when you're dead you're dead, and until then there's ice cream ✧ white

lady justice ～ une autorité naturelle, une aura dominatrice inconsciente. personne n’est assez fou pour oser contrarier l’inspectrice. ou plutôt, personne n’oserait contrarier kelly. leader depuis la cour de récré, la flic est dans son élément. elle a l’habitude d’obtenir ce qu’elle désire. un regard et l’on se plie à sa volonté. un don affuté en élevant le reste de la fratrie avec l'aide de sa jumelle jamie. kelly inspire le respect sans avoir à prouver quoi que ce soit, sans même prononcer le moindre mot. on la regarde, et c’est suffisant. c’est l’image qu’elle veut donner, mais c’est aussi le prix incontournable des hautes responsabilités. celui à payer pour inspirer le respect de ses hommes. une fois les portes de la pj franchie, tout bouleversement, toute contrariété est jalousement dissimulé. car kelly est bien trop digne, bien trop fière pour laisser paraître son trouble à qui que ce soit. ce n'est pas son groupe de parole imposé par le programme de santé mentale de la pj qui vous dira le contraire. elle a su conquérir un univers bien trop masculin. son intégrité est à toute épreuve. elle est celle sur qui l'on peut compter dans une ville gangrénée par le crime et la corruption, celle en qui on voue une confiance totale. cependant ces derniers temps, quand bien même les efforts de la pj, il faut bien avouer que l'atmosphère d'exeter s'alourdit, qu'elle devient de plus en plus en difficile à maîtriser. et c'est là que la nouvelle lubie de son boss s'est matérialisée de nul part : il a trouvé un partenaire à kelly. et pas n'importe quel partenaire, mais joker, celui dont elle avait été si intimement convaincue de l'innocence à l'époque où elle n'était encore qu'une jeune recrue. et si l'on ne pouvait décemment pas réfuter qu'il était doué à l'époque, comment le boss pouvait-il penser une seule seconde que lui refiler un ancien flic dans les pattes soit une bonne idée ?

black or white ～ avant l'inspectrice, avant la police, c’était l’enfant enthousiaste. l’énergie débordante, inépuisable. la curiosité, la spontanéité, et même parfois l’humour. une franchise incapable du moindre mensonge. une âme vraie, primaire. la véritable kelly, c'est ça. c'est la version que lui connaissent ses proches. ou qu'ils lui connaissaient. depuis le deuil, et surtout depuis la disparition de jamie, elle n'est qu'une version édulcorée de cette personnalité lumineuse qu'on lui jalousait. son charisme légendaire n'en demeure pas moins présent, indéniable, celui-là même qui la caractérise depuis le plus jeune âge. tout comme cette volonté de combattre, de défendre son prochain. plus qu'une volonté, une destinée. une ambition farouche toutefois auréolée d’une lucidité étonnante, sans doute bâtie face aux délires maternels omniprésents. c'est pourquoi ce serait une énorme erreur de ne pas voir au delà du flegme apparent qu'elle affiche en permanence. si avec les années et les hautes responsabilités, le volcan kelly a su temporiser la fougue qui la caractérisait tant à l'adolescence, elle n’en demeure pas moins présente, tapie dans l'ombre des apparences. et rien n'est plus redoutable que la tempête white lorsqu’il s’agit de préserver les siens. derrière le masque de femme impitoyable et emplie de fierté se cache une générosité à l’excès, une loyauté sans faille. lorsque kelly white aime, sa dévotion est totale. elle ne sait pas faire dans la demi-mesure. il n’existe aucun entre-deux et c’est à prendre ou à laisser.

under the surface ～ l’exigence permanente, maladive. envers soi-même, mais également envers les autres. le meilleur sinon rien. une fâcheuse tendance à l’idéalisation, avec la déception facile en conséquence. c'est le véritable paradoxe de cet esprit rationnel. encore appelé le petit défaut qui agace une fratrie poussée à se dépasser. kelly, c'est la soeur qui en aura fait bien plus pour eux que leurs deux parents réunis. entre un père éternellement absent et une mère hantée par un univers invisible, ils ne leur restait que kelly et jamie comme figure parentale. kelly et jamie pour préparer les repas. kelly et jamie pour aller faire les courses. kelly et jamie pour faire les devoirs. kelly et jamie pour rassurer après un sombre cauchemar. kelly et jamie, tout le temps. kelly et jamie, les âmes fusionnelles, le cliché des jumeaux. sauf que l'impensable s'est produit. jamie n'est plus. ou plutôt, elle a disparu. où es-tu jamie ?  

