Solid Right Hook (Brice - Coyote)

Faut pas croire, le p’tit nerveux il en a dans les bras. Bon pas de quoi frimer, mais de quoi se défendre, ça c’est sûr ! Je ne suis pas peu fier de l’efficacité de mon crochet du droit. De quoi suis-je en train de me défendre ? Pourquoi tout le monde se tape sur la gueule tout à quoi ? Qui vous dit que je suis la victime dans tout ça ? Ma tronche de canadien peut-être ? La brindille du groupe de lourdauds bien décidés à se fritter la gueule est en réalité l’étincelle à tout ce merdier. À la base, tout le monde était bien pépouze en train de boire une bière, à jaser entre amis, à se marrer comme des baleines. Tout est parti en vrille, parce qu’il suffit d’un individu pour que les choses tournent mal.

Ça fait des semaines que je le piste ce petit enfoiré de première, j’ai craqué les codes de son téléphone, de son ordinateur, j’le suis à la trace avec tous les GPS que les gens ont sur eux sans le savoir. Ce petit con, je l’ai rencontré en désintox. Si ma dernière cure m’a apporté un ami précieux, elle m’a aussi ajouté d’horribles souvenirs dans ma tête qui en est déjà pleine. Il en fait parti et Il a fallu que je croise dans le métro pour réveiller ses vieilles douleurs.

Vengeance.

Quelques manipulations mobiles plus tard, j’ai rangé mon cellulaire dans ma poche, j’ai bu une gorgée de ma bière et observe la foule présent pour observer le résultat. J’ai hacké les téléphones portables de toutes les personnes présentes dans le bar. 3… 2… 1…

Concert de vibreurs et sonneries en tout genre. Tout le monde check son portable pour voir deux photos qui viennent de leur être texté depuis le cellulaire du gars. Sur la première on le voit au lit, en selfie avec une fille de toute évidence trop jeune et pas dans son état normale et la seconde dévoile ses parties génitales. Le show à commencé comme ça. Le ton à monté, les gens se sont engueulés, offusqué, ils l’ont menacé, il a menacé. J’ai terminé ma bière et nos regards se sont croisés. Je lui ai souris.

- C’est toi ! Dit-il.

Il s’est vivement approché de moi, j’allais certainement me prendre la mandale de ma vie, enfin selon lui, parce que ça serait mal me connaitre que de croire que je n’ai pas été tabassé plus qu’une fois dans ma vie. Et comme on peut le constater : je suis toujours là.

Le type a été stoppé par deux gars qui lui jette des éclairs, j’connais personne ici, ou alors je ne m’en souviens pas. Ce n’est pas mon genre de bar, les diffusions de matches de boxe m’intéressent très peu. Je me suis levé et j’ai collé mon poing dans la figure de ce connard, parce que j’en rêvais de toutes mes forces depuis si longtemps, sans m’en rendre compte. Et là, j’crois que c’est l’instant précis où les choses ont réellement dégénérés…

solid right hook ☾

téléphone dans la poche, tu l’sens vibrer. en regardant autour de toi, tu vois tout le monde baisser les yeux vers ce gadget électronique. les sourcils froncés, tu t’demandes c’est quoi ce merdier. les sourcils froncés, tu regardes enfin ton téléphone. vois ce message, ces photos. ce sourire qui se dessine sur la commissure de tes lèvres, un qui venait tout juste de se faire avoir. drôle. méprisable. la foule s’agite autant qu’elle peut, cherchant du regard le principal intéressé mais surtout, la personne qui a mit la réputation de l’autre en péril. l’ambiance du bar prend une toute autre tournure, déjà pas très recommandable, t’as l’impression qu’un nuage noir vient de s’abattre sur la foule. la tension, l’excitation. et toi, avec ton verre de scotch tu regardes. juste observes de tes yeux rempli de malice. enfin de l’ambiance. enfin un regain d’énergie, d’adrénaline. allais-tu enfin pouvoir sortir tes poings, tabasser l’un d’eux qui s’approchait un peu trop de toi? espérer qu’il y ait un type assez foutrement con pour pouvoir se mesurer à toi qui te prenait déjà pour dieu? toi qui te croyais invincible après avoir essuyé à ton compte plusieurs tentatives d’assassinat? drôle. puis la foule se déchaîne, les esprits s’échauffent dès lors où un mec vient gueulé sur un autre, prêt à aller le bastonner, toi qui croyais pouvoir te délecter d’un si beau spectacle. toi aussitôt déçu de voir ces deux cons le stopper. toi, ton air dédaigneux qui cependant ne quittait pas des yeux la scène qui se déroulait. parce que ce petit con à réussi à provoquer une sorte d’émeute générale. avec une photo, il a réussi à faire de ce bar déjà bien dégueulasse, un temple de la violence. des coups partaient, des cris se faisaient entendre, des hommes à terre, des femmes terrifiées à l’idée que leurs possibles plans cul puissent se faire fourrer le fion par un fist sauvage.

