(( jupiter ascending ))

☾ eye contact.

tics, manies, caractère. ☾ ☾ signe astrologique : sentir l'air et l'eau, le ciel rouler sur sa peau, se laisser bercer par le vent et les chants du pouvoir. et l'instant qui précède le voyage. parce que le soleil est sagittaire, empereur jupiter, leader du changement. je n'habite nulle part, les enfants. habiter signifie se fondre charnellement dans la topographie d'un lieu, l'infractuosité de l'environnement. moi, je ne fais que passer. mais ne vous en faites pas, jamais vous ne m'oublierez. ma cité est le ciel et nous la partageons. l'ascendant est sensuel, charmant et léger. la balance s'amourache de justice, mais sait jouer d'agréable, attirer les regards, tromper ses pairs. elle cache sournoisement la furie de mars, elle cache la franchise de mercure, l'aigreur de vénus et l'imaginaire de neptune. et la lune? la lune est scorpion. oh pauvre lune. la mère est malade. piquée par l'esprit tortueux de l'arachnide stellaire, elle se débat dans sa tête et tout autour de lui, lui refile tant et tant de migraines mais également beaucoup de passion à revendre. mars est vierge, quant à lui, solide, sérieux, méticuleux, soigneux et vengeur, s'il le faut. tireur d'élite qui attend sa cible des heures durant du haut du mirador. et qui calcule chacun de ses gestes, chacune de ses respirations. et quand il prend par surprise, mars est violent, chez kolsten. mars est meurtrier, encore et encore. . . tout est de sa faute, n'est-ce pas? quant à vénus, d'aucuns diraient qu'elle n'est plus. et sans doute n'a-t-elle jamais été. pourtant, le ciel pleure que vénus est capricorne. et c'est bien triste à voir, l'amour nuancé de givrures. le palpitant fantasmagorique. le cœur mort, et ravi de l'être. ou peut-être est-ce autre chose encore? et puis vient enfin mercure et toute sa sacro-sainte brillance intellectuelle. mercure se pavane en vierge, lui aussi. planète surabondante chez kol. mercure sait avoir raison, sait assoir l'autorité de la déraison. il sait exprimer les sophismes par millier et se jouer des mots avec une facilité déconcertante. mercure est beau, il est vrai, mais entre les doigts du maitre, il n'a du beau que dans le chaos. . . ☾ les démons contre lesquels iel se bat : il n'y a pas plus louable combat que celui de l'identité morcelée. pourtant, ironiquement, c'est aussi celui que kolsten a le plus de mal à mener. pourquoi faire une chose pareille? pourquoi ne pas se complaire à exister à travers du tout fait, remodeler soigneusement une puissance pour qu'elle lui appartienne pour toujours? serait-ce par couardise? par crainte de tomber à genoux aux pieds des hommes? par répugnance de l'être réel? un peu de tout à la fois, rien ne sera jamais avoué à haute voix, quoi qu'il en soit. mais, le soir, ça hurle dans la tête, ça plonge le regard dans l'onyx brûlant, ça fracture des tempêtes, des os et puis des sourires. et dans les bras de zeus, viennent se réfugier les mélopées de ses tendres petits dieux qui pleurent toute la douleur d'une jeunesse qui se perd, se perd, se perd. . . alors zeus souffle sur leurs maux, et c'en est fini. iels resteront beaux.lles. ☾ le membre de sa famille qui l'a le plus marqué.e  : ce ne sera pas lui. (ah non?) il aimerait bien. (comme tous.tes les autres?) il ne sert à rien. (pourtant il sait tout?) la couronne impériale et la rage du naufrage. poséidon n'est rien d'autre qu'un pauvre poisson clown frétillant dans