Dent-de-Lion. || ft. Aris

Tw : tentative d'agression sexuelle.

Hey.

Des crocs sous les mots, les sons se décomposent en acier trempé. Les lames de glace viennent de tomber, son dos est criblé de frissons inattendus.

H      e       y.

Il y a trois phonèmes.
Terribles phénomènes.
Tombant en écho dans ses oreilles.
Paraphrase post mortem, avant même qu'elle ne glisse sur d'autres pavés.
Elle pressent l'intention derrière les

Yonah ne tremble pas. Pas encore.
Elle ressent l'espace autour d'elle comme un millier de vibrations sur sa peau morte. La rue est longue. La nuit est proche.
Il y a trois pantins.
Reliés aux filins de l'asphalte. Des morceaux de bois trop durs, trop noués, trop morts après avoir été coupés.
Elle n'entend rien.
Rien de ce que l'Arbre Monde a pu leur donner. Rien de ce que la terre nourricière pourrait leur indiquer.
Sans racine, elle n'est rien. Tout comme ceux qu'elle tente d'écouter.

Sans rien comprendre aux langages des égarés.

M a j o l i e.
V i e n s a v e c n o u s.

Elle se tourne, malgré tout. Tente d'affronter sans réaliser. Il n'y a que du flou contre son iris, des fractales dynamites qui viennent frapper les silhouettes intangibles. Le bois s'étiole. Se diffuse et s'approche. La peinture des pantins devient effrayante au fur et à mesure. Elle révèle des couleurs que Yonah ne connaît pas. Ne veut pas connaître.

Elle secoue la tête. Recule de pas nus, se raccroche à la dureté du macadam martelant le derme de ses orteils.

N'oublie pas.
Ce ne sont pas des Hommes.
Ils ne font que prendre leur pelisse pour tromper.

Protège-toi, petite Peau d'Âne.

T u

e

s

v r
a i m e n t


mignonne.

Elle recule encore. L'instinct en avant, avant ses jambes lacérées sans failles. Elle a dû mal à se dire qu'elle n'arrive pas à avancer. Quelque chose cloche dans ses ressentis et la réalité. Comme à son habitude. Corps en berne quand cœur poursuit.
Il y a cette terrible dichotomie.
Elle a trop couru, Yonah,
Et à force de grilles chevauchées, de parcours entre les toits, de milliers de kilomètres dévorés sous ses pas,
La chair n'a plus la force. La tête hurle, hurle encore, face au danger.

Car il est imminent.
Elle le sait.

T u a s m a l
?
R e s t e.
A v e c
N o -

« Non. »
Crève-sèche. Une plainte à fleur de peau, fébrile et ténue sur les écorchures de ses lèvres pâles. Elle ne sait pas depuis combien de temps elle est entre les battements de la ville. Elle a oublié. Peut-être est-elle sans doute en train de rêver.

Est-ce que Monsieur Kahn la cherche ?
Est-elle encore au creux du nid de la chaumière ?
Où sont-elles, toutes les autres ?
Ses âmes-liées, quand elle ignore où elle-même se trouve ?

Le regard en vague, incapable de revenir. Elle ne sent à peine la branche la saisir, la pousser contre l'humidité de briques dans son dos. Yonah s'est éteinte, rien qu'une seconde, face à l'idée de la violence à venir qu'elle ne pourra jamais pleinement ressentir.

Et elle retiendrait presque tout ses cris, presque par besoin égoïste,
rien que pour pousser plus loin
rien que pour savoir, enfin
la sensation terrible qui la colle aux larmes et la contraint à grogner.
Fort, entre les parois de ruelles.

La peur a pris le dessus. Elle repousse.

C'est plus fort qu'elle.
Elle a appris la survie,
L'étincelle minutieuse d'une fureur de vie,

Yonah ne veut pas terminer son histoire ainsi ;

Étouffée par les tiges de pissenlits.