et toi qui le regarde encore. qui voit ce môme passablement satisfait de ce qui venait de se produire. de voir ces événements chamboulés, ces têtes rouges de haine. lui hilaire, fière. heureux. et honnêtement ça t’amuses. ça t’fait bien rire de voir qu’un mec qui ne semblait, aux premiers abords ne pas payer de mine, se retrouve à être celui qui déclenche une guerre dans un pauvre pub. alors tu t’approches de lui, ton air peu aimable, celui d’un gros ours mal léché qui a eu l’impression d’avoir passé la pire journée qui puisse être possible de vivre pour un homme. avec ton envie de briser des os sans même avoir à bouger le petit orteil. et tu l’vois. tu vois qu’il te remarques, tu vois son visage changer. tu n’sais pas ce qu’il pense, mais tu peux aisément l’imaginer. « c’est toi qu’a foutu ce bordel là? » un air menaçant sur l’visage, comme à ton habitude. masque impénétrable, imperturbable. celui de tes meilleurs jours. celui dont tu préfères le plus mettre en avant. celui qui est du genre à prévenir l’autre de n’pas trop te casser les couilles. celui que t’as envie de jouer pour voir sa réaction. juste pour voir s’il est aussi capable de prendre son air si sûr de lui. si suffisant. mais dans l’fond, t’avais pas du tout envie de l’faire chier, pas envie de lui coller ton poing dans sa gueule. au contraire. bien au contraire.
@coyote waterston

Je n’ai pas bougé d’un cil alors qu’il m’a accusé, alors que j’aurais pu me prendre une nouvelle dérouillée, parce que les os ne sont que des os. Parce que j’ai survécu à pire, je suis de la vermine increvable, de la mauvaise herbe. La violence a pris possession des lieux, des êtres qui s’u trouvent et disparaitre dans la masse est presque trop facile. D’ailleurs, certaines personne ont pris la poudre d’escampette, peut-être bien des ex taulard en période de probation qui ne veulent pas retrouver derrière les barreaux pour une “connerie” du genre ou parce qu’ils ont autre chose à cacher. D’autres pas lâcheté. Et puis il y a moi, qui tente de prendre le chemin de la sorti non pas sans me faire bousculer, partir victorieux d’avoir sali à mon tour ce gros tas de chiasse.

Un léger sourire flotte sur mon visage alors que ma cible semble se faire crissement bien refaire le portrait. Peut-être qu’il se vengera, s’il le peut… S’il me retrouve. Et puis… Est-ce que j’ai l’air d’être le genre de type à se soucier du lendemain ?

Il y a ce gars là au travers de ma route, j’aurai pu le contourner s’il ne me fixait pas droit dans les yeux et si je n’avais pas appris à ne pas baisser les yeux, jamais. Et pourtant, je le fais si souvent quand je suis au plus bas de ma phase dépressive, mais n’en est pas là, ce Coyote là n’est plus là, son ombre est resté scotché à son lit pendant que je suis ici.

Musclor me toise et je me méfie sans prendre peur, ça sera pas le premier plus gros que moi qui veut tenter de briser la brindille. Qu’importe, je ne reculerais pas. Cette lueur de victoire dans mes yeux ne s’éteindra pas ce soir.

- Qu’est-ce que ça peut foutre ? Il l’a mérité.

Que j’lui répond sans me dégonfler, s’il croit que j’vais avouer être capable de pirater tous les portables de ce bar pourri, il se met le doigt dans l’œil jusqu’au coude ! Si ça se trouve, ce mec c’est une police en civil, comment le savoir ? J’ai déjà un casier assez gros comme ça, pas la peine d’ajouter mon savoir faire en informatique, ça serait beaucoup trop gave.

- Tu vas te tasser ou tu comptes m’en mettre une ?

