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when the sun goes down — Max


all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des personnages.
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MessageSujet: when the sun goes down — Max when the sun goes down — Max EmptyMar 16 Fév - 19:00


Maximilian Jarvis Gunn

he’d pick a fight with the sky if he didn’t like its shade of blue ☾

nom prénom(s). Maximillian sur les papiers officiels, mais il préfère l’élégance de la concision ; appelez-le Max, et pas une syllabe de plus – on dit que seule sa mère a encore l’autorisation d’user des longueurs de son vrai prénom. Quant à la famille Gunn, ils sont connus dans le coin pour avoir réussi à n’être restés personne sur plusieurs générations. Ratés en tous genres, tour à tour prolos, merdeux, essuyant défaites et malchance aux jeux, Gunn c’est un nom couleur de suie, parfum magouilles et voyous finis.

âge, origine. Le temps n’en finissait pas de se trainer depuis des années, et un jour, il a vu la quarantaine pointer le bout de son nez. Depuis, il observe le poids des ans déposer ses marques partout ; autour de ses yeux, dans les ridules creusées, ou bien dans les articulations qui se font douloureuses le soir – souvenirs d’une jeunesse passée avec le nez dans les bagarres. Pas assez philosophe pour accepter son sort avec sérénité, il parait que ces constatations tendent à le rendre amer et taciturne : que les nuits deviennent blanches à cause des idées noires, et qu’il devient pour la première fois de sa vie inquiet à l’idée de la perdre un jour.
 Born and raised dans la ville fumeuse d’Exeter, une branche familiale est installée du côté des terres écossaises, tandis qu’on prétexte des origines françaises chez le patriarche – bien qu’il ne l’ait jamais entendu baragouiner un seul mot dans la langue de Molière.  

occupations, métier. Il est passé par les jobs les plus crasseux et les combats illégaux, puis dans les bureaux aseptisés des compagnies d’assurance. Mais ça fait quelques mois maintenant qu’il a lâché les afterworks entre connards pour retrouver l’inconfort de sa vie d’avant, et l’instabilité qui l’accompagne. Aux dernières nouvelles, il s’occupe de livraisons pour les plus friqués ; il trimballe n’importe qui et n’importe quoi dans son vieux pick-up défoncé, il pose pas de questions et vend son silence, sa discrétion. La plupart de ceux qui l’embauchent sont des gamins qui ont la moitié de son âge, des petites frappes aux regards nerveux et à la gâchette facile, mais faut croire que sa sale gueule émaciée leur inspire un truc qui ressemble vaguement à du respect. Ça doit être la cicatrice qu’il se trimballe à l’arcade ; faudra qu’il pense à remercier Nox, pour ça.

situation sociale et financière. Pendant quelques années, il a été au top ; le job en or et le compte en banque qui va avec, mais cette histoire de divorce, ça l’a mis sur la paille. Retour à la case départ – ne touchez pas un seul penny. Le voilà célibataire, fauché, écœuré par les fadaises d’un amour lassé.

orientation sexuelle. Au cours de ses jeunes années, on disait de Max qu’il collectionnait les cœurs comme d’autres collectionnent les timbres. Certains restaurants servent les plats du jour ; lui, c’était les filles. Pardonnez-lui ce penchant, c’est qu’il a toujours été irrémédiablement fasciné par le sexe opposé, si bien qu’il lui fallait tout en voir, tout avoir. Puis, il y a eu Vivian. Et maintenant, il se dit qu’il est trop vieux pour ces conneries ; peut-être que le regard s’épanche parfois sur le creux d’une nuque ou la courbure d’une bouche, mais la parole, l’acte ne suivent pas. Prédateur fatigué, Max est lassé de tout ça.

groupe. Smells like teen spirit.

☾ eye contact.