sa mare de pétrole à moitié vide. il respire encore, rit, tout le temps. personne ne sait trop comment. et c'en est lourdement pitoyable. mais il est là et le suit comme le ferait cerbère. garde-fou qui s'ignore, mais il est trop con pour ça, non? (il n'est rien qu'un gamin, il n'a jamais pu lui en vouloir à lui... si?), cherchant à chaque seconde l'attention de son ainé, à prouver qu'il peut aussi être quelqu'un. (en vain?) non, ce ne sera pas lui. (alors qui?) ce ne sera pas elle, non plus. héra. (parce qu'à quoi sert-elle?) sœur insignifiante lui vouant depuis la nuit des temps un amour infini-ment décevant. (ne pourrait-il pas la crever, elle aussi?); (oh, et puis pourquoi prendre cette peine?) et si c'était lui, alors. (lui même?); (de toute évidence.); (absolument). ou la moitié d'outre tombe, alors. . . (hadès? jamais) pas lui. pas lui. pas lui. (ah non?) il l'a cherché, et puis. (vraiment?) c'était son tour!! ah, c'était son devoir. de laisser sa place. c'était pour lui. et puis pour elleux. pour le bien de l'olympe, ça valait bien une vie. (à ce point?) aussi putride et peu coûteuse était la sienne. au fond, il faisait pitié (plus que les autres?). il l'avait supplié. et on ne suppliait pas la vie. pas à lui. (alors à qui?).......; (à l'autre déité?)........ (peut-être bien.) ☾ son thème musical : brave new world — kalandra; kill of the night — gin wigmore; take me to church — hozier + un autel dressé au culte de la barbarie  ☾ le plus gros crime qu'iel ait commis : il n'existe pas d'échelle des monstruosités quand on sait agir pour le bien, pour le juste, le valeureux et l'admirable. les malheureuses pièces abattues sur l'échiquier géant de kolsten ne sont que d'énièmes fantômes venus valser un rythme macabre dans son encéphale horrifique. parricide, fratricide, féminicides; les mots viennent et se perdent. quelle importance? (toute?) aucune. ☾ sa plus grande peur : peur de la peur elle même. n'est-ce pas si prévisible. peur d'avoir peur? les bras dans un brasier en un puits de chimères incurables. terre de paranoïa pour les délires mégalomaniaques d'un mortel fourvoyé. dux bellorum ne craindra jamais rien ni personne aussi fort que lui même, tard le soir, lorsqu'il se fait face. lorsqu'il s'aime un peu trop fort, un peu trop haut. dans ce miroir brisé où il voit le reflet de cronos s’épancher sur ses maux; déposer sa main frappée de pierres sur son épaule. le sourire le congèle. et puis tout disparait. cauchemar. (mirage?) ses propres faisceaux de dards enflammés s'éveillent alors; quand la bouche du mentor géniteur exécré forme des mots qui résonnent jusqu'aux tréfonds des enfers du frère. parce que tu crois pouvoir faire mieux que moi? tu penses être capable d'exister, toi? d'être craint comme la tempête, d'être aimé comme les soupirs du vent? tu crois pouvoir toucher ce ciel charbon peuplé de cotons? lâche l'éclair, lâche la folie, mon triste fils; tu ne seras jamais qu'une pâle copie de mon ignominie. ☾ des dépendances quelconques ? folie des grandeurs radicalisée à son optimum. drogue sans fin, sans morale, sans loi, ni possibilité (aucune?) de guérison. toujours plus (& toujours plus loin?). ☾ a-t-iel un accent ? un tic de langage ? autorité affolante du philosophe et seigneur de sa reine; férocement doucereux. noctambule, le rapace affamé de danses macabres. la verve est suave et serpentine, susurrée avec l'intimité frissonnante d'un baiser déposé sur les