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des bleus au coeur -- Cáel


all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des rp.
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MessageSujet: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptyMer 17 Fév - 9:35

Don’t get too close
It’s dark inside
It’s where my demons hide


L'image de sa sœur ne le quitte jamais lorsqu'il s'installe sur cette chaise avec la sensation que les regards tout autour de lui l'analysent en profondeur. Trevor ne supporte pas l'ambiance morbide que dégage les autres. Un cercle de tristesse, là pour invoquer les fantômes les plus tristes qui ne demandent qu'à quitter les vivants. Mais les voilà, tous, installés ici, réunis par leur seul désir de retenir ceux qu'il faudra pourtant bien un jour ou l'autre laisser partir.
Morton emprisonne Solal comme un gamin tiendrait autour de son poignet un ballon de baudruche. Il suffirait pourtant de donner un coup de ciseaux.
Mais lui le cherche, dans les photographies, les odeurs, le toucher …
Les sens sont d'une précision inouïe et leur mémoire est impérissable.
Quand Trevor croise ses bras contre son torse et que l'épais col roulé que portait autrefois son bien aimé l'enferme dans un cocon, c'est un peu comme s'il était encore dans le passé.
Un groupe de paroles, l'idée saugrenue de sa sœur à laquelle il ne croit pas. Un endroit où l'on vient pleurer, se réparer -mourir à petit feu pour sa part.
Morton les fixe, prendre la parole un à un. Il n'entend pas un mot de ce qu'ils disent mais ses yeux, eux, voient parfaitement où ils veulent en venir et l'état de leurs âmes. Médecin déjà, il sentait ce genre de choses et malgré tous les remparts qu'il a érigé pour se protéger des autres, Trevor ressent encore les âmes des autres. Lorsque Hannah parle de son père décédé, on peut voir qu'elle est en train de passer une étape. Dans trois séances tout au plus, elle ne remettra plus jamais un pied ici. Puis il y a aussi l'autre, le grand, le fort, si solide que même une balle parviendrait pas à rentrer dans son corps.
Quand Morton le regarde, le médecin envie son blindage. S'il ne parle jamais, au bord de ses paupières, sous ses yeux clairs, deux tranchées bleues pleurent ses pertes. La dernière fois, l'homme lui laissait sa place parce qu'il était trop saoul et en retard. Ce soir, l'inconnu a sa chaise, ne prendra pas la parole, comme Trevor. A la seule différence qu'il n'est pas ivre, seulement trop conscient de sa douleur. Quand on voit Cáel, qu'on plonge dans ses yeux, ça n'a rien à voir avec l'alcool. Il y a des vagues dans ses iris et ses pupilles mènent vers un enfer silencieux où le bonheur s'est fait la promesse de jamais y mettre un pied.
Parfois, au détour d'un échange, Morton se laisserait bien tomber dans ces trous noirs, juste pour voir ce qu'il y a de l'autre côté.
Et tant pis s'il n'y a rien.
Tant mieux s'il n'y a rien.

A la fin de la séance, si tout le monde pense qu'il s'est endormi sur sa chaise, ivre mort, Morton voit que l'on parle de lui dans un coin. Ça dure quelques secondes seulement et Cáel revient vers lui. Cassandre, le maître des lieux, le porteur de désespoir aux épaules aussi solides que de la roche explique à Trevor que ce soir, un autre le ramènera. Les bras toujours croisés, les paupières presque fermés, le brun redresse le menton. Ses yeux, un combat perdu, s'accrochent à ses traits, ils voient, ils fonctionnent mais rien ne s'échappent de ses pupilles. Les yeux de Morton sont morts en même temps que Solal. A cause de cela qu'ils ne sont plus capables de pleurer ou de briller. Eux aussi sont deux fantômes coincés dans le sanctuaire qu'est son corps. Ils n'en peuvent plus de croiser des visages qui ne leur apporteront jamais la moindre trace d'amour.
La vie est d'une tristesse quand on porte le deuil ; comme vivre dans le même monde mais être coincé dans une autre réalité où tout est morne. Morton voit ce qui l'entoure de l'autre côté d'un voile. Un filtre délicat qui semblerait ne pas faire de mal mais qui le tue petit à petit. S'il boit, c'est à cause des brèches qu'ouvrent parfois l'alcool. Et s'il recommence tous les jours, c'est aussi parce que ça ne marche pas tous les jours alors autant répéter le processus pour se donner plus de chances. Boire est un rituel pour son âme brisée. Sans cela, Morton resterait enfermé dans son enfer sans jamais reprendre son souffle.