tics, manies, caractère. ☾


♞ Man in the mirror — Le visage émacié comme celui d’un oiseau, la pommette saillante et l’arcade défoncée, il a la dégaine des briscards déchus, des petites frappes qui s’essaient à l’art délicat de la rédemption. Paraitrait qu’il y a de ça pas mal d’années, il se plaisait à trimbaler sa belle gueule de bars en bars, et puis à la défoncer à coups de poings aussi, juste pour le plaisir de déglinguer ce que Dieu lui avait donné. Aujourd’hui, il tient plus de l’épave que du rafiot à grandes voiles, la faute à quelques naufrages successifs et imprévus, et puis au poids des années. On saurait pas vraiment lui donner un âge, et puis on oserait pas de toute façon ; parce qu’il suffit de croiser le flegme morbide de son regard pour piger qu’avancer quoi que ce soit à son sujet est une mauvaise idée. On dénombre en filigrane de la peau usée une dizaine de tatouages, parfois réussis, parfois ratés. Aucun n’a une véritable histoire, coups de tête enchaînés pour des raisons oubliées : parce que si on devait raconter la vie de Max, les chapitres porteraient le nom de ses impulsions. Les cicatrices, elles, ne peuvent en revanche plus être comptées. Pas la peine d’essayer, vous perdriez le fil avant même qu’il en soit lassé. Elles s’étalent là comme témoins d’une jouvence raturée, ecchymoses rosées qui lui rappellent que les années ont passé, et que de sa jeunesse, il ne lui reste plus que des vestiges collectionnées par un corps cabossé. 



♞ Satisfy my soul — Peut-être qu’il a pu faire partie de la caste des optimistes, y’a de ça un bail ; mais l’insouciance semble être de ces blizzards aussi puissants qu’éphémères, puisqu’il ne faut jamais attendre trop longtemps le temps des désillusions. Le cynisme s’est depuis ancré en lui comme nouvelle compagnie, filtrant systématiquement la vision qu’il peut avoir de sa propre vie. On le dit parfois amer et désabusé ; il ne voit pas comment être autrement, après tant d’années. Pour autant, il parait qu’il a gardé certaines choses de ce qu’il était — cette loyauté indéfectible, l’impossibilité d’oublier les ombres qui ont arpenté son passé, et puis cette curieuse manie de toujours tout gâcher. C’est qu’il a toujours été du genre à détruire ce qu’on lui donne, à brûler les plus belles choses de son existence juste pour prouver que rien ne compte. Rien à faire, il a beau essayer, il finit toujours par regretter. À se demander comment il peut encore avoir des doigts à force de les mordre de remords. 



♞ Social circus — Max, c’est ce type toujours entouré mais toujours méfiant, genre d’animal sauvage et carnivore qu’on approche par curiosité, mais jamais de trop près. La confiance est pour lui un truc précieux qu’il peine à accorder, plus encore aujourd’hui que par le passé. Il se trimballe un sale caractère, une gueule de solitaire, et puis faut bien le dire qu’il a toujours été du genre sectaire. Fût un temps où il avait une meute sur laquelle s’appuyer, mais il a fait la connerie de la laisser tomber pour une brune aux longues jambes et aux yeux encharbonnés. Cette manie de tout gâcher, je vous disais. Alors depuis, la solitude lui colle aux basques, et faut bien reconnaître que l’âcreté du personnage donne pas spécialement envie de s’y attacher. Pourtant, juré qu’il peut parfois être de bonne compagnie quand il est bien luné.

♞ Personal Jesus — Ses parents l’ont peut-être plus ou moins élevé dans la foi catholique, mais de cette vague éducation, il ne garde que peu de choses. Plus nihiliste qu’autre chose, il est absolument convaincu que rien ne l’attend après la mort, et l’idée lui va parfaitement. C’est peut-être la raison pour laquelle il fait de la morale quelque chose de personnel et non d’universel, et qu’il ne cesse de tordre celle-ci en fonction de ce qui l’arrange sur le moment. Le Bien et le Mal, ce sont pour lui des valeurs un peu surannées dont il n’a jamais cessé de se moquer ; ce qui lui importe, c’est d’être lui-même en accord avec ses actes – point barre. Pour le reste et les angoisses métaphysiques, on repassera plus tard.


