∴ Pseudo : balzolaire (nastasia). ∴ Faceclaim : troye sivan. ∴ Merci à : cez. ∴ Dédoublement(s) : hyacinthe, l'androgyne décadent, marlowe, l'empereur médiatique & alix, le conteur du macadam. ∴ Âge : vingt-trois illuminations — l'âge de rien, l'âge de tout. l'âge de refaire le monde, et l'âge de le détruire. l'âge de l'a p o t h é o s e. ∴ Mood : ∴ Pronom inrp : il, lui. ∴ Occupation : digne enfant d'apollon — étudiant en art et en études classiques, ses mains se couvrent d'argile pendant que celles des autres se salissent de sang et de larmes. l'âme plus virginale que ses toiles. ∴ A Exeter depuis : trop peu de temps pour s'y retrouver complètement. l'échéance se compte en jours. ∴ Statut : amours fausses, amours faucheuses. le carmen mortifère d'un visage trop séraphique dont il se serait bien passé ; enfant amoureux depuis la nuit des temps, mais jamais de ceux qui se tuent à le vénérer. ∴ Géolocalisation : aux paradis perdus. ∴ Free land : ∴ Triggers, refuse de jouer : maltraitance animale. ∴ Posts : 143 ∴Arrivé le : 12/03/2021
Sujet: 『 SOMETHING WICKED THIS WAY COMES 』angèle. Dim 11 Avr - 19:41
aurèle&ange / avril 2021
i'm coming, wait for me ; i hear the walls repeating the falls of our feet and it sounds like drumming. and we are not alone, i hear the rocks and stones echoing our song — i'm coming, wait for me, i'm coming too, i'm coming too. (@hadestown)
(je m’en souviens je m’en souviens encore) et toi tu m’avais oublié
La peinture sous ses ongles a les teintes grenat de quelque plaie sanguinolente. Ange fixe ses doigts peinturlurés d’une obstination moins motivée par le désir de voir que par la peur d’être vu. Lui et ses jeans souillés d’aquarelle font tâche, au milieu de ces fils de affublés de leurs plus beaux costumes et de leurs pires intentions — il le sait, il le sent. À Paris, il n’aimait guère s’aventurer sur le campus de la faculté de droit, rebuté par l’idée de côtoyer ces bêtes humaines, ces monstres d’arrogance et leurs sourires hautains, leurs préjugés cruels -- à moins qu’il ne soit avec lui. Cet empereur de pacotille dans l’ombre duquel il pouvait toujours se cacher, jusqu’à ne faire plus qu’un avec elle ; dévot parmi les fidèles, adorateur parmi les amis, il n’avait jamais vraiment craint les regards obliques lorsqu’il était à ses côtés. Aurèle. Toujours Aurèle. Seulement Aurèle. Les sceptiques peuvent bien déceler quelque chose de malsain dans cette sourde iconolâtrie qu’Ange porte à son ami. Un transfert de cette adulation chrétienne qui brimait chaque parcelle de son être, jadis ; une preuve fébrile que son âme nébuleuse est secouée par la nécessité maladive d'idolâtrer quelque chose ou quelqu’un. Lui n’y voit qu’une flatterie méritée, pleinement justifiée. Aurèle n’avait-il pas toujours été là pour lui ? N’avait-il pas constamment cherché à le protéger des ouragans nés de sa propre rage, et de ceux créés par les affres fondamentales du monde extérieur ? Au-delà du vacarme tonitruant de ses fureurs récurrentes, Ange sait qu’Aurèle est un miracle parmi les tours de passe-passe. Son destin est promis à quelque rayonnement plus aveuglant, plus glorieux, plus brutal peut-être, que ceux du commun des mortels. Sa conviction, trop souvent, s’était opposée aux scepticismes médisants de leurs professeurs les plus cruels, aux jugements précipités des inconnus les moins cléments, et même aux attaques immodérées de sa propre famille. Jamais aucune irréligion n’entaillât sa foi, cependant. Tout allait pour le mieux, dans le meilleur des mondes, tant que les éclats d’Aurèle illuminaient ses brumes nocturnes. Mais fût un matin où le soleil n’est pas réapparu. Pour Ange, cette ombre maligne qui avait si subitement recouvert chaque parcelle de cette terre sainte sur laquelle lui et Aurèle régnaient, autrefois, ne pouvait être que le présage de quelque affreux retournement. Un ciel d’un rouge apocalyptique naissait, là bas, au commencement de l’horizon.