-- Tu m'aides ?
Morton ne lui laisse pas le choix. Sa main se redresse dans le vide afin que Cáel puisse se saisir de la sienne, l'aider à se sortir de cette chaise un peu possessive. Ses chevilles sont fébriles et son corps vacille. Il dessine sur ses lèvres un sourire malheureux que seuls les autres malheureux peuvent comprendre. Un sourire pour l'effort, pour la dignité -ou du moins le peu qu'il en reste.
Un sourire qui fait croire qu'il y a encore de la vie là-dedans pour effrayer personne mais des yeux qui disent 'c'est terminé'.
Le monde s'arrête, à moins que ce ne soit juste lui qui ce soit arrêté un an plus tôt en attendant que Solal revienne tout en sachant que c'est impossible.
Et même s'il revenait ? Est-ce qu'ils s'aimeraient encore ? Est-ce qu'ils se reconnaîtraient ?
Morton se déteste, comment Solal pourrait seulement lui pardonner de ne pas avoir su continuer sans lui.
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MessageSujet: Re: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptyVen 19 Fév - 20:40


Ce soir encore, il a franchi la porte aux gongs usés de ce bâtiment à la façade décrépie, triste armure pour des murs qui ont absorbé tant de douleur. Il a adressé quelques regards aux habitués qu’il commence à reconnaitre, puis il s’est mué dans l’ombre des âmes qui viennent réfugier leur peine au creux de cœurs présents pour les écouter et déverser leurs propres maux.
Ce soir encore, il a proposé une clope à Cassandre, dont la colonne vertébrale semble capable d’encaisser le poids de montagnes ; une trêve implicite, un élan de courage avant que l’autre homme ne se fasse horizons et espoirs, conseils et compréhension, face à ceux que la perte a mené en ces lieux de partage, ce safe space dont il reste gardien. Avant que la réunion ne débute, enveloppés dans un silence sans vague, ils ont encrassé leurs poumons tout en restant à l’abri des parois de leurs crânes.
Ce soir encore, il ignore quelle force intérieure l’a conduit jusqu’ici, alors qu’il écoute ces êtres évoquer leur deuil et oser des mots sur leur souffrance, leur combat pour aller mieux ou ne pas sombrer, cette lutte pour vivre avec le deuil, avec ses difficultés et ses rechutes, ses petites victoires et ses cicatrices, ses souvenirs qui prennent à revers et ses rayons qui surprennent, ses sentiments qui nagent entre les ruines d’un relation qui n’est plus qu’une voie à sens unique.
Ce soir encore, il se contentera de choisir la chaise la plus éloignée du lot, et de prendre place parmi eux comme s’il appartenait à leur groupe, bras lâchement noués sur son ventre, regard attentif mais cordes vocales muettes. Intrus silencieux, note dissonante qui se tait. Lui n’a perdu personne. Ni âme-sœur, ni frère ou parent, ni enfant.  
Que vient-il cueillir entre les bras vides de leur détresse, les fracas des torrents qui leur ravagent l’âme ?
Il ne sait pas, et ne tente plus de répondre à cette question depuis un long moment.
Qu’importe, au fond. Cáel vient comme il repart, sans un bruit, vite oublié, jamais retenu. Il écoute, puis occulte, dans les murmures effrénés des mécanismes de sa survie, qu’il a ressenti ce qui ressemblait à une once de compassion pour cette femme qui pleure son fils ravi par la maladie, se remémore parfois pour elle comme pour ceux qui l’entourent et comprennent tant d’aspects de sa souffrance les moments les plus durs et éprouvants, comme ceux qu’elle souhaite ne jamais laisser partir, teintés de ce bonheur incandescent qui accompagne l’amour. Il efface les souvenirs de ces prunelles si bleues mais inertes, humides de larmes alcoolisées, qui lui susurrent insidieusement que lui n’a fait que choisir un poison différent, qu’en l’essence de leurs fuites respectives, ce n’est pas un gouffre qui les sépare, mais un trait à la craie que les orages de la vie pourraient gommer en un souffle colérique.