lèvres douces d'un.e bien aimé.e. il semble difficile de pouvoir décrypter toutes les singularités du langage de kolsten tant il est capable de les remodeler selon ses humeurs. (ses fureurs?) mais nul doute que demeure inconditionnellement en premier plan l'autorité suprême. encore et toujours. captiver l'auditoire doré d'un seul claquement de langue, d'un seul jeté d'iris polaires, d'une simple page tournée de l'index accusateur, ou un pauvre souffle, prémices d'un cataclysme; à la manière des grands hommes (dieux?? du dieu de tous les dieux!) détruits qui rêvent secrètement la paix du monde sans ne jamais l'atteindre, il éblouit de son esprit dangereusement charmeur depuis ses ombres. et il incarne, comédien des sommets, dans sa gestuelle sensuelle et ses parades verbales, une sagesse royale et envoutante qui intime sans nécessité de mot; un grand respect chez ses pairs, même les plus récalcitrants à obéir. car si kol ne se présente pas nécessairement de manière condescendante (quel intérêt?); (lui qui est si puissant?); (tout le monde est au courant, hm?) même s'il pourrait ne pas en penser moins (sans blague?). il a simplement l'allure de celui qui sait être plus intelligent que le commun des mortels qu'il répugne en privé. méfiez-vous de l'aigle royal qui survole vos plaines. à quoi bon descendre en piqué pour vous effacer de son épopée, vous qui êtes déjà mort dans ses yeux furibonds avant même d'avoir existé? ☾ quel dieu/déesse (du panthéon grec, égyptien, nordique, etc) pourrait-être son parent divin ? il y avait tant de cronos en lloyd darkleaf. kol l'aurait juré. kol s'y est berné. il y avait de saturne dans chacun de ses râles. de titan dans chacun de ses regards humiliants. chacun de ses demi-sourires écrasants. de ses soupirs coupés à la faucille qui faisaient frémir d'épouvante ses enfants. et son aura de splendeur mortuaire? ses mots étaient lents, sourds, prémédités... et d'une violence inouïe. ses dents faisaient mal, aussi, un peu. (un peu?) plantées dans la chair comme les dagues d'un voleur.  assassinant l'existence à chaque croc déchirant la peau. personne ne s'y attendait jamais. impossible de savoir. lorsque l'horloge sonnait midi ou que les nuages recouvraient la nuit. la malédiction planait chaque levé de vie que donnait hélios. personne ne s'y attendait. la millénaire malédiction planait. culture figée sur le vide. (c'était brillant, aussi, non??) il y avait tant de cronos en son père. (trop, trop, trop...) il a fait de lui ce qu'il est. il a fait de lui ce qu'il est, vous entendez?? les hurlements des enfants aux creux du ventre de cronos? zeus les a tous sauvés, ses pauvres frères et sœur. c'était lui, lui et lui seul. lui, encore lui. lui qui n'était rien, dans sa bouche puanteur de venin. fils bâtard voué à se laisser crever; s'est parachuté tout là-haut, à son tour. il était temps. d'être grand. d'éclater le temps et puis le ciel. et de régner. régner plus qu'un titan. régner comme un dieu tout puissant. (c'est tout?) c'est trop. non, juste ce qu'il faut. ☾ son aesthetic en quelques mots : stature dominante, oppressante. grandeur inébranlable d'un lord qui surplombe la plèbe; sans même forcer le trait. naturel sombre et sage. sourire pansement, aussi doux que sa poigne est ferme et irrévocable. yeux foudroyés où viennent crever des milliers de rivières pourpres. voix au timbre profond, grave, ténébreux. chant funèbre diabolique de ses chaussures claquants