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SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride.


all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des rp.
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MessageSujet: SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. EmptyDim 7 Mar - 12:34


Ses phalanges brûlent d’une faim innommable.
Une soif de carmin, de douleur, qui ne fait que s’aggraver lorsqu’il dépasse l’Irishman et ses clients déjà alcoolisés, ribambelles d’Irlandais de la Mob qui démontrent une insouciance imprudente ou maintiennent férocement une façade en ces temps difficiles. Business as usual –cela lui décoche un sourire à l’ironie amère et écœurante. Aisling n’a même pas besoin d’esquisser le moindre effort pour que sa mémoire (il connait l’endroit mieux que ses poches) et son imagination s’associent et lui délivrent la vision de son ainé reclus dans la réserve, occupé à fomenter ou s’oublier entre cigarettes enchainées et pintes de Guinness vidées.
Cináed, sans Connor.
Cináed, dépouillé de son compagnon d’arme, de son frère.
Le roux dévie, s’enfonce dans les rues du Bronx, s’immerge dans la nuit familière et glacée.
La nouvelle a secoué le monde des Irlandais avec la brutalité d’un séisme sous-marin –même au travers de ses liens distendus avec cette famille qu’il a longtemps rejetée, Aisling n’a pu s’empêcher de percevoir des ondes à la surface de l’eau, sentir la mer qui se retirait pour construire à l’horizon un raz-de-marée menaçant. Un mur d’eau que son frère a encaissé de plein fouet, et ses affaires illégales avec, lorsque le juge a fait planer la sentence au-dessus de la nuque de l’alter-égo de Cin. C’est long, vingt ans.
Une éternité.
Et si le fleuriste se doute que Connor n’en fera pas même la moitié (à l’intérieur, la Mob le protègera, quand à l’extérieur, les pions se mettront doucement en place pour le faire sortir), sa perte momentané est un coup porté directement au cœur de la mafia. Un poing enfoncé dans son plexus solaire, brutale coupure d’oxygène. Aisling ne s’inquiète pas pour le blond –il s’en sortira, car il reste plein de ressources, et que la mob ne laissera jamais l’un des siens pourrir ainsi entre les murs voleurs de liberté (pas quelqu’un de l’acabit de Mulligan, en tous cas). Le danger, il le sait, guette ceux évoluant encore en ce monde qui continue de tourner quand d’autres voient leurs vies se mettre en pause, piégés dans l’écrin meurtrier des barreaux de la justice. Cináed, amputé de son bras droit, face aux ruines d’un pilier de son existence.
Le roux ne se fait pas de soucis –son ainé saura se relever de cette perte non définitive et faire face,  perpétuer ses affaires et les faire prospérer, mener ses hommes vers d’autres batailles. La survie, ils l’ont dans le sang ; leur marque fabrique, peut-être même la seule chose qu’ils aient réellement en commun tous les deux.
Mais il sait ce que cela fait de perdre un frère.
De vivre sans cette part essentielle de soi.

Lorsqu’il pénètre un bar Irlandais, ses mains tremblent moins, et cette rage qui le tourmente depuis des jours sans qu’il n’en comprenne véritablement l’origine (ou bien ne le veut-il pas ?) s’est étiolée dans la musique de ses pas. Les écorchures encore visibles sur ses jointures lui rappellent vicieusement qu’il a déjà cédé à l’appel du cercle il y a peu de temps, et lui claquent contre le cœur cette promesse faite à lui-même il y a quelques mois -celle d’arrêter (au moins un peu) les conneries-, gifle suffisamment dissuasive pour retenir sa silhouette chancelante au bord du gouffre de ses propres ténèbres. Quand il reconnait l’établissement au sein duquel ses jambes l’ont mené comme par réflexe, seul le regard amical qui l’attrape depuis le territoire sacré du comptoir l’empêche de faire demi-tour, et se jeter entre les crocs acérés de ses émotions en friche.
Aodhán, bien sûr.
Parfois, il se demande si son cœur n’est pas de mèche avec les souvenirs qui hantent cet endroit –ces réminiscences qui portent l’empreinte d’un regard trop bleu, le parfum brûlant des retrouvailles passionnées, la saveur des sourires partagés, la couleur des larmes asséchées et des cœurs tatoués d’ecchymoses.
Ce traitre qui le pousse à s’échouer dans l’un des seuls endroits qui lui apportent un peu d’un réconfort-rasoir.
Ce traitre qui sursaute et s’émeut lorsqu’au détour de sa deuxième Murphy’s, quelques voix s’élèvent à sa droite, et que parmi les silhouettes qui s’échauffent, il reconnait Sloan.
En parlant de trahison.
D’un signe apaisant vers le barman qui porte un regard plutôt inquiet sur la situation –cet endroit reste généralement épargné par les éclats, sanctuaire qui n’attire pas les sbires de la mob et donc ses potentiels détracteurs-, Aisling quitte son haut tabouret pour s’approcher des fauteurs de trouble. Il déteste l’instinct irrépressible qui fait dégringoler furtivement ses prunelles le long de la silhouette usée de l’autre Irlandais pour s’assurer qu’il aille bien –un euphémisme, ce dernier semble avoir touché le fond de sa pinte, délaissé son palpitant dans les bulles et l’ivresse- et pousse son corps à se tenir à ses côtés.
« Un problème, les gars ? »
Son accent écharpe ses intonations fermes, que les graves coulant sur ses cordes vocales rendent faussement posées.
Il ne le regarde pas. Surtout pas.
Son myocarde ne s’est pas encore décidé, trébuche sur les sentiments qui tentent de l’attraper mais le laissent immanquablement glisser hors de leur étreinte –colère glaciale, déception vorace, peine incandescente, inquiétude tenace. Tout à la fois ou rien du tout.
Si seulement cet organe savait oublier.
Mais il préfère aligner les cadavres et s’improviser linceul.
Les deux inconnus s’agitent, commencent à déblatérer des inepties qui transpirent la liqueur, auxquelles Aisling porte à peine attention, tentant la diplomatie pour ne pas céder tout de suite à l’envie de les mettre dehors. Avant que l’un d’entre eux esquisse un geste insultant envers Sloan, accompagné d’une verve particulièrement salée.
Et que cela réveille brutalement ce dernier.
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MessageSujet: Re: SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. EmptyDim 7 Mar - 13:27

