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| Sujet: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Mar 16 Fév - 20:20 | |
| Installée à l'arrière d'un taxi, Moira observe le paysage qui se déroule sous ses yeux et qui la mène en plein coeur de la petite ville d'Exeter. Dublin lui semble déjà si loin derrière elle alors qu'elle ne sait pas ce qui l'attend ici. Cináed n'a jamais voulu d'elle, comment peut-elle espérer qu'il soit désormais d'accord à l'idée de partager sa vie avec une gamine qu'il ne connaît même pas ? L'anxiété la gagne et son coeur se serre à l'idée de retrouver enfin ce père dont sa mère lui a tant parlé. En bien et en mal. En bien lorsqu'elle lui racontait des histoires, lorsqu'elle lui parlait de cette relation si merveilleuse et parfaite à ses yeux. En mal lorsqu'elle répétait que Moira lui ressemblait, qu'elle était aussi obstinée et insolente que lui. Si la blonde n'est pas certaine de comprendre comment elle peut ressembler à un homme qu'elle n'a jamais côtoyé, elle sait pourtant qu'elle ressemble aussi beaucoup à sa mère sur certains points. Moira est un mélange doux et explosif de ses deux parents, même si elle n'a encore jamais pu le constater d'elle-même. L'opinion de son grand-père à propos des O'Reilly n'a visiblement pas suffit à la retenir et Moira est définitivement trop orgueilleuse pour reculer maintenant alors qu'elle se trouve si près du but.
Elle demeure immobile quelques secondes avant de comprendre que la voiture s'est arrêtée devant un édifice comportant visiblement plusieurs appartements. Elle sort quelques billets de banque qu'elle tend au chauffeur et ce dernier l'aide à sortir la lourde valise du coffre alors qu'elle glisse son sac à dos sur une épaule. Elle plisse légèrement le nez, soupire et s'avance finalement jusqu'à l'entrée du bâtiment, verrouillé. Elle s'apprête à appuyer sur la sonnette du numéro 50 lorsqu'un garçon s'approche et entre sans même lui jeter un seul regard. Rapidement, le pied de la blonde se positionne afin de bloquer la fermeture de la porte et la jeune femme s'infiltre à l'intérieur, heureuse de constater qu'un ascenseur l'attend.
Se retrouver devant l'appartement tant convoité fait naître en elle une vague d'anxiété et de nervosité qui la submerge et Moira prend finalement une longue respiration avant de trouver le courage nécessaire pour frapper à la porte. Moira n'a peur de rien.
Surtout pas d'un père absent, n'est-ce pas ?
Elle demeure complètement immobile et silencieuse dans le couloir alors qu'elle tente de percevoir un bruit dans l'appartement. Pourrait-il avoir déménagé ? Et s'il est présentement absent ? Moira ne réfléchit jamais à ses choses-là, se dit toujours qu'elle verra plus tard, lorsque le moment sera venu de se poser des questions, mais des tonnes d'interrogations naissent dans sa tête malgré les pas qui résonnent de l'autre côté.
Lorsque la porte s'ouvre sur la silhouette de celui qu'elle reconnaît comme étant Cináed, Moira relève le menton et tire sa valise à l'intérieur. « Je viens vivre avec toi. Maman est au courant. Elle veut pas, mais je m'en fous. C'pas comme si elle peut m'enchaîner, j'ai plus quatre ans. » Elle termine brusquement sa tirade sans même le regarder, occupée à stabiliser sa valise alors qu'elle abandonne finalement son sac à dos à ses pieds, soulagée de libérer enfin ses épaules. |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Mer 17 Fév - 11:02 | |
| Il suffit d’une seconde pour que tout change. Un laps de temps infime pour qu’une vie soit chamboulée, sans retour en arrière, sans possibilité de modifier quoi que ce soit si ce n’est que de subir. Ou d’agir. Dans le cas de Cinaed, c’est surtout la deuxième option qui s’impose dans n’importe quelle façon. Sa vie s’est toujours résumée à une prise de décision ayant eu des conséquences fâcheuses. Autant pour lui que pour bon nombre de personnes l’ayant entouré ou étant encore présent. Il n’a jamais été du genre à se remettre en question ni à faire de mea culpa. Foncer dans le tas est, aujourd’hui encore, son mantra, facette de lui-même qu’il n’est pas prêt de changer. Assumant ce qui l’arrange et reniant ce qui le dérange. Il est ainsi, de feu et de glace, les émotions qui explosent par