Parce que s’il a pas remarqué, avec ses épaules XXL il me bloque le passage ! J’ai beau être fin, j’suis pas magicien. Je ne le quitte pas des yeux, me demandant si je me relèverais ne serait-ce que d’un gifle de la part de ce gus. Aucun instinct de survie ne m’habite ce soir, le pouvoir soulève mon torse à chaque respiration, le roi du chaos.

solid right hook ☾

soirée beuverie reportée, les festivités de lancées, tu regardes autour de toi, analyse la situation. t’amuse de ce changement d’ambiance, de cet homme qui veut en tuer un, de ses bras qui l’entourent pour lui éviter la prison, de celui qui semblait si heureux d’avoir semé sa zizanie sur le point de partir. sourire satisfait. de celui qui ne semble n’avoir peur de rien, même de toi. celui qui semble même attendre de toi que tu l’foute k.o, sûrement déçu de voir que tu n’le ferait pas. « wow, tout doux le loup. t’as l’habitude que tout l’monde t’en colle une où que tu ailles ou quoi? » sourcils froncés mais une esquisse de sourire qui vient se dessiner sur tes lèvres, non, tu vois pas pourquoi tu devrais l’frapper. il t’a rien fait et le sort du mec t’importait peu. genre, vraiment. tu t’foutais de tout, encore plus des histoires des autres. bien trop de soucis à régler dans ta propre vie pour pouvoir prétendre aider celle des autres. puis, ça t’intéresse pas. ça n’t’a même jamais intéressé. par contre, le p’tit rebelle en face te toi t’a impressionné. impressionné par son sang-froid, cette p’tite tête de vainqueur qui n’se démonte devant personne, qui n’perd pas le nord et semble se foutre de se qui pourrait lui attendre si quelqu’un aurait assez de cran pour venir réellement lui en coller une. « j’suis loin d’être un as de la technologie. j’suis pas à jour avec ces merdes la. mais si c’est toi qui a foutu le bordel dans ce bar, j’m’en viens juste te dire que j’suis assez impressionné. » une moue accompagne ces paroles. « c’est vrai. c’est pas tout l’monde qui pourrait prétendre être à la tête d’une troisième guerre mondiale. »

un haussement d’épaules, tu vois qu’il n’a rien à perdre. qu’il a l’air de se foutre du monde entier, mais surtout de lui-même. tu l’détaille, le sonde du regard. toi qui n’prétend pas pouvoir lire dans les pensées et encore moins sonder les gens, découvrir leur réelle personnalité parce que de toute cette banalité, tu te fous. toi qui t’fous de tout, de tout le monde. mais qui peut rester impressionner face à un gamin abrupte de la technologie. de la chose qui t’échappe le plus. de ce qui pourtant, ne semble pas sorcier au commun des mortels mais qui pour toi se révèle être le pire combat de ta vie. « viens. j’vais t’payer un coup au bar en face. j’pense que si tu reste ici encore quelques minutes de plus, faudrait que j’aille prévenir ta mère qu’elle vient de perdre un fils. » et s’il n’a pas de mère? et s’il n’a pas de famille? tu t’en fou. ta main vient se poser assez fermement sur sa nuque, pas au point de l’immobiliser, mais assez pour le convaincre qu’il devrait te suivre.
@coyote waterston

Je m’attend à m’en prendre une, c’est plutôt dans l’ambiance de ce soir de se prendre une beigne, mais ça en valait la peine. Je ne regrette rien. Lorsqu’il me demande si je suis un habitué des passage à tabac, j’ai simplement haussé les épaules avec désinvolture. Qu’est-ce que ça peut lui faire au baraqué ? Il a pas l’air de savoir ce que c’est que d’être le plus faible, en bas de la chaine alimentaire. Mais c’est ma vie, c’est comme ça, j’ai appris à survivre… Je suis encore là, je respire toujours, alors c’est que je ne m’en suis pas trop mal tiré dans tout ce merdier. J’suis peut-être pas si faible que ça…

Un sourcil arqué alors qu’il me complimente. Impressionné ? C’était pas grand-chose, pour moi. J’me dis qu’il est peut-être flic ou alors qu’il a besoin d’un geek pour je ne sais quoi. Je trempe dans bien assez d’affaires louches comme ça, alors j’essaie de ne rien montrer, mais l’évocation d’une troisième guerre mondiale étire un léger rictus sur mes lèvres.

J’ai jamais été doué pour masquer mes émotions.
Les émotions sont le siège de ma folie.

J’aime pas sa manière de me regarder…

- Arrêtes de me mater, mon cul est pas à prendre.