histoire. ☾


1987 — Ils sont entassés dans cette petite maison pavillonnaire de St-Sidwells, trois gamins turbulents aux mines revêches, gavroches, merdeux prolétaires, gamins bruyants et sectaires, ça se voit qu'ils ont été élevés dans l'idée qu'ils n'avaient pas à l'être. Éduqués, je veux dire. Parce que y'a que les bourgeois qui peuvent se payer le luxe de donner de l'attention à leurs gamins, de les refourguer à des professeurs particuliers, les caser dans des écoles privées. De toute manière, l'époque plébiscite la brutalité, et c'est au moins un truc que leur abruti de père a compris ; étant donné le milieu duquel ils venaient, ses rejetons ne survivraient qu'à la condition qu'ils le pigent aussi.
Max est celui du milieu, ni le premier ni le dernier, celui qui porte les vieilles fringues de son ainé pour pas gâcher, qu'on laisse grandir un peu tout seul parce que de toute façon, qui a du temps à consacrer à ses gamins, quand on cumule deux jobs sur la journée ? Il traine dans la rue, sèche l'école pour jouer aux grands, se fiche des raclées qu'il pourrait prendre. Mauvaise graine dès le début, on pourrait le dire ; à croire qu'il avait décidé dès le début de tout gâcher, ou qu'il avait réussi à comprendre très tôt que rien ne l'attendait avec un nom comme le sien. Pourtant, il est observateur, le gamin ; il pige vite les enjeux du monde qui l'entoure, apprend à être méfiant avec ceux qui paraissent lui tendre la main.
La générosité n'existe pas, je ne sais pas ce qu'on a pu vous raconter.
Des trois mioches, il est sans doute le plus silencieux. Il l'a toujours été. Mais c'est pas forcément pour ça qu'il s'est payé la place de petit chouchou familial, parce qu'il a beau s'abstenir de gueuler dans la baraque comme son frère a l'habitude de le faire, il est celui qui se fait le plus souvent convoquer par le directeur de son école. Et ça, croyez-bien que ça emmerde ses parents, d'être obligés de quitter le travail pour aller récupérer un mioche qui n'a même pas la politesse de répondre quand on l'engueule. Je crois que c'est ce qui insupporte le plus les figures d'autorités autour de lui ; ce regard qu'il avait toujours eu l'habitude de poser sur eux lorsqu'ils s'évertuaient à le sermonner. Placide et noir, l'indifférence érigée comme une gloire. On aurait voulu le gifler, juste pour lui faire payer de ne pas sangloter, ou au moins de mentir en disant qu'il était désolé. Non, Max se contentait d'attendre que ça passe, il prenait son mal en patience. Le regard droit, désincarné, ils prenaient tous ça pour de l'insolence.

Il se rappelle qu'à cette époque, leur oncle Joe passait souvent à la maison pour le café. Joe, c'était le genre de fils de pute qui l'ouvrait toujours pour ne rien dire, étalant pendant des heures des opinions vaseuses et lénifiantes auxquelles personne n'en avait rien à carrer. Surtout que si le bonhomme en question avait eu une quelconque conscience politique ou rien qu'un gramme de libre-pensée, ça se saurait, et il se contenterait pas de ressasser en boucle les conneries qu'il entendait au JT. Encore qu'il était pas le pire. Y'avait des gars avec lesquels trainait son père qui frappaient sur leur femme et qui en riaient le jour d'après comme de la meilleur blague de l'année ; faut dire qu'elles sont sacrément connes aussi, et après elles voudraient plus d'égalité ? Ces gars là, ils étaient à gerber. Parce que voilà, ça arrive à tout le monde d'être violent, de se laisser aller à un petit coup d'sang. La vraie connerie, c'est quand ça devenait sélectif. Juste les femmes. Juste les gosses. Là, les gars devenaient de vraies ordures, pas juste des petits connards du dimanche. Des pourritures qui jouent aux durs pour oublier qu'ils ont un bide à bière et une tronche ravagée par l'alcool, un boulot de merde et des gosses qui n'en ont rien à taper d'eux, qu'ils ont raté leur vie en prétendant n'en avoir rien à carrer, mais que les quarante ans qu'il leur restaient seraient sûrement les plus humiliants, les plus douloureux à encaisser. Qu'ils n'étaient rien, sans leurs putain de poings.
L'époque plébiscite la brutalité, eux aussi l'avaient pigé.