better left alone ～ la vie comme en suspens depuis la disparition de son double, de cette prolongation d'elle-même. la fameuse sensation que tout jumeau est censé ressentir lorsque l'un des deux s'éteint avant l'autre ? kelly l'attend toujours. elle n'a rien ressenti. rien de tout ça. rien du tout en réalité, hormis un vide intersidérale, assourdissant. celui qui vous écrase la poitrine à vous en étouffer. semblable et pourtant si différent à celui du deuil qu'elle connaît que trop bien. elle sait qu'on ne peut rien espérer d'autre qu'un jour enfin retrouver son corps. elle le sait et pourtant, il existe cette petite lueur en elle qu'elle se refuse de dévoiler à quiconque, qu'elle se refuse de s'avouer à elle-même : celle de l'espoir. cet espoir délirant que, si elle n'a pas ressenti le choc de la perte, c'est peut-être tout simplement parce que jamie est encore ici, quelque part. qu'elle l'attend. elle attend qu'elle vienne la retrouver. qu'elle vienne la sauver. alors kelly enquête, s'acharne alors que les recherches sont terminées depuis longtemps. dans le secret le plus total, elle fait tout pour retrouver le véritable responsable. retrouver celui qui lui a volé son roc, son soleil, son salut. et en attendant, elle continue de porter ce masque, celui du calme apparent. celui de l'indépendance, voir de la solitude. dans la vie comme au travail, kelly joue cavalier seul. elle s'en est persuadée, c'est bien mieux ainsi.




⁂ IT'S ALL IN YOUR HEAD
mai 1995, école élémentaire de la ville de bath

maman est là.
elle est venue les chercher à la sortie de l’école !
ce n’était pas arrivé depuis le début de l’année scolaire.

ces derniers mois, c’était toujours grand-mère qui venait les récupérer. maman avait besoin de repos. on ne cessait de le répéter aux jumeaux. sa dernière grossesse l’avait tellement éprouvée qu’elle était partie en vacances quelques semaines auparavant. la version officielle pour les adultes, c’était qu’elle souffrait d’une dépression postpartum qui lui avait un peu fait perdre les pédales et l’empêchait de retourner travailler. c’était du charabia pour kelly. elle, elle se fichait pas mal de tout ça. maman c’était maman, un point c’est tout. et la voir devant elle, aujourd’hui, à la sortie de l’école, venue tout spécialement la chercher elle et son frère, ça suffisait pour qu’elle soit la plus heureuse du monde.

alors elle se mit alors à courir aussi vite que ses petites jambes pouvaient la porter et son rire résonna dans la ruelle lorsqu’elle arriva enfin dans les bras qui lui avaient tant manqué ces derniers jours. maman sentait la cigarette, le produit détergeant et l’encens. la dernière odeur, c’était récent. ça sentait l’encens partout dans la maison désormais. elle en faisait brûler dans chaque pièce et ne cessait de leur répéter « c’est pour les tenir à l’écart, vous comprenez les enfants. c’est très important de purifier la maison, c’est notre seule défense. ils nous regardent, ils attendent dans l’ombre pour nous emporter. mais ne vous en faites pas, je suis là. je ne les laisserai pas faire. je ne les laisserai pas vous attraper. »

kelly n’avait jamais vu les démons dont parlait toujours maman.
son frère non plus d’ailleurs.
grand-mère leur assurait que personne ne viendrait jamais les emporter, mais que purifier la maison rassurait maman, et qu’il fallait donc jouer le jeu avec elle.
alors c’est ce qu'ils faisaient.