l’impulsivité de ses actes et pourtant, terriblement prisonnier de cette cage dorée dans laquelle il se trouve, qu’il croit être libre sans réaliser combien l’Irish Mob le tient et l’oblige. Il pourrait être si loin, dans un autre pays même. Et pourtant, il a obéi lui qui d’ordinaire agi en chef. Il a été un chien remuant la queue ne mesurant pas encore la gravité de ses actes et combien tout ce qui l’entouré est si fragile que la moindre brise et tout sera balayé. La moindre seconde de trop et il entend ces quelques coups frappés à la porte. Il n’est pourtant venu dans cet appartement que pour prendre une douche, se changer et retourner au bordel. Car pour le coup, l’endroit porte bien son nom. L’antre du Diable est en chantier. Moralement. Les murs fissurés et donnant l’impression que rien a été soigné, qu’il est loin le temps où il pouvait fanfaronner à l’Irishman devant ses accolytes, devant son bras droit ou devant son grincheux de Sloan. Il a fort à faire et n’est que l’ignorant d’un destin qui s’impose à lui. A quelques secondes près, il était encore sous la douche, à ne pas entendre ce bruit discret d’une présence qui vient à lui quand il n’est pas d’humeur, qu’il n’a pas envie. Qu’il a encore les yeux irrémédiablement secs d’avoir quitté New York trop précipitamment. Pourtant, il est sorti de sa douche, il est déjà habillé, occupé à se brosser les dents quand il entend les coups discrets. Au départ, il pense à Manus (un peu moins à l’idée que ce soit Raven) et se décide à aller ouvrir, non sans se rappeler qu’il n’a pas son arme. Il la récupère la cale à l’arrière de son pantalon qu’il camoufle du revers de son t-shirt et puis il ouvre la porte, quasi certain d’y découvrir son cousin. Sauf que c’est un éclat de soleil qui entre, s’accompagnant d’un pépiement d’oiseau et d’une voix qu’il ne connait pas, à l’accent qui chante le rappel aux paysages d’Irlande et à l’incompréhension de l’homme face à cette humaine qui parle. A-t-il réellement entendu qu’elle venait vivre avec lui ? Et qui… Quoi ?? Cinaed est stupéfait, pivote pour l’observer pendant qu’elle se défait de son sac à dos et de sa valise, fronce les sourcils devant un visage inconnu. Les traits lui rappellent vaguement quelqu’un mais il ne saisit pas. Il ne comprend pas. Il n’a pourtant pas encore snifflé quoi que ce soit, ni entamer la fumette quotidienne. « Euh… » Quelques secondes de trop qui lui permettent d’avoir le recul nécessaire pour se défaire de la surprise et de réagir. Et aussitôt, le regard océan devient une tempête terrible, des éclats d’orages que Cinaed ne sait pas contenir parce qu’il n’a jamais fait dans la dentelle. « Je sais pas qui tu es. Ni ce que tu me veux. Mais je vais être clair et concis. » Et peut-être blessant mais il s’en moque. « Tu prends tes affaires et tu dégages de chez moi. Je te laisse deux secondes, top chrono. » Il s’approche déjà d’elle, se penche pour ramasser le sac à dos de cette jeune imprudente. « Un … Deux…. Tututu, temps écoulé. » Et il lui fout son sac à dos contre elle, l’oblige à le prendre pendant qu’il la dévisage d’un regard glacial. « Voilà tu peux partir, au revoir. »
@Moira Fitzgerald |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Mer 17 Fév - 20:21 | |
| L'homme semble d'abord un peu surpris par l'aplomb dont elle fait preuve alors qu'elle pénètre au sein de son chez-lui comme si elle y avait déjà mis les pieds cent fois, comme si l'endroit lui appartenait. Quelques secondes s'échappent, s'étiolent entre eux, alors que le temps semble soudain suspendu. Lorsque les mots masculins fusent et qu'il se rapproche, la blonde fronce un sourcil, irritée. Va-t-il réellement faire semblant de ne pas la connaître alors qu'elle a parcouru tout ce chemin pour le rencontrer enfin, malgré tout ce que son grand-père a bien pu lui dire à son sujet ? Moira, elle s'en fout de ce qu'on lui dit, a trop d'orgueil pour reculer lorsqu'une idée est ancrée dans son esprit.
Elle ne bouge pas d'un poil lorsqu'il compte les secondes qui s'écoulent, soupire et lève les yeux au ciel lorsqu'il s'énerve. Il la désire hors de chez lui, mais Moira n'est pas encore prête à rebrousser chemin. Pas après toutes ces années à le haïr d'être parti et de l'avoir abandonnée.
