wine and women and wonderful vices (thomasine)

diplomée de lettres classiques à l’université d’oxford ☾ fille d’une famille riches travaillant dans l’import-export qui l’ont reniée depuis ses 25 ans ☾ souriante, affable, sociable, son apparente tranquillité cache un esprit redoutable ☾ elle possède une mémoire eidétique ☾ elle a passé cinq ans en prison pour avoir participé à des braquages et a écrit une thèse sur le crime dans la grèce antique ☾ ces braquages ont eu lieu dans deux banques autour d’oxford et elle est la seule à avoir été arrêtée ☾ elle n’a jamais donné le nom de ses complices et prétend avoir organisé seule le braquage et avoir payé des inconnus pour l’aider ☾ l’argent n’a jamais été retrouvé ☾ elle a épousé son mari à sa sortie de prison et ils sont restés ensemble pendant vingt ans ☾ passionnée d’art, elle a ouvert un commerce d’objets rares et uniques ☾ elle a récupéré sa part de l’argent du braquage là où il avait été enterré, près de vingt-cinq ans après son arrestation ☾ thomasine aime le jeu, les paris et les défis : elle n’a pas pour habitude de reculer devant un danger, mais elle prend toujours le temps d’examiner les possibilités pour retomber sur ses pieds ☾ avec un caractère extrêmement bien trempé, thomasine a écrasé toute tentative de sa belle-famille de s’introduire dans son mariage. les questions sur les enfants ont été ignoré et elle a refusé de discuter de  « fertilité » avec sa belle-mère ☾ elle pratique les danses de salon, le rock acrobatique et joue du violon dans son temps libre ☾ son manoir est ouvert à tous à l’exception du grenier où elle a aménagé un cocon qu’elle tient privé, le reste de la propriété appartient à ceux qui ont besoin d’un endroit où vivre et créer sous couvert d’avoir été approuvé par la communauté ☾ le personnel qui vivait au manoir avant a été remercié et dédommagé et elle s’est chargée de leur écrire des lettres de recommandation ☾ thomasine ne note rien si ce n’est des poèmes cryptiques, des charades et des énigmes qu’elle teste sur qui veut bien l’écouter ☾ toujours à la recherche de quelque chose de nouveau à découvrir, elle a installé un minuscule laboratoire de chimie dans la cuisine d’été du manoir : on entend des explosions de temps en temps et il est conseillé de porter un masque lorsque l’on s’y rend ☾ extrêmement sociable, elle participe activement à la vie de la bonne société d’exeter : si elle a toujours été un peu en marque et excentrique, la mort de son mari a exacerbé ce fait et l’on chuchote qu’elle serait un peu trop heureuse pour la mort n’ait rien de suspect ☾ un podcast de true crime s’intéresse d’un peu trop près à l’affaire des braquages et elle a claqué plusieurs fois la porte au nez de curieux qui aurait voulu lui poser des questions ☾ elle aime la beauté sous toutes ses formes et collectionne aussi bien des oeuvres d’art grandiose que du verre de mer glané sur la plage ☾ sa belle-mère est en procès contre elle pour l’héritage du mari de thomasine ☾ thomasine invente des histoires sur elle-même et apprécie brouiller les pistes : elle ne ment pas vraiment, elle ne précise juste pas qu’il s’agit d’une histoire pour savourer l’expression perplexe de ses interlocuteurs



La première fois qu’elle tombe amoureuse, Thomasine a cinq ans et une canine en moins. L’amour s’appelle Flore et est jeune fille au pair ; son accent est chantant et, le menton sagement coincé entre des mains aux doigts collants, Thomasine l’observe, le cœur battant. Flore parle anglais avec un accent délicat, lui enseigne le français avec une tendresse rare. Thomasine l’observe sans jamais s’arrêter, yeux rivés sur les mains douces qui modèlent encore et encore des couronnes de fleurs. Thomasine ne se souvient plus vraiment de ce qui vient après. Tout se déroule, lentement, moments et moments et moments, découpés, rafistolés, tendrement assemblés. Thomasine court, rit, fréquente une école privée, apprend à se taire. Flore s’en va, Thomasine pleure. Son père la gronde, Thomasine cache. La vie est une longue parcelle d’ennui qu’elle affronte difficilement. Les interdits se multiplient et les punitions se font plus conséquentes. Elle est faite pour être regardée, pas écoutée, elle le comprend très bien lorsque sa mère la fait jouer du violon devant ses amies riches, qu’elle leur fait écouter sa fille, leur présente le petit prodige, bouche en cœur et sourire appréciateur. Elle est un prix dans la cage aux fauves et son cœur fané d’enfant se lamente de grandes aventures et d’éclats de voix puissants. Elle reste immobile, pourtant. Sage, attentive, les années cultivent des talents d’actrice et lui apprennent la fine ligne qui sépare la bêtise jamais découverte et celle qui pourrait la faire tomber. Adolescente, elle est déjà prête à courir sans plus jamais se retourner, brillante et sublime et foncièrement épuisante.