juste avant de relâcher son étreinte, kelly sentit une infime odeur de brûlé sur le foulard de sa mère. son petit coeur fit un bond, repensant au jour juste avant qu’elle ne parte en vacances, où la maison avait faillit prendre feu. elle avait à peine commencé à ouvrir la bouche que la matriarche qui la devança. « kelly, mais regarde tes mains ! que s’est-il passé ma chérie ? elles sont toutes noires ! tu les as laissé te toucher, c’est ça ? et ton frère aussi. vous m’aviez pourtant promis de faire attention, comment avez-vous pu les laisser faire ? vous ne portez donc pas le chapelet que je vous ai offert l’autre jour ? mon dieu, les enfants, comment… » « mais non mais non maman, ils ne nous ont rien fait, ce n’est rien. promis. le chapelet est là dans nos poches. et regarde, ça part à l’eau. » kelly et son frère se passaient rapidement les mains dans la fontaine juste à côté de la sortie, et le noir s’écoulait en long filet le long de leurs petits doigts. « tu vois, tu n’as pas à t’en faire maman, c’est juste du crayon gras. on a fait des beaux dessins aujourd’hui avec la maîtresse ! on te les montrera à la maison ! allez viens, on va se faire un bon goûter ». déposant chacun une de leur petite main dans celles de leur mère, ils reprirent tous les trois le chemin de la maison, un semblant de quiétude restauré dans les yeux de la matriarche déboussolée.

une fois de plus, ils étaient parvenus à la rassurer, et ils en étaient si fiers.
ils seraient toujours là pour la protéger de ses peurs.
car tant qu’ils seraient tous ensemble, rien ne pouvait lui arriver.
leur amour serait toujours plus fort que toutes les noirceurs qui les entoure.


⁂ A ROSE FOR EVERAFTER
13 novembre 2007, cimetière d’exeter

« comment as-tu pu penser une seule seconde que tu pourrais mener ta petite enquête toute seule ? »

jamie était tellement indignée que sa voix s’éleva dans les aigus d’une manière totalement incontrôlée. ça lui arrivait toujours lorsqu’elle ressentait de fortes émotions. et comme toujours, kelly se retrouvait comme aujourd'hui, les lèvres tremblantes d’un rire contenu. lorsque leurs regards se croisèrent, elle vit clairement dans les yeux de son jumeaux devenu jumelle, que jamie luttait elle aussi contre le comique de la situation. mais l’enjeu d’aujourd’hui était bien trop important pour des enfantillages. elle avait décidé de camper sur l’émotion qui lui semblait la plus importante : la trahison. et elle ne lâcherait pas l’affaire, kelly le savait très bien.

« jamie, je te l’ai dis. depuis le début, je me dis juste qu’on ne nous a peut-être pas tout dévoilé sur la mort de papa. mais je ne suis sûre de rien pour le moment, ce ne sont que des suppositions. je tâtonne à l’aveugle, sans même avoir la certitude qu’il y ait vraiment quelque chose à découvrir. »

« et alors ? que ce soit un doute ou une certitude, on est censées tout partager toi et moi. tu te lances dans une enquête secrète qui concerne un ancien agent de la MI6, je te signales. me prends pas pour une imbécile, c’est loin d’être aussi anodin que tu le laisses entendre. et cette histoire me concerne tout autant que toi, c’était mon père à moi aussi. laisse-moi t’aider »

depuis que jamie avait découvert « ses petites cachotteries », le sujet était mis sur la table à chaque fois qu’elles se voyaient. même et surtout aujourd’hui, à l’anniversaire de la mort du patriarche, alors qu’elle se tenaient au pied de sa tombe. jamie savait qu’elle tenait l’occasion rêvée de faire flancher sa jumelle. et elle n’avait aucun scrupule à en surjouer. sachant reconnaître lorsque la partie était perdue, kelly poussait un soupir, jetant un regard avide vers ezra et sa soeur abi, les meilleurs amis que jamie et elle n’aient jamais eu, et qui ignoraient tout de ce qui était en train de se jouer entre les deux aînés white. au lieu de ça, le frère et la soeur les attendaient une centaine de mètres plus loin, discutant tranquillement. suffisamment loin pour leur laisser leur intimité, et suffisamment près pour qu’ils sentent leur présence réconfortante.