« Tu peux dire ce que tu veux, je pars pas. » siffle-t-elle, rageuse, avant de poursuivre sur sa lancée. « Pour baiser ma mère, t'étais le premier, mais pour t'occuper de ta progéniture, alors là, y'a plus personne ! » Furieuse, elle plante ses iris dans le clair des siens, le sac à dos pressé contre sa poitrine tel un rempart qui se dresse entre eux pour la protéger alors qu'elle n'est même pas réellement effrayée. « T'as eu vingt ans de répit, t'as pris du retard et tu me dois bien ça. » lance-t-elle violemment avant d'abandonner une nouvelle fois son sac sur le sol à ses pieds, le menton toujours relevé dans sa direction. Elle le fusille presque du regard alors qu'elle se détourne finalement de la silhouette de son géniteur pour observer ce qui se trouve autour d'elle.
Elle s'avance finalement dans le salon, récupère entre le pouce et l'index une bouteille de bière vide qu'elle fait tourner entre ses doigts avant de lui jeter un bref coup d'oeil.
« T'en as d'autres ? J'ai faim, aussi. Dans l'avion, ils ont seulement donné des cacahuètes enrobées d'un truc bizarre qui aurait sûrement pu me casser une dent. »
La colère qu'elle devine sur les traits de Cináed ne l'atteint pas réellement puisqu'elle est persuadée qu'il ne lui fera jamais de mal, sans même le connaître. Quel mal peut-il lui faire de plus alors que son absence était déjà la pire des punitions ? Moira a appris à vivre sans lui et n'aurait probablement jamais cherché à le rencontrer si sa relation avec sa mère ne s'était pas autant détériorée au cours des derniers mois. |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Jeu 18 Fév - 14:35 | |
| Il n’a jamais été d’un naturel patient. Jamais été capable de faire preuve d’empathie, de sentiments à l’égard d’autrui en dehors de quelques élus. Y compris avec sa propre famille, l’irlandais n’a su être autre chose qu’un handicapé de l’amour, n’ayant jamais appris à aimer correctement autrement que par la rage et la volonté à avoir toujours plus venant de la mafia. De ce fait, quand il a fallu quitter Aisling et Naimh, son frère et sa demi-sœur, il s’est contenté de prononcer des mots simples. A elle, de lui dire d’être sage. A lui, de veiller sur la plus jeune. De prendre son sac à dos et de se barrer, quittant l’atmosphère étouffante de ces adieux qui déchirent le cœur. Il s’est forcé à ignorer la situation qui lui étreignait la gorge, de ne pas s’avouer vaincu, enhardi par la défaite. Il est parti d’un endroit qu’il a toujours considéré comme sa famille, anéantissant toute notion de sa famille, se contentant de ce qui l’entoure, à savoir Manus et son énergumène de Raven. Mais pour le reste… Pour cette fille qui fait irruption chez lui. Il refuse. Il nie, il pense surtout à une mauvaise blague mais pas une seule seconde à cette éventualité que tout ça puisse être vrai. Cependant, il n’est pas au bout de ses peines, la rejette tout autant qu’il fait face à la colère de cette gamine. Persistant et signant, s’entêtant à lui répondre sur un ton qui ne lui plaît guère. Et surtout… lui faisant croire, coute que coute, qu’il est bel et bien, son père, « Je ne suis pas ton père !!! » Lui rétorque-t-il d’une voix grondante, découvrant la désagréable sensation de ne pas être écouté. Déjà parce qu’elle continue en évoquant vingt années de-il-ne-sait-quoi, écoutant à moitié, enrageant plus qu’autre chose. Et d’autre part, parce qu’elle ne dégage pas, empiète un peu plus dans son domaine. La voir poser son sac à ses pieds le force à soupirer, le genre de soufflement bruyant qui laisse entendre qu’elle le fatigue, qu’en l’espace de trois secondes, elle est passée « d’étrangère » à « problème » et qu’il ne supporte pas de se retrouver pris au piège avec une gamine prête à déverser tout son venin parce qu’il n’a pas été là en tant que père. Pourtant, dans l’esprit du mafieux, la solution est toute trouvée : il ne peut être son père. Il n’est le père de personne, d’ailleurs et ne comprend pas comment elle a pu venir jusqu’à chez lui, toquer à sa porte et lui tenir de tels propos. Pire même, elle ose prendre une bouteille de bière vide, négligée dans cet appartement mettant en avant le sens du rangement que Cinaed ne possède pas. Ce n’est pas demain la veille qu’il s’adonnera à la méthode Marie Kondo. « Non mais allo ? T’es bouchée ou tu piges pas ce que j’dis ? » Les