur à ton cabinet. « Essaies d'être plus rigoureux, c'est tout ce que je te demande » Ce n'était pas pour toi que tu disais ça, mais bel et bien pour lui. Cependant, ce n'était pas le moment de rentrer dans les grands débats de sa rigueur. Mais, juste une phrase suffit à lui faire comprendre que tu aimerais qu'il s'y tienne. C'est alors qu'il te faisait une demande un peu particulière, celle de rester ici ce soir. Tu savais pertinemment que ce n'était pas raisonnable d'accepter, et pourtant, tu ne pouvais pas te résoudre à le mettre dehors, tu ne savais pas ce dont il serait capable dans l'état dans lequel il était actuellement. « Tu as de la chance, ma petite soeur n'est pas là ce soir, tu dis alors dans un premier temps. Ce n'est qu'un détail, même si elle avait été là, je ne t'aurai pas laissé rentrer chez toi, et puis, il paraît que le canapé est plutôt confortable. Par contre, je vais essayer de te trouver ne serait-ce qu'un tee-shirt à ta taille, parce que t'es trempé, tu ne peux pas rester comme ça » Tu dis alors en grimaçant. Tu adorais les tee-shirt amples, tu devrais bien en avoir un pour lui. Il s'était prit la pluie, et il avait le tee-shirt tout mouillé. C'était loin d'être agréable en plus, comme sensation. Et ce n'est pas parce que c'était un mec, qu'il ne pouvait pas avoir froid, en plus de cela. « C'est vrai que tu n'aurais pas dû. Mais, je préfère que tu sois venu plutôt que tu aies fais des conneries. Comment tu as trouvé mon adresse ? Tu ne m'as pas vraiment répondu tout à l'heure » Maintenant qu'il semblait un peu plus calme et apaisé, tu te permis de remettre ça sur le tapis. Il faut dire qu'il avait été le premier à te reparler de sa venue ici, à cette heure aussi tardive. Et même s'il n'avait pas à le faire, tu te sentais rassurée de le savoir ici, sain et sauve, bien qu'écorché. @Coyote Waterston |
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| Sujet: Re: Tasty, tasty beautiful fear (Harley - Coyote) Sam 27 Fév - 20:29 | |
| Je ne veux pas la croire lorsqu’elle annonce ne pas avoir de médicaments chez elle, j’suis prêt à retourner son domicile pour lui prouver le contraire. Pourquoi est-ce qu’elle me ment ? Pourquoi est-ce qu’elle ne veut pas m’aider ? Moi j’fais des efforts, pas vrai ? J’li dis que j’reviendrais, que je ferais attention, j’ai bêtement hoché la tête lorsqu’elle me dit de faire preuve de rigueur. Qu’est-ce que j’ai à perdre de toute manière ? Revenir ou pas, ça n’y change pas grand-chose, ce qui m’aide, ce sont ses prescriptions, les médocs que je m’enfile par poignées et étrangement aussi… Sa main sur mon avant-bras.
Sa petite sœur… J’ai oublié ce que c’est que d’avoir une famille, d’avoir un grand frère. Le mien m’a oublié. Dans le fond, il a raison d’agir ainsi. Je suis toxique.
Je pose ma main libre sur mon torse, me rendant seulement compte de l’humidité de celui-ci, ça explique sans doute les sursauts de frissons qui me traversent depuis tout à l’heure. C’est qu’à force de somatiser, des fois (la plupart du temps même), je ne sais plus tout à fait ce qui est dans ma tête ou non. Parfois, c'est un peu les deux…
- Merci…
Que j’lâche, jamais à l’aise avec ce mot.
- Je… J’ai cherché sur internet. J’me débrouille pas mal...
Pas sur le web légal, mais c’est un détail ça, non ?
Je ne pense pas qu’elle me dénoncerait, même si dans le fond, ça la soulagerait, elle n’aurait plus à s’occuper de moi… J’imagine. Mais elle vient de m’annoncer préférer que je sois là, le pense-t-elle réellement ? C’est si simple de sombrer dans la paranoïa…
- T’es sûre que t’as rien pour m’calmer ? Je…
Ma voix se brise, incapable d’aller plus loin. En séance j’lui ai souvent parlé de fait, de choses qui se sont produites dans ma vie ou que j’ai imaginé parfois, mais rarement je met des mots sur mes émotions. Quand cela arrive, c’est souvent pour lui dire que je veux mourir et espérer obtenir une ordonnance un peu corsée pour la pharmacie. On ne peut pas dire que ce soit particulièrement efficace avec Harley. Cette stratégie me vient évidemment à l’esprit, pour la convaincre, mais je me montre plus sincère que je ne l’avait prévu.
- J’me perds dans mes souvenirs…
Machinalement, parce que malgré mes troubles j’ai enregistré la consigne que je devais me changer, j’ai retiré mon vêtement trempé, la pudeur ne fait plus partis de mon vocabulaire depuis bien longtemps. La première hospitalisation ne psychiatrie a détruit cette approche du corps comme étant une chose qui n’appartiendrait qu’à moi seul. Les internements suivant ont agrandi cette perte de dignité. La médecine a fait de moi un animal, un bête de foire. Me retrouver torse nu n’est pas une chose gênante me concernant, je pourrais même être nu dans la plus grande indifférence. Coupé du monde, de la normalité.
- Si… Si j’les avais pas tué… Ma vie ça s’rait pas ça… J’m’en sortais tu sais… Mais j’lui ai fait du mal aussi. Elle méritait pas un mec comme moi. J’ai gâché sa vie. C’est ce que j’fais… Mon père m’a dit d’arrêter d’me louper, que j’rendrais service à tout l’monde.
Pourquoi faut que j’me souvienne de ça à présent ? Mes ongles se plantent dans l’épiderme de mon cou déjà bien griffé, j’voudrais retirer toute cette peau, m’écorcher pour que les autres puissent enfin voir à quel point je suis à vif…
À quoi ça servirait ?
Mon regard empli d’anxiété se lève vers elle.
- Pourquoi t’es sympas avec moi ? Ils étaient pas comme toi les autres… Les autres psychiatres. Pourquoi t’es pas comme eux ? J’sais pas ce que ça veut dire.
C’est mon héroïne, ce soir. J’ai besoin d’elle, jusqu’à nouvel ordre. Pourquoi est-ce qu’on a cette relation ? Est-ce que j’dois faire quelque chose de stupide pour briser tout ça ? Parce que c’est ce que j’fais de mieux, tout détruire et me retrouver seul.
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