Peaux confites.

erell valentine.

c’est un beau jour pour ne pas mourir ☾

nom prénom(s). Valentine, Erell Ambrose Marianne. âge, origine. 32 ans, née à Liverpool, origines espagnoles et argentines. occupations, métier. désormais directrice de tournoi au Black Bird, après avoir exercé quelques années en tant que croupière. situation sociale et financière. moyenne, suffisante pour boucler les fins de mois. orientation sexuelle. les salauds, les solaires, les paumées, les moins que zéro. groupe. losing my religion.

☾ eye contact.

tics, manies, caractère. ☾

(contradictoire, intense, brusque, intrépide, passionnée, franche, amère, excessive, réaliste, déterminée, tendre, insolente, ambitieuse, lunaire, insatisfaite, libre.)
Erell est un grand bordel plein de désespoir, incapable de se dessiner un avenir en dehors du Black Bird, ni lueur ni couleur au loin, juste une aventure immobile à vivre les yeux grands ouverts.

histoire. ☾

Hier, Liverpool. Sur la pointe des pieds, la nuit dessine les silhouettes. Les émotions en friche, éclipsées par la robe ébène de cette nuit élégante, l'amertume au bord des lèvres 'bang bang', les certitudes s'effondrent.
- Erell ?
- Hm ?
- Tu dors ?
- Oui.
- Dis ?
- Quoi encore ?
- Elle te manque ?
- Qui ça ?
- Le pape.
- Bien sûr qu'elle me manque, éclatée ta question.
- Moi, elle me manque tellement que je sais plus comment vivre. J'ai oublié tous les trucs basiques, l'autre jour, j'ai voulu faire des pâtes et je savais plus si je devais mettre l'eau avant ou après.
- Han, t'es con.
- C'est pas drôle.
- T'es chiant quand t'es sentimental. Tu deviens tout fragile, j'ai pas envie que tu te casses en mille morceaux, moi, j'ai même pas de petite cuillère pour te ramasser. Je préfère quand t'es solide.
Samaël, elle t'offre sa mélancolie pourpre, son deuil coquelicot, ils pèsent trop lourd sur son âme aux vingt-et-un grammes trempés de pluie, un souffle et son cœur d'encre implose. Larmes bleu pétrole, larmes bleu marine. Elle pleure - le corps épuisé, elle rêve - les yeux fermés.
Samaël est un amoureux de rêves écorchés, faits de miettes de désirs et d'envie, au goût cannelle/framboise/chocolat, de pierres esseulées qui se bousculent à l'infini, au bord de l'apocalypse, de nuances lascives comme le soleil, qui éveillent les émois, les tout premiers, de défonce bariolée et d'espoirs diaprés. Et avant tout, Samaël était l'amoureux de Prune.
Erell baisse la tête, mais elle voit encore sa barbe noire, noir encre de chine, noir corbeau, noir nuit, noir désespoir, elle s'accroche à ses boucles-branches, elle les attrape parce qu'elle est à deux sanglots de dégringoler sur l'écorce de son tronc-torse. Samaël, l'arbre, son arbre déraciné, écrasé, brisé, tronçonné, l'arbre fruitier, le prunier qui a perdu sa Prune.
(...)
(extrait d'une lettre retrouvée déchirée dans la poubelle de la cuisine) Reviens, bordel. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens. reviens.
Par ta faute, Sam est devenu un rien.
E.

Aujourd'hui, Exeter.
Ça sent la sueur et l'impudeur. De cette époque douce-amère, seul le rien a perduré. Les jours morts.
Ça sent la peur et la rancœur.
Coup d'essai au Black Bird comme croupière du dimanche, les gestes sont d'abord lents et éteints, et cinq ans après, entre éclaircies silencieuses et ambitions aiguës, Erell a gravi les marches, une par une - elle sait si bien s'évanouir dans le travail pour faire taire la mélancolie. L'aube sent l'âge adulte, les yeux restent rivés sur les cartes de poker et les monologues sont assourdis.
Plus possible de faire marche arrière, c'est sa vie désormais. Entre insultes grotesques du boss et petite mort devant Thalie, Erell, hirsute de l'intérieur, ferme les yeux sur le bordel qu'est le Black Bird. Elle s'en cogne et ne veut rien savoir. Elle veut juste se perdre dans le boulot une bonne fois pour toutes et en finir avec cette quête absurde de la sœur absolue.

En vrac.
Erell insolente/Erell bruyante/Erell dérangeante, l'éternelle abandonnée au fond de la classe n'a jamais su s'adapter au système scolaire. / Elle aime les longues conversations sur le canapé, avec un bon verre de rouge. Ces conversations qui font mal à la tête, peut-être même plus que le vin lui-même, ces paroles qui font réfléchir et qui poussent à agir, ces mots qui défoncent le cœur et l'âme en une seconde. / Prune, son aînée, les a tous abandonnés. Samaël le premier. Il était son amoureux transi, son amant fleuri. Il était paumé, Sam, il était brisé. Il ne savait plus très bien s'occuper de lui, alors Erell a bien voulu essayer, elle a bien voulu s'encombrer d'une âme en plus, même si c'était déjà bien assez compliqué avec la sienne. Et ça l'a trop été. Compliqué. Elle a décidé de faire comme Prune. Partir pour ne plus jamais revenir. / Erell a choisi Exeter, moins grise et moins pluvieuse que Liverpool, parce que c'était son rêve à Prune, de dégager de Liverpool pour une ville plus au sud, et à chaque détour d'une ruelle, elle espérait la retrouver. Mais cinq ans, et rien. Jamais plus. / Prune était une passionnée de couleurs. Elle peignait, la nuit surtout, et détruisait le jour. Erell a voulu essayer à son tour, parce qu'elle a pas de talent particulier. Elle est ratée Erell, elle est moins cultivée. Elle a peint un truc super laid, tout noir, avec des couleurs crades qui se dispersaient partout, ça ressemblait à rien et elle a fini par tout balancer. / Erell a souvent rêvé d'avoir une grande sœur, une vraie, pas comme Prune, qui lui aurait appris à poser du vernis sans déborder, elle aurait été son ombre, juste assez grande pour l'envelopper, et Erell, elle, aurait réprimé ses larmes-pluies, le temps d'une nuit. Ou même un grand frère, elle l'aurait aimé tout pareil. / Mais au final, Erell est belle dans sa solitude, sa brutalité, sa bestialité, sa sauvagerie, sa pureté, sa liberté. Elle n'a que ça.