yeux lancent des éclairs à ceux qui le dévisagent de cette même colère. Et pourtant, il ne lui trouve aucune ressemblance, à supposer qu’il puisse émettre l’éventualité si folle et romanesque qu’il ait pu engendrer une probable progéniture. Non mais quelle blague ! « Non. » Clair. Net. Tranchant comme le fil du rasoir. « Tu vas dégager de chez moi. Je ne te donnerai pas à de quoi bouffer, ou boire. Il y a un McDo dehors. Ça suffira pour une gamine de ton genre. J’suis le père de personne, tu piges ?! » Il se penche alors pour prendre le sac à dos et cette fois-ci, ne peut le lui foutre ce dernier dans ses mains. Elle est trop éloignée de lui. Il se trouve toujours devant l’entrée avec la porte ouverte, béante comme l’invitation qu’il le taraude pour qu’elle vire de là. Pas armé, et dans une situation qui l’incorforte un peu plus à chaque minute qui s’écoule inexorablement. « T’as dû sûrement te tromper d’étages. Ton père doit se trouver à l’étage d’en dessous. Donc je t’invite à aller le voir. Tu verras, il tremblote un peu et sent la pisse mais au moins, vous serez heureux ensemble. » Et il tend la main vers la sortie et ajoute avec un sourire moqueur. « La sortie… C’est par là, chérie. »
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Jeu 18 Fév - 17:46 | |
| Elle n'écoute pas, Moira. Lorsqu'il lui dit qu'il n'est pas son père, elle n'écoute pas puisque pour elle, c'est évident. Elle l'a déjà vu, une fois. Elle l'a déjà vu et elle est persuadée qu'il lui ment, qu'il sait et qu'il ne veut pas d'elle. Pourtant, lorsqu'on apprend à la connaître, on finit par l'aimer et elle est convaincue que son géniteur n'échappera pas à la règle. Cináed gronde, mais ne fait pas un pas dans sa direction, visiblement encore un peu sous le choc alors que la tornade blonde s'engouffre au coeur de son logis sans empathie aucune pour celui qui n'a jamais eu la chance d'apprendre sa paternité. Elle fait tourner la bouteille de bière entre ses doigts, se retourne finalement vers lui lorsqu'il poursuit sur sa lancée. Dans l'éclat de ses prunelles, Moira devine la colère. La colère, l'impatience et l'irritation. Ce sont les derniers mots qui font naître en elle une vague d'exaspération et la gamine plante ses pieds au sol pour relever le menton vers lui.
« Cináed O'Reilly, c'est toi, non ? » débute-t-elle d'abord alors qu'elle relâche finalement la bouteille pour croiser les bras sur sa poitrine et le défier d'un regard électrique. « Je m'appelle Moira Fitzgerald. Sarah Fitzgerald, ça te parle ? C'est ma mère. » Elle fait quelques pas vers lui, sans jamais le quitter des yeux, boue d'une fureur qui lui est amplement destinée. « Mon grand-père, Callum, il te fait suivre depuis des années. Il sait que tu étais à New-York. Je t'ai vu, moi aussi, une fois. »
Moira se tait soudainement alors que les souvenirs sont un peu flous dans sa tête, mais qu'elle se rappelle très bien la silhouette de son père, même si elle ne l'a jamais véritablement approché. Cináed a vieilli, mais n'a pas vraiment changé depuis. Ses traits sont toujours aussi durs, ses iris toujours aussi sombres malgré l'azur qui pénètre l'âme, qui saisit. Moira a les yeux de sa mère, mais le caractère enflammé de son père, c'est ce qu'on lui a toujours dit.
Alors qu'elle n'était encore qu'une enfant, trop jeune pour réellement comprendre les forces qui se jouaient autour d'elle alors qu'elle se trouvait dans cette salle qui puait la mort, elle se souvient malgré tout des mots de sa mère, glissés à son oreille. C'est lui. Si la blonde s'était avancée d'un bon pas afin de le rejoindre, on lui avait rapidement agrippé le bras pour l'obliger à quitter la pièce. Callum Fitzgerald la préférait loin de ce père qui ne saurait jamais assumer une enfant, soucieux des répercussions et des conséquences de cet aveu sur ses affaires.
Moira secoue légèrement la tête afin de chasser ces pensées de sa tête, plonge à nouveau ses prunelles dans les siennes, provocatrice.
« Vas-y, fais un test si tu me crois pas ! » explose-t-elle finalement alors qu'elle lui arrache son sac des mains, mais qu'elle refuse de bouger davantage. « T'habites dans un quartier de merde, c'pas vrai que je vais errer dehors ! » crache-t-elle alors qu'elle serre contre elle son sac à dos et qu'elle fronce les sourcils en plissant le nez.
Et puis, elle comprend.