Que j’lui balance de but en blanc, sortant de ma poche une boite métallique dans le but de me préparer un joint en attendant qu’il se décide enfin à s’tasser, mais il décide de pose sa main sur ma nuque, exerçant une pression assez forte pour que ce soit désagréable et que je renonce à jouer au caïd. Surtout si c’est pour me payer un verre, même si franchement, j’ai pas vraiment l’habitude de ça, j’devrais peut-être lui répéter que j’suis pas intéressé.

- Y’a longtemps qu’elle a perdu son fils…

Lui répondais-je avec légèreté alors que nous sortons, mais malgré tout avec une lueur sombre dans le regard. Il y a si longtemps que je ne l’ai pas vue ou entendu le son de sa voix. Si ça se trouve, elle est morte et je le sais même pas.

On traversa la chaussée, j’ai rangé la boite, parce qu’on ne peut pas fumer librement dans un bar, ça sera pour plus tard. Je me tortille un peu malgré moi pour rompre ce contact, la contrainte j’connais ça, il se prend pour qui celui-là, en plus pour parler de ma mère ?

- T’es qui ? Qu’est-ce que tu m’veux ?

Les gens ont toujours une idée derrière la tête.
C’est propre au genre humain.

Mon regard se plante dans le sien, sourire en coin, sans craindre le molosse.
Je me demande bien ce qu'il veut...

solid right hook ☾

yeux levés vers le ciel, tu n’comprends pas pourquoi il se braque autant. il te fait penser à toi dans ta jeunesse, l’homme qui n’a confiance en personne, qui se cache derrière une version défensive, agressive. certes, t’en a tabassé pour moins que ça, mais dans l’fond, celui-là t’avais rien à lui reprocher, il ne s’était pas attaqué à toi à travers toute sa connaissance au niveau de la technologie. tu t’en foutais royalement de ce qui a pu se passer, de ce qui a pu le pousser à faire subir à cet homme une belle humiliation publique. les problèmes des autres ne sont pas les tiens. t’as déjà assez à gérer dans ta propre vie pour te mêler de celle des autres. « t’es franchement pas mon style. » quitte à rentrer dans son jeu, fais le bien. certes tu ne le laisse pas le choix de te suivre, ta main exerçant une certaine pression sur sa nuque, il semble légèrement se calmer, prêt à coopérer. soit. enfin. tu peux comprendre qu’il soit retissant, tu n’le retiendras sûrement pas toute la soirée, mieux à faire que de rester là, avec un gamin qui n’savait, dans le fond, pas qui il était lui-même.

« mhh, triste histoire. mais on est pas là pour parler de nos vies respectives et de ce qui peut être ceux qui nous ont élevés. » comme dit, les histoires des autres, leurs vies ne t’intéressent pas. nullement. surtout que le gamin, tu l’connais pas. mais là seule chose dont tu es persuadé, c’est que pour finir dans cette ville, c’est qu’il a du tomber bien bas. mal finir, mauvaises directions, tout, n’importe quoi. mais ici, t’avais appris que c’était une ville d’âmes perdues. que rien ne pouvait changer. une ville de débauche où le mal règne. rien d’autre. arrivés dans le bar voisin, vous vous placez dans un coin, un peu en retrait. ce que tu fais à chaque fois, même lorsque tu es seul. parce que la foule te fait tourner la tête. les gens te foutent la gerbe. tu là regarde quand il te demande ce que tu lui voulais. « j’te trouve bien arrogant pour quelqu’un qui était à deux doigts de s’faire arracher la tête. » signé au barman pour qu’il vous apporte vos consommations alors que ton visage se tourne une nouvelle fois vers lui. « j’suis personne. juste un mec qui aimerait construire quelque chose. » un haussement d’épaules, t’as réfléchis. beaucoup trop, même. tous ses combats de rue auxquels tu participes certains soirs, toute cette adrénaline, cette soif de sang et de coups. c’est ça qui t’fais bander. qui te fait vivre. « j’sais pas c’que tu peux faire. mais j’pense que tu peux m’être utile. j’imagine, tout du moins. » parce qu’encore une fois, tu sais pas c’que ça vaut, toi et la technologie, t’as beaucoup de mal. mais tu sais que par l’internet, beaucoup de choses se font. beaucoup de portes s’ouvrent. peut-être qu’il peut t’aider.
@coyote waterston

Un fin sourire esquissé alors qu’il me rétorque que je ne suis pas son style, honnêtement, je ne pense pas être le style de qui que ce soit et pourtant, ça ne m’a pas empêché de tirer mes coups. Il est bizarre ce mec, et c’est moi qui le pense.

On arrive dans le bar d’en face, le voyage n’a pas été bien long.