Passablement éméché.
L’alcool lui fouettant les sangs. A trop vouloir chercher l’abandon dans le fond de ses verres. Le whisky, triste et illustre compagnon de longues soirées en solitaire. A regarder d’un œil morne les fonds d’cadavres s’alignant dans les tréfonds des placards de cuisine. Dans le silence torturant de l’appartement. Scar. Oubliée dans les bras délicieux de Morphée. Et lui. L’insomnie d’une vie. Rongée. Phagocytée. Des fantômes. Des lambeaux d’bout de rien. D’une vie qui part en ruine. Incapable de tenir correctement le navire. Pourtant… pourtant, depuis quelques temps. Il y croit. Vraiment. Il y croit dans les sourires de sa cadette. Dans ces étreintes. Chaudes et vibrantes. Dans son palabre et ses sentiments d’enfant parfois paumée. Parfois éprise d’âmes. D’individus rencontrés à la sauvette… les peindre. Les emprisonner pour continuer à les toucher. Du bout des doigts.

Mais ce soir, préférant la solitude aux regards dévorants, navrants, de sa frangine, Sloan ne veut que l’anonymat de quelques bars mités. Oubliés. Oubliés de ses paires, amis, connaissances, bâtards et enfoirés. Et lourdement assit sur l’une des chaises hautes, accoudé, au bar, vouté sur son acolyte ambré, distillé dans le fond de son verre trouble. Aux courbatures tétanisants les muscles de son dos, c’est à peine s’il fait attention au joyeux bordel ambiant s’engouffrant en vagues bruyantes dans la quiétude surchauffée du bar. Jeunes. Irritants. Le sang chaud. A gueuler. Mater les gonzesses comme des clébards en manque. L’odeur douceâtre de résine s’échappant par effluves à chacun de leurs mouvements. Raillants. Bousculants un peu plus Sloan. Ignorants volontairement sa mire assassine, lui, s’agaçant, s’attardant de longs instants sur chacun d’entre eux. Promesse d’une longue agonie. Et c’est à peine s’il a le temps de leur dire d’aller essayer de se faire foutre plus loin qu’il reçoit la douche d’une pression tiédasse entre ses jambes.

« Oh mec ! Putain, fais gaffe… »

L’incrédulité se peignant un instant sur son visage, avoisinant la gueule affable du connard venant de lui renverser sa bière dégueulasse sur les cuisses, Sloan sent échapper le peu de maîtrise qu’il tient sur sa sacro sainte patience. Fissurée. Lourdée. Brisant ses promesses silencieuses et scrabbleuses de se contenir. De ne pas faire d’esclandre ailleurs qu’à l’Irishman, là ou elles sont coutumières. Connues et reboutées par quelques connaisseurs.

Se redressant prestement, faisant basculer son siège, ce dernier tombe lourdement au sol en un bruit sourd et c’est l’œillade sombre qu’il assassine le gosse et ses grands regards niais. Le repoussant violemment, le plaisir vrai de le voir perdre l’équilibre. Tenter de se rattraper à la première personne pour finalement percuter un table un peu plus loin, Sloan le regarde  ébranler boissons disposées, à ses œillades, faisant naître le délicieux plaisir scabreux d'une bonne branlée à distribuer. Et dans le font, il s'en branle. S'en branlant bien de savoir qu’il fout la merde. Il a la main qui lui démange de tirer son calibre 35 tranquillement lové le long de ses reins. Juste sous son tee-shirt. Et écumant. Débattant. C’est à peine s’il prend conscience de ces présences s’amassant à ses cotés. La vision rétrécie. N’accordant que peu d’importance à ceux s’agglutinant pour recevoir un peu de sa déchéance. Exaltée et enfiévrée. Pourvu qu’elle s’apaise. Pourvu, pourvu…

« Putain ! Mais t’es con ?! »
« Bah merde… fait gaffe, Ducon. » Sourire sardonique. Grimaçant.