« très bien, c’est d’accord. mais tu ne prends aucune initiative sans m’en avoir parlé, c’est bien compris ? je sais où je mets les pieds, pas toi. c’est pour cette raison que je ne voulais pas t’impliquer avant d’avoir la moindre certitude. mais puisque tu ne me laisses pas le choix… on fera les choses à ma manière. »

« et en quoi c’est différent de d’habitude, au juste ?… hé oh, on ne frappe pas son aînée, kelly ! je suis née une minute avant toi, tu me dois le respect. allez, arrête de faire ta tête de cochon, viens par là. les morts ont eu assez d’attention pour aujourd’hui, il serait vraiment trop dommage de priver trop longtemps les vivants de ton sale caractère. »


⁂ FAMOUS LAST WORDS
10 février 2013, appartement de kelly, exeter

le silence s’étirait à l’infini, lourd et inévitable.
kelly se tenait là, dans la pénombre, évitant toute source de lumière.
car dans le néant, elle pouvait s’imaginer que tout ça, c’était pas réel.

ce n’était qu’un cauchemar. elle allait se réveiller d’un moment à l’autre. elle allait finir par ouvrir les yeux et le retrouver bien vivant, respirant toujours le même air qu’elle. elle lui raconterait alors ce rêve affreux et absurde, et ils en riraient ensemble. il lui redonnerait la sourire, comme il le faisait toujours. car il était sauvé. après des années de séjours intermittents dans les hôpitaux, après des années de kinésithérapie et d’innombrables antibiothérapies. après d’innombrables nuits à se réveiller en sursaut pour vérifier sa respiration, la greffe était enfin arrivée. elle était arrivée avant qu’il ne soit trop tard. avant que cette fichue muco ne parvienne à l’emporter. un avenir bien réel s’ouvrait enfin à eux. il ne serait bien sûr jamais totalement tiré d’affaire, mais ils avaient traversé le pire et désormais ils resteraient ensemble, quoiqu’il arrive. envers et contre tout.

alors pourquoi était-elle coincée là, toute seule ? pourquoi ne l’avait-il toujours pas réveillée ? il était forcément là, à côté d’elle, à la sentir s’agiter pour sortir de ce rêve qui n’en finissait plus. alors, qu’est-ce qu’il fichait ? comment pouvait-il l’abandonner à son sort ainsi ? ne s’étaient-ils pas promis d’être là pour l’autre, pour la vie ? et ça, bien avant même que cette promesse ne prenne la forme de la bague de fiançailles qu’elle ne cessait de tourner autour de son annulaire d’un geste frénétique ?

soudain, une main s’abattit sur la sienne, la ramenant à la réalité. une main qu’elle reconnaitrait entre mille. celle de jamie. elle avait d’abord pensé que si son double était là, c’était pour la sauver. mais non, sa présence ne semblait avoir d’autre dessein que de prolonger la torture. et malheureusement pour kelly, toute patience semblait avoir quitté son bourreau. elle sentit la vive douleur s’insinuer en elle lorsqu’il lui pinça violemment la peau de la main droite. car jamie était parvenu à lire dans ses pensées, une fois de plus.

« tu as senti ? tout ça est bien réel, kelly, tu m’entends ? écoute-moi, regarde-moi. regarde-moi je te dis ! ça fait presque une semaine depuis l’accident, kelly. tu n’es pas sortie, tu n’as quasiment rien mangé. ça suffit, il faut que tu réalises. il est parti. j’ai tout essayé pour te réveiller, je suis impuissant et ça me rend malade, tu comprends ? je sais que tu es en état de choc, qu’une fois que ce sera passé tu reviendras celle que tu es. qu'il te faut juste un déclencheur pour te sortir de cet état. et ce déclencheur, ça ne peut être que lui. je le sais, tu le sais, on le sait pertinemment tous les deux. tu as juste bien trop peur pour te lancer. mais il le faut. j’en ai pas plus envie que toi, crois-moi. mais il est temps. »