J’prend place, lui demande ce qu’il me veut et il ne trouve rien de mieux que de me répondre qu’il me trouve arrogant. Certes, mais il n’a encore rien vu. Je ne relève pas, j’vais pas trembler comme une fillette parce que je risque de me prendre une dérouillée.

La suite de ses paroles me fit finalement rire, ce mec est grave !
Mais je crois que j’aime bien ça.

Dans le fond, j’aime bien les gens un peu taré, ils me rappellent que je ne suis pas vraiment une exception dans la vie. Que des tarés, y en a partout. Après mon rire franc, je repris mon “sérieux”, mon regard le fixant droit dans les yeux.

- Tu veux construire quelque chose, mais moi j’trouve ça plus fun d’en détruire.

La preuve tout à l’heure, bien que je n’ai toujours pas admis être le responsable de ce qu’il s’est passé. Il n’a pas besoin d’un aveu textuel, il est pas con. Enfin il en a pas complètement l’air, alors pas besoin de prononcer des mots qui pourraient tomber dans de mauvaises oreilles. Je n’ai pas besoin que mes capacités s’ébruitent.

- Qu’est-ce que tu veux construire, “monsieur j’fais des énigmes” ? Non parce que… En plus d’être un trou du cul arrogant, j’me lasse vite.

Un sourire en sa direction, quelque part j’ai peut-être juste envie de savoir ce qu’il a dans le bide ? J’veux dire, des mecs qui font que de la gonflette, qui ont juste une grande gueule, c’est assez courant. J’le connais pas lui, pourquoi j’voudrais me lancer dans un truc périlleux avec lui ? Parce que j’suis taré c’est sur, mais demain ? Ouais, demain quand je sombrerais dans une autre phase, emporterai avec moi ce qu’il veut tant construire. J’pense pas qu’il soit prêt pour ça, au final, il n’y a que mon fou de colocataire pour supporter mes conneries, mes variations d’humeur, pour gérer mon ignoble comportement.

- Combien ça paye ?

C’est tout ce qui importe dans le fond.
Se faire du fric, acheter de la drogue.
Tout gaspiller en soi.

- Merci pour le verre….

Lui disais-je alors que ces derniers arrivent, j’ai pas l’intention de payer.

solid right hook ☾

à ton tour de rire. d’un rire franc et un peu trop poussé pour être vrai. parce que t’en a bien bavé pour être encore là aujourd’hui et que c’gamin, autant qu’il mériterait de recevoir ton poing dans la gueule, il méritait aussi d’être écouté. parce que ce genre de choses qu’il peut faire, la moitié ne sait pas le faire. comme toi, t’es déjà incapable de te servir d’un ordinateur, alors pouvoir faire le quart de ce qu’il a fait ce soir, c’était totalement impossible. mais l’idée a très vite fermenté dans ton esprit. et si ce gamin pouvait t’aider? si au final, tout ce que tu voulais faire pouvait passer par ce gamin? parce que tu sais que les combats de rues sont illégaux, tu sais que tu pourrais frôler la taule pour ça. et si t’as réussi à échappé à ça toute ta vie, c’est sûrement pas pour y aller maintenant. « et t’auras sûrement pas intérêt de détruire c’que j’ai l’intention de construire. » première menace. parce que mine de rien, ça te tenait à cœur. ce projet, tu voulais l’concrétiser. tu voulais autre chose que de la boxe. autre chose qu’un gagne pain qui peut te foutre dans la merde financièrement lorsqu’aucun combats n’est prévu. un chèque bien trop long à attendre. bien trop peu fourni pour ce que tu donne. pour ce que tu fais. et tu sais que si t’es à la tête de cet empire de la violence gratuite, tu pourrais te faire des couilles en or.