1999 — Il a la gueule qui frôle le bitume, les paumes qui brûlent mais l'oeil grand ouvert. Le sol est si proche que lorsqu'il halète, son propre souffle lui revient immédiatement.
Il a l'odeur âcre du sang.
Max crache avec hargne, quelques gouttelettes carmines se projettent sur le macadam. Mais la vue de cette couleur ne le tétanise pas : elle l'électrise. Y'a un sourire qui tord sa belle gueule, un sale rictus de grand malade, et s'il pouvait se voir, putain il est certain qu'il se ferait lui-même peur, avec ses dents rougies et son oeil au beurre noir. Charmante palette de couleurs – chapeau, l'artiste.
D'une pression soudaine sur ses paumes, il se redresse et se remet debout, un peu titubant, un peu vacillant. S'il n'avait pas la gueule si amochée, on pourrait presque le croire ivre ; mais s'il l'est, ce n'est que d'adrénaline, que de cette brutalité féroce et vorace qu'il cherchait lorsqu'il participait à ces combats. Autour de lui, des exclamations exaltées résonnent, et il se rappelle qu'une audience est présente. Il a tendance à l'oublier, à oublier jusqu'à la présence de son propre corps, à diluer sa propre douleur, sa propre souffrance dans l'ivresse de la violence, à écraser l'idée de l'humain, de l'être, de l'âme. Pour combattre, il faut arriver à nier le concept d'esprit pensant, ou l'on n'arrivera jamais à frapper assez fort ; il faut se mettre dans la peau du bourreau qui n'agit pas parce qu'il souhaite la souffrance de sa victime, mais simplement parce que celle-ci l'indiffère. Comment un homme pouvait-il être à ce point insensible à un autre ? Avant, Max n'aurait pas été en mesure de répondre à cette question. Puis, il avait goûté à l'ivresse des combats, et maintenant, il aurait pu en attester : lorsque la violence atteint son paroxysme, il existe un état dans lequel on plonge où la pensée n'a plus de place. Où les corps ne sont que chairs, et où le sang n'est qu'une couleur que l'on souhaite à tout prix voir apparaitre.
Regardez-le qui éclate de rire ; les voix autour se sont tues de stupéfaction, et le voilà qui écarte les bras l'air de dire, vas-y, vas-y frappe-moi ! Sa belle gueule en étendard, les lèvres barbouillées de sang, il a l'air d'un fou. Et si l'autre est désarçonné, ce n'est que pour une seconde ; la prochaine, il aura déjà jeté sa carcasse sur lui, visé son nez du poing. Mais Max est ivre, désormais, ivre de cette douleur qu'il ne sent même plus mais qui le plonge dans l'extase du vide, ivre du rouge qu'il voit gicler lorsqu'il lui décoche un crochet du droit et que les incisives de l'autre font exploser sa lèvre, ivre parce qu'il n'arrête pas. Surtout pas, les coups s'enchaînent et on le croirait possédé, à croire qu'il a vraiment un compte à régler avec son adversaire vu la façon dont il s'acharne, dont il frappe alors que l'autre grogne, et même lorsqu'il est au sol, il n'arrête pas. Peut-être qu'il ne peut pas, et c'est bien là le propre de l'ivresse : l'inconscience de son propre être au profit d'une extase.
Comment un homme pouvait-il être à ce point insensible à un autre ?
La question résonnait toujours au creux de son esprit lorsque tout s'arrêtait, lorsqu'on le déclarait vainqueur et qu'il fermait les yeux, dos courbé, paumes appuyées contre ses genoux. Qu'il ne restait plus rien de la violence vorace qui l'avait consumé, rien si ce n'est le son de son propre coeur déchaîné, décharné, et son souffle erratique, malmené.

Comment, Max, comment ?

2001 — Il ne sait pas exactement comment ils sont devenus ce qu'ils sont. Une putain de meute, eux qui étaient pourtant rien de plus que des loups solitaires, faut croire que l'instinct pousse même les plus récalcitrants à se regrouper face à cette société qui n'en pouvait plus de les rejeter. Il avait bien une famille, Max, mais avec eux c'était pas pareil ; parce qu'ils s'étaient choisis, et que leur relation n'avait rien de hasardeux. À Exeter, on les connait sans les connaître, disons qu'on les reconnait lorsqu'ils sont ensemble, quatre carcasses cabossées, jeunes cons à la gueule toujours défoncée. À bien y regarder, je crois que quelque chose dans leur exaltation commune fait peur, un peu comme si on avait eu la sensation très nette, en les rencontrant, qu'ils étaient de ceux qui n'avaient rien à perdre. Et pour tout être normalement constitué, cette pensée précise est terrifiante, elle tient à l'écart tout autant qu'elle fascine.
Belle brochette de connards désœuvrés, on pourrait croire qu'ils se sont tous ramassé ce petit sourire orgueilleux de façon héréditaire, à la nuance qu'aux yeux de la génétique, ils ne sont pas frères. Mais quand on les regarde, c'est évident : ils se sont créé leur propre élégance prolétaire, ont distillé la merde de leur existence dans un charme délétère, et croyez-bien qu'ils en sont fiers. Entre eux, les promesses à la vie à la mort flottent, et peut-être que c'est la seule chose sur laquelle leurs existences merdiques reposent : la certitude pleine de pouvoir toujours compter les uns sur les autres, même en cas de galère.
Rex, Silas, Nox, Max.
Exeter, ils en connaissent tous les coins et tous les bars, ils ont sûrement quiché sur tous les trottoirs, repeint la ville entière de leurs excès. Y'a pas à dire, ça forge une amitié, la galère. Et Max, il est à peu près certain à cette époque-là que rien ne changera, qu'importent le nombre de coups qu'ils reçoivent, les cicatrices qu'ils comparent, ou les prises de bec nocturnes.
Le lendemain, tout sera oublié, et l'aurore aura avalé l'horreur dans ses vapeurs nacrées.