Ce soir encore, il tente de se faire mirage parmi les corps palpables, mais une voix refuse qu’il s’évapore, l’interpelle, tente une requête.
Les iris-déserts de Cáel voguent jusqu’au visage aux tourments si limpides de Morton, ses paupières alourdies par des réminiscences imbibées de liqueur ; il l’observe quelques instants, avant de revenir aux traits concernés de Cassandre, dont le sourire crispé par la culpabilité lui déclenche un soupir.
Il accepte.
Ce ne sera qu’un détour, et même s’il pense qu’une marche dans les bras glacés de l’hiver anglais serait bénéfique à Trevor pour effrayer son niveau d’alcoolémie, ce dernier réside certainement trop loin –dans son état, même parvenir jusqu’à la rue adjacente s’apparenterait à un miracle.
L’homme vit à peine. A vrai dire, seuls les mouvements de sa poitrine, et les errances de ses pupilles qui cherchent leurs pairs tout en sachant qu’elles ne retrouvent jamais celles qu’elles désirent et espèrent le plus, indiquent qu’un semblant de respiration l’anime encore. Il n’est qu’un champ de ruines.
Un tombeau en attente de sa propre reddition.
Cáel n’entrouvre pas un seule seconde les lèvres, peu habitué à converser avec les vivants, mais encore plus silencieux face aux pierres tombales.
Une part de lui, si pragmatique et familière avec l’horreur, reste tristement persuadée qu’un soir, Morton ne sera plus qu’un fantôme entre ces murs qui l’oublieront au fur et à mesure que les gens qui l’auront vu et écouté avanceront, ressentiront de moins en moins le besoin de venir, jusqu’à se dissoudre. Il ne viendra plus, parce que cette mort qu’il recherche inconsciemment, l’aura finalement accueilli et emmené dans son funeste mais doucereux sillage.
Les morts arrêtent-ils réellement de souffrir ?
Tout le monde l’espère mais au fond… qui peut en éprouver la certitude ?
Est-il seulement en quête d’une échappée, ou au contraire, d’une condamnation ?
« Tu te sens capable de te lever ? » demande-t-il simplement à l’autre homme, sans la moindre trace de jugement ou d’attente.
Leurs paumes aux températures si différentes s’embrassent brièvement ; il s’empare de la main tendue en sa direction sans tergiverser, y exerce une pression dosée pour pousser l’homme sur ses pieds sans le précipiter à la renverse. Le brun vacille, l’équilibre fragile, les jambes ivres et incertaines, et par réflexe, Cáel le rapproche sans s’enquérir de son avis, afin de pouvoir prévenir les faiblesses de sa démarche saoule, ses phalanges sûres et sécurisantes.
C’est étrange, de veiller sur quelqu’un, même rien que des miettes.
Ça faisait longtemps que ça ne lui était pas arrivé. (Il n’est pas certain d’apprécier la sensation qui s’éveille au fond de son estomac.)
Même le sourire que tente Trevor trébuche, mal assuré lui aussi, épris d’un mal de mer qui le rend courageux mais si malheureux.
« Je m’occupe de lui. »
Cáel tente de rassurer Cassandre dans un élan malhabile d’altruisme –ce dernier semble lui faire confiance. (Mais de quel autre choix dispose-t-il seulement ?)

Leurs deux silhouettes liées ressemblent à une chimère démembrée dans les ombres de la nuit, tandis qu’ils avancent lentement, au rythme des cahots de l’alcool, sur le parking qui s’est vidé. Le silence seulement perturbé par leurs tentatives parfois maladroites de s’accorder pour rester debout ne dérange pas le blond ; Trevor ne sera pas le premier ni le dernier homme ivre qu’il soutient, même s’il associe généralement ce genre de fin de soirées à des événements au minimum un peu festifs. Au dernier moment, l’Américain remarque qu’il s’est trompé de portière –ces Anglais, et leur volant à droite, jamais il ne s’y habituera-, alors il statue pour le placer à l’arrière comme on le ferait avec un enfant.
La porte grande ouverte, les jambes inutiles du médecin pendant à l’extérieur, il scrute quelque instants son teint de blafard, ses prunelles rendues floues par l’ivresse qui peu à peu semble refluer ou empirer, l’abandonnant sur le rivage de tout ce qu’il a cherché à noyer.
« Respire l’air frais un moment. »
Au point où Morton en est, cela ne peut pas lui faire plus de mal que ce qu’il s’inflige déjà. Cáel ôte une cigarette de son paquet presque vide, se cale contre la carrosserie cabossée de sa petite citadine européenne.
Deux échoués sur le bitume.

@Trevor Morton des bleus au coeur -- Cáel 4094401142
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MessageSujet: Re: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptySam 20 Fév - 18:11

Une vague tremble dans son ventre mais Trevor l'ignore. Il la garde là au fond de lui-même et la laissera exploser plus tard, quand il sera seul et que personne ne paiera le prix de son chagrin. Son âme est un océan, déclenche des rouleaux lorsqu'il se redresse en attrapant la main d'un inconnu. Humain bancal, ses jambes dansent mais le retiennent tant bien que mal à la surface. Morton se raccroche à une étoile mais lorsque ses yeux se tournent vers elle, celle-ci doit avoisiner les deux mètres de haut et pourrait l'écraser d'un simple mouvement.
Quand il fait ses premiers pas, semblable à un bébé à qui l'on apprend à marcher, son coeur-radeau manque de se faire engloutir par les tentacules de son ivresse.
Il sursaute, prend le temps de lancer un coup d'oeil à Cassandre.
S'il lui fait confiance alors il peut marcher tranquille sans se faire de bile.
De toute façon, il n'y a pas pire ennemie pour Trevor Morton que lui-même. Il est sa cible préférée et vise toujours au centre.