ton regard rencontre le sien. un regard noir, un regard impatient. celui qui est prêt à dévorer une âme en peine. celui qui ne te quitte jamais. parce que son ton commence peu à peu à t’irriter, parce que ta patience n’est pas d’or, ça n’a jamais été ta qualité première. n’a jamais été si longuement mise à rude épreuve. « et quoi, t’as cru que j’allais tout te déballer comme ça? pour que t’ailles sûrement en parler aux flics? peut-être même qu’au final, tu travailles pour eux. t’as l’air capable de faire bien des choses, mais clairement, si ça te trou le cul d’attendre pour m’aider, tu peux tout aussi bien te barrer et finir inerte sur le sol d’une ruelle sombre quand le mec que t’as hacker te retrouvera. » oh, tu te doute bien qu’il a l’air de s’en foutre de terminer le crâne fendu en deux, de crever. comme tout le monde à exeter, t’as l’impression. mais il avait au moins une chance avec toi. parce que tu pourrais lui fournir une certaine protection. celle qui l’empêchera de se faire prendre comme un bleu, celle où il pourrait détruire la vie de qui il voudrait, sans en payer les conséquences. « ça paiera ce que ça vaudra au début. crois pas que tu te feras des couilles en or au début. mais si ça fonctionne comme je l’imagine, tu finiras avec un beau paquet. et crois-moi que t’auras pas à attendre une éternité pour recevoir ton fric. » tu sais c’que ça vaut. tu sais qu’au final, avec ou sans son aide, tu réussiras. tu réussiras à faire de ta passion, quelque chose de plus grand. que tes projets finiront par voir le jour. même si tout pourrait s’enchainer plus rapidement avec son aide. parce qu’aujourd’hui, tout ou presque se fait pas internet. « j’suis sûr que t’as sûrement mieux à faire. comme traîner dans les cafés ou les bars pour faire chier des gars qui t’ont sûrement blessés. » et cette phrase puait l’ironie. ironie de la situation à travers laquelle tu venais de participer. verres apportés, tu hausses les épaules à sa phrase, celle où il te dit ouvertement qu’il ne payera pas la conso. chose que tu te fou puisque tu venais précédemment de lui dire que tu allais lui payer un verre. « tu sais faire quoi au juste avec ça? » regard déviant vers son téléphone, encore rangé dans sa poche de pantalon. il fallait au moins que tu saches son cv, tout ce qu’il était capable de faire.
@coyote waterston

J’le regarde me rire au nez, ça aurait de l’effet si seulement ce n’était pas forcé, sa menace elle est plus naturelle. Je ne le lâche pas des yeux, le type est bizarre, j’sais pas ce qu’il espère  inventer qui n’existe pas déjà. Les gens croient toujours être spéciaux, inventer un truc nouveau, sortir du lot… Personne n’est vraiment spécial, peut-être à petite échelle parfois, mais dans la masse… On est tous anonymes et lambda.

Je lève les yeux au ciel alors qu’il commence à craindre que j’aille parler aux flics. Est-ce qu’il a vu ma gueule ? J’empeste la raclure des rues, pourquoi j’irais faire copain-copain avec la police ? C’est pas vraiment un intellectuel en face de moi, mais bon il a de sacré muscles monsieur grande gueule, alors j’l’écoute faire son paranoïaque avant de me d’ire que j’peux dégager si j’veux. Vraiment ? Ça n’en avait pas l’air tout à l’heure…

- J’suis pas une petite demoiselle en détresse, j’ai besoin d’la protection de personne, Caïd.

Pour qui il s’prend ? C’est pas grâce à lui que j’ai survécu jusque-là. J’suis capable de me débrouiller de cet enfoiré que j’ai hacké, j’suis pas invincible, mais j’ai eut à faire à plus coriace. L’humiliation publique, c’était juste trop facile, ça change de mes autres combines et ça m’a fait un bien fou de voir ce connard anéanti. Malgré tout l’écoute, parce que j’suis là et que j’ai des oreilles. Je me demande quel coup foireux il veut préparer, même si une part de moi s’en fiche un peu. Ok, j’crache pas sur du pognon, j’suis tout l’temps à sec, mais j’ai la garantie d’un toit sur la tête quoi qu’il arrive, ma situation est moins dramatique que ce qu’elle a pu être dans le passé. J’suis pas sorti d’affaire, mais c’est moins bordélique.

Je soupire, l’hyperactif que je suis s’endort un petit peu.
Les conférences, c’est pas du tout mon truc.

Je soupire, sors mon cellulaire de ma poche pour le faire tourner entre mes doigts.

- J’pourrais tout t’expliquer, mais ta tête risquerait d’exploser. Tu sais au moins que ça sert pas seulement à téléphoner ?

Un lever de sourcil, un sourire franc avant de pouffer de rire. J’me moque pas, chacun son domaine, lui me prend bien pour une donzelle en détresse, j’peux bien me venger un peu. J’suis pas du genre à baisser mon froc devant un gaillard bien plus costaud que moi.