le parquet du tribunal. et le silence, quand il est là, est inquiétant, bien perturbant. mais il est roi. et il n'y a que lui qui peut le briser. zeus, face aux mortels. + dark academia; sweet hot psychopath; greek god; must call him zeus or jupiter; in all chaos there is calculation; blood-thirsty maniac; paranoid megalomaniac; successful brainwashing; a misanthropist murderer hiding behind an illusionnist humanist; ruler of the justice degradation; sweet talk and crooked smiles; advise you to die and will gladly help you do it. ☾ ses tics nerveux, tocs : aucune place n'est laissée au hasard. et tout est sous contrôle. tout. (tout??) toujours. (vraiment?) ????? non. il est vrai. parfois (trop souvent.) les mains se retrouvent ensanglantées en plein milieu de la nuit, de nulle part. et y a les visages des trépassés (aucun regret, non) qui viennent hurler vengeance. (de quel droit?); (de quel droit viennent-ils déranger un dieu dans ses quartiers?) alors kol se purifie l'esprit frénétiquement, nettoie toutes les saletés de ces cafards qu'il a écrasés sur sa peau de titan. il nettoie, encore et encore. la sueur perlant sur son front bouillant. et il se tient droit, toujours. droit comme sa justice. aucun tremblement, juste l'empressement. que ça finisse. ça passera. ça passe toujours. ce n'est que cronos qui lui joue des tours. pour qu'il tombe à son tour. mais ça n'arrivera pas. (.....n'est-ce pas?) ☾ auquel des huit péchés primordiaux est-iel lea plus sensible ? personnification suffocante de l'orgueil en son état le plus irréversible. pauvres existences simplettes qui s'y sont laissées sombrer, par le charme d'un condamné. iels furent ruinés par ses blizzards et ses cyclones. et mourir au nom d'un dieu? est-ce si douloureux? kolsten se nourrit de lui. de son orgueil bienfaiteur (porteur de malheurs?). tant et tant qu'il y perdrait pied, à petits pas. il se sent voler. au dessus de tout. et tout va mieux. ☾ sa religion : la sienne. celle de ses maux mots. sa religion n'a qu'une définition : justice. qu'elle soit faite. rendue. qu'elle soit bien. juste. fière. grande. intouchable. forgée dans le marbre. écrite en dorures. qu'elle surpasse tous les hommes. et même les dieux. il ne vit que pour elle, après tout. ne voit qu'à travers tout ce qu'elle a de mauvais. pour la refaçonner à son goût âpre. un jour: elle survivra. ☾ son alignement moral : lawful evil. dans tout ce qu'il y a de plus intransigeant. y a le code de conduite qui est le sien. uniquement. le seul qui vaille. le seul qu'on ne puisse enfreindre. pas de compassion. pas de pitié pour les profanateurs qui finiront la tête sur un piquet; étendard effroyablement sanglant pour prévenir le restant des pions de ce qui les attendent à la moindre incartade. pour kol, traditions, loyauté et obéissance sont de rigueur, mais pas la liberté qu'il contrôle de sa foudre, pas la dignité des plus faibles qui le dégoute, ou la vie quand il ne la trouve pas assez importante à ses yeux. il répugne à violer ses propres lois ou à revenir sur ses promesses, en partie par sa nature, mais aussi parce qu’il fait confiance à l’ordre établi pour le protéger de ceux qui s’opposent à ses jugements sur des questions d’ordre moral. ((paraitrait-il qu'il s'agisse de l’alignement le plus dangereux qui soit? celui qui applique le mal avec raison, intentionnellement, et souvent avec succès. peut-être y a-t-il du vrai. et vous, qu'en pensez-vous?))