Le froid s'insinue sous ses vêtements et lui glace la peau. La nuit se prosterne devant eux tandis que la voiture se dessine sous leurs yeux. Il écoute la voix de l'homme sans y répondre mais ses oreilles sont attentives. Il capte chaque intonation, les enferme dans son corps et les laisse résonner en lui. Trevor se laisse guider, tranquille … il le dit pas mais il apprécie qu'un autre le soutienne. Il a pas l'habitude, qu'on lui tende une épaule et qu'on l'aide à marcher alors que son corps désire qu'une chose, celle de s'effondrer. C'est une question de gravité à ce stade, son chagrin pèse si lourd qu'il porte du plomb dans les jambes. Parfois, il essaie de sauter, de profiter de son absence pour reprendre son envol mais la mélancolie est une maline qui revient à lui dés qu'il tente un truc. Sa famille ne veut plus le voir pour cette raison, tous ont la sensation qu'il se le cherche ou qu'il fait pas assez d'effort mais comment tu veux te battre, toi, face à la gravité ? Et puis son système solaire en a pris un coup y a un an de ça. Sans soleil, son cœur est une terre glacée, sombrant dans l'infinité d'un univers noir. Son âme happée par une chute sans fin, c'est un recommencement. Quand il croit qu'il est sur le point d'atterrir, Trevor s'enfonce un peu plus dans le noir.
Ce n'est ni l'enfer ni le paradis, seulement l'absence. Un espace flou et éternel où même l'echo ne résonne pas.

Mais là … , il sent qu'il peut lâcher prise en s'enfonçant dans le siège arrière de la voiture. Le froid posé sur lui comme un plaid, la nuit anesthésie ses vices. Trevor n'a même pas besoin de boire puisqu'il est déjà saoul. Il avait prévu le coup car même s'il ne parle pas, entendre les autres le force à s'enfoncer dans sa propre peine et creuser pour déterrer quelques ossements.
-- J'imaginais ta voix plus grave. Il s'était fait de magnifiques films sur lui, ce qu'il cachait, sur sa façon de parler, de le regarder, d'imaginer le monde. Trevor s'était laissé bercer par son imagination pour ne pas s'effondrer sur place. Mais maintenant que le rêve s'évapore et que la réalité reprend le dessus, Morton cherche mollement une clope dans sa poche. Ses doigts glacés éprouvent de la difficulté à sortir une cigarette de là. Comment tu fais ? Pour paraître si solide et si sûr de lui. Comment on fait pour sembler vivant quand on porte le poids de la perte ? Car s'il est là, c'est qu'il en bave forcément lui aussi. Et s'il était un de ces soldats à l'armure si épaisse qu'aucune flèche ne saurait la transpercer ? Trevor voudrait pouvoir le frapper, si fort, le blesser, faire naître chez lui une faille évidente pour se sentir moins minable. Maintenant qu'il le regarde, qu'il se concentre sur lui, Morton sent au fond de son cœur une pointe de colère. C'est la seule chose qu'il trouve à chaque fois, l'unique bouclier : celui de mépriser les autres, surtout ceux qui ne réagissent pas aussi mal que lui. T'as l'air de t'être trompé de groupe. Si t'es là pour te foutre de nos gueules … Sa phrase se coupe alors qu'il cherche encore à la construire. Les mots traversent ses pensées mais meurent avant d'atteindre ses lèvres. Le médecin soupire, exaspéré de lui-même et se bat contre son briquet afin d'allumer sa clope.
Il ne souffre pas, c'est pire que ça. Trevor sent bien que quelque chose ne tourne plus rond chez lui mais ne sait pas mettre le doigt sur ce qui flanche. C'est un mal sans douleur, une plaie sans une goutte de sang, une égratignure sans croûte. Elle est là, quelque part, il la sent, la cherche, la jauge mais ne parvient à l'identifier et s'en débarrasser.
Quand il redresse un peu trop brusquement son regard sur l'homme, l'eau que renferme son âme laisse déborder quelques traces de désespoir dans ses yeux.
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MessageSujet: Re: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptyJeu 25 Fév - 14:32