- Avec ça j’peux faire deux - trois trucs comme pirater un autre portable, télécharger des données privées, craquer des codes, des mots de passes… Mais avec un ordinateur ça change la donne. Tout dépend ce que t’as envie de faire… Ça demande plus ou moins de temps et de sécurité. Plateforme de transaction, messagerie secrète, vente de produits…

La liste peut être longue alors je l’arrête ici, j’sais pas ce qu’il veut faire et puis si ça se trouve, c’est lui le policier en place, c’est vrai, son comportement, sa curiosité est étrange. Et c’est moi qui dit ça… Mais il a plus la gueule du flic ripoux que le premier de sa brigade.

- J’ai jamais rien contre un peu de fric facile, mais j’travaille pas gratos. J’demande un acompte de lancement au cas où ton idée soit naze et rapporte rien, trois cents billets. Sinon j’te raconte pas le nombre de tocards qui frapperaient à ma porte pour lancer leurs idées géniales… Mais t’sais quoi ? Comme tu m’as peut-être quand même empêché de m’faire casser la gueule, on part sur cent cinquante.

L’hôpital ça coute cher, bien plus que trois cents dollars, mais encore faut-il que je connaisse les grandes lignes de son fabuleux projets, peut-être pas ce soir, j’m’en fou. J’tapote sur mon téléphone, envoie un texto au baraqué puisque je l’avais dans ma liste et qu’à distance proche, il n’y a plus que lui d’atteignable parmi tous les numéros, je devine que c’est lui. Je bascule sur la seconde carte à puce pour lui envoyer mes coordonnées téléphoniques qu’il reçu à peine quelques secondes plus tard alors que mon cellulaire reprend sa place dans ma poche. Je ferais mon enquête sur lui plus tard.

- Paraît que j'suis une tête à claques, mais t'as l'air pas mal dans le domaine aussi.

Lui lançais-je avec un sourire en coin, j'me demande si ce mec est toujours comme ça, moi j'préfère éviter de revenir sur ma "capacité" à être complètement quelqu'un d'autre du jour au lendemain.

solid right hook ☾

« évidemment. excuse moi rambo. chacun son mode de vie. » et peut-être que dans l’fond, vous avez le même schéma de vie. peut-être que les coups que vous recevez tous les deux ont le même but. vous sentir vivant. parce que toi, la boxe avant d’être une passion, c’était surtout un moyen de te rapprocher un peu plus de la mort. un moyen de te prouver que ton cœur battait. que ta vie ne tenait qu’à un fil. comme tous les autres. sauf que toi, tu cherchais la mort. tu la titillait. la narguait. a toujours clamer haut et fort que la mort ne t’effrayait pas. que c’était le fait d’être en vie qui te faisait flipper. que la mort, elle, tu l’accueillerait les bras ouverts. sûrement un penchant sadique pour la souffrance, chacun avait ses vices, chacun avec ses craintes. et le p’tit face à toi allait sûrement finir la gueule explosé sur le bitume d’une ruelle sombre. comme toi. tout était écrit, ça tu en étais certain. le destin est déjà tracé, sauf que personne ne sait réellement comment il finira. ce qu’il en adviendra. mais le toupet de ce gamin t’énerve autant qu’il peut t’amuser. ne baisse pas le regard, semble même jouer avec toi. mais t’as pas que ça à foutre de frapper sur un homme qui ne saura même pas te rendre la pareille. yeux levés vers le ciel, tu commences vraiment à perdre patience. t’as jamais eu la prétention de tout connaître, encore moins sur ce qui touchait la technologie. un peu trop old school, tout ce qui touchait de près ou de loin à internet et ses méandres te laissaient de marbre. parce que c’est pas ton truc, parce qu’à l’approche des quarante ans, t’as pas que ça à foutre. et parce que ça ne t’intéresse tout bonnement pas. mais tu continues de l’écouter, sourcils froncés. n’en perdant pas une miette parce que dans l’fond, peut-être qu’il pourrait réellement t’aider. comment? tu n’sais pas. mais toutes ses connaissances pourraient être mises à profit.