histoire. ☾

cw : mention de tentatives de meurtres et assassinats par combustion spontanée, de pensées sociopathes, de suicide, de psychoses délirantes


— Traduction de Leconte de Lisle (1868).

L'histoire était belle. Ce n'était pas la sienne.

Écorché vivant. Enterré vivant.

Kolsten Darkleaf n'eut jamais le temps d'exister.

Pas vraiment??

Pas longtemps.

Il était enfant. Il n'avait que cinq ans, quand Cronos le tua pour la première fois. Puni, pour avoir osé lever les yeux sur lui durant le dîner alors que l'on lui avait formellement interdit. Il avait bien failli se faire avaler d'un coup de crocs. Il aurait bien aimé. Juste pour voir ce que cela faisait. Juste pour que le silence cesse. "On", c'était Nora, la préceptrice. "On", c'était Theobalt, le jardinier du château. "On", c'était Lawrence, le palefrenier. "On", c'était tout le monde, et personne à la fois. Mais jamais lui, il ne parlait pas, assassinait; simplement. Et lorsque Cronos accélérait le temps; c'était époustouflant de terreur... fascinant, un peu (un peu??) pour le fils bâtard. Il régnait au château des Duke Darkleaf, depuis des millénaires; un silence macabre parfaitement orchestré et des fulgurances d’extrêmes violences soudaines et incalculables. Et le temps semblait long, lorsqu'aucun affront n'était commis. Lorsque Cronos ne portait aucun intérêt à ses petits cafards grouillants dans sa demeure. Ses enfants. Ssssi long. Parce qu'il tournait rond, le temps ? Non, parce qu'il tournait trop. Et à l'envers. Et trop lentement. Comme un manège cassé. Sans son. Sans rires d'enfants. (Troublant?); (Inquiétant?); (Pour certains, peut-être.) Avec des petits chevaux en bois sculptés, polychromés. Et un paysage sombre. Une nuit brune. Une lune embrumée. Parfois, Kol imaginait Pégase, son cheval de selle blanc, mort au bout d'un de ces piquets de bois. Et ça ne lui faisait rien, d'imaginer sa fin. Encore mourir tant qu'il fait noir. Il avait entendu Cronos le souffler, une fois, au rebord d'une des fenêtres du dernier étage du château. Il aurait bien aimé. Le pousser. Juste pour voir ce que cela faisait. Juste pour qu'il se passe quelque chose. Autre chose que l'infini rien. Et le rouge sur ses mains, quand il osait déroger les lois du titan, ne s'en allait jamais vraiment.

Il était encore enfant. Il n'avait que dix ans, quand il tua pour la première fois. C'était un après midi ensoleillé, non loin de la forêt entourant le château. Kolsten jouait avec son frère ainé, Atticus. Ils grimpaient dans les arbres, s'amusaient à se battre, armés de bâtons. Leurs deux sacs trainaient sur le chemin. Ils hurlaient, riaient, comme des enfants normaux. Oh, il y avait bien cette lueur de début de tempête qui soufflait dans les tourmentes de Kol. Mais Atticus ne voyait rien venir, se contentait de jouer, naïf et fougueux. Il ne vit rien arriver non plus; lorsque Hélios apparut à l'orée de la petite clairière dans laquelle Kol montait Pégase, souvent. Hélios, c'était un ami à eux. Un ami qui prétendait être un dieu. Je suis le dieu du soleil, je ne crains pas le feu. avait-il dit un jour, fier et prétentieux. Kol avait tonné, la malice mauvaise dans les veines. C'est ça, et moi je suis Zeus. Mais il n'y eut rien à faire. Hélios ne démordait pas. Voilà trois ans qu'ils se connaissaient. Trois ans qu'il se croyait dieu. Alors Kolsten aussi jouerait son jeu. Cet après-midi là. Zeus ferait régner sa toute première loi. Le mensonge à ses aimé.e.s est une preuve de faiblesse. Le soleil tapait sur la clairière, faisant briller les brins d'herbes. Le vent soufflait sur la clairière, repoussait les longues mèches corbeaux de Kol. Le temps était clément. Les frères ne le seraient pas.

Les sacs grands ouverts.
Des cordes.
De l'alcool à brûler.
Un briquet.
Te voilà Hélios, pour de vrai.

Et la forêt de son enfance, mourant sous le feu de son sermon.
Et le silence d'Atticus, les yeux bordés de larmes séchées.

Il lui prit la main, à son frère, la serra très fort entre ses doigts; puis respira la poussière, la fumée et le sang. Et par moment, lorsque le vent tournait, Kol entendait le ciel lui gronder des maux. De jour, un jour si beau, si chaud du mois d'Aout ; la vision de son terrain de jeux en ruines et de ses derniers soubresauts, rythmés par le craquement des arbres qui ployaient avec douleur et de la nature qui perdait l'émeraude de sa vie.

Le jour avait décliné, la nuit avait tout enveloppé, et cette sensation de silence intense teintée de blanc ne disparaissait pas. Il avait l’impression que tout son être se calquait à l’image de cette forêt en feu. Qu'une partie de lui mourait avec elle. Et ça ne faisait rien.

