INTRIGUE: l'ascenseur des vilains

Bon alors, pour résumer.
La journée qui commence pourtant merveilleusement bien. Le soleil chante, les oiseaux brillent, aucuns lézards et aucune gueule de bois.
Café brûlant, bouche en papier d'verre, radio réveil alambiqué et Terry qui pisse dans mes souliers. La base des bases. Temps qui passe, trois conneries chopées dans la supérette de quartier, message sur mon phone qui n'arrête jamais vraiment de sonner.
Nouveau bail de job avec la bébé Yildiz. Ô joie.
J'accompagne la princesse chouchou du Bouclier pour acheter trois culottes dans sa boutique préférée.
Vraiment, jusque là, rien d'anormal. C'est mon boulot du moment de loubard en goguette, à faire le boy qui sourit pendant les emplettes. De l'autre côté, j'en profite pour grappiller des infos ça et là, les transmettre à qui de droit. Une sorte de courant alternatif entre les mafiosis et les « gentils ».
No big deal, comme on dit.

Une envie d'aller voir les robes fashions de l'étage au-dessus, soit, qui suis-je pour refuser les désirs de Mâââdame ? J'me suis même dis que j'en trouverai p'tèt une qui plaira à 'Pola, même si les modèles communs manquent cruellement de plumes à ses yeux.

Mais.
Parce que y'a un mais.
Il y a toujours un mais, surtout quand ça peut tomber sur ma pomme.

Et ce mais là, il s'est fait en trois étapes du fun.

Première étape : faut croire que les sales chiures féminines d'Exeter adorent les centres commerciaux parce que, comble de l'ironie suprême, la rouquemoutte avec laquelle je me suis tabassé l'autre soir, elle débarque dans le même ascenseur que nous.
Ça, c'est déjà incroyable sur l'échelle du hasard.

Deuxième étape : black out total. Ça gueule de partout, après ce petit temps de latence propre à n'importe quel débile qui se retrouve dans le noir et gneuuuu, je vois plus rien au s'couuuuurs.
Encore plus dingue.

Et troisième étape, celle qui fait pulser ma veine sur la tempe actuellement : on est tous bloqués dans ce putain d'ascenseur depuis trop longtemps pour que je reste patient. La machin a stoppé sa course à mi-parcours, de sorte qu'on puisse bien paniquer comme il faut s'il lui prend l'envie de se décrocher.
Soupire soûlé, j'appuie mon dos et mon crâne contre la paroi de verre, pour ne pas imploser tout de suite.
J'ai l'effet claustro au bord des lèvres qui me donnerait presque déjà envie de tuer tout ce qui respire mon air dans cette cabine à la con.
Je vais me contenter de les garder fermées pour l'instant, tout comme la sécurité de mon flingue à la ceinture.

Faudrait pas qu'un accident soit trop vite arrivé.

« … Personne a pensé à prendre un sandwich ? J'sens qu'on est coincés pour un moment. »

Volonté de rester calme ? 0/20. C'toujours mieux que mes anciens bulletins.