jamie se tournait de nouveau vers l’écran noir qui leur faisait face, leur renvoyant leurs reflets sur le canapé du salon. kelly tenta une dernière fois de retirer sa main, mais jamie la serrait fort, bien trop fort, et attrapait de l’autre la télécommande pour appuyer sur play. l’écran s’anima alors, et c’est le visage fatigué d’ezra qui leur fit face. cette apparition suffit à immobiliser kelly pour de bon. il avait enregistré cette vidéo avant qu’une greffe ne lui soit attribuée, quand il pensait qu’une crise pourrait l’emporter à tout moment. elle se souvenait de ce jour comme si c'était hier. kelly n’avait pas voulut en entendre parler, trouvant ce genre de pratique bien trop sordide. ils se disaient déjà tout, alors pourquoi s’enregistrer de la sorte ? et pourtant, là, tout de suite, elle ne pouvait quitter l'écran des yeux, ses prunelles prisonnières de l’habituel sourire rieur de son fiancé, qui se lança dans un long monologue entrecoupé de quintes de toux bien trop familières.

« salut ma puce. je sais que tu me détestes là tout de suite. tu es sortie comme une furie de la chambre pour ne pas assister à ma mise en scène morbide, comme tu dis. mais si je fais cette vidéo, c’est pas pour te rappeler encore une fois à quel point je t’aime et à quel point je ne pourrais jamais te remercier assez pour le simple fait d’exister. je ne la fais pas non plus pour te rappeler tout ce que tu dois faire si un jour je ne suis plus là. je sais déjà que tu seras là pour ma soeur quoiqu’il arrive, et tu connais déjà toutes mes dernières volontés. non, c’est pour tout autre chose que je suis devant cette caméra, aujourd’hui. tu me dis souvent que j’ai en moi cette force de vivre incommensurable, comme tu n’en as jamais rencontré. et tu te plais à me rappeler chaque jour à quel point tu m’admires. mais le plus fort de nous deux kelly, c’est pas moi. c’est bien toi. toutes les épreuves que la vie te jette à la figure, tu ne les subis pas, tu choisis de les affronter. rien ne parvient à t’abattre. tu as en toi cette détermination farouche. cette force d’âme impossible à ignorer. quand je te regarde, je sais que même si un jour je ne suis plus là, tu sauras t’en relever. et crois-moi, c’est bien le plus beau cadeau que tu puisses me faire si jamais on en arrivait là. c’est même la raison pour laquelle je t’aime si fort. et je veux que lorsque tu regarderas cette vidéo, car oui je sais que quoi que tu en dises tu finiras par le faire si jamais je disparais. alors, quand tu le feras, je veux juste que tu me fasses une promesse. celle de rester telle que tu es. pour moi. pour toi, pour ta famille. et pour toutes ces autres familles qui comptent sur la future inspectrice que tu deviendras. restes ma kelly. et surtout, n’oublie pas de rire. car quant tu ris, c’est le monde entier qui s’illumine autour de toi. et tu sais à quel point j’aime ce petit éclat dans ton regard, juste avant que tu éclates de rire. »

« ez, pour l'amour du ciel, tu n’as toujours pas fini de parler à cette caméra ? éteins-moi ça, tu sais bien que quoiqu’il arrive, je n’en aurais pas besoin. »

« je sais, ma puce. je sais »

c’est sur le petit clin d’oeil conspirateur d’ezra que l’image s’était figée, sa bonne humeur éternelle comme immortalisée par l'objectif, juste avant que la silhouette de kelly ne se profile à côté de lui.

après ça, encore aujourd’hui, kelly ne se souvient plus très bien de ce qui suivit.
une chose est sûre, il avait vu juste. encore une fois.
car c’est bien cet enregistrement infernal qui lui sauva la vie ce jour-là.