2009 — Vivian. Sur des talons aiguilles, vêtue de dix-huit nuances de noirs, ensorcelante, tentante, vénéneuse assurément, obsession seule connue des frustrations. Vivian. Elle a laissé sa chevelure détachée, a rangé ses ondulations au placard et la voilà lisse, parfaite, aseptisée. Carrée et millimétrée. À en faire peur, un véritable scandale, et ses yeux noirs, un foutue dédale.
La première fois qu'il l'a vue, il s'est demandé ce qu'une nana comme ça pouvait bien foutre ici, et puis pourquoi elle s'emmerdait à lui causer. Sensuelle, c'est ça, irréelle. À en faire peur. Danse envoutante, charnelle. Dès la première note, il n'avait aucune chance. Il se rappelle ; l'air faussement détaché, elle avait rajusté l'insolente mèche de cheveux qui était venue caresser sa pommette. Ses ongles rouges hémoglobine, teinte numéro six, jouaient dans sa chevelure trop lisse. Sûrement par ce geste avait-elle l'habitude de couper la chique, de brûler chaque regard avec chic. Sûrement. Habitude. Toujours est-il qu'il avait arrêté de parler, arrêté de respirer. Et Vivian, elle avait souri.
Elle avait dû voir ce truc briller dans ses yeux.

Je m'appelle Vivian.

Elle allait détruire sa vie, mais il n'en avait aucune idée. Jusqu'à présent, les femmes c'était un passe-temps, une curiosité, des formes à observer et à collectionner, des bras avachis sur l'oreiller, des mélopées rauques dans la nuit, des compagnies pour tromper l'ennui. Il les aimait, mais il les aimait toutes de la même façon, de manière accidentelle, comme si elles n'avaient été qu'un pluriel. Vivian avait éclipsé les autres d'un geste et d'un sourire, juste parce qu'elle était belle. Scandaleusement belle.
Et puis merde, y'avait quelque chose de terriblement valorisant au fait qu'une femme comme ça daigne ne serait-ce que baisser les yeux sur lui, le merdeux des bas-fonds, le connard sans nom. Son truc à lui, c'était les girls next door à la banalité reposante, pas les princesses dans son genre, avec parents friqués et compte en banque refloué. Prenez-le pour un matérialiste si ça vous amuse, mais il faut bien reconnaître ce qui est : en général, ce genre de nanas se tournaient vers les connards en costards bien taillés, rasés de près, ceux qui sentent l'eau de Cologne et pas la carne, la clope et la bière diluée. Elles trouvaient le gendre idéal qui plairait à papa-maman, assumaient leur complexe d'Œdipe avec fierté et passaient le reste de leur vie à se convaincre qu'elles étaient heureuses, puisqu'elles avaient pu s'acheter le dernier sac Chloé.
Ce qu'il ne savait pas encore, c'est que Vivian cherchait un mec à modeler. Une oeuvre de charité, un chien galeux à rapporter dans son monde et à transformer, histoire de pouvoir s'acheter une place au paradis ou d'avoir une histoire fascinante à raconter lors des dîners.

Et le pire ? C'est qu'il a marché.