Et noyé dans le plaisir vrai d’éclater cette gueule affable, y à cette foutue voix qui perce l’obscurité opaque de sa colère. Omis depuis des années. Cet accent… l’impression de se retrouver sur le pas de la porte de son paternel. Vingt-ans en arrière. Dans ce vieil appartement branlant. Entre les cadavres de clopes froides et les bouteilles du vieux. Ce dernier à cuver dans le canapé et lui. Lui. A dévorer du regard le voisin d’palier. De cette constellation mouchetant sa peau à ce regard argotique. De cette chaleur étouffante. Dans les ombres chaudes de sa chambre… porte close. Le plaisir de gouter à cette fragilité. Cette maladresse aux sourires alanguis. De l’avoir attiré pour mieux l’embrasser. Dévorer. Ces lèvres. Offertes. Dociles. De ce corps. Entre ces cuisses largement ouvertes à son corps parfait. Immobile. Les mains contre ces hanches, se glissant le long de son échine. Fébriles.

Requin lâchant sa proie, c'est avec lenteur que le visage se tourne vers cette chevelure cuprifère, remarquant à peine les années qui ont passées, glissées, sur son minois inchangé. A l’identique. Comme dans ses souvenirs. Et l’amertume du passé s’arrimant à son moral déjà en berne, Sloan perd de sa superbe ressentant l'envie brut de s’exiler. De prendre la tangente.

Lâche jusqu’au bout. Dès que ça le concerne d’un peu trop.

Préférant jeter l’éponge, abandonner ses désirs vitriolés, Sloan ramasse sa fierté. Déclare forfait sous la verve acide des mecs éméchés, ignorant leurs provocations faciles et sans apporter plus d’intérêt à cette silhouette trop longtemps fuie, Sloan se dirige vers les toilettes.

Fuite en avant. Dissimulées dans les tréfonds du bar. Sans envie présente. Juste ce besoin de prendre de la distance. De la distance entre les sentiments. Les souvenirs… trop vivaces. Malgré les années. Malgré les promesses rompues. De cette attention silencieuse, discrète et toujours tournées sur le cadet. De cette allégeance désuète. Des exécutions allouées par Cin mais faite dans le délice le plus sincère pour avoir, un jour, toucher le souvenir le plus fragile de son adolescence.

Poussant brutalement la porte, s’engouffrant dans l’étroitesse des chiottes et se dirigeant vers le premier lavabo de disponible, l’irlandais ouvre les vannes, se passant les mains sous le jet d’eau froide tout en tirant sur le tissus imbibé de son jean, poisseux contre ses chaires. Et se réfugiant entre les murs froids, loin de la présence irradiante d’Aisling, de ce qu’il soulève, essayant de rassembler un semblant de maîtrise, c’est avec une ignorance toute feinte qu’il mire l’arriver d’Ace, sa silhouette se détachant un instant dans l’entrebâillement de la porte de service.  

« Si c’est pour une admission à la Mob’, je te conseille d’aller voir ton frère… j’crois que sa patience atteint ces limites si tu veux mon avis. » Le regard lui caressant les membres, glissant le long de son corps, lentement, avant de revenir vers son visage. « A moins que ce soit pour une visite de courtoisie… »

Sloan ne cherche pas réellement de réponse. Juste à combler le silence. Taire le malstrom de sentiments chaotiques peuplant, assujettissant, ses moindres désirs. Pensées. A débattre silencieusement entre ses envies. Lui parler. L’ignorer. Flancher… s’excuser. Demander pardon pour être ce tel connard. Ingrat… ou des vérités qui lui brulent le sang.
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MessageSujet: Re: SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. EmptyMar 9 Mar - 20:57


Le reconnaitre ne lui demande pas le moindre effort.
Aisling se déteste pour cela.
Il aimerait, pour une fois, une fois seulement (est-trop demander ?), que sa mémoire flanche et dépense quelques secondes de plus, le perde dans une impression de familiarité plutôt que lui jeter la réalité au visage. Il voudrait que son cœur trahisse ses sentiments pour rester loyal à sa volonté de l’oublier, de le raturer comme certains tentent de cacher une erreur sur une copie, et ne la rendent que plus visible en s’acharnant à la recouvrir du noir de leur détresse. Il voit à peine les deux clowns qui s’agitent devant l’Irlandais qui atteint son point de rupture, trop fortement alcoolisés ;  ils se vautrent dans le ridicule, à coup d’insultes et de gestes provocateurs, inconscients du danger auquel ils viennent de mettre le feu –des nuisances qu’Aisling se fera un plaisir de jeter dehors. Pourtant, le roux n’offre pas un seul regard à l’ami de son aîné.
Son myocarde ne nécessite pas le recours de ses prunelles pour ressentir la présence lancinante de l’homme à ses côtés.
La rancœur lui brûle la langue, lui calcine les papilles, virulente et affamée. Stupide, aussi –parce que c’est idiot, d’en vouloir à Sloan, d’être ici, de souiller cet endroit de leurs souvenirs, de le salir de sa trahison et son indifférence. Ce refuge, partagé avec Isaac, jusque-là presque intact. Gardien féroce de souvenirs délicieusement douloureux et désespérément aliénants ; les premières retrouvailles, toujours brodées d’émotion et d’excitation, après le retour au pays du soldat, les aurevoirs avant les départs en déploiement, les soirées passées à tester les bières Irlandaises, défier le billard, s’offrir juste un verre avant de déguerpir pour s’aimer en toute liberté.
Les yeux assombris de Sloan, le plaisir malsain qui tord ses pupilles et les ombres qui  entaillent ses traits, les bêtes colériques et assoiffées qui réduisent en lambeaux calme et patience, déteignent comme de vilaines taches sur ce lieu sacré au cœur du roux.
Et le pire…
Le pire, c’est ce crime que commet une part irrépressible d’Aisling, en distillant quelques poussières de joie et de soulagement, à la perspective de revoir l’autre homme, d’obtenir des nouvelles autrement qu’à travers les rares divagations de son frère (parce que le fleuriste n’en demande jamais –et puis quoi, encore ?), même s’il fait face à un étranger, aujourd’hui.
Un étranger qui se rétracte, et fuit.
Lâche jusqu’au bout.