Elle comprend qu'il n'a probablement jamais su qu'elle existait, que sa mère lui a sûrement caché sa grossesse et les mots glissent hors de sa bouche en un chuchotement. C'est plus facile d'en vouloir à un homme qui l'a abandonnée plutôt qu'à un homme qui ne l'a même jamais prise dans ses bras, mais elle lui en veut quand même d'être parti et d'avoir brisé le coeur de sa mère. « Elle t'a jamais dit qu'elle était enceinte. » souffle-t-elle lentement alors qu'elle jauge la réaction de l'homme afin de deviner la véracité de ses propos. |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Dim 21 Fév - 7:07 | |
| Il refuse, se débat face à la mine butée, l’affront dont elle fait preuve, à insister bien trop lourdement. S’il s’écoutait, il ferait preuve d’une fermeté absolue en donnant un goût d’éternité à cet échange. S’il n’avait pas été à Exeter, s’il n’avait pas été autant ébranlé d’être obligé de dégager du territoire américain, il aurait agi froidement. Ça aurait été si simple. Mieux même, que de dégainer son arme, de la pointer sur une fille, une enfant presque, et de lui ôter la vie. Ça aurait été simple d’appeler ses hommes de main pour qu’il débarrasse le cadavre, essuient la moindre goutte écarlate coagulée parce qu’il aurait trop attendu avant de prévenir. Certainement, que tous les liquides auraient déjà quitté le corps d’un cadavre en putréfaction, reflet de cette absence d’âme dont il a fait preuve jusqu’à aujourd’hui. Avec ses mots, la gamine attise ses faiblesses, nourrit le feu du désespoir qui gronde, reflétant tout ce qui est à bâtir à nouveau. Sans être certain qu’il y parviendra, là étant toute la difficulté de la chose. Il a beau se débattre, il galère. Elle ne part pas, lui offre des détails nouveau. Un prénom. Un nom de famille et la sensation de plonger dans l’eau glacée. Moira. Et son air buté. Et sa mère. Et son grand père. Et… Oh putain de bordel de merde. Il fronce les sourcils un peu plus, guère alerté d’être suivi mais plutôt de savoir que son erreur ait pu porté des fruits. Il n’a jamais oublié la folie amoureuse de Sarah. Ses mots enflammés qui l’auront fait fuir. Elle était si prête à le suivre et détruire son clan. Elle aurait tout donné pour lui mais Cináed n’a jamais su lui donner plus que des instants de plaisir. La prendre pour un préservatif géant et humain, une onde de sensualité et d’extase qui le traversait à chaque fois qu’il a pris possession de son être, de l’âme dévouée de la fille Fitzgerald. À se jouer d’elle et à rire de son amour désabusé. Et puis la plaisanterie a cessé, il est reparti à New York ne lui laissant que de la fumée en guise de souvenirs, des volutes s’envolant dès que la main tremblante s’approchait. Il n’a pas donné de nouvelles, bloquant toute possibilité de le contacter. Et tout s’est tu dans le silence. « Je serais traître à mon sang que d’avoir un gosse avec cette imbécile. Ton grand père n’aurait pas toléré une telle chose. Arrête de croire ta mère, petite effrontée. » Il ne peut y avoir eu d’enfants entre eux. Ce n’est pas possible. Et pourtant, la gamine explose, lui impose même un test faisant réaliser qu’il n’a même pas d’armes sur lui pour lui faire cesser sa crise d’enfantillage. Il a laissé son arme dans sa chambre, première fois dans sa vie qu’il baisse autant la garde. Il se contente de la fusiller du regard, pendant qu’elle s’inquiète de dormir dehors pendant qu’il lui adresse un sourire ironique. « Oh pauvre poussin… Il y a des hôtels, démerde toi. Si t’es vraiment une Fitzgerald alors l’argent ne devrait pas être un problème. » Et il pointe du doigt la sortie.Son absence d’empathie et de compréhension déclenchent une autre réaction chez la gamine, se calmant légèrement mais ne lui donnant pas satisfaction, elle se contente simplement de percuter qu’il n’est pas au courant, ce qui l’oblige à pousser un soupir ennuyé. Décidément, elle est tenace celle là. « Je ne suis au courant de rien du tout et ça ne me concerne pas… Les O’Reilly et les Fitzgerald se vouent une haine depuis très longtemps. Tu n’étais même pas née alors revois tes classiques. Il peut pas y avoir d’enfant O’Reilly/Fitzegerald, ok !?. » Bien entendu, pour ne pas laisser d’espoir ou l’abîmer trop, il tait son aventure avec Sarah, se rappelle qu’elle lui disait prendre là pilule. Il se souvient aussi que la passion était bien trop forte pour ne pas prendre le temps de se protéger plus, Sarah a toujours eu cette audace de prendre possession de lui, de couper court à des protestations… Pourtant, plus les souvenirs lui reviennent, plus il sent sa colonne vertébrale se tendre, réalisant que tout peut être possible. Et si sa conscience lui hurle de ne pas rejeter la gamine. Du moins tant que rien n’est prouvé et acté, son cœur lui pense tout le contraire. Rejette en bloc et trouve la force de répondre d’un ton las cette fois ci. « Je ne suis as ton père, Moira. Je n’ai rien d’un père et je ne le serai jamais. Maintenant rentre chez toi, t’as rien a foutre dans cette ville. »
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Lun 22 Fév - 3:57 | |
| « N'insulte pas ma mère ! » Moira peut le faire puisqu'elle a passé vingt ans en sa compagnie, mais Cináed a perdu ce droit lorsqu'il s'est barré. « Qu'est-ce que tu voulais qu'il fasse, qu'il force ma mère à avorter ? Il a essayé, mais je suis là quand même. » lance-t-elle avec aplomb alors que la discussion ne se déroule pas du tout comme elle l'avait prévu et qu'elle se sent soudain épuisée. Épuisée d'essayer de se justifier et de lui faire entendre raison.