I thought it would always be you and me
That only you could ever ease the pain
But you knew already that with a little time I would set me free
And I’m not even crying anymore when I hear you laughin' in the rain


⁂ RHAPSODY IN RED
21 décembre 2020 - entrée de la prison pour femme eastwood park.

c’étaient ses râles qui l’avaient éveillée ce jour-là.
ils avaient hantés sa nuit, comme de nombreuses autres ces deux dernières années.

leur apparition était toujours totalement imprévisible, de sorte qu’il était impossible de s’y préparer. ils pouvaient se faire oublier des semaines durant, comme la garder prisonnière plusieurs nuits de suite, ne lui laissant aucun répit. la nuit dernière cependant, c’était différent. avec ce qu’elle devait affronter le lendemain, elle savait qu’ils viendraient. c’était inévitable. alors, elle les avait attendu. allongée dans ce lit bien trop grand qu’était le sien, elle avait attendu patiemment qu’ils viennent gronder au creux de ses oreilles, tel un amant non désiré. et elle les avait clairement entendu, venir la supplier de se dépêcher, de venir le sauver. mais elle était restée là, se forçant à rester immobile, les yeux résolument ouverts, rivés au plafond.

oh, ce n’était pas du noir dont elle avait peur. ni d’un monstre en dessous de son lit. non, ce à quoi kelly white tentait à tout prix d’échapper, c’était les images qui s’imposaient à elle dès qu’elle laissait ses paupières la plonger dans le néant. enfant, il suffisait de se cacher sous les couvertures, de fermer les yeux le plus fort possible, et personne ne pouvait venir lui faire du mal. mais, une fois adulte, on comprend bien assez vite qu’échapper aux monstres bien réels n’est pas aussi simple. car couverture ou non, paupières closes ou non, la scène était comme imprimée sur ses rétines.

elle était la première personne qu’elle avait appelé ce jour-là. sa jumelle n’était pas parvenu à émettre le moindre son, et pourtant, dès la première seconde où kelly avait décroché son téléphone, avant même d’entendre sa respiration saccadée à l’autre bout du fil, elle savait déjà tout. elle était déjà dans sa voiture, à se battre contre le temps, à manquer maintes fois de se tuer elle-même sur le chemin. et lorsqu’elle était arrivée, son esprit de flic avait tout de suite analyser la situation et compris que c’était déjà trop tard.

l’odeur caractéristique du sang avait empli ses narines, à lui en donner la nausée. il y en avait partout, beaucoup trop, bien trop pour espérer une issue favorable. elle n’avait pas pu aller bien loin avec une blessure pareille. et pourtant, elle demeurait introuvable. chaque pièce restait irrémédiablement vide, même après avoir vérifié une troisième fois. vide de toute âme, hormis de celle de la meilleure amie de kelly. meilleure amie, mais surtout petite amie de jamie. étendue a sol, inconsciente (elle était bien en vie, kelly avait vérifié), un couteau toujours dans sa main gauche, les vêtements souillés du sang de jamie lui collant à la peau. kelly n’avait pas besoin de la confirmation de la police scientifique, elle savait qu’il s’agissait du sang de jamie. il n’y avait aucun indice, rien qui indiquait où son double pouvait se trouver à présent, et l’esprit de kelly se trouvait comme paralysé. incapable de la moindre pensée cohérente.

le monde semblait comme figé autour d’elle lorsque les renforts finirent par arriver. ils s’étaient acharnés sur ce qu’ils avaient estimés la coupable du crime, violemment sortie de l’inconscience par des agents certains de sa culpabilité.

la nuit dernière, cette même scène avait défilé en boucle devant ses yeux, impossible à maîtriser. kelly n’avait absolument aucun contrôle, et c’était bien entendu inacceptable. mais que pouvait-elle faire après tout, à part attendre que ça passe ? et se concentrer sur sa respiration, comme son fichu psy imposé par la pj (personne ne devait être au courant de ces séances, elle s’en était assurée) n’avait eu de cesse de lui répéter ?  « concentrez-vous sur votre respiration, et uniquement sur celle-ci. imaginez-vous dans un endroit qui vous apaise, celui où vous vous sentez le plus en sécurité. vous y êtes ? bien, à présent laissez-vous envelopper par l’énergie de ce lieu. puis, une fois que c’est fait, laissez toute autre émotion s’écouler au loin ». facile à dire pour ce vieux croûton. si les derniers soupirs de sa jumelle venaient le prendre par surprise dans la nuit, on verrait s’il parviendrait à se laisser envelopper par une quelconque énergie positive !