La colère mord si violement dans sa chair que malgré lui, ses mains se font bien plus dures et impitoyables lorsqu’elles agrippent l’un des troubles-fêtes par le col, ce dernier trop saoul pour articuler la moindre défense en dehors de quelques injures ; insensible, pris dans la spirale infernale de ses émotions écharpées, Aisling le traine sans prononcer le moindre mot jusqu’à la sortie, les dents serrées sur des insultes qui ne lui sont qu’à moitié destinées. L’acolyte proteste, tente même d’attraper l’Irlandais par l’épaule ; ses instincts sursautent, agressent, et son poing percute l’inconnu dans le ventre, avant de lui faire subir le même sort que son compagnon de beuverie.
Si ses mots ne les menacent pas suffisamment, son regard noir se charge de les dégriser un peu et sceller le danger dans leurs esprits –assez pour les faire déguerpir.
Le bar lui fait l’effet d’une zone de guerre lorsqu’il le pénètre à nouveau. Le calme retrouvé de l’endroit hurle comme autant de grenades dépouillées dans l’air, l’atmosphère chaleureuse pétillant entre les conversations qui reprennent l’oppresse, l’étouffe, devient poussière dans ses poumons comprimés par la déception et la rage. Même le regard reconnaissant d’Aodhán, depuis le bar, lui fait l’effet d’un canon vissé sur sa poitrine.
Tout ça pour un homme –non, pas un homme.
Celui-ci, en particulier.
Sloan. Sloan et sa façon de bousculer ses certitudes d’enfant trop grand, d’adulte trop jeune, encore en construction, bien des années auparavant. Sloan et cette facilité à être à ses côtés, comme s’il avait toujours eu sa place avec lui –Aisling, le meurtrier, le fantôme, le déraciné.  Sloan et son attention, pour lui. Sloan et leurs escapades aux saveurs de liberté.  Sloan et ses mains-peintres de plaisirs interdits, ses lèvres-croquis de découvertes secrètes. Sloan et cette sensation si intoxicante d’exister dans l’eau limpide de ses yeux, autrement qu’à travers la haine d’un frère, l’indifférence d’un père, la tendresse volée d’une mère qui ne serait jamais la sienne.
Cet adolescent devenu un adulte –un pion de la mafia, un père, un endeuillé, un tueur.  
Sloan, le traitre.
Le lâche, l’incompréhensible, le loyal au sang, au rang, aux dictats d’un père intolérant, à la famille –la mob. Le Connor plus réservé d’un Cináed en pleine ascension.
Celui qui aurait pu être différent, mais qui s’est condamné à n’être qu’un énième chien galleux dans le sillage d’un O’Reilly prince de son royaume d’illégalité.
Ecrins d’espoirs fracassés entre les phalanges qui ont fait pleurer trop de sang.