Alors peut-être qu'il n'avait que dix ans, quand Zeus le tua pour la première fois ?

Dans un dernier devoir,
Dans une première guerre,
Un si profond pouvoir,
Une si fragile chair,

L'âme en peine du monstre maudit,

Achève donc la Lune,
Dans la nuit brune.

Il sourit.

Il lui avait tout expliqué, dans les moindres détails. Le plan, de son invention à sa matérialisation. Le regard vide d'émotions, fixé sur ce géant des nuages qui se refusait de lui adresser la parole; lui qui n'était pas digne de sa puissance. Un moins que rien. Même maintenant ? Même maintenant... Il fallait bien l'admettre, la douleur lui tordait les méninges, maintenant que rien ne changeait. Il ne demandait que très peu, pourtant, juste qu'il porte un souffle au temps qu'il arrêtait bien trop souvent, juste qu'il esquisse un sourire de complaisance, un mouvement de colère, qu'il reporte de nouveau ses crocs sur lui; qu'il ressente quelque chose, qu'il se passe quelque chose, qu'il décide quelque chose. Mais Cronos n'avait rien dit, ni rien fait. Et ne l'avait pas tué. (Il aurait bien aimé?) L'avait à peine regardé. Et puis avait tourné les talons.

Le silence.

Il avait grandi, n'était plus un enfant. Il avait vingt-cinq ans, quand il douta pour la première fois. Il avait quitté l'ombre de Cronos pour conjurer sa faute, loin, loin de ce silence. N'était-ce pas si dommage ? Après toute cette peine. Envoyé, accompagné de son ainé, à l'internat; où les cafards s'en iraient brouiller les silences loin du titan. Il ne lui pardonna pas ce geste lâche. Il ne lui pardonna pas, ses mots qu'il ne dira pas.

Le Tartare se révéla être ennuyant pour Kol. Région aride, brumeuse, sans vie et monotone avec parfois des étangs glacés, des lacs de soufre ou de poix bouillante; des hurlements et des souffrances. Atticus était mort là-bas. Il l'avait vu, ne lui était pas venu en aide. Dans son regard rougeoyant, flamboyait la douleur d'être devenu plus qu'un Homme. Ce fut Hadès qui prit la relève. Et Kol ne le releva pas, ne s'en intéressa que peu, dans le fond, plongé depuis son arrivée dans une forme d'anhédonie placide et imperméable. Maitre des lieux; Hadès s'y plaisait bien, dans son royaume sous-terrain. Ce n'était pas son cas, à Zeus. Rien en ces terres sans vie ne parvenait à le distraire. Peut-être lui rappelaient-elles sa forêt. Peut-être que c'était simplement le chaos qui le dérangeait. Lui qui préférait l'ordre et le contrôle. Le contrôle, de lui, des autres surtout, du temps qui court, des maux qui grouillent. De tout, à tout prix. Ici, il n'y avait rien à faire, c'était impossible et inutile, les prisonniers étaient sots. Et il n'avait pas le temps de leur apprendre. Peut-être que c'était la faute de Cronos, qu'il lui avait maudit le Temps? Qu'importait la vérité, dans le fond. Zeus s'en fichait. Alors il travaillait dur, pour compenser l'ennui de son existence, la tête dans les bouquins de droit à mépriser avec arrogance chacune de ces stupides pages, toujours fourré à la fin des cours avec ses professeurs; à les inquiéter de ses grands regards tonnerres et de ses poings qui tonnaient contre la table. Il se tenait si bien, si beau, si fier. Brillant élève aux attraits mystiques, dérangés par un je-ne-sais-quoi qui fascinait bien des camarades. Parfois métamorphosé en quelque chose de plus doux, plus aguicheur, pour jouer un peu de leur crédulité de mortel. Dans la voix, les faux sourires qui filaient bas pour torturer les cœurs déjà à terre, sans les chercher, les actes venaient seuls. Et alors il venait trancher les têtes des esthètes osant lui passer devant. C'était à s'y méprendre, de cette folie douce et tendre. De cette violence impromptue qui grondait dans ses veines. Une dualité malveillante. Et Hermès s'y laissa berner, s'y perdit bien des années; pauvre petit con. Un gamin perdu d'une douzaine d'années. Nul ne savait d'où il venait. Où il irait. Zeus ne s'en accommoda pas, au début. Mais les regards insistants de la vermine sur lui ne trompaient personne, si ce n'était peut-être lui même. Et c'était quelque peu distrayant, ce petit jeu crédule (et innocent?). Jusqu'au soir où il commit une faute. Il suffisait d'un rien.