Elle ne retombe pas amoureuse avant de s’échapper pour l’université. C’est une nuée des yeux au creux du ventre lorsqu’il lui tend la main. Il s’appelle Oscar de Vere et il n’a aucune idée qu’il vient de signer son destin. Entre leurs doigts noués, c’est tout Oxford qui tremble. Ce n’est pourtant pas avec lui qu’elle élabore des plans, pas de lui qu’elle fait son complice. Lui est extérieur à tout cela. Lui l’embrasse pendant qu’elle étudie, lui l’enlace alors qu’elle s’étire de tout son long sur son lit. Ses complices sont rencontrés lors d’une soirée qui réunit hasardeusement des amis d’amis de connaissances d’inconnus. Ils sont tous similaires, trop anguleux pour se fondre dans les corps qui dansent, trop pointus pour passer inaperçus, brillant d’une façon qui attire les yeux de Thomasine, scintillant d’une façon qu’elle ne peut pas ignorer. Ils ne sont pas amis, mais ils visent l’éternité. L’idée de braquer une banque est lancée sur une table basse qui colle dans un groupe d’inconnu ; pour n’importe qui d’autres, cela aurait été une blague, mais ce jour-là, personne ne rit. La société secrète se forme comme ça, court sur de longues années, les cours passent et les mots s’échangent, papiers passés de mains en mains pour mieux brouiller les pistes, excitation au creux de l’estomac. L’on prévoit tout, l’on calcule tout. Avant même de se lancer, Thomasine sait qu’elle sera la seule à tomber. Les cinq années qui l’attendent derrière les barreaux ne l’effrayent pas vraiment : elle est la seule dont les parents sont suffisamment influents pour diminuer le châtiment. Elle n’a aucune peur de voir sa part du magot s’évaporer : contre sa langue sommeillera les noms de ses complices. Ils n’ont aucun intérêt à la trahir, de toute façon, cinq années à l’ombre ne sont pas suffisamment longues pour leur permettre de disparaître sans se retourner. Les années s’écoulent et avec elles les voyages dans les banques voisines, long travail de séduction d’un garde, perruque blonde angélique jetée sur une caboche brune et cils si longs qu’ils pourraient toucher le ciel. Elle s’y rend seul, réunit les informations, suit un script qu’on lui a donné pour s’assurer de ne rien manquer. Les autres s’occupent du reste de la logistique.

Elle tombe amoureuse une troisième fois lorsqu’elle braque pour la première fois. L’homme qui la regarde a de la peur plein les yeux ; ce n’est pas lui qu’elle aime : c’est l’adrénaline qui court dans ses veines et le bonheur farouche de briser toutes les lois. Les sacs lourds de billets, elle court, hilare, ivre du bonheur d’avoir réussi un plan auquel personne ne croyait. Ils font les gros titres des journaux et c’est un nouveau bonheur. La presse les passe au crible, détaille les masques qui recouvrent leurs visages, façonnés méticuleusement de papiers mâchés, projet dissimulé sous un matelas pendant de longues années. Ils ont l’air effrayants, imprimés en basse qualité sur des journaux, placardés sur les kiosques, chuchotés à la radio. Peut-être le sont-ils un peu. Thomasine ne demande pas où est caché l’argent. Elle ne doit pas savoir, elle ne doit rien savoir : tout ce qu’elle sait pourrait être extirpé, disséqué lorsqu’elle sera arrêtée. Le risque ne vaut pas la peine d’être pris. Les instructions la trouveront à sa sortie, soigneusement cachées dans un origami glissé dans un livre qui dort, paisible, sur l’une des étagères de la demeure de ses parents. C’est elle-même qui l’y a dissimulé après qu’il lui ait été confié. Elle sait qu’il attendra sagement son retour. Elle sait que l’argent sera encore là lorsqu’elle sortira. Elle sait aussi que le braquage qui suit est le dernier ; c’est de la gourmandise, mais c’est aussi une façon de partir en beauté. Le masque qu’elle porte tombe, comme prévu, son visage s’imprime sur les caméras de surveillance. Le plan est de faire chercher la police un peu, de faire comme si c’était un accident, comme si tout ne fonctionnait pas parfaitement. Sa dernière nuit de liberté, c’est avec Oscar qu’elle la passe. Lorsqu’elle est arrêtée sur le seuil de sa chambre le lendemain, quelque chose brille dans ses yeux : elle sait qu’il finira par lui demander sa main.

Le parloir est un endroit ridicule pour tomber amoureuse une nouvelle fois, mais Oscar le rend presque romantique. Le menton entre les mains, Thomasine le regarde la demander en mariage. Il n’a pas la bénédiction de son père, mais les parents Sauvage tiennent à bout de bras leur enfant dissident. Thomasine ne s’en porte ni plus mal, ni mieux, elle existe simplement, travaille, confinée entre les quatre murs de sa cellule, rêve au monde plus grand qui l’attend. Cinq années ne sont pas bien longues lorsque l’on a des mondes entiers dans l’esprit. Cinq années, ce n’est rien : l’argent de ses parents lui payent un séjour plus doux que tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Les enquêteurs s’enchainaient à son chevet, au début, avant que l’affaire ne finisse par se tasser. Personne n’a jamais pu remonter jusqu’à la petite bande, personne, même, n’a pu imaginer : ils n’ont jamais été amis, n’ont jamais communiqué autrement que par origami, par secrets. Rien n’a été laissé au hasard durant les longues années qui ont composé leur scolarité. Il n’y a pas de preuves, de toute façon, rien d’écrit à ce que l’on sait : la mémoire de Thomasine contient tout ce qu’elle a jamais eu besoin de savoir et les autres n’ont jamais pris le risque de laisser des traces derrière eux. L’histoire qu’elle livre est celle d’une société secrète qu’elle aurait rejoint et dont elle ignorait l’identité des membres. Faussement ingénue, elle joue des préjugés dont on la pare, fait avec le regard des gens. Il y a des doutes, évidemment, beaucoup trop nombreux pour être énoncés, mais Oxford est peuplée de gens de trop bonne société pour accepter que leur rejeton puisse être même inquiété. L’enquête freine, stagne, sombre : Thomasine sort de prison, une thèse en plus dans la poche.

Elle tombe amoureuse encore et encore pendant quinze ans, battements de cœur fugace, la main posée sur l’épaule d’Oscar et le nez dans des livres poussiéreux. Elle ne travaille pas ou, plutôt, n’a pas besoin de le faire comme d’autres y sont forcés. Elle mène des recherches, s’égare entre deux pages, apprend la peinture, reprend le violon. Elle travaille à mener la vie d’une épouse étrange mais parfaitement repentie. Dans le grenier, les affaires qui étaient chez ses parents dorment paisiblement. Ils auraient pu dormir encore des années si la mort n’avait pas frappé à la porte, inattendue et splendide, allongée, froide, dans le lit marital. Oscar est mort comme on ne meurt jamais : dans la force de l’âge, au sommet de sa carrière, magnifique et brillant. Elle est éplorée, mais pas suffisamment, pas convenablement, sa belle-famille la cherche, la trouve, essaye de retourner contre elle les braquages du passé, les erreurs jamais digérées. La fortune et le manoir lui revienne de plein droit, mais c’est quelque chose que tout le monde peine à entendre. Braqueuse de banque dont le butin n’a jamais été retrouvé, veuve, riche, démentiellement riche, les gens voudrait la peindre comme une araignée qui aurait passé vingt-cinq ans à tisser sa toile. Elle est araignée, peut-être, mais Oscar n’avait rien d’une proie. Sans se soucier des quolibets, Thomasine trace sa voie.

C’est une voix sur internet qui met le feu aux poudres. L’adrénaline est la même que lors de son premier braquage et peut-être que Thomasine tombe un peu amoureuse cette fois-là aussi. La voix déterre, fouille, ravive. Elle peint des portraits de connaissances et de pistes jamais exploré, rappelle des faits, démêle des demi vérités. Le trésor a été déterré au lendemain de l’enterrement, mais ce n’est pas le magot, qui inquiète Thomasine, mais la façon dont elle pourrait l’écouler, l’anonymiser, se l’approprier. Elle réfléchit, amusée, excitée, brouille les cartes avec lesquelles les autres pensaient jouer. Le manoir devient commune, portes ouvertes aux artistes et aux perdus, lieu de vie et de culture, bouillon d’activité. Elle est mécène, Médicis au sein de son palais, foule d’alibi qu’elle peut s’inventer. On la trouve excentrique et cela lui convient bien ; si on la pense déraisonnée, on ne l’imaginera pas dangereuse, pas même intelligente, à peine capable. Son affaire d’objets d’art et de curiosité ne paraît pas absurde, dans le contexte, un peu étrange, un peu inutile, mais rien qui puisse soulever des questions. Qu’importe, à ce moment-là, que l’argent qui transite soit celui qu’on ait cherché pendant vingt-cinq ans.

Qu’importe aussi, peut-être, que d’anciens visages connus commencent à réapparaître dans les foules d’Exeter.

Lev. a écrit:

A tes méchantes blessures. J'ai pas trop changé depuis Kamo du coup je sais pas bien quoi rajouter à part que vous êtes les plus mims et que j'adore les clémentines et les ornithorynques.
kezako, ton perso. inventé

Code:

[u]winona ryder[/u]. ∴ @"thomasine sauvage"
[u]marchande d’objets anciens[/u] ∴ @"thomasine sauvage"
[b]Quartier d'habitation :[/b] St Thomas
[size=10][u]427[/u] [b][i]Thomasine Sauvage[/i][/b] ∴ manoir ...[/size]