les tarifs tombent et lorsque même il te dit vouloir trois cents billets, tu ne pouvais décemment pas t’empêcher de rire. non parce que clairement, autant t’as de quoi payer ta came et ton toit sur la tête, autant tu ne pourrais filer un acompte de ce montant. tu te doutais bien que ce qu’il tramait était illégal, te doutais bien qu’il risquait gros en se faisant chopper. qu’un job, quel qu’il soit mérite salaire. le b.a ba. mais certainement que jamais il ne verrait ces billets de sa vie venant de ta poche. « cent cinquante me semble plus juste, en effet. tu te doutes bien que c’que j’veux faire est loin d’être légal mais j’veux ouvrir une salle ou un local. les combats illégaux règnent ici. mais la plupart se passent dans les rues et si ici c’est pourri de flics corrompus, y’en reste pas mal qui font leurs jobs. j’veux qu’ils puissent faire ce qu’ils aiment sans devoir prendre la fuite au moindre bruit extérieur. je sais qu’avec ça, l’argent coulera à flot. mais j’veux un truc safe, un genre de site où ils peuvent s’inscrire pour les combats, participer aux paris. j’sais pas comment avancer ça, j’y connais rien. et c’est sûrement là que t’interviens. » un haussement d’épaules, t’as rien à perdre. il a l’air de s’y connaître beaucoup plus que toi, y’a pas de doutes. et concrètement, tous les conseils sont bons à prendre, t’es pas l’genre à balayer les conseils ou les idées des autres par pure fierté. au contraire. téléphone qui sonne, tu l’sort de ta poche pour pouvoir découvrir toutes les coordonnées de ton voisin. sourcils froncés, y’a pas de doutes, il peut t’aider. un rire sort cependant de ta bouche, pas préparé à sa remarque. « je suppose que tu l’découvriras rapidement. j’me cache pas, j’sais c’que je vaux et c’que je cherche. l’adrénaline et l’argent. rien de plus. tu marches ou pas? »
@coyote waterston

Il accepte les cent cinquante, j’aurais probablement accepté le deal pour moins que ça. Mais j’ai mes combines, vieilles comme le monde pour certaines. Je saurais bien assez vite s’il est flic, même bien couvert, faut pas me prendre pour un con. En général, jamais on me contacte en direct, je n’agis pas à visage découvert. Trop dangereux. Mais j’aurais l’air con de nier à cet instant, autant foncer droit dans le mur, j’suis doué pour ça aussi.

J’écoute ce qu’il me révèle enfin sur son projet. Ouvrir une salle de combats illégaux, pas compliqué de deviner que c’est pas mon genre de me battre pour du fric. Je perdrais à tous les coups, non pas que je sois une fiotte, mais soyons réaliste…

Je marque un silence, réfléchissant rapidement au projet, mon regard quitte un peu le plan terrestre sur lequel nous sommes pour un monde binaire et codé. De brèves secondes avant de reporter mon attention sur mon interlocuteur.

- C’est faisable, mais faire ça au même endroit, ça me parait trop risqué. Il faut s’inspirer du système des fêtes clandestines, avec le lieu aléatoire annoncé à la dernière minute via le site. Des indications envoyées qu’aux inscrits et qui ont évidemment payé, identité vérifiée à leur insu… Pour les paris ça peut aussi s’arranger, mais je ne sais pas si les gars dans ton genre sont prêts à passer aux paris en ligne… Chaque chose en son temps j’dirais.

Je ne suis jamais allé à ce genre de fight club, je ne me rend pas réellement compte du profil des gens qui s‘y trouvent, je ne me base que sur des idées que je me fais de ce genre de clubs par les films que j’ai pu regarder sans m’endormir devant.

- J’aurai besoin de venir voir comment ça s’passe.

Même si j’reisque de tomber sur des mecs qui pourraient bien vouloir me casser la gueule, c’est peut-être bien un projet trop ambitieux pour un mec comme moi, mais j’ai plusieurs idées qui m’viennent. Comme la possibilité de filmer et motiver les paris en ligne. Déjà construire le système d’inscription et de lieux aléatoires serait un bon début. Je ne vais pas mettre le paquet alors que je n’ai aucune idée de savoir si ça va réellement fonctionner.

- Je marche.

Ajoutais-je, au cas où il n’aurait pas deviné. Je le regarde avec amusement, faut dire que des types dans son genre, j’ai rarement l’occas’ d’en croiser. Moi j’traine avec des gens qui ont l’air un chouilla plus banal mine de rien. Mais ça ne me fait pas peur.

- T’as un nom p’t’être ou je dois m’amuser à tout trouver ?

J’lui cache pas que j’vais mener mon enquête, il pourrait en faire de même, avec ses potes flics. Il découvrira un casier judiciaire pas très net, mais il apprendra également que je suis un patient psychiatrique. Ça le refroidira peut-être, j’comprendrais dans le fond. A sa place, je me ferais peut-être pas confiance. L’inconnu fait peur, moi-même j’ai peur parfois, puis il y a des jours comme aujourd’hui où je ne crains rien ni personne.

Je consens enfin commencer à descendre mon verre, le gout de la gratuité, c'est toujours agréable. D'équipement, cette soirée prend un tournant des plus inattendu.