depuis ce fameux jour, kelly savait très bien que le réconfort ne lui viendrait jamais tant qu’elle n’aurait pas retrouvé jamie. tant que le responsable ne serait pas derrière les barreaux. car si le monde entier était persuadé c’était abi la responsable, kelly n’y avait jamais cru un seul instant. pas même lorsqu’elle l’avait trouvé là, étendue sur le sol, l’arme du crime au creux de la paume. aujourd’hui encore, sa jeune soeur maddie ne comprenait pas que kelly puisse en douter un seul instant. et l’aînée n’avait pas de vraie réponse à lui donner pour la convaincre. elle le sentait au plus profond d’elle, c’était aussi simple que cela. « tu te laisses berner par votre amitié. le fait qu’elle soit la soeur d'ezra n’arrange rien. mais les promesses ont une limite, kelly. même lui ne t’en voudrait pas de la détester s’il voyait l’atrocité qu’elle a commit. elle mérite de pourrir là-bas, il est temps que tu ouvres les yeux sur son compte ! qu’est-ce qu’il te faut de plus pour réagir, qu’elle vienne me tuer, moi aussi ?! »

kelly n’avait rien trouver à lui répondre. car au fond d’elle, elle était persuadée qu'abi n'y était pour rien. que le sort de jamie était en grande partie sa faute à elle. elle sentait que sa disparition avait un lien avec l’enquête qu’elle avait entreprit sur la mort de leur père. mais kelly ne pouvait pas en parler à maddie. elle voudrait à tout prix se mêler de son enquête à son tour, et c’était hors de question d’embarquer un nouveau membre de sa famille dans ce bourbier. alors bien sûr, maddie ne comprenait pas son attitude. personne ne comprenait.

comme personne n’avait compris qu’elle ait pu témoigner de manière favorable lors du procès d’abi. un témoignage qui avait forcément eu du poids dans la décision finale du jury. ça, ajouté au fait que le corps de jamie n’a jamais été retrouvé et qu’abi est atteinte de schizophrénie. au final, la durée de la peine dépendait uniquement du bon vouloir du juge. et c’est ainsi que seulement deux ans ont été demandés à l’encontre d’abi. une partie dans un centre psychiatrique, l’autre en prison.

et ce matin, c’était sa libération.
kelly était là, devant la sortie, à l’attendre dans le froid hivernal comme si elles s’étaient quittés hier.
comme si les deux dernières années n’avaient pas existé.

et le plus fou dans tout ça ? sa promesse faite à son amour disparu ne rentrait même pas dans l'équation des certitudes qu’elle fondait en abi.


⁂ RED QUEEN
22 février 2021 - QG de la pj, exeter (petit commérage d’une collègue à la langue bien pendue).