Terre étrangère, terre ennemie sur laquelle il se tient à présent, à mille lieux de leurs paradis perdus. Son obstination fébrile a les accents tragiques d’Orphée venant chercher Eurydice aux Enfers ; véritable catabase qu’effectue le séraphin, peut-être un peu trop candide, simplement armé de son carton à dessins, de beaucoup d’audace, et d’illusions condamnées. Persuadé qu’une fois que sa main aura retrouvé celle de son empereur maudit, tout redeviendra comme avant ; même au milieu de ce champ de bataille, même alors que les tocsins hurlent déjà, au loin, même alors que les augures proclament l’imminence de la guerre ; rien ne change, il y croit, il s’en convainc. Il devrait pourtant le savoir, lui qui a relu des centaines de fois les Métamorphoses ovidiennes — Eurydice ne s’échappe jamais du Tartare auquel elle est enchaînée. Quelle épée de flamme utiliser contre les affres de l’inévitable ? Il y a des batailles qui ne peuvent être livrées qu’à mains nues ; fureur sur fond d’ambition. Les phalanges bleuies et les lèvres ensanglantées. Ange et ses odes célestes n’ont certainement pas leur place sur un tel champ de bataille. Mais il ne s’en doute pas ; ou peut-être ne veut-il pas s’en douter. Parce qu’Aurèle lui a fait une promesse, il y a de cela des siècles. Un serment pour sceller leur relation dans le marbre ; et Ange veut croire à la sincérité de cette parole. Il veut la croire plus forte que le courant enragé du Temps qui passe, il veut la croire insensible aux attaques de l’égoïsme et de l’ambition. Pour un millier d’années, et un millier de plus, avait-il dit, les épaules lourdes d’assurance. Et il l’avait cru. Le croit encore. Ange porte ses ongles à ses lèvres, sans cesse torturé par un besoin pressant de se les ronger. L’inquiétude de ne pas trouver Aurèle. L’anxiété de le trouver, aussi, étrangement. Comme si quelque pressentiment lui laissait entrevoir quelque chose de terrible, quelque chose de sinistre, par-delà la possibilité de retrouvailles. La gouache sur ses doigts est amère contre ses lèvres ; et dans un mouvement de recul instinctif, il trouve la force de relever les yeux pour scanner son environnement, une énième fois, dans l’espoir de le voir passer, dans l’espoir qu’il soit là, cette fois-ci. Il est là. Son coeur sursaute dans sa poitrine, et il lui semble qu’il peut sentir son regard s’illuminer. Aurèle lui semble plus grand, plus fier, plus sombre qu’avant. Ange ne s’en formalise pas, cependant, attribue ces soudains accents de mélancolie à l’air britannique, au mal du pays, à la fatigue, aux mouvements des astres — à mille facteurs extérieurs, en somme, à tout et à rien, mais pas aux raisons véritables d’un tel obscurcissement. Il ne peut pas se les représenter, cet esprit des hautes nuées, cette âme des grandes espérances et des illusions perdues. Alors il se contente d’y croire, d’avoir confiance. La foi. Unique arme, unique bouclier de cet enfant de choeur. Ange se lève du mur sur lequel il s’était assis ; ses jambes sont faibles lorsqu’il se met debout, le supportent à peine. De quoi a-t-il peur ? Ce n’est qu’Aurèle. Simplement Aurèle. Quel est le pire qui puisse arriver ? Il sera simplement surpris de rencontrer son meilleur ami ici ; mais il sera aussi nécessairement heureux. Pourquoi ne serait-il pas heureux ? Il n’a aucune raison de ne pas être heureux. A u c u n e. Il est toujours armé de son carton à dessin, de beaucoup d’audace et de quelques illusions condamnées ; et peut-être, à présent, d’un soupçon de mauvais pressentiment qui lui nécrose le coeur. Et ce soldat du bon sentiment va au-devant des mitraillettes de l’ambition, persuadé que son meilleur ami n’osera jamais lui tirer dessus. Il remarque pourtant qu’il est bien (ou mal ?) entouré ; de nouveaux apôtres, dont il ne connaît pas les noms, dont il ne remet pas les visages. Ils semblent être habillés de toute l’arrogance du monde, leurs ailes juvéniles ont déjà l’air de pouvoir les porter vers les plus hauts sommets ; et c’est Aurèle qu’ils regardent tous avec éblouissement. Il ne leur en veut pas, Ange, les comprend même. Mais leur présence le met étrangement mal à l’aise ; comme s’ils étaient les membres d’un Cénacle où il n’avait pas sa place. Siégeant autour du prophète qu’il avait tant de fois encensé, il sent déjà quelques regards incriminateurs et incrédules se tourner vers lui. Mais il ne se démonte pas ; et il s’avance jusqu’à lui. « Aurèle. » Sa voix qui s’impose au milieu des leurs, comme les chants des carillons au-dessus de la foule sur le parvis de l’église. Tous se tournent vers lui ; et tous semblent juger cette apparition quasi-mystique, quasi-pathétique ; cet impie qui ose murmurer le nom de leur roi. Ange, lui, s’en retrouve presque bouche-bée ; que dire, face à une telle audience ? Comment justifier sa présence ? « Je… je savais que je te trouverais ici. C’était pas vraiment facile, vu que tu ne m’as jamais dit où t’étais parti. » Le murmure peut avoir les accents du reproche, mais n’en est définitivement pas un. Ange est trop candide, trop heureux de revoir son ami aussi, pour prendre un ton accusateur. Il se surprend même à sourire doucement, sans savoir qu’il vient de monter de l’échafaud ; la manie de toujours sourire, même face à la mort, même alors que la corde lui est passée autour du coup, par une poignée de jurés ignorants. « J’suis content de te revoir. » Qu’il admet finalement, peut-être un peu plus bas, la voix cependant portée par la foi du dévot convaincu.