Ses lèvres arides de mots capturent la cigarette, et entre ses doigts, le briquet rayé aux effigies de dame Liberté chante des notes qu’il connait par cœur. Une connerie de touriste qu’il avait achetée lorsqu’il avait emmené Rory et Joyss à New-York ; sous les prunelles tendres de la brune, la petite lui avait fait promettre que ce serait le dernier qu’il utiliserait.
Elle semble loin, cette époque où il essayait d’arrêter la nicotine pour elle, parce qu’il détestait l’idée qu’elle puisse sentir cette odeur d’agonie silencieuse à chaque fois qu’elle entourait ses petits bras d’enfant autour de son cou en lui dérobant quelques tendresses.
Les souvenirs de cette journée sur le ferry lui paraissent encore plus lointains. Il tente sans cesse de leur rattraper la main, mais elle glisse entre ses phalanges écorchées par les combats, pulvérisées par sa propre violence. Il essaye de se souvenir de leurs rires conjugués, notes insouciantes contre gravier fracassé par la vie, des mèches de la petite s’emmêlant à celles de Joyss sous le soleil caressant de l’été mourant, de leur coalition féminine pour le convaincre d’acheter des hot-dog New-York à cinq dollars qu’ils auraient payé trois fois moins cher à quai.
Mais tout s’efface. Qu’importe son acharnement à les réanimer, nuits après nuits, prisonnier des murs de cet appartement piégé de néants. Il gît-là, emprisonné par ses propres choix.
S’il avait ardemment persisté en prison, son départ pour Exeter a élimé les cordes de ses motivations, pour le précipiter à nouveau dans la danse langoureuse de l’addiction. Néanmoins, Cáel a respecté son serment. Après ce zippo, il n’en a plus touché d’autres, se contentant de recharger celui dont il ne voulait pas se défaire.
Pacte déformé, mais tenu selon les apparences.
Il aurait voulu qu’elle ne se contente pas des miettes ; rechute qu’il tait pour ne pas provoquer une déception supplémentaire à toutes celles qu’il lui a déjà infligées, douloureuses et sensibles –et par peur de se rendre compte, égoïstement, qu’elle s’en fiche, car elle n’attend plus rien de lui.

J’imaginais ta voix plus grave.
La remarque lui arrache un soupir amusé ; l’idée que Morton ait pu tisser quelques illusions autour de sa silhouette fantomatique lui parait étrange –à travers la surface opaque de l’ivresse, parvient-il encore à entrapercevoir qui que ce soit, ou bien est-ce une distraction que son imagination, prise de dérives et ballotée par les rouleaux écumeux de sa peine, s’autorise pour lui faire oublier momentanément les vides qui lui trouent la poitrine, fosses qu’il inonde de liqueur, sans jamais parvenir à leur arracher un sentiment de satiété ?
Pensait-il sa voix se cognant au même accent que le sien ? Plus ombragée ; moins brute ?
Qu’est-ce qu’il ressent à cette constatation –surprise, déception, curiosité, néant ?
Rien de plus que les divagations d’une âme perdue…
Cáel protège la cime de sa clope, et l’embrase, étirant une respiration de bien-être dès la première bouffée, avant de délaisser du regard le parking aux allures de désert de bitume, pour aller frapper les traits mutilés de l’autre homme, dont les mains partent sans conviction en quête d’un trésor ou d’un nouvel abandon dans ses poches.
« Comment je fais quoi ? » le relance-t-il d’une voix égale, haussant un sourcil perplexe.
(Tu as déjà conversé avec un mur, Trevor ? S’il s’agit de ta première fois, bon courage.)
Sous le ciel prudent mais apathique de son regard, les émotions s’emmêlent sur l’expression de l’autre homme, se débattent et s’entre-déchirent, guerre muette qui n’incarne qu’un reflet éthéré des batailles qui lui écartèlent certainement les côtes. Ivres et trempées de liqueur, elles aussi, mais pourtant incisives lorsqu’elles se font tempêtes, colère, mépris sur les mots qu’il dégueule comme s’ils lui pesaient trop lourd sur l’estomac ou faisaient tanguer trop dangereusement son âme.
Jugement qui meurt si vite, comme si le brun perdait le fil de ses ressentis et ses pensées  vaporeuses, ou voyait brutalement se dissiper les raisons de ce ressentiment sous ses pieds. (Comprendra-t-il qu’en en voulant au monde entier, c’est avant tout lui-même qu’il tient coupable et condamne ?)
Il manque sa cible, rate Cáel de peu.
Sa peau frémit à peine ; ses prunelles continuent de dévisager avec un calme désarmant cette rage qui coule, impuissante et vaine, dévale les tranchées invisibles que le deuil a tailladé dans le bleu terne des iris du médecin.
« Tu as fini ? » s’enquiert simplement le blond, comme s’il lui soufflait : tu veux ajouter d’autres conneries au ramassis de ce que tu juges toi-même comme des inepties ?.
Se redressant pour remplir l’espace béant de la portière ouverte, l’Américain torture une nouvelle fois son briquet pour allumer la cigarette de Trevor et mettre fin à la danse maladroite de ses mains, récupérant la sienne au gouffre de ses lippes pour vider ses poumons encrassés.
« Tu pourrais t’être trompé de groupe. » rétorque-t-il, pragmatique.
Il encaisse le poids des prunelles débordant des vapeurs capiteuses de l’alcool et des lames humides de la peine qui se logent dans les siennes.
Ils savent tous deux que Trevor aurait certainement une place toute désignée aux Alcooliques Anonymes.
« Mais c'est une pensée qui ne m’a même pas traversé l’esprit. »
Qui serait-il pour émettre le moindre jugement à l’encontre de qui que ce soit ?
Peu importe les raisons conscientes et inconscientes qui les attirent chaque semaine entre ces murs témoins de tant de tragédies. S’ils s’y trouvent, et y reviennent, Cáel préfère croire que, d’une façon ou d’une autre, chacun y cueille quelque chose.
« Allez, un effort d’imagination avant de prendre la route. Tu m’aurais vu où, hm ? »
Ses iris s’aiguisent, ne laissent plus le choix à Morton, devenues fauves attentifs, prédateurs à l’affût.
Au fond, peut-être que la réponse ne le laisse pas aussi indifférent que sa voix basse et désinvolte s’applique à le dire.
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MessageSujet: Re: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptyMer 3 Mar - 13:38