Alors, c'est ainsi que tu crois m'aimer, en me volant ?
Que?.. Mais je ne vous ai rien volé... je le jure !
Le vouvoiement était venu naturellement, et Zeus en sourit.
Tu trembles, Hermès. Je te fais peur ?
Le jeune garçon demeura silencieux, les soucoupes perdues dans celles de son futur roi.
Le temps semblait s'être arrêté. Les souffles, se couper.
Et enfin le valet s'agenouilla devant lui, la tête basse, il sortit l'écharpe bleu roi de son sac et la tendit fébrilement à Kol.
Pardonnez-moi.... Pardonnez-moi, par pitié!

Et il lui aurait bien tranché les mains, là, tout de suite; pour lui apprendre sa justice. Ou crevé les yeux, là, tout de suite; pour qu'il ne le vit plus jamais. Mais Zeus douta. Et pour la première fois, il se surprit à ressentir la peine vibrer à travers le silence. La peine d'un apôtre, la peine délicate, délicieuse d'un adelphe qu'il n'avait pas même le besoin d'asservir. Tandis que les nuages prémonitoires se diluaient lentement tout autour des olympiens. La sentence de Zeus.

Peut-être un jour. En attendant, tu es à moi.

Hermès et ses folles libertés entravées. D'un seul regard tempête; il l'avait eu. Gamin arrogant, fier et beau comme une statue grecque. Brave immortel qui ne s'ignorait guère. Enfant de l'école voisine qui le scrutait à travers le grillage. Se ratatinait maintenant devant sa majesté. Perdait de sa verve et de sa superbe devant le magnétisme étouffant de son ainé. Parce qu'il avait ce pouvoir sur lui, qu'il userait certainement à son avantage à l'avenir. Il serait sa voix et puis ses yeux. Le premier enfant d'une nouvelle ère. Il prendrait soin de lui, en échange. Et il en fut ainsi. Messager de Zeus.

...

Et au détour d'une conversation. Il eut le mot de trop, l'arrogance de savoir trop. D'un jeune ignorant perdu dans ses méandres.

Je suppose que vous comprenez ma loyauté autant que je comprends la vôtre envers votre frère. Donc nous sommes quittes.
Qu'est-ce que mon frère vient faire là-dedans ?!
Vous êtes prêt à tuer pour lui.
Kol fronça les sourcils, comprenant de moins en moins où son messager voulait en venir.
Et ?
Et moi je serai prêt à mourir pour vous.
Va-t-en. . .

Un souffle. Une menace. Hermès ne comprit jamais ce qu'il s'était passé, ce soir là. Mais tout changea, après ça. Leur semblant de complicité suprême. Et Hermès s'envola. Loin. Voyage parallèle, chance exceptionnelle et partage du toujours plus. Il ne s'inquiétait pas, pour l'avenir du petit messager.

Parce qu'il avait tort, le gamin. Kol ne tuerait pas pour Hadès. Kol ne tuait pour personne. Pas pour lui même. C'était bien plus que ça. Ça ne s'expliquait pas.

Pas encore.

...