Aurèle Delambre demi-dieu bâtard fou de gloire, volage au milieu des ravages.
∴ Pseudo : lou, wolfy ∴ Faceclaim : adrien sahores ∴ Merci à : ooolympia (ava), astra (signa) ∴ Dédoublement(s) : scar the lion king (leofstan sterling), le sherlock des bacs à sables (mike joker) & le dieu de tous les dieux (kolsten darkleaf) ∴ Âge : vingt-trois sentences irrévocables. ∴ Mood : ∴ Pronom inrp : he, him ∴ Occupation : poser ses pions sur l'échiquier du tout-là-haut, marcher sur les plates bandes d'un géniteur doré exécré, espérer et savoir de toute âme, un jour passer l'examen du barreau, avec les honneurs. étudiant en droit, bientôt l'honneur d'un maitre sauveur. ∴ A Exeter depuis : très peu de temps, à peine deux mois, et pourtant c'est tout comme le prince de minuit avait toujours foulé les rues répugnantes de cette ville qu'il ne semble pas apprécier du tout, lui, le petit parisien pédant inguérissable. ∴ Statut : il a lâché son énième copine pour prendre le premier avion pour exeter. sans un mot, sans un adieu. il se dit que sa lâcheté le perdra, qu'elle est peut-être héréditaire. ça expliquerait bien des choses. ∴ Géolocalisation : le fils héritier du grand duc non-existant ne traine pas n'importe où, voyez-vous. probablement dans des soirées mondaines où il aura réussi à s'intégrer par sa force de persuasion, ses mensonges devenus vrais. beau prince cache celui qui n'est personne. ∴ Vice : le mensonge, les illusions, la rage de vivre, la folie de toujours vouloir voler plus proche de l'astre d'or. ∴ Free land :
i should be kinder
some kind of softer
but i have no idea how to be.
i don’t know how to stay tender
with this much blood in my mouth.
∴ Triggers, refuse de jouer : viol, racisme, maltraitance animale, pédophilie. ∴ Triggers Warnings : violence verbale et physique, homophobie intériorisée, uc. ∴ Présentation : au risque de faire mentir l'olympe ♔ ∴ Liens : les fleurs du mal ♔
Sujet: Re: 『 SOMETHING WICKED THIS WAY COMES 』angèle. Lun 12 Avr - 17:46
tw : mention d'homophobie et d'homophobe intériorisée.
“You better run from me, You better hit the road, You better up and leave. Don't get too close 'Cause I'm a rolling stone And I keep rolling on. You better run from me Before I take your soul. If I go, let me go And don't you follow me, let me go I will let you down, let me go. Even if your heart can't take it Light me up in flames.” &
Cathédrale d'ouragan. Et tempête pulmonaire. Le vent était de passage. La crise, permanente. Leçon fureur d'angoisse et d'ambition à l'intérieur du labyrinthe de Dédale défoncé de mirages. Icare se perdait, la tête haute, les yeux fixés sur l'astre incandescent; s'amusant d'égo déiste à minauder savoir parfaitement où il posait ses ailes, prétendre même connaitre les secrets de la naissance de l'immortel. Où était née la vie et où elle périrait. Où commençaient les grandes épopées où il était héro, le temps d'un comte. Et on l'admirait pour ses incalculables pharisaïsmes prophéties fabuleuses, soufflées au creux de l'oreiller, depuis le berceau de l'élu; par l'Olympe, le Panthéon, Avalon et la terre de la jeunesse éternelle. Et on l'adulait pour ses mensonges de demi-dieu. Messie autoproclamé qu'on eut vite fait d'adopter. Puisqu'il suffisait d'y croire, d'y croire si fort que la magie opérait. Les éclairs de l'hypnotisme. Personne devenait Quelqu'un. Un tout, un dieu, un prince, un rien. Peu lui importait, tant qu'on le voyait enfin. Il y avait des vérités qui ne nécessitaient pas de briller aux côtés du soleil. Parmi celles-ci, il y avait la foi inébranlable de l’entité céleste intouchable. Le petit chérubin chéri tant et tant de siècles et d'impossible par son protecteur. A n g e. L'interdit, comme de souffler son prénom. L'interdit, comme d'oser ne serait-ce que de nouveau penser à lui. À ce qu'il penserait depuis son tout là-haut, de tous ses mensonges nécrosés, de tous ses sourires auréolés d'impuretés.