Si seulement tu te voyais Morton …
Servan avait raison. Tu n'es rien. Tu ne seras plus jamais rien. Et même si tu l'as un jour été, tout ce que tu es devenu a enseveli ce qui était.
Tu le savais pourtant, avant de plonger dans ces litres d'alcool … tu le savais que les erreurs causeraient toujours plus de traces que les réussites.
Quand viendra ton tour d'entrer au paradis, tout le monde se souviendra du mal que tu as causé car la souffrance laisse bien plus de séquelles que le bonheur.
Tu le sais, non ?
Et ce type là aussi le sait.
Tous les deux, vous le savez. C'est pour ça que vous en êtes là maintenant.


Même le froid ne l'atteint plus car l'hiver n'est pas dehors mais sous sa peau. A chaque fois que Morton bouge un peu trop, c'est comme si de minuscules flocons tombaient sur son âme mise à mal par le deuil.
Il est saoul. Mais le problème n'est pas là. Le problème est bien plus profond et c'est aussi pour cela que sa sœur avait refusé de l'inscrire aux alcooliques anonymes. Le fautif est ailleurs, se cache dans le grand corps vide de Trevor afin de casser le peu de choses qu'il en reste : à commencer par son cœur, tout en continuant par son foie mais aussi ses poumons de ses cigarettes qu'il a roulé quelques heures plus tôt, sans filtre.
L'ombre immense devant lui répond à ses questions par d'autres et Trevor se laisse mener en bateau. C'est une croisière tranquille. La voix de l'homme est semblable aux vagues qui le soulèvent tranquillement vers l'horizon.
L'horizon, une nuit glacée portant tout le malheur du monde au creux de ses tripes. Une nuit pleine de responsabilités, qui, une fois le soleil redevenu roi dans le ciel, devra garder jusqu'à la nuit prochaine tout ce que les âmes malheureuses ont laissé derrière elles afin d'affronter la journée.
Cela fait bien longtemps maintenant que Trevor a un casier pour ses tracas. La lune seule en connaît le code et les garde secrètement. Quand elle monte au milieu des nuages et ouvre la porte, Morton les sent, accourir dans la brume, le chercher, l'appeler, verser de chaudes larmes pour qu'il les nourrisse à la main.
Et le brun le fait, à chaque fois, il ne rate pas un rendez-vous.

Il sent bien qu'il agace l'autre homme mais Morton s'en fiche. Les états d'âme des autres, bien longtemps qu'il n'en fait plus sa priorité alors le voilà qui continue dans son magnétisme écœurant d'ivrogne. Une fois sa clope allumée, il la garde entre ses longs doigts. Son regard bleuté s'écorche contre celui de l'inconnu.
Ce n'est pas parce que c'est son regard, tous les regards font mal.
-- T'es pas du coin toi … Dieu sait d'où il vient, combien de mers il a traversé, d'avions il a pris pour terminer ici, en plein cœur d'un Exeter qui s'autodigère.
TSPT, nos voisins. Je te vois bien, soldat. T'as cette allure des types qui se sont battus pour leur pays et qui en sont pas revenus en un seul morceau. Dans ma tête d'ivrogne, je t'imagine avoir perdu un frère d'armes et être revenu chez toi, sans ta femme et avec une gosse qui avait pris trois ans sans que tu comprennes rien. T'as vrillé, tu t'es barré et maintenant t'es là, à écouter ce drôle de type. Morton marque une pause, malgré l'ivresse, un instant de lucidité le force à devenir plus intense et désarmant.