2014 — Trois ans qu'il a quitté Exeter pour les boulevards carrés de Chicago, qu'il a laissé derrière lui la vie miséreuse des bas-fonds pour suivre comme un clébard sa nana friquée, cédant aux moues et aux mimiques mélancoliques. Les Etats-Unis manquaient à Vivian, sa famille là-bas, et puis merde Max, qu'est ce qui te retient ici ? Il avait vaguement invoqué sa famille à lui, ou plutôt sa meute, ses potes de galère ; et Vivian, elle avait eu ce regard de compassion douce, celui qu'on avait lorsqu'on s'apprête à faire la morale aux adolescents attardés qui se refusent de grandir, aux Peter Pan éternels. S'ils l'aimaient vraiment, ils comprendraient qu'il ait envie d'évoluer et de s'installer, de goûter aux joies d'une vie bien calibrée. Avec elle. Fonder un truc, ça n'avait jamais vraiment été un de ses objectifs, avant de la rencontrer. Mais elle le présentait si bien que ça l'avait tenté – pardonnez. Parce que Vivian, elle avait cette manière de présenter le futur comme quelque chose de bien organisé qui ne pourrait jamais louper, sans un gramme d'incertitude, et sans place pour les échecs. Ça lui changeait. Alors d'accord, il a dit, d'accord je te suis.
C'était sa première erreur.
Acquiescer, mettre le blouson de biker au placard, le troquer contre un costume à deux mille balles pour bien présenter quand il irait au travail que beau-papa lui avait trouvé. Un truc dans les assurances, chez Melcorm Indutries, une place en or, Max, tu vas adorer. La vérité, c'est qu'il s'est vite fait chier. S'il avait été un peu honnête, il aurait admis directement qu'il les détestait tous, ces putain d'enfoirés coincés dans leurs costards trop chers, leurs coupes de cheveux à cent dollars, leurs sourires de mange-merde de la côte Ouest qui n'ont jamais rien connu d'autre que les fric et les écoles hors de prix. Mais tête de nœud qu'il était, il aurait préféré crever que reconnaître qu'il s'était foiré, qu'il avait pris la pire décision de sa vie en se pliant à ce qu'on attendait de lui.
Alors il a pris ça comme un jeu, un genre de défi ; être tout ce qu'il n'était pas, user de son bagou pour se faire une place dans ce monde qui lui aurait volontiers donné envie de gerber, y'a quelques années. Puis faut dire aussi qu'on s'habitue assez bien au fric, quand on commence à y goûter ; les vacances sous le soleil, la baraque trop chère, les cocktails à l'afterwork. Pendant un moment, il a même oublié de se rappeler qu'il avait toujours préféré le whisky bon marché.

Et puis ça a commencé à déconner quand elle a parlé marmots. Pas vraiment qu'il était contre l'idée, plutôt qu'il y avait jamais vraiment pensé jusqu'à présent. Mais pourquoi pas, hein ? Il parait que c'est l'étape d'après, l'étape logique. De toute façon, Vivian, il en était tellement fou amoureux qu'il aurait pu se scalper la tête et sauter d'une falaise si elle lui avait présenté le truc comme étant une bonne idée. Alors ils ont commencé à essayer, mais rien venait. Ça la minait, l'empêchait de dormir, c'est devenu une putain d'obsession pour elle. Faut dire que c'était un truc qu'on lui avait foutu dans la caboche depuis toute petite : qu'elle ne serait jamais pleinement heureuse à moins d'avoir un ou deux mioches qui lui courent dans les pattes, parce qu'elle est une femme, vous voyez. Et c'est bien connu, l'accomplissement de la vie d'une femme est sans équivoque sa maternité.

Au fait, si jamais ça t'intéresse Max : je suis toujours pas enceinte.

Elle lui sortait ça au petit dej, la mine noire et le front plissé. Même comme ça elle était belle. Même comme ça il en était amoureux, même lorsque le souci et les insomnies écartaient les cernes qu'elle avait sous les yeux. Il essayait de se faire rassurant, un peu maladroitement, lui assurant que ça finirait par arriver, qu'elle devait pas s'inquiéter. Mais Vivian, ça l'irritait plus qu'autre chose, elle disait qu'il ne comprenait pas de toute façon, et qu'il ne comprendrait jamais. C'était sans doute vrai, mais elle refusait d'essayer de lui expliquer ce que ça représentait pour elle. Alors, il tâtonnait, il jouait aux devinettes et marchait sur des œufs avec elle.
Entre eux, tout devenait froid.
Mais Max, il n'avait pas encore le courage de s'avouer qu'il n'avait rien à foutre là.

2018 — C'est la deuxième fois. Cette fois, elle en était à trois mois. Et il n'a même pas le courage d'essayer de savoir ce que ça lui fait, à elle, ce rouge entre ses cuisses, l'espoir qui renait pendant quelques temps quand le test est positif, les rêves qui se reconstruisent, les phrases au subjonctif, le sourire qui revient et puis aussi l'envie de vivre, les je t'aime tu sais, tout pour combler le vide, suturer l'espace qui s'est créé entre eux, l'idée qu'enfin, dans quelques temps, ils ne seraient plus seulement deux. Et puis patatras, le désarroi. Le rouge partout dans la salle de bain, Vivian qui nettoie à la brosse le sang qui a maculé la jupe blanche qu'elle portait ce jour là. L'eau coule dans la baignoire, se teint légèrement de la couleur de l'hémoglobine qu'elle cherche à effacer. Vivian frotte, silencieuse, acharnée, elle espère certainement qu'un peu de savon lui fera tout oublier. Que les rêves et les espoirs seront aussi emportés par l'eau teintée, et que ce soir elle pourra dormir, dormir paisiblement comme si rien ne s'était passé.