Fut un temps, pas si longtemps, pas si longtemps... où le séraphin était son plus fidèle allié, son plus preux chevalier de cœur extra-livide, inégalable soutien titane entre les poings frêles d'un être aux allures si fragiles. Un paraitre sans défense qui n'était pas moins mensonge que son propre départ fut aisé, là, à le voir danser parmi les enfants de Crésus.
Ange était son tout dernier palier, la dernière marche au gré du vertige des nuées fut indéniablement la plus difficile à franchir. Sans lui, rien ne serait jamais plus pareil. Alors, comme la douceur d'un mantra, il se le répétait, encore et encore, rien que pour y croire, lui aussi, en ses mensonges si beaux, rien qu'une fois pour toute une vie.
Là où je descends, il règne un froid insoutenable, mon Ange, et tu ne peux pas voler en ce monde à mes côtés. En bas, la barbarie des hommes ordinaires m'attend à bras ouverts. Mystérieux paysage des rives du Styx. Au fond des fonds marins, il sévit une boucle intemporelle vicieuse ; la Bête Noire, le mauvais rêve, le spectre délirant, l'obsession du grandiose et la hantise des coupables. Tous se rencontrent, se jugent et se disputent. Tous, par leur bouche enragée, et avec des gestes débraillés, jurent bruyamment par les démons de l'enfer, les trépassés du purgatoire, les saints du paradis et les dieux du terroir, mériter plus que tout autre l'absolu absolution. La grâce de qui ? Pour quoi ? Je n'le sais pas encore moi même. Le jeu mortifère que je m'en vais mener. Là-bas, mon Ange, ils n’apprennent pas de la vérité. Ils ne jouent que de son conflit intérieur, ne s'abreuvent que de mes horreurs. La bouche intarissable, ils jurent de nouveau, la main sur la poitrine, la langue anaïquée d'écumes malveillantes, de bave et de fiel, de rancœur paternelle. Avec fougue, ils parlent et crachent rageusement sur le sol ocre en hurlant leur droit divin, péremptoire.
Ils n’apprennent pas de la vérité. Ils ne jouent que de mon conflit intérieur, les démons dans ma tête. Je ne te laisserai pas les approcher.
Ô comme il se souvenait, de tout, d'absolument tout. Comment oublier ? Aurèle n’oubliait rien le concernant, son petit protégé, son petit Cupidon. Prétendait, parfois, tout le temps; même avant, pour plaisanter et pouvoir passer une main dans sa chevelure dorée, le rire léger au bord des lèvres. Il aurait pu lui demander n'importe quoi, à l'angelin divin, de continuer contre vents et marrées de l'encenser; même ici, même loin de leur maison. Il avait la lame purificatrice, tout juste volée; et Ange, les poignets ouverts, les yeux clos, la tête basse et le cœur prêt à imploser pour ses beaux yeux de raté. Mais il n'en fit rien. Non. Il ne l'inviterait pas là-bas. Plutôt crever et tout arrêter immédiatement. Ce combat lui appartenait à lui seul. Il ne pouvait pas s'encombrer d'une Vérité vivante et imméritée à devoir surveiller, protéger encore et encore, et rejeter, et abimer et... Non. Comme le voulait la prophétie, la promesse de deux gamins qu'il n'oublierait pas; se contenterait de briser. Dans un bruissement ailé. Un claquement d'ailes et puis s'envolerait le passé.
Au revoir. . . Pas encore ?
