icare — le coeur n'est jamais si bien en équilibre que sur un tranchant d'acier.

nom prénom(s). icare, c'est ainsi qu'il se fait appeler la plupart du temps, icare bellevie, parmi tous les sobriquets qu'on lui jette à la face et qu'il reçoit, qui lui font ses visages. certains affirment qu'il s'appelait louis, edward-louis mortiez, mais qu'on ne l'a jamais appelé par son nom, car il est orphelin. les plus clairvoyants sauront qu'icare n'a ni prénom ni nom, et qu'il n'est qu'un seul et grand mensonge, un mensonge pour le bien de chacun. âge, origine. quelque part entre vingt et trente ans. l'apparence d'icare dépend de ses humeurs, de ses parures et des beaux jours. néanmoins, sa carte d'identité indique un nombre comme vingt-huit, un supplice pour quiconque sera tombé dans le piège de sa feinte virginité, une désillusion de plus, un garçon qui n'en est plus un depuis longtemps mais qui refuse de l'admettre. d'où vient-il, cet enfant sans âge ? d'ailleurs, dira-t-il. il a autant de passés qu'on voudra bien entendre, mais la france revient le plus souvent dans ses histoires, la france, paris nocturne et ses lumières, la belle vie... occupations, métier. artiste magique, saint évocateur, ensorceleur des esprits démunis, icare ne vit que de ses rêves. la nuit, il peint, et le jour, il dessine. entre les deux, lorsque le temps lui ouvre les portes de l'infini, il fait toutes ces autres choses qu'il ne montrera pas. ses mains ne savent faire rien d'autre que ça : créer de belles choses inutiles, aussi inutiles que soi. depuis son arrivée à exeter, il travaille au sein de la troupe burlesque mariposa où il se rend misérablement utile, là où il voit passer mille visages et où on ne regarde pas le sien. le reste de la nuit, il danse et il chante sur de petites scènes pour oublier la vie. situation sociale et financière. icare a vécu une partie de sa vie dans la rue et finira probablement le reste avec les chats de gouttières. c'est une sangsue miraculeuse qui ne boit aucun sang mais qui donne le sien à quiconque voudra bien lui donner un peu de chaleur. le reste importe peu. il se réchauffe parmi les plumes et les paillettes des caves à spectacles, mendie de l'amour, offre son corps et son âme, et s'il trouve par miracle un acheteur pour sa sottise, il se réjouit de ce qui lui passera par le corps. lorsque les jours deviennent très noirs, il vole, puis il pleure. si quelques sous devaient tomber au fond de sa poigne, il les perd aussitôt pour s'acheter des tissus, des encres et des peintures, pour ramener, vite, au moins un peu, de son monde dans le vôtre. orientation sexuelle. aucune importance, quand icare aime. et il aime toutes les nuits. vocation d'un cœur limpide qui se donne comme il respire : sans réfléchir. cœur cabossé, corps défoncé, de l'or liquide dans ses veines infestées de puces.   groupe. loosing my religion. ces nuits éternelles à regarder le ciel de goudron, les étoiles disparues de la toile universelle, il les connaît. au souvenir de ses hontes moroses, il se tait. il pourrait simplement disparaître. personne ne le verra partir. personne ne l'attendrait. il n'est rien pour personne et à peine un grain pour lui-même. qu'est-il, au juste ? un ectoplasme. un phantasme pour ceux qui s'ennuient en trois jours. une nouvelle fois délaissé, une nouvelle fois oublié, une nouvelle fois perdu en lui-même, il n'est rien. il ferme les yeux sur ce monde et part, il part. il faudra bientôt repartir. ce monde n'a même pas un destin à vendre. il n'y a pas sa place.