INTRIGUE: prochaine station: compans caffarelli

Les flots humains se déversent dans le fleuve métropolitain. Les eaux se bousculent, s'agitent, s'excitent. Elles se faufilent à travers les trous à la recherche de l'embouchure, sans épargner les injures. 18h30, à l'heure où la marée perd patience. La journée est finie et les démons sont de sortie. Les regards se croisent, les prunelles s'embrasent. L'égoïsme de l'homme s'évapore dans l'atmosphère pesante d'une heure de pointe. Les yeux rivés sur son écran, elle tente de se distraire de ces étrangers qui allaient et venaient à un rythme effréné. A l'étroit entre un homme et une femme faisant comme elle, à prétendre être occupés pour que les minutes puissent s'écouler. Un soupir s'échappe, agacée par l'agitation incessante des voix environnantes. Brouhaha d'histoires, insultes, ragots, paroles en tout genre et à tous niveaux.
Puis des cris.
Un freinage brutal.
Une obscurité abyssale.
Silence.
Le métro tout entier plongé dans les ténèbres. Les démons s'agitent, se mettent hors de leurs gonds. Les minutes s'allongent et l'angoisse ronge. Une centaine de personnes coincées sous terre. La noirceur émergente des âmes d'Exeter. Ivy demeure impassible, figée, alors que la lampe de son téléphone révèle des visages apeurés. Fuck it. La poupée dénuée d'émotions reste de marbre face au désarroi de la population. Dans l'attente qu'un être doué de raison puisse trouver une solution. Autrement, elle devra se résoudre à se débrouiller seule, comme elle l'a toujours fait. Dans la vie, on ne peut compter que sur soi-même.

(c) pando
@reed harris

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