Elle aimerait se montrer empathique à la situation d'un homme qui apprend sa paternité avec vingt ans de retard, mais elle est pourtant persuadée qu'il lui ment et l'irlandais ne lui inspire pour le moment que du dégoût alors qu'il refuse d'écouter ce qu'elle a à dire et qu'il rejette en bloc les informations qu'elle réussit pourtant à lui transmettre. Elle a cette envie de l'envoyer chier, cette envie de le secouer pour qu'il comprenne, mais elle devine les muscles saillants sous les vêtements, la force qui est probablement la sienne alors qu'elle ne fera jamais le poids.
« Je gagne quoi à mentir sur qui je suis ? Hein ? Tiens, si tu me crois pas ! » Furieusement, la gamine fouille dans son sac pour récupérer son portefeuilles et le lance dans sa direction avec une ardeur provoquée par les réactions de l'irlandais. « Vas-y ! Ouvre-le ! T'as toutes mes cartes dedans. ! »
Furibonde, Moira finit pourtant par se calmer lorsqu'elle comprend enfin qu'on ne l'a jamais mis au courant de la grossesse de sa mère, mais elle ne parvient pas à en vouloir à son grand-père pour ce qu'il a fait alors que l'homme désormais âgé a toujours fait partie de sa vie. Cináed a raison lorsqu'il affirme qu'elle ne connait rien de l'histoire - après tout, ce qu'elle en sait réside dans les récits de sa mère - mais elle en sait suffisamment pour savoir qu'il est parti sans se retourner et qu'il n'est jamais revenu.
Les derniers mots de l'irlandais lui écorchent le coeur et font naître en elle une nouvelle vague de colère alors qu'elle referme violemment son sac et qu'elle le glisse sur une épaule avant de s'avancer vers lui pour récupérer ses cartes et la poignée de sa valise.
« Comment tu le sais ? Comment tu le sais, que c'pas possible ? T'as pris de ses nouvelles, quand t'es parti ? Tu lui as laissé une façon de te contacter ? Bien sûr que non. T'es juste un lâche ! »
Elle tourne rapidement les talons et se dirige vers la porte, qu'elle ouvre à la volée avant de se retourner vers lui. « Tu penses que je le sais pas, que t'as jamais été un père ? » Tels un venin, les mots s'infiltrent alors qu'elle claque la porte derrière elle. Pendant plusieurs minutes, elle erre dans l'édifice, mais revient finalement devant la porte de son géniteur pour s'asseoir, le dos contre le mur, exaspérée de constater que des larmes roulent sur ses joues. Elle les essuie d'un revers de la main, soupire avant d'utiliser son sac comme oreiller. Leur première rencontre officielle ne devait pas se dérouler comme ça et pourtant, Moira n'a pas su garder son calme et gérer ses émotions. Elle n'a pas su amener le sujet en douceur, s'est contentée de balancer tout ce qu'elle savait pour le heurter et ainsi espérer lui faire mal. N'a-t-elle donc pas compris que Cináed O'Reilly ne peut pas avoir mal ? Qu'il la blesse davantage en la rejetant qu'elle peut le blesser en lui apprenant qu'il a une fille ?