Il la trouve là, accroupie devant la baignoire, le visage fermé, et il comprend ce qui s'est passé.

Viv, arrête ça.

Il s'approche, s'accroupit à côté d'elle mais elle ne le regarde même pas. Elle frotte, et ses doigts sont fripés, abîmés à force de s'être acharnés sur la brosse. Vernis rouge écaillé.
D'une main ferme, il immobilise son poignet.

Viv, bordel, arrête.

Elle ne dit toujours rien. Au creux de la sienne, il sent sa main trembler. Et finalement elle se dégage, geste brusque, violent, elle lui en veut à lui parce qu'il faut bien en vouloir à quelqu'un, parce qu'elle va devenir folle si elle ne trouve pas de cible à sa colère. Sans un mot, elle quitte la salle de bain.

2020 — Maximilian, qu'est ce qu'il s'est passé ?

Il pourrait lui raconter. Qu'encore une fois, il a réussi à tout faire foirer. Ou alors que c'était voué à l'échec depuis des années et qu'il n'a même pas eu les tripes de se l'avouer. Qu'avec Vivian, ils s'étaient tant éloignés, et acharnés à croire que ça finirait par aller mieux qu'ils avaient juste fini par se détester.
Des années maintenant qu'ils se comportaient comme des étrangers, noyés par une vie commune qui n'était organisée que par l'idée salvatrice qu'elle puisse tomber enceinte, ils en avaient fait le symbole à la fois de ce qui ne marchait pas entre eux et ce qui pourrait les sauver. Au fond, ça fait longtemps qu'ils n'étaient plus deux, mais trois. Mais le troisième protagoniste n'était pas l'enfant qu'elle désirait tant, mais juste son idée, son absence terrible. Ils ne s'approchaient plus, ne s'aimaient plus, ne se voulaient plus, baisaient à des heures précises pour coller au calendrier de fertilité, mais il n'y avait plus rien. Juste le silence.

Maximilian, qu'est ce qu'il s'est passé ?

Il pourrait lui raconter qu'il avait fini par déconner. Qu'est ce qu'on dit déjà, à propos du naturel ? Dans le cas de Max, il était revenu à vitesse grand V, et il n'avait même pas voulu résister. Le cynisme s'était déjà infiltré au creux de ses pores depuis des années, et plus rien ne semblait avoir la moindre valeur. En grand désabusé, il avait, en vrac, claqué des sommes de fric monstrueuses dans des tournois de poker, amoché la gueule de types pris au hasard à la sortie des bars, parce que tous les moyens étaient bons pour saboter la vie dorée qu'il avait fait la connerie d'accepter. Il voulait redevenir l'animal carnassier qu'il était, le sale type, le clébard, il voulait regoûter à la liberté qu'il s'était lui même arraché, il voulait retrouver la sensation d'ivresse que l'on frôle lorsqu'on comprend avoir tout gâché.
Mais ce qui a vraiment changé la donne, c'est quand il a commencé à goûter à l'interdit des relations extra-conjugales, enchaînant les femmes comme des fringales. Il n'avait même pas peur de se faire attraper, vous savez ; parce qu'au fond, je crois que c'était précisément ce qu'il voulait. Une échappatoire, une bonne raison pour tout perdre et avoir le cran de tout recommencer. Alors forcément, y'a un jour où Vivian a compris, qu'il se foutait de sa gueule depuis des mois et que ce parfum qui trainait autour de lui n'était pas le sien. Elle l'a foutu à la porte, et il l'avait bien mérité.
De toute façon, ça faisait longtemps que leur amourette était morte, et enterrée.

Maximilian, qu'est ce qu'il s'est passé ?

Un divorce, un divorce des plus chaotiques, dégueulasses, il n'avait même pas essayé de se battre. De toute façon, il n'aurait rien pu faire face aux avocats aux dents longues, ils ne leur avait pas fallu longtemps pour rassembler une jolie liste de ses conquêtes passées, de ses dettes de poker, en bref, tout pour dresser de lui le portrait de l'enculé fini qui ne mérite rien. Ce qu'il était certainement, ne nous y trompons pas. Et il est resté sur le carreau, sans job, sans fric, sans baraque, sans nana.
Il ne s'était jamais senti aussi ridiculement libre.