Aisling cale son épaule dans l’embrasure de la porte des toilettes, prunelles rivées sur l’autre homme, attitude faussement nonchalante alors que tous ses muscles accusent de tensions fébriles, électriques. Il observe ce visage fermé aspergé d’eau, encore hanté de spectres terrifiants, lambeaux de celui que le roux a connu. Cette silhouette qui s’est forgée au fil du temps, sculptée dans les épreuves. Sloan n’a pas pris vingt ans en pleine figure, mais la vie.
Avec tout ce qu’elle promet de plus beau et de plus terrible.
Pourtant, sa voix…
Sa voix est restée la même, déjà muée à l’époque où quelques notes au creux de ses intonations pouvaient faire frémir tout son être, connexion étrange et troublante, mais si enivrante.
Comme il la déteste.
Surtout quand l’autre homme ramène d’un ton badin l’Irish mob, et –cerise sur ce gâteau écœurant- son ainé entre eux.
Ses prunelles s’assombrissent un peu plus encore lorsqu’il capture le regard que Sloan fait trainer sur lui, l’avertissent silencieusement de ne pas se permettre un tel affront ; l’orage guette dans sa poitrine écartelée, son ressentiment au front, sa déception en étendard et sa peine derrière les premières lignes pour soutenir et nourrir l’effort de guerre.
Il aimerait tant pouvoir tourner les talons, et l’ignorer.
Mais Aisling n’a jamais su y faire, avec son cœur blessé, avec l’indifférence –il en a bien trop souffert.
« Vingt ans de silence, et la première chose que tu fais, c’est inviter Cin et la mob entre nous, note-t-il, acerbe. Wow. »
Ses traits se détendent à peine pour mimer la surprise et admiration, acteur ironique.
Ses intonations s’aiguisent comme des lames, acérées, détestables –elles cherchent une fissure, pour s’y engouffrer, le provoquer, réveiller autre chose que cette apathie que l’autre homme lui oppose, et à laquelle Aisling ne veut pas croire.
« Tu sais que ça ne ferait pas tes affaires, si nous étions collègues ? poursuit-il, le ton faussement léger, comme s’il proposait d’imaginer la situation avec la plus grande innocence. Faudrait que tu déploies un peu plus d’énergie que filer aux toilettes, pour m’éviter. Peut-être même que tu aurais besoin d’expliquer pourquoi à ton boss, reconnait-t-il d’un ton qui sur-joue l’incertitude, soulignant sans mal le malaise. Je suis certain que c’est un récit qu’il rêve d’entendre. Pour moi, ça changera rien, j’suis déjà rayé de l’arbre généalogique, cramé au briquet, tout ce que tu veux –et ça me va très bien, merci- mais toi, le loyal… Hmm, ce serait un peu chaud pour tes fesses, quand même. »
Ses prunelles n’ont pas quitté les eaux tumultueuses du regard de Sloan, mesurent l’impact, la réaction, la blessure ou la colère, l’indifférence ou l’amusement, le poussent un peu plus encore dans ce qu’il espère être ses retranchements.
Ce cœur revanchard…
« Sur une note plus sérieuse, t’es invité à retrouver l’extérieur, assène-t-il sans détour. C’est pas l’Irishman, ici. »
Il ne veut pas se sentir déstabilisé, ou vulnérable, face à lui.
Plus.
Jamais.
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MessageSujet: Re: SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. EmptyMer 10 Mar - 23:02

Muré dans le silence, y à cette notion désagréable.
Celle de le voir, vraiment, pour la première fois. Sloan est resté avec cette image de lui. D’autrefois. Quand les jours étaient encore tendres et les instants volés, doux et fragiles. De ceux jalousement gardés. Loin des regards indiscrets. De ces après-midis. Seuls. A refaire le monde. Rire d’un baiser maladroit. Volé. De ces caresses chancelantes et incertaines en carcan douloureux de plaisirs trop vivaces. Vibrants.
Exhalant profondément, Sloan laisse l’aigreur de ces mots glisser sur lui. Piquer quelque peu sa carapace de sentir tellement de ressentiments dans l'aigreur de ses mots mais comprenant la nécessité, lui même ne sachant plus comment faire les conversations charmantes. N’étant que cette agressivités inconnue des badineries en mondanités. Là ou avant les, leurs, silences étaient rassurants et réconfortants. Ce soir ils dérangent, grinçants et hostiles. Oublié les quelques phrases happées léchées, aussi extatiques que plaisantes, suspendu à chacune de leurs intonations, vibrantes et rassurantes. C’était avant. Avant d’avoir fait connaissance de la noirceur la plus sombre, agnelé dans la meurtre, sordide et grotesque.
Vilain petit monstre en visiteur coutumier dans les tréfonds de son âme, qui aujourd’hui, laboure afin de sortir, souffler sa colère et sa rancœur de n’avoir jamais pu être ce putain de plus. De n’avoir été qu’une histoire balbutiante bien trop vite avortée par ses propre soin, tuée méthodiquement, indifférent de cette douleur, éclosion déchirante, dans le regard d'un jeune homme trop tendre pour lui.