Un sifflement la tire de ses réflexions et Moira relève la tête sur un jeune homme probablement un peu plus âgé qu'elle qui la regarde et qui semble définitivement apprécier la vue. « Connard. » siffle-t-elle entre ses dents alors qu'elle reporte son attention sur son sac à dos et qu'il finit par s'en aller sans causer d'ennuis. |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Dim 28 Fév - 8:31 | |
| Ça aurait été bien plus simple de couper court à cette conversation, de la faire sortir de force plutôt que d’endosser la lourde responsabilité que d’entendre toutes ces révélations. Ces mots auxquels il n’accorde aucun crédit tant ça lui paraît improbable. Impossible même… Les Fitzgerald ont toujours été des ennemis des O’Reilly. Moins présents sur le territoire américain, ils ont toujours eu une place de maître en pleine capitale irlandaise, entre les murs noircis par les ténèbres et la gangrène purulente de la ville. Les deux familles se sont toujours vouées une haine tenance, fruit d’une dispute ayant éclaté des années de cela. Cináed n’a jamais su les tenants et aboutissants de l’histoire, s’est contenté de haïr aussi sans se poser de questions, de la même manière que son père l’a fait, lui enseignant, à son tour, d’en faire de même. Il a toujours détesté ces irlandais-là, cette famille louche baignant dans les magouilles similaires aux leurs. A quelque différence près, à des kilomètres loin d’eux et pourtant, doté d’une aversion terrible. Et puis il y a une vingtaine d’année à peu près, il se souvient avoir rencontré la fille du grand chef des Fitzgerald, Callum. Il lui a été présenté comme l’ennemi juré de Cahal, son père. L’homme dont il fallait constamment cracher sur le nom. Sur les méfaits. Et l’histoire. Pourtant, Cináed a fait la connaissance de sa fille : Sarah, fruit du terroir irlandais. Une blonde aux cheveux aussi fins que la pluie tombant sur le territoire irlandais. Si différente de celle qu’il a toujours connu à New York. Sarah lui a paru si peu similaire au récit dont Cahal lui a toujours raconté, méprisant et aiguisant dans ses mots. Elle lui a paru bien plus belle que les autres irlandaises. Et si au départ, leur rencontre a été houleuse, il n’a finalement pas su résister à l’attirante fille Fiztgerald. De haine à attirance. D’attirance à l’échange des corps, union de deux âmes. Et puis il est parti comme le marin quittant son port pour ne plus jamais revenir. Il a ignoré Sarah, lui redonnant une raison de le détester en bon O’Reilly qu’il est et sera toujours. Et rétablissant l’ordre en deux familles qui se détestent. Et ne peut croire en l’éventuelle fatalité que son histoire aussi brève qu’intense, ait pu donner naissance à une descendance. Elle et ces grands yeux remplis d’orage. Elle et ce menton qui rappelle un peu ce trait typique de chez eux. Mais il refuse et chasse ce que son esprit et son cœur tentent de lui faire comprendre. Ce n’est pas possible. Il se contente de croiser les bras et de grogner de plus belle. « Ma patience a des limites. » Il refuse de l’écouter, tente de ne pas d’accorder de crédit à ses propos. N’y décelant de vérité que celle de la faire fuir d’ici et de ne plus avoir à la croiser. Encore moins de devoir ouvrir ce portefeuille qu’il pose sur la commode qui se trouve à côté de lui. « Je te crois sur tes origines. En revanche, ne va pas t’avancer à penser qu’il y ait pu avoir un mélange de nos deux familles. C’est d’une telle absurdité. » Il est ferme là-dessus et ce, même s’il a connu l’ivresse d’une passion exaltante avec Sarah, qu’il a savouré le fruit défendu en sachant très bien qu’il aurait été renié par Cahal si ce dernier avait su la vérité. Ignoble tissu de mensonges qu’il réfute en sachant qu’elle est bien trop têtue pour rebrousser chemin. Pourtant, il pense avoir réussi à lui faire entendre raison et retient un fort soupir de soulagement quand elle vient récupérer sa valise et son portefeuille, la laissant exploser de colère. Cependant, il ne peut rester silencieux devant son ramassis de bêtises, ne pouvant s’empêcher de répondre, sa voix grave essayant de couvrir le son fluet des mots prononcés par la gamine. « Tu ne sais même pas de quoi tu parles ! Alors tais-toi et dégage. » Elle lui fait perdre son temps et ce même si elle se dirige vers la porte, lui assenant ensuite le coup de grâce. « Je ne suis PAS ton père, putain !!! » Rétorque-t-il avant de la laisser fermer la porte dans un claquement puissant. Puis le silence bien plus assourdissant que les éclats de voix. Il s’échoue l’irlandais sur le canapé. Il aurait dû se lever pour aller au bordel. Mais il est incapable, l’esprit perdu par les mots de Moira. Ignorant au bout de quelques minutes, l’infime bruit sourd résonnant sur sa porte. Il finit, cependant, par se relever et termine de se préparer, planque son flingue dans son dos, coincé dans son pantalon. Puis, il se dirige vers la porte afin de quitter son appartement, ouvre cette dernière en grand et laisse un corps s’échouer au sol. « Mais t’es encore là, toi ?! » Rugit-il, la voix grondante. « Oh et puis, fais ce que tu veux. Tu me fais chier. » Dit-il en laissant la porte de son appartement grande ouverte afin qu’elle entre et fasse ce qu’elle veut pendant que lui s'éloigne pour aller au Devil's Den. Ce ne sont que des meubles à la con et des murs ne lui appartenant pas. Il a fort à faire de toute manière. Pas le temps de niaiser. Encore moins de devenir un père d’une gamine de vingt ans.