-- Une chose est sûre. Ses doigts maintenant délicatement sa cigarette le pointent. Comme nous tous ici, ton corps est là mais tu flottes ailleurs. C'est un peu comme être mort finalement mais en pire parce qu'on a encore conscience de toutes nos erreurs. Il sait maintenant, qu'il ne se fout pas de sa tronche, que lui aussi a perdu. Qu'importe son histoires, son parcours, ce type, aussi grand et solide soit-il n'est plus si complet. Tu veux savoir ? La douleur passera jamais, elle fera que s'intensifier. Hier encore. Trevor se redresse mollement, son corps vacille un peu. Plus petit que l'inconnu, ses yeux se redressent vers lui. Hier encore, quand il a fait ces quelques flocons de neige, tout ce que je regrettais, c'est qu'il ne soit plus là pour vivre ce moment. Ce n'était rien, qu'un détail, mais ce sont dans ces moments là que Solal lui manque le plus. Son souffle se coupe avant de recracher sa fumée. Allez, soldat Ryan, on ferait mieux de rentrer. Trevor le contourne d'un pas lent afin de rejoindre le siège avant.
Tout ce qu'il vient de dire, Cassandre espère l'entendre depuis des semaines.

@Cáel Sweeney des bleus au coeur -- Cáel 2453064100 des bleus au coeur -- Cáel 2453064100
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MessageSujet: Re: des bleus au coeur -- Cáel des bleus au coeur -- Cáel EmptyDim 7 Mar - 12:38


Il faut traiter le mal à la racine. La raison pour laquelle Trevor ne traine pas (encore ?) sa peine jusque sur les bancs qui accueillent des êtres occupés à se noyer au fond d’une bouteille.
Son alcoolisme n’incarne que la traduction malhabile de la lutte à laquelle son corps se soumet pour tenter d’encaisser le choc de la perte, et toutes les significations que cette dernière peut prendre –l’absence, le vide, la souffrance, les regrets... Sûrement le comprend-il, au cœur de ces moments de lucidité que son organisme doit réclamer pour ne pas se retourner contre lui et l’abandonner.
Sinon, pourquoi viendrait-il écouter d’autres que lui essayer d’exorciser leur deuil, de lui donner une silhouette pétrie d’émotions fébriles, sculptée à la lame des mots, non pour l’abattre mais pour l’embrasser, et accepter enfin qu’il soit une part d’eux avec laquelle ils devront peu à peu  apprendre à vivre ? A défaut de s’évader apaisé d’entre ces murs éclaboussés de douleur, peut-être y cueille-t-il autre chose –quelque chose qui le pousse à revenir, malgré les silences imbibés d’ivresse qui lui empoisonnent les lèvres, malgré les instants où les gestes des autres l’écorchent et que la colère reprend le dessus. Ou bien est-ce juste l’habitude qui le ramène en ces lieux ?
N’est-ce pas déjà suffisant ?
Ses iris voguent entre les traits bousculés de Morton et la cigarette aux lèvres desquelles il s’abreuve de poison à intervalles irréguliers, prunelles qui lui cèdent à peine la vérité lorsque ce dernier évoque ses racines certainement lointaines. Etrangères à Exeter.
« C’est vrai. » acquiesce-t-il, le timbre égal.
Que peut-il ajouter de plus ? Le brun l’aura oublié, la prochaine fois qu’il s’assiéra sur cette chaise mal équilibrée au milieu de tous ces êtres qui souffrent. Cáel ne s’en soucie pas vraiment, mais s’il a peu d’appétit pour les discussions en général, il en éprouve encore moins pour des détails qui finiront au fond de l’océan d’une mémoire ravagée par l’ivresse, si profondément enterrés dans le sable des souvenirs que ces bouts de charbon sans valeur resteront introuvables.
Pas du coin.
Son accent qui dévore les mots plus qu’il ne les prononce le trahit sans la moindre réserve.