« Arrête de me fixer comme ça. Comme si… comme si je t’avais blessé. On se doit plus rien. » N’est-ce pas ? Et se laissant aller contre le lavabo, dos contre l’émail froide et humide, Sloan prend appuie sur les rebords polis. Gardant le silence. Ne relevant pas ces menaces, cette envie de tout dévoiler à Cináed, l’irlandais sourit. Aisling, être sans demi-teinte. Absolue dans ses relations comme dans ses amours, aiguise un peu plus son fiel. Cette bilieuse et orageuse colère se soulevant doucement dans le fond de ses tripes.
Langue incandescente se glissant le long de son échine, le regard qui s’assombrit alors qu’il le mire un peu plus. Loin. Tellement loin d’autrefois. Tous ces silences. Tous ces non-dits. Tous ces regards arrachés. Ecorchés. Entre eux. Catimini de leurs sentiments. Et puis un jour, cette demande singulière. Des exécutions à la chaine. Des têtes qui sont tombés sous l’ire de Cin. De cette sombre et latente colère… étrangement aigre quand il énumérait les noms. Sloan n'a pas de suite compris, son ami d'enfance d’ordinaire si volubile. De ses semi-vérités qu’on a bien voulu lui balancer. A devoir creuser lui même. Entendre les confessions à profusions. D’aveux en épanchement quand Sloan s’est fait bourreau. Tous ces connards d’ex taulards…
Et prenant une brève inspiration. Respirant l’odeur du produit antiseptique et du savon, l’irlandais n’affiche que nonchalance et je m’enfoutisme alors que la souvenance de ses ressentiments l'enterre un peu plus dans ses vieilles colères. Colmatant alors ses envies de toucher. Combler ces vingt années de silences en une simple caresse. Annihiler cette réminiscence de lui d'antan où il n’était que révérence et dévotion pour Aisling. Le lui avoir dit un nombre incalculable. Demande moi. Demande moi et je te choisirais. Je te suivrais. Mensonges éhontés. De ceux qui lui collent parfois à la peau. Le poids des absences. De son absence. De leurs chemins qui se sont brutalement séparés. De leurs routes sinueuses. Loin d’eux. De leur autrefois.
« Entre nous. Parce qu’il y a encore un nous ? Excuse moi… ça fait vingt-ans, comme tu le dis si bien, qu’on s’est pas adressé la parole. Aurais-je du venir t’enlacer ? T'embrasser ? »
Envie de sourire, pourtant c’est une moue amère qui étire ses lèvres. L’humeur en berne, l’alcool lui fouettant doucement les sangs, Sloan concède que ce n’est pas le soir de trop le faire chier. De le titiller avec de telles merdes. Il a des envies, des penchants violents. Ils lui parcourent l’échine et l’irlandais aurait tellement adoré en découdre avec l’autre minable ayant eu la délicieuse idée de lui dégueulasser le pantalon.
Petite mise au point bien trop vite avortée par le cadet de Cináed, l'exécuteur de la Mob se gorge et se noie un instant de l'image bien trop tangible de l’homme qu’est devenu Aisling, essayant vainement d’étouffer les prismes d'eux deux ados paumés accrochés l’un à l’autre. A barbouillés dans la fange de leur vie. Lui perdu sous les coups de ceinturons du vieux. De n’avoir jamais été assez à ses yeux alcoolisés. Assez bien. Et avoir été le premier. A faire le premier pas. Voisin de pallier aux sourires candides à ses regards doux... bien trop charmé par les lippes innocentes. Cette sensibilité désarmante.

Se raccrochant à l’acmé du vice mâtinant un peu plus chaque recoin de sa peau aigre et moite, Sloan hausse les épaules à ces simulacres de menaces.
« Il m’est avis qu’il faut pas trop venir faire chier ton frère avec ce genre de merde. Si tu vois ce que je veux dire… sa folle de blonde peroxydée vient de prendre vingt ans de taule. Il se came à la camomille depuis des jours, j’ai moi-même envie de lui faire avaler mon flingue. » S’arrachant enfin du lavabo, s’avançant vers lui, Sloan comble la distance pour s’arrêter face à Ace et cette multitude de tâches de rousseur. Constellation, la sienne, les compter pour mieux les embrasser. Et certainement trop prêt. Pas assez loin. Ce qu’il faut pour l’obliger à lever la tête, redresser ce regard insoumis vers lui. Une position qu’il aime. « C’est tout ce que tu as ? Vraiment ? Tu crois que là ou j’en suis, j’en ai quelque chose à foutre ? »
Sourire austère, essuyant l’invitation de se casser d’ici, se murant dans le silence, c’est à peine s’il remarque la porte juste dans le dos d’Ace s’ouvrir brusquement sur une gueule juvénile et inconnue. « Oups… » Passant à coté deux, sans leur donner plus d’importance, Sloan le suit du regard un moment jusqu’à le voir disparaître derrière une des portes des chiottes. Dans le silence tendu, le bruit d’une fermeture qu’on dézipper à la va vite, l’irlandais ferme un bref instant les yeux.
« J’suis venu boire une bière. Je compte bien la terminer avant de partir. Viens pas trop me faire chier ce soir Aisling, il n’en sortira rien de bon. Pour toi, comme pour moi. » Et n’ayant absolument pas envie d’en entendre d’avantage, entre le plaisir manifeste de l’autre soulard de soulager sa vessie, Sloan bouscule son épaule en passant prêt de lui. Coup volontaire. De sa chaleur s’attardant un trop long moment, le rendant un peu plus morose alors qu’il quitte les chiottes, l’idée fixe de rejoindre le bar. De finir sa soirée. Un bière. Si ce n’est le whisky. Histoire de s’abrutit un peu plus.
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MessageSujet: Re: SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. SLOAN&AISLING » Maybe on the moon, there’s a soil for the doomed ; I should save us a ride. EmptyJeu 11 Mar - 19:34