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed Lun 22 Mar - 15:24 | |
| Furieuse, la gamine claque la porte alors que les mots résonnent encore dans sa tête, mais Moira est suffisamment intelligente pour savoir que sa mère ne lui aurait jamais menti là-dessus. La fille a un tempérament bien plus orageux que la mère et c'est probablement la première raison pour laquelle elles ne s'entendent qu'à moitié, mais Moira doit au moins lui donner ça : sa mère n'est pas une menteuse. De toute façon, la blonde ne sait même pas ce qu'elle aurait bien pu vouloir obtenir en inventant une telle histoire, d'autant plus que son grand-père n'aurait jamais laissé passer un mensonge pareil. Si l'issue de cette relation lui fait autant de mal, c'est bel et bien parce que c'est vrai.
Elle roule son sac sous sa tête et soupire lourdement, déçue de constater que son arrivée ne s'est absolument pas passée comme prévu. Qu'allait-elle bien pouvoir dire à son grand-père lorsqu'il l'appellerait pour prendre de ses nouvelles ? Tu avais raison, ce n'est qu'un gros connard égoïste et je suis mieux sans lui ? Et à sa mère ? Je ne vois vraiment pas ce que tu as pu lui trouver, il ne pense qu'à lui-même et n'est même pas si beau que ça ? Furieuse contre elle-même, la gamine se redresse finalement, le dos contre le mur, le sac sur ses genoux.
Elle sursaute lorsque la porte s'ouvre sur ses pensées torturées et lève le majeur dans sa direction avant de se relever complètement pour lui faire face.
« Comme ça on est quittes. Toi aussi, tu me fais chier. »
Elle attend qu'il soit parti avant de pénétrer au sein de l'appartement, valise à la main et sac à dos sur une épaule, et de verrouiller la porte derrière elle. Pendant quelques secondes, elle reste là, complètement immobile, alors qu'elle n'est pas très bien certaine de ce qu'elle peut ou ne peut pas faire. La faim la pousse néanmoins à se déplacer vers la cuisine et à fouiller dans les armoires et le réfrigérateur pour trouver quelques petits trucs à grignoter. Il n'y a pas grand chose et elle se dit qu'il doit probablement souvent manger au restaurant ou bien se faire livrer des repas, mais elle n'en sait pas grand chose, en réalité. Si ça se trouve, Cináed est présentement au supermarché afin de dégoter ce lui servira de repas pour la prochaine semaine ?
Elle soupire, prend un bout de pain et un peu de fromage avant de rejoindre le canapé et d'ouvrir la télévision, qu'elle éteint quelques minutes plus tard. Elle déniche une petite enceinte bluetooth, y fait jouer sa musique avant de se mettre à danser jusqu'à ce que son téléphone se mette à sonner et que le nom de son grand-père s'affiche sur l'écran. Moira éteint tout et prend l'appel, décide de se promener et d'explorer un peu l'appartement.
« Grand-père ! Je ne pensais pas que tu appellerais si tôt. » « Tu es bien arrivée ? Où est-ce que tu te trouves, en ce moment ? » « Chez mon père. » « Comment ça se passe ? » « Très bien. Je vais devoir te laisser, on a beaucoup de temps à rattraper. »
La conversation, en irlandais, s'avère succincte et la jeune femme referme la porte de la chambre principale avant d'ouvrir celle de la salle de bain et de revenir au salon pour s'allonger sur le canapé.
Mentir à son grand-père n'est pas chose facile, mais la jeune fille espère réellement qu'il l'ait trouvée suffisamment convaincante pour ne pas envoyer l'escouade Fitzgerald la chercher.
Lourde en émotions, la journée fut longue pour Moira et malgré tous les questionnements qui la secouent, la jeune fille réussit à s'endormir en ramenant une couverture sur elle. Cináed pourrait avoir quitté l'endroit pour ne plus jamais revenir, de ce qu'elle en sait. |
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| Sujet: Re: comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed | |
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| | | | comme un instinct de survie, comme un instant de furie - cinaed | |
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