Avec le soldat que Trevor s’essaye à décrire, indulgent avec son imagination et la curiosité famélique qu’ose exprimer l’Américain, Cáel ne partage en réalité que l’amour indélébile d’une patrie à laquelle il a dédié ce qu’il considère comme les plus précieuses années de sa vie, pour laquelle il aurait voulu se battre jusqu’à ce que la faucheuse en décide autrement : une nation qui porte le nom de Rory.
Son enfant qui a grandi sans lui.
Trois ans entre les barreaux, condamné, animal piégé par une vengeance qu’il a préférée plutôt que  demeurer présent pour sa fille ; quatre années de plus à vivre en ces terres d’exil, libre et pourtant plus que jamais enchainé à ses erreurs et à son échec.
Il a pris perpétuité dès l’instant où le véhicule conduit par ses frères Irlandais a percuté le fourgon censé assurer son transfert dans une prison moins sécurisée.
La liberté.
Quelle belle connerie.
Il continue d’observer son interlocuteur, imperturbable.
(Son cœur montre quelques signes de défaillance, si promptement tus par ses côtes devenues prison.)
« C’est pas si mal, comme rédemption. » lui concède-t-il à la fin de son récit dopé d’illusions.
Sa clope lui offre un dernier souffle, et Cáel s’apprête à relâcher la portière pour gagner le siège conducteur, lorsque les doigts de Morton s’agitent maladroitement dans l’air, et que les océans ombragés de ses prunelles cessent de tanguer pour inonder les terres stériles qu’abritent les siennes.
Brutalement limpides, ces mers pourraient en devenir presque terrifiantes ; elles l’agrippent, le retiennent, lui enracinent quelques instants de trop les pieds contre le sol. Juste-là, à la frontière entre leurs deux silhouettes penchées dans le vide, prêtes à se jeter dans les bras brutaux de la gravité.
Un Trevor lucide déterre bien trop de vérités pour ne pas attenter à l’équilibre fragile qui les maintient maladroitement debout –sa vision emmêle peut-être les couleurs, mais son cœur voit clair en cet instant.
Si clair en Cáel que ce dernier se sent presque acculé.
Bien sûr que la souffrance ne partira pas, trop à son aise dans les recoins d’une âme qui a si intensément œuvré (et continue en ce sens) pour les faire suffisamment confortables, afin de ne pas jamais lui donner l’envie de déserter. Elle ne cessera jamais de colorer les instants même les plus infimes et banals de ses tristesses ternes pour leur ôter toute saveur, les recouvrir de la cendre des regrets.

Il croit bien qu’il s’agit de la première fois qu’il entend l’autre homme évoquer son amant de manière volontaire.
Morton se redresse, la démarche rendue lourde et malhabile par l’overdose d’alcool dont l’accuse ses veines – ou bien est-ce les maillons si étroitement noués de sa peine ? L’Américain esquisse un pas sur le côté pour lui laisser la place de faire quelques pas, les réflexes à l’affut d’une chute mais les iris encore brodés des mots du brun.
« La douleur n’oublie pas. »
Les intonations s’émeuvent à peine dans l’air, posées, profondes, mortellement calmes, lorsqu’elles percutent le dos de l’autre homme.
« Parfois, il peut y avoir un semblant de réconfort là-dedans. »
Son palpitant gronde, et pour le faire taire, Cáel claque la portière, préfère ne pas s’attarder en grimpant derrière le volant. Bientôt, le moteur s’ébroue et ronronne, alors que l’homme ivre s’installe à ses côtés, et le blond s’assure d’un coup d’œil rapide qu’il ait pris la peine de s’attacher (le ramener vivant est une condition implicite à la demande de Cassandre) avant d’enclencher la marche arrière et de leur faire quitter le parking.
Plutôt qu’actionner le chauffage à fond, il le coupe et ouvre les fenêtres afin de faire pénétrer l’atmosphère silencieuse de la nuit dans l’habitacle.
Cela ne fera pas de mal à son passager.
« Heavitree, hm ? »
Rien qu’une confirmation à vrai dire –Cassandre a cru bon de lui préciser l’adresse de Morton un peu plus tôt, et après avoir conduit de nombreuses fois Velcoro ou d’autres de son espèce au sein d’Exeter, Cáel commence à connaitre les entrailles de la ville. Il l’apprend comme il a appris Chicago avant elle.
Le silence n’éparpille plus la même saveur sur ses papilles arides, ainsi entaché par les derniers mots de Trevor pour son astre éteint.
« T’endors pas, Morton. »
L’avertissement polit les duretés de son timbre de quelques douceurs lasses qui le surprennent, mais qu’il laisse courir sans les questionner. Le regard rivé sur le dédale de bitume murmurant des chants insondable sous ses roues, l’homme de main songe aux hivers qu’il a partagés avec Rory. Joyss. Sloan.
Tous ceux qu’il ne verra plus.
Sa main se crispe légèrement sur le pommeau de vitesse, et il se concentre plus intensément sur la route moins fréquentée à cette heure.
Il n’y a pas assez de place sur la banquette arrière pour tous leurs fantômes.

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