Arrête de me fixer comme ça.
Mais qui est encore Sloan, pour exiger quoi que ce soit de sa part ?
Une plaie suturée par les fils fragiles du temps. Une ombre dans le sillage d’un ainé dont Aisling ne partage plus le quotidien depuis longtemps. Un écrin de souvenirs doux que sa colère a rendu si amers. Personne, hurle la fierté du roux, vindicative et protectrice.
Mais il était quelqu’un, à ce gamin ballotté entre un père aux yeux bercés de fantômes, un frère dont les regards l’accusaient du pire meurtre qui soit, et cet îlot de tendresse qu’incarnaient Naimh et Mina. Il importait à cet adolescent en quête de lui-même au sein d’un environnement barbare qui ne lui correspondait en rien, à ce gosse trop adulte mais encore si peu mature par certains aspects, qui éprouvait ce besoin viscéral de trouver enfin sa place –si ce n’était pas parmi les siens, alors ailleurs.  Il comptait, pour cet Aisling en pleine construction, qui ne s’était jamais senti aussi bien et légitime avec un autre avant que Sloan ne vienne s’immiscer dans son existence, et mettre le désordre dans un cœur famélique d’attentions. Entre les répits dessinés par cette amitié aux contours flous, et les feux tatoués sur les épidermes dans la fièvre de la découverte, les regards dérobés et escapades arrachées à un quotidien disloqué, de balbutiements en tentatives manquées, de geste empressés en baisers tantôt timides, tantôt ardents, l’Irlandais a aimé en silence, sans bruit, brodant des sentiments muets là où il pensait que leurs cœurs se liaient. Il ne songeait pas que c’était mal, malgré les préceptes martelés depuis sa plus tendre enfance, qu’il n’écoutait qu’à peine dans une tentative de se faire enfin remarquer, de gagner un peu en substance aux prunelles vagues de son paternel. Même s’ils se cachaient ; même s’il conservait ces instants-là sous le scellé du secret.
Sloan était quelqu’un, à ce myocarde si jeune, en manque de repères, aux places laissées vacantes, mais encore pétillant d’espoirs et de fougue, si peu prompt à la crainte.
Et aujourd’hui, Aisling aimerait croire qu’il n’est plus rien, s’emmitoufler dans cette réalité aux saveurs piquantes de nostalgie et de regrets gommés avec les années. Il aimerait que la rancœur qu’il sent remonter le long de sa gorge et se déverser contre sa langue s’empale sur les lames de sa volonté à l’oublier. Il voudrait que la douleur le laisse en paix, et continue de sommeiller en lui plutôt que s’éveiller à la moindre caresse de ce regard assombri contre le sien.
Il souhaiterait ne pas se montrer si sensible, et pouvoir afficher cette même indifférence nonchalante que Sloan lui oppose avec un flegme qui le hérisse.
Cette indifférence qui se craquelle un peu, lorsque l’homme ose exiger et que le fleuriste, autant par provocation que par envie de ne rien lui épargner, se refuse à détourner les yeux. Tant pis, si les blessures y sont encore visibles –en cet instant, elles deviennent armes, et non une faiblesse. Et tant mieux, si cette vision incommode l’autre Irlandais, si elle mord dans sa culpabilité altérée par le temps ou réveille son agacement, s’il la déteste ou préfèrerait pouvoir la fuir. A Aisling, le brun ne doit rien.
Mais auprès de ce gosse aux joues tachetées, qui portait sur lui des iris tissés d’une affection tangible et pourtant dénigrée sans le moindre regard en arrière, ce gamin auprès de qui Sloan aurait pu susciter une indéfectible loyauté, ce dernier n’a pas réglé ses dettes.

La rage ressert un peu plus fermement ses serres acérées autour de son cœur, lorsque l’autre homme ose lui sourire. Sur ses traits marqués, les muscles lui paraissent usés et maladroits, comme s’ils avaient perdu l’habitude de cet exercice –cela pourrait l’émouvoir si le tueur de la mob ne s’octroyait pas le droit de lui sourire comme s’il reconnaissait en Aisling quelque chose qu’il a connu.
Les nerfs à vif du roux gémissent, mis à mal, au bord de la rupture ; ses paupières se plissent légèrement, trahissent la méfiance qui grignote ses veines. Sloan joue, en ressuscitant dans l’air des instants où ils se laissaient aller à des rapprochements qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui. (Et ça ne le blesse pas –pas vraiment-, mais l’écœure.) Le rictus âpre qui ponctue les tonalités profondes ne suffit pas à le faire taire, ne lui inspire pas même satisfaction. Cette fois-ci, les mots qui fusent entre ses lippes ont été dépouillés de leurs teintes faussement légères, abandonnent leur armure d’ironie. Ses intonations sombrent dans les graves, empreintes de sentiments féroces.
« Ça fait des années que tu as apporté la réponse à la question d’un « nous ». Et ça fait au moins autant de temps que j’ai cessé d’attendre quoi que ce soit de ta part. En réalité, je ne parviens même pas à être déçu. C’était tellement prévisible, que t’allais fuir. »
Ses prunelles s’aiguisent, et il ne ressent pas le moindre remords à prononcer cette insulte déguisée, cette accusation éloquente. Il exècre cette lâcheté facile.
Et que Sloan ne lui fasse pas l’affront de prétendre que la bière imbibant son pantalon méritait son immédiate attention –deux ou trois minutes de plus n’auraient pas sauvé son jean.