Aurèle n'avait jamais eu besoin de forcer le moindre trait pour obtenir l'attention de ses abysses émerveillés, ses sourires cristallins, belles paroles de grandeur d'éther, ses joies sincèrement bleue cyan face à ses choix d'ambition éternelle. Comme la main de dieu; en qui il ne croyait même pas, le pauvre fielleux. Lui, qui n'était rien d'autre qu'un vaurien. L'audacieux, l'irrévérencieux, mentait plus puissamment encore qu'il ne se voyait brûler pour se prouver mériter l'univers. Pouvoir sentir et admirer le ciel, la mer, la terre et puis le feu exploser en un spectacle tragique et sublime. Un jour, peut-être, il espérait pouvoir lui montrer tout cela. Sa sublime, comme il serait beau, quand il sera roi. Et ils seront de nouveau réunis, tous les deux, tout là haut, sur le trône.
Ivre d'illusions mordorées, voilà qu'Aurèle séduisait sa cour en plein milieu du campus de la faculté de droit d'Exeter. De bons mots et bons sourires offerts à ses apôtres. La pièce était fabuleusement imagée de faussetés écœurantes, presque pathétique pour qui saurait vraiment qui était le prétendu prince Delambre. La comédie était simple à mener pour Aurèle, l'orateur, l'acteur, l'élu du macadam. Pas une pensée pour Ange. Ange...
Les brumes se brouillèrent tout à coup. Aux grouillements de la lumière divine d'un revenant, la ténébreuse tyrannie de l'oracle sortait du fin fond de ses silences, un couteau d'amour étincelant de l'algie. Ange était là, juste devant lui. Il se tenait là, tout près de lui. Et son regard le transperça d'ombrures et de rage. La chimère d'une apparition inattendue..... et qu'Aurèle ne souhaitait, par tous les dieux et tous les rois, tous les empereurs et tous les saints; ne jamais revoir, ou pas maintenant, pas ici, surtout pas. Putain.
Son prénom sur sa langue sonnait comme une de ses œuvres esthétiques, sortie d'un être supérieur qu'il n'avait pas le droit d'effleurer. L'apparition d'Ange était un coup de poignard dans le dos. Un jeu de carte qui menacerait à tout moment de s'écrouler. Non, il ne devait pas le voir ainsi. Il était trop tard... Ou peut-être pas.
Ses nouveaux alliés parlèrent pour lui. Lui qui demeurait interdit. Le regard impie, cycloneux, foudroyant les douceurs perdues, emplies de questions, des fonds marins Deslunes.
— Delambre, tu connais cette fillette ? marmonna l'un des trois golden boys en haussant un sourcil, hautain.
— C'est qui ce péd...
— Ça suffit. gronda Aurèle, semblant sortir de sa transe.
Ses pairs s’exécutèrent, se contentant de se jeter des regards et de juger Ange, l'air détestablement mauvais. Aurèle souffla légèrement puis s'appuya contre le muret, les bras croisés, avec l'élégance princière qui lui était propre.
— C'est personne. sourit-il enfin faiblement, un air las dépeint sur ses traits de souverain examinant son peuple.
Qui crois-tu tromper avec ton arrogance et ton cœur de mal aimé ? Ça, c'est toi. Pas lui. Pas Ange. Jamais. Jamais. C'est toi. C'est toi qui es personne.
Les regards orgueilleux se portèrent sur Aurèle. Ô ils rêvaient tant d'imprégner une fraction des rayonnements de son soleil.
— Tu sais seulement à qui tu t'adresses ? Y a pas un monde où Aurèle Delambre porte de l’intérêt à des... gens de ton espèce. les derniers mots susurrés avec dégout, partagé par ses trois autres acolytes.
Aurèle resta de marbre. Pas un sourire ni un signe de quelconque intérêt. Et pourtant, il se jouait les tambours de la torture en son âme. Première fois qu'il ne défendait pas Ange. La sensation était étrange.
— Rengainez les armes, mes frères, l'ennemi n'en vaut pas la bataille. Il délire, j'le connais absolument pas.
Voix railleuse. Comédie vicieuse. De quel doit ?
Oh rien, il n'avait juste rien à faire là. Ange, rentre chez toi.
Et enfin, Aurèle se détacha de son muret, décroisa ses bras fermés si forts pour protéger ses élans d'avant. De protecteur ultra possessif. Quelque chose avait changé. La bête parlait, Aurèle l'écoutait et dictait ses poésies mortelles. Il chuchota quelques mots à l'oreille de l'un de ses "amis" et ils se reculèrent un peu, laissant leur leader s'approcher avec assurance, au plus près de son... Ange.
— Dégage, laisse-moi. souffle quasi-implorant, yeux dans les yeux.
Peut-être qu'il n'y avait que comme ça, que le dévot perdrait la foi.