Il était revenu, un soir. Chez les Lord Darkleaf. Pour sauver Héra? Poséidon? Les rejetons qu'il n'avait jamais tant remarqué, dans le fond. Non. Pour lui et lui seul. Pour entendre sa voix, et enfin, briser le silence. Égorger son râle sourd et le voir s'échouer sur les cendres de son royaume désolé, qu'il lui reprendrait de force, s'il le fallait. Qui de droit. C'était écrit dans le ciel. Dans ses lois.

Il avait quarante ans, quand il l'entendit pour la première fois. Se crisper sous ses doigts. Se tendre au creux de la faucille. L'arme du mentor, s'en irait le crever des mains du fils bâtard. Lentement. Sans un bruit. Le vent. Rien que le vent. Et son cri.


L'horloge s'est brisée. Dans un silence. Dès lors, on ne l'a plus jamais réparée. La tempête fatale du besogneux. C'est l'histoire d'une fatalité, la conquête du Temps. Entendez-vous ? Tic Tac. Le tout puissant qui se perd et attire tout là-haut, le faible et tous ces comateux, les forçant à s'agenouiller devant le suprême des méandres de son royaume. Écoutez bien. Tic Tac. Le Temps tourne, tourne, tourne et se perd ; maintenant qu'il n'a plus de maître, plus un seul repère. Où va-t-il aller ? Tic Tac. Toute réflexion, toute logique, toute lucidité, tout contrôle de soi. Ils ne sont plus là. Libres. Libres de s'accrocher à une nouvelle quête. Le nouveau roi s'excite, dans sa rage. Le cœur s'accélère. Les pupilles se dilatent. Les mains serrées et la Terre tourne dans le mauvais sens. L’esprit se fixe sur un point vide, l'âme s'égare dans sa délectation, mais le Temps n'y peut rien. Il hurle que tout va bien. Que tout va mieux aller, maintenant. Tic Tac. L'épopée est claire dans sa tête. L'orage est tombé. L'horloge s'est brisée. Il a gagné. Plus rien d'autre n'a d'importance. Tic Tac. Kolsten, aux yeux de sang, au regard blizzard, à la vacuité d'assassin. Zeus, à la toxicité fulgurante, à la droiture orageuse, au venin électrique. Il abandonne peu à peu ce qu'il restait encore de bon en lui. Et bientôt, il ne saura plus faire la différence de la Naissance et de la Mort. L'immortel au sommet. Le mortel se soumet. Il a cette envie, non, ce besoin irrépressible et viscéral que tout silence doit être détruit, égorgé, piétiné, éventré. L'horreur dans un but sacro-saint. Pour une cause éternelle. Une vérité d'être. Celle au moins qu'il pourrait calculer à sa guise. Régler la déchéance des pécheurs à la lie d'un éclair, l'écoulée du compte à rebours des damnés de l'humanité. Ô diable, le Temps. Tu ne réponds plus ? Je ne t'entends plus. Tu es mort, peut-être ? Ah oui, mille excuses, je t'ai tué. Syncope de poussières Cronos. Et la fratrie qui surprend, ébahie. Il suffirait de peu. De trouver une lame. De trouver un pieu. Et faire taire celleux qui ne comprendraient jamais. L'horloge s'est brisée. Il est temps de respirer le soleil, la pluie, le vent, les arcs-en-ciels, les météores, les tempêtes de sable, les cyclones et puis lui même. Zeus ne laissera jamais la terre dépérir, malgré son mépris, malgré ses ratés. Parce qu'il est nécessaire. Parce qu'iels ont besoin de lui. Il est temps de rendre la terre dépendante. Et l'Olympe de naître.

pseudo/prénom : lou, wolfy. | pronoms : iel, elle | âge : 22 le 22/08 merci bcp de s'en souvenir   | signe astrologique : a proud leo with sag rising   sinon je suis 3w4 et ENTP. | type de personnage : un inventé qui daaate mais que je n'ai jamais joué. | des doubles-comptes ? yes le king leo, l'empereur aurèle et le teubé mike. | crédits : vocivus. | le mot de la fin : jvous présente dieu