Ses paroles coulent sur l’armure qu’est devenue la peau de l’autre homme, forgée par les pertes et les blessures ; les sentiments blessés du combattant s’insurgent et se renfrognent dans un premier temps, se refusent à admettre cette défaite –cette réalité poignante qui signifie également que la vie a érigé des remparts imprenables autour du brun, qu’Aisling ne saura escalader, qu’il vienne en ennemi ou en allié. Puis ils se recroquevillent, se rendent compte que leur ardeur est une bêtise, une faiblesse.
« Il a perdu son frère, répond simplement le roux, lorsque son interlocuteur lui décrit sans filtre l’état d’esprit de Cináed. Il s’en remettra pas en deux jours. C’est pas ton job, de veiller à ce qu’il ne se prenne pas une balle dans la tête en faisant une connerie sous le coup de l’émotion ? »
Un brin d’empathie, pour son ainé ?
Peut-être. Une miette.
Sloan est familier avec la perte, il devrait comprendre –commentaire qu’Aisling enchaine de justesse, avant que sa colère ne le rende injustement cruel. Il ne s’attend pas à ce que ses mots éveillent la moindre compassion en l’Irlandais, mais ceux qu’il enferme soigneusement, tisse de silences, pourraient le faire vriller.
Et qu’en tirerait-il ? Une satisfaction éphémère.
Rien qui n’en vaille la peine.

Tous ses muscles se raidissent dans un réflexe défensif tandis que le brun se détache de la vasque pour s’approcher, dévorer la distance qui les écartèle. Ses instincts se tendent, à l’affut ; ses iris évaluent promptement ses chances, comme s’ils se retrouvaient propulsés au sein du cercle de combat. Sloan entre dans son espace de confort, à dessein, et Aisling haït cette différence de taille qui l’oblige à relever le menton pour plonger ses prunelles gorgées de menaces silencieuses dans les océans morts qu’abritent celles de son interlocuteur. Il ne brave pas la décence –bien sûr que non.
Mais le roux doit se faire violence pour désamorcer ses réflexes qui l’enjoignent à reculer, à trouver plus de confort dans l’éloignement –son orgueil retourne ses armes contre ses mécanismes de survie.
Dévisageant l’air renfermé de Sloan, il ne bouge pas.
S’y refuse.
Pas la moindre vulnérabilité, il l’a promis.
En équilibre délicat sur un point de rupture si sensible, le fleuriste vacille, mais ne flanche pas.
« Je pense que t’en as plus grand-chose à foutre de quoi que ce soit. »
Pas un reproche, juste une vérité qu’il énonce.
Et son cœur qui se tord qu’il étouffe.
Il bouge à peine pour laisser la place à l’intrus de s’immiscer dans les toilettes ; il écoute plutôt l’avertissement, gronde intérieurement lorsque Sloan décide de n’en faire qu’à sa tête et rester. Pas le moment de le faire chier, tu parles.
Leurs épaules cognent, bannissent la moindre probabilité d’un hasard, et cette fois-ci, l’affront le fait réagir. Deux foulées pour rattraper le brun hors de la petite pièce aux relents de savon et d’urine, il agrippe fermement son avant-bras et l’oblige d’un mouvement sec à se retourner.
Le contact fait dégringoler son cœur, mais il le rattrape aussitôt.
Rien à battre que leur proximité déplaise à l’autre homme, que ses propres instincts s’embrasent sous sa peau en murmures alarmés, ou que leur altercation attire quelques regards curieux ou inquiets. Il le retient, ne lui laisse pas le choix, le palpitant à vif. Leurs regards se jettent l’un sur l’autre, et l’expression fermée d’Aisling se fissure. Comme la marée, sa colère régresse sur ses sentiments hérissés et chaotiques, laisse entrevoir quelques failles.
« Sloan. »
Le prénom se love contre sa langue, lointain, oublié –pourtant, son accent aux saveurs d’Irlande se souvient de toutes ses notes. Un appel, un avertissement, une demande ; c’est un désordre sans nom auquel ses intonations se vouent.
Sa poigne se desserre sensiblement, enchaine son agressivité première ; il ne désire pas aller au conflit. Avec un fantôme, quel intérêt ?
Il lui semble déjà que ses mots sont condamnés au vide, échos qui parviendront à peine à altérer la trajectoire destructrice de Sloan.
« Cet endroit n’est rien pour toi, énonce-t-il avec sérieux, gravité. Une bière ici, ou dans l’autre pub Irlandais à deux blocs de là, ça change strictement rien pour toi. T’y retrouveras pas de gars de la mob, et tu pourras tranquillement faire ce que tu t’apprêtais à faire avant qu’on t’inonde de bière. »
Ses lèvres se pincent, répriment en vain une moue douloureuse qui déteint sur sa voix.
« Il n’y a rien qui te retient dans le coin. Alors, je te le demande : ne reste pas. »
Ses iris s’attardent un peu plus longtemps dans les siens, puis ses doigts le libèrent presque brutalement.
Et merde.
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