Là, il lève les yeux vers le visage fatigué de sa mère qui ne dit rien. Depuis la mort de son père, elle ne dit plus grand chose, comme si l'idée de sa mort prochaine s'était insinuée en elle et confisquait les mots superflus, les jugements, les pensées étroites. Elle tend la main vers lui et se saisit de la sienne en silence. Max courbe la nuque et serre ses doigts. Le voilà, le poids des regrets ; perché au dessus de ses épaules, le poids d'une vie loupée, des blessures alignées, des remords qu'on en finit plus de collectionner. Max est fatigué. Il a honte de ce qu'il a été, de tout ce qu'il a abandonné au prix d'une vie qu'il n'aurait jamais dû désirer. Ça fait un moment maintenant qu'il se sent comme une merde, mais la sensation n'a jamais été aussi forte que quand il a remis les pieds à Exeter. Parce qu'il sait qu'il ne peut plus être celui qu'il était à ses vingt ans, celui qu'il était lorsqu'il a tout quitté ; le temps s'est écoulé, les rides se sont creusées, il n'est plus si optimiste. Il n'attend plus rien, ne désire plus rien.
Même là, dans le silence réconfortant de sa maison familiale, il aimerait s'autoriser un sanglot, un hurlement de rage, quelque chose. Il n'y arrive pas, car il ne distingue que son propre vide.

L'horizon terne d'une vie qu'il avait raturé.

ton pseudo sur la toile. a écrit:
A tes méchantes blessures. on peut m'appeler blue, plus proche du quart de siècle que l'année passée, j'ai un faible pour le drama et comprenez que c'est bien ce qui m'a fait craquer devant le pré-lien de ce frère prodigue  when the sun goes down — Max 3697835142
kezako, ton perso. pré-lien magique de @"Rex Eden"  when the sun goes down — Max 4094401142   
crédit icons strangehell.
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Hyacinthe Sterling
you wouldn't be the first renegade
to need somebody
Hyacinthe Sterling
∴ Pseudo : balzolaire (nastasia).
∴ Faceclaim : jelle haen.
∴ Merci à : themooninmourning (av), kawaiinekoj (ic).
∴ Dédoublement(s) : marlowe, l'empereur médiatique, ange, le saint des saints & alix, l'enfant des limbes et des pavés.
∴ Âge : dix-neuf ans. la chimère ténébreuse de l'éternité qui l'égare sans pitié. l'épithète de "gamin" qui le sied si bien, qui décrit si joliment ses fureurs candides.
∴ Mood : when the sun goes down — Max 1576a810
∴ Pronom inrp : il/lui, he/him.
∴ Occupation : étudiant au conservatoire ; pianiste auréolé de débauche et de décadence, chemin choisi par dépit plus que par passion. membre d'un groupuscule révolutionnaire à ses heures perdues.
∴ Statut : le palpitant abandonné aux mains de l'asmodée moderne. les yeux incandescents d'une ombre brisée dans lesquels il plonge, se noie ; la gorge encombrée d'une vénération ignorée.
∴ Géolocalisation : au casino, très certainement, l'âme ankylosée par la liqueur, l'argent vomi et régurgité une centaine de fois déjà.
∴ Vice : trouble de la personnalité borderline ; addictions (jeu, alcool)
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MessageSujet: Re: when the sun goes down — Max when the sun goes down — Max EmptyMar 16 Fév - 19:30

j'ai le droit de dire que ta plume est divine ? genre à quel moment t'as le droit de m'écorcher le coeur comme ça ? when the sun goes down — Max 2882741361 toutes tes belles formules, et ce personnage de dingue que j'avais eu à peine le temps d'entrapercevoir sur la v1... when the sun goes down — Max 3604181530
vraiment ravie que tu me donnes l'occasion de connaître max plus en profondeur (sans mauvais jeu de mots when the sun goes down — Max 587388772) et de stalker tes rps, parce que j'en veux tellement plus là.... when the sun goes down — Max 2512974345
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MessageSujet: Re: when the sun goes down — Max when the sun goes down — Max EmptyMar 16 Fév - 19:38

Ce perso de folie !
Je me répète je suis amoureuse when the sun goes down — Max 2882741361
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MessageSujet: Re: when the sun goes down — Max when the sun goes down — Max EmptyMar 16 Fév - 21:43

when the sun goes down — Max Giphy

Franchement vous êtes des douceurs, je vous envoie de l'amour when the sun goes down — Max 2818319601 when the sun goes down — Max 236745472
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