Il commence à se faire tard. Cela fait plusieurs heures désormais que la nuit est tombée, que les loups nocturnes ont pu commencer à sortir de leur caverne. Les rues d’Exeter sont vides, à part autour des lieux de vie de la nuit. A l’occasion, on peut apercevoir une silhouette solitaire de hâter de rentrer chez soi, un groupe de jeunes femmes tapiner sur le bord du trottoir, des types profitant de la nuit et de l’anonymat pour aller là où ils ne devraient pas être, et quelques chats qui finiront probablement écrasés sur le pavé un jour ou l’autre. Paddo, lui, il fait partie des gars qui bossent. Ce soir, il n’est pas assigné à la surveillance des filles ou de la sécurité des lieux. On l’a envoyé à l’extérieur pour aller toquer chez un type qui a tenté d’arnaquer l’Irish Mob. Il a malencontreusement oublié des paiements à répétition, a pensé qu’il s’en sortirait. Mais la mafia irlandaise ne fait pas dans la tolérance ou dans l’inattention. Chaque affront est rendu au centuple. Il le savait Silas en toquant à cette putain de porte, il ne s’attendait juste pas à tomber sur sa femme. La quarantaine, le profil même de la mère de famille bien comme il faut. Il lui a demandé d’aller chercher son mari, et il a fallu le faire descendre de l’immeuble par la menace, le traîner dans la ruelle à l’extérieur pour lui éclater la gueule, même après qu’il lui a remis les billets, ait payé la somme avec les intérêts. De la violence gratuite, un retour de bâton dont l’homme n’est que le messager. Il a probablement fait de sacrés dégâts par la force de ses poings, s’est fait porte-parole de cette putain de pègre en lui faisant comprendre qu’au prochain écart, ce serait au tour de sa femme. Putain, ce qu’il a pas envie de s’attaquer à des personnes innocentes, de continuer à piétiner ses valeurs.
Alors quand il gare sa bagnole devant le Devil’s Den, c’est avec un visage sombre et fermé qu’il y entre, se dirige machinalement vers le sous-sol et ce jusqu’au bureau. Il essaye de se réconforter en se disant qu’au moins, c’est tout ce qu’on lui demandera ce soir. Il pourra rentrer, essayer d’avoir une nuit décente. Ça ressemblait presque à des vacances, ouais. Il dépose la tune, fait savoir que le boulot a été fait. Personne ne peut remettre sa parole en doute, pas à la vue de ses jointures salement rougies. C’est pour ça qu’il est utile, de toute manière. Il a la réputation du gars qui sait comment cogner, comment mettre à terre avec l’espoir que son adversaire puisse se relever un jour. Et il tire sa révérence Paddo, quitte le sous-sol pour revenir dans l’espace du bar, un endroit qui pourrait être parfaitement légal et sans problèmes s’il n’en connaissait pas les rouages. Il sait qui bosse là, qui fournit la drogue, quelles filles peuvent être achetées, à qui s’adresser pour avoir accès à un panel de services aussi illégaux que jouissifs. Et malgré tout, au lieu de se barrer, c’est vers le barman qu’il se dirige. Il opte pour un de ces tabourets désertés par les clients, là où il pourra avoir la paix. Il a besoin d’un verre, voire même de plusieurs pour soulager les nerfs, éviter de péter un plomb sur le chemin du retour. Il commande directement deux whiskys, un qu’il descend d’une traite, se brûlant la gorge au passage. L’autre qu’il garde devant lui, prend un peu plus le temps d’apprécier. C’est comme attendre qu’un foutu aspirine fasse effet, l’alcool. Alors Paddo fait un effort de patience, consent enfin à jeter un œil circulaire dans le bar, voir quels habitués sont là ce soir. Il n’y a qu’une seule tête qui fait tâche dans le décor. Une qu’il espérait ne plus voir. Bordel de merde, pourvu qu’elle n’ait pas fait attention à sa présence.
GASMASK
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Sujet: Re: let's never meet again (Moira) Sam 27 Fév - 4:29
Telle une petite princesse perdue au sein de son royaume déchu, Moira évolue désormais au Devil's Den comme si elle y avait passé une grande partie de sa vie. Elle connaît maintenant plutôt bien l'endroit puisqu'elle y a souvent mis les pieds au cours des dernières semaines, s'est même liée d'amitié avec quelques filles qu'elle aimerait pourtant voir ailleurs, mais qu'elle ne pourra jamais obliger à partir et à trouver un meilleur travail, plus respectable. Elle reconnaît même aussi certains clients réguliers, sait éviter ceux qui se montrent trop insistants et dont les regards glissent impunément sur elle lorsqu’elle se trouve à proximité, tels les prédateurs qu’ils semblent avoir l’impression d’être. Elle les envie d’être ainsi capables de placer des oeillères de chaque côté de leurs têtes et d’oublier que tout un monde existe à l’extérieur du Devil’s Den. Ils la dégoûtent, aussi, lorsqu’ils abandonnent un regard lascif, parfois même presque menaçant, sur son corps fin. Si les employés de l’endroit ne sont pas forcément ses plus grands fans, Moira est toutefois persuadée qu’elle n’aurait qu’à crier pour qu’on vienne la sortir d’un mauvais pas. Elle se promène donc la tête haute, n’hésite jamais à remettre certains connards à leur place, ravie de constater qu’ils n’oseront probablement jamais s’en prendre à elle, ne serait-ce que pour ne pas attiser la colère du patron. Parce qu’elle le dit, Moira, qu’elle est la fille du boss. Elle le dit et elle s’en vante, surtout lorsque ça fait son affaire, encore davantage lorsqu’elle est persuadée que l’effet qu’aura l’aveu sera grand.
Assise en compagnie d'un groupe de garçons qui semblent visiblement heureux de la savoir auprès d'eux au vu des rires et des regards qui s'échangent depuis de longues minutes déjà, Moira fronce néanmoins les sