(fb) last christmas i gave you my heart. (lafcacia)

Ses cheveux blonds se confondent presque avec l’albâtre de la poudreuse qui s’abat, ce vingt-cinq décembre 2013, sur le manoir Sterling. Ses petits pieds, précieusement enfoncés dans des derbies vernies absolument impeccables, dont le choix résulte de la longue réflexion d’une mère très investie, tapotent un peu les pieds du fauteuil sur lequel elle est assise. À défaut de toucher le sol, ils s’agitent joyeusement tandis qu’elle regarde toute autour d’elle, le regard illuminé de cette lueur unique, tout à fait liée aux fêtes de fin d’année. C’est à peine si la splendeur des guirlandes dorées du sapin ne se reflètent pas dans ses pupilles grandes ouvertes, l’océan de ses iris, tout prêt à déborder. Impatiente d’on ne sait quelle nouveauté, la voilà qui tapote ses cuisses minuscules, encore défendues de puberté, se retourne encore pour observer la neige tomber. Elle ne tient plus en place, comme éternellement condamnée à une certaine enfance, dont elle aura peine à se débarasser. Il faut dire que c’est la petite dernière, l’aimable Lucrecia, le concentré de joie. Elle tire un peu sur l’énorme noeud rouge qui maintient un peu la poids de ses mèches dorées, s’agite encore un peu en écoutant soigneusement tous les adultes parler. Elle est bien loin pourtant, de ce monde de marbre et d’acier, où pas un traitre mot ne parle vraiment à ses oreilles ingénues, presque virginales de la moindre gravité. Elle s’anime pourtant, en parvenant à soutirer un sourire à son père lorsque leurs regards se croisent, en parvenant à le déconcentrer un peu, le faire sortir de la froideur de son océan de sérieux, pour qu'il lui appartienne, même l’espèce d’un instant, dans l’expression de son image attendrie. N’y tenant plus, elle se lève, circule le long des divers sièges ameutés, prête une intention exclusive et pourtant toute relative à chaque adulte présent. Elle regarde son père, évidement, encore, le dévore des yeux tout à fait, puis s’arrête, tout naturellement, au pied d’un oncle non moins admiré. Ce dernier semble très occupé. Lucrecia aperçoit très distinctement l’alliance à son doigt, nouveau trophée depuis un an déjà. Ses yeux bleus se posent naturellement sur la femme à ses cotés, la délicieuse épouse élégamment parée d’une robe couleur émeraude qui la ferait presque ressembler à la pierre et que Lafcadio ne quitte pas des yeux, comme s’il cherchait, même à distance, à l’enlacer. Une moue s’installe sur le visage de la cadette, se sentant de trop parmi les ainés. Il lui semble pourtant tout à fait impossible de les laisser, de simplement s’éclipser.

C’est d’une main fine et encore minuscule qu’elle attrape doucement celle de Lafcadio, sereinement posée jusqu’à lors, emprunt d’une conversation de laquelle l’enfant n’a évidement rien considéré. Douce, cependant, plus douce que la soie, elle tapote tendrement la main de son oncle, sans impatience aucune, jusqu’à ce qu’il tourne la tête vers elle. « Tonton, joyeux Noël. » S’exclame-t-elle alors en ouvrant grand ses bras de petite muse adorée. Son regard déborde, cette fois, d’un amour immense auquel même le mariage le plus solide ne saurait résister. Elle ne tarde évidement pas à rejoindre les genoux du brun, cédant évidement, se détournant enfin de la diablesse en robe de satin. « Tu es vraiment très beau ce soir, tu sais. » Qu’ajoute la petite blonde en venant naturellement jouer avec la cravate de l’ainé, tirant un peu dessus, ravie d’être au centre de l’attention du vénéré, se pâmant sans même s’en rendre compte. « Papa est très occupé par tous les invités. Alors c’est à toi d’être mon papa. C'est ce qu'il est important de faire. » Elle porte ses petites mains à sa bouche, lâchant un rire cristallin. « Tu m’as ramené un cadeau ? » Pas qu’elle soit vraiment intéressée, la Lucya égale et si doucereuse, mais c’est la simple idée qu’il ait pensé à elle en choisissant un présent qu’elle aura tout le temps de chérir et d’idolâtrer.

(c) mars+kawaiinekoj
@lafcadio bell