« quand je suis arrivée à la pj en 2012, white était déjà là depuis 2 ans. c’était une jeune flic avec un caractère bien trempé, qui avait réussi à gagner le respect de ses collègues, même des plus expérimentés d’entre eux. l’inspecteur de l’époque la voulait avec lui sur toutes ses enquêtes. ça créait pas mal de rumeurs sur leur véritable relation d’ailleurs. d’autant plus qu’il était marié et que les liaisons entre agents de la pj est totalement proscrite. il était clair déjà à l’époque qu’elle était douée et vouée à une belle carrière, j’imagine que ça inspirait la jalousie chez certains. en tous les cas, les rumeurs se sont vite stoppées quand le fiancé de white est décédé d’un accident de voiture. ça a clairement été un immense choc pour elle, ça l’a complètement changée. elle est devenue, je ne sais pas vraiment comment l’exprimer… plus distante avec les autres ? c’est d’autant plus le cas depuis que sa soeur a disparu. enfin, ça c’est encore une autre histoire. bref, j’en étais où ? ah oui, c’est vrai ! après la mort de son fiancé, white s’est lancé à corps perdu dans de nouvelles affaires, comme si désormais c’était toute sa vie. elle a notamment été mise sur l’affaire lazar, le célèbre serial killer d’exeter. c’est devenu son obsession. ça faisait plus de 10 ans que les meilleures équipes se cassaient les dents a tenter de choper ce malade, sans succès. sauf qu’un jour, lazar a fini par faire une erreur. c’est white qui s’en est aperçu. et c’est elle qui lui a passé les menottes le jour de son arrestation. c’était la consécration pour la jeune policière. un an plus tard elle était promu à la tête de sa propre équipe, à seulement 31 ans ! et maintenant, toutes les jeunes recrues du devon veulent venir à la pj pour travailler avec elle. mais white, elle s’entoure uniquement des meilleurs. et une chose est sûre, elle aime régner en solitaire, du haut de son piédestal. alors forcément, quand le boss l’a informé l’autre jour qu’il lui avait trouvé un partenaire, la perspective de voir un inconnu s’introduire sur son territoire n’a pas du tout plu à la louve alpha. il y a quelques semaines, lazar s’est échappé du centre psychiatrique où il était enfermé, et le premier signe de vie qu’il a fourni, c’est un petit mot doux a white : « will you find me this time? can’t wait to see you try ». écrit de sa propre main et déposé sur le bureau de l’inspectrice ! à ce jour, on ne sait toujours pas comment il s’y est pris, et ça fait froid dans le dos. l’affaire est hyper médiatisée, évidemment. la pj d’exeter doit le retrouver, et vite. ici, on suppose tous que c’est ça la principale raison de l’arrivée de ce fameux partenaire. le ton est un peu monté entre white et le boss quand il lui a annoncé la nouvelle. c’est très rare que ça arrive. mais il n’a pas flanché, c’était non négociable. et tenez-vous bien, vous ne devinerez jamais qui il lui a remis entre les pattes. car n'est pas n'importe qui, ça non. ce nouveau partenaire, c'est le célèbre mike joker ! oui, vous avez bien entendu. il est détective maintenant. personne s'attendait à le voir débarquer à la pj un jour. sa libération a fait couler tellement d'encre, pendant des années tout le monde était persuadé que c'était lui qui avait commis ces crimes atroces ! enfin bref, il ne faut pas trop en parler par ici. si white m'entend parler de cette histoire, je vais encore en prendre pour mon grade. en tout cas, tout le monde est curieux de voir ce que ça va donner entre eux deux. car on sait tous qu'elle compte bien prouver ce qui lui semblait déjà une évidence : kelly white n’a besoin de personne pour boucler ses enquêtes. elle se débrouille très bien toute seule, comme toujours. »

saya. a écrit:

A tes méchantes blessures. toujours saya une fois de plus tombée dans les filets de notre lou internationale
kezako, ton perso. un scénario de @Mike Joker  

Code:

[u]gal gadot[/u]. ∴ @"Kelly White"
[u]inspectrice de police à la criminelle d'exeter[/u] ∴ @"Kelly White"
[b]Quartier d'habitation :[/b] heavitree
[size=10][u]312.[/u] [b][i]Kelly White[/i][/b] ∴ appartement[/size]

Hé oui, te voilà validé.e !  
Pour débuter ton aventure ici, je te conseille d'ores et déjà de passer dans les fiches de lien pour y déposer la tienne, afin de tisser ta toile sociale. Si tu as des envies de lien, n'hésite pas aussi à faire un tour dans le répertoire, faceclaim des membres du forum, certains te taperont sans doute dans l'œil.
La plume te démange, je le sais, je le vois.  Nous avons mis à ta disposition une loterie des rps si tu souhaites confier ton destin au big brother farceur (si t'as le cœur bien accroché, tu vas t'éclater).
N'hésite pas à passer du côté du marché noir afin d'en apprendre plus sur ce système, grappiller quelques points mais aussi les dépenser à ta guise.
Pour ce qui est du reste, le flood, les jeux, nous te laissons vagabonder dans le forum, partir à sa découverte, sur des territoires inconnus, qui sait. Tu peux aussi passer du côté des mini-floods afin de voir ce qu'il s'y passe en ce moment.
Pour finir, un serveur discord est disponible.  

deux activités te sont proposées dès le départ.
D'abord, big brother en appelle à toi et à ton arrivée ici pour donner de l'eau au moulin de son site internet nauséabond, big brother.org
Et afin de mettre un peu de piment dans la vie de ton personnage et participer à l'évolution du forum, tu peux t'inscrire à la prochaine intrigue et découvrir ce que big brother aux habitant.es de la ville.
Bon jeu.