Un militaire cruel se réveille dans le corps d'un paysan qui refuse de vendre sa terre [Maddy]

Elle l’a observée de loin, souvent. Son regard perdu derrière des grandes lunettes noires, Circé n’a cessé de tourner autour du Pandémonium, à surveiller de loin les faits et gestes de l’italien sans pour autant entrer dans les lieux.  
À sentir son cœur faire des sauts périlleux dans son cœur. À avoir l’estomac noué et le bas ventre s’élançant dans des protestations en le voyant si prêt et si loin d’elle. Pourtant, elle n’a pas rompu la distance, n’a pas cherché à prendre contact. Circé s’est contentée d’analyser la situation, de passer ses journées à s’imaginer comment elle pouvait voir Gali ou du moins, le revoir. Et puis, en parallèle, de vivre sa vie. De se faire à l’idée d’être libre, de ne pas baiser pour une poignée de billets, d’être en pleine conscience de ses facultés et des possibilités qui s’offrent à elle.  
Il faut dire qu’avec ses papiers, les facilités sont là et Gali lui aura permis ça : d’acheter sa liberté, de payer le prix exorbitant d’une identité qu’elle côtoie depuis de nombreuses années, maintenant. Elle n’est plus Wanda, Léna, Ana ou Maïa, elle est juste Circé. Et une Circé en manque de son bourreau.  
Pourtant, le plus simple serait d’aller lui parler. De reprendre contact mais la russe est une adepte de la difficulté. Lui parler et s’enchaîner à nouveau ? Hors de question. Elle est fière pardi !  
Elle a son honneur de pute à respecter. Elle est libre d’agir à sa guise après avoir connu des années de chaînes et de barreaux. Elle y tient, s’occupe comme elle peut en sachant qu’elle devra trouver une solution à son existence de princesse. Que tôt ou tard, elle finira sans le sou et qu’il est hors de question de retourner dans ses travers. Elle ne replongera pas dans les nuits défoncée par la drogue. Elle ne se vendra plus à la chaîne. Tout ça c’est fini. Maintenant, elle décide et c’est tout le luxe d’une vie qu’elle mène en se laissant du temps, en alimentant l’affection malsaine qu’elle nourrit pour Gali.
Jamais très loin, toujours trop prêt. Elle a appris à reconnaître les visages qui côtoie son italien adoré. Et en particulier un, celui la même qu’elle reconnaît alors qu’elle se trouve dans cette supérette dans le but de s’acheter de quoi grignoter. Il est midi passé et le voir éveille ce besoin viscéral de détester les gens. Et lui… Rien qu’en voyant sa tête, elle le hait si férocement. Si elle s’écoutait, elle irait au rayon cuisine pour y trouver le couteau le plus aiguisé dans le but de lui trancher les veines, le voir se vider de son sang. Et mourir sur le champ. L’idée éveille ses sens et son besoin de détruire et elle s’approche au point de découvrir les traits précis du garçon.
Cet homme ayant eu des gestes trop proches de Gali en début de soirée où elle a suivi l’italien de loin, et l’ayant vu avec ce gars. Leur proximité a éveillé la jalousie de la russe.  Lui a rappelé, avec précision, comment Gali s’est comporté, alimentant l’idée qu’elle ait été remplacée par celui-là.  
Et ça l’énerve, ça l’enrage alors qu’elle s’avance vers lui, la démarche semblable au serpent qui s’avance et puis, elle se plante à côté de lui, sort son plus beau sourire. « Salut toi… » Elle roucoule là colombe, fière de se sentir si forte et si libre. Le dévisage de la tête au pied dans un examen transpirant la condescendance. Ça dérange, sans doute, mais elle s’en moque. « Ainsi, c’est donc toi la pute de Gali… » Elle émet un rire discret, savamment maîtrisé puis ajoute « Je l’ai connu avec plus de goûts que ça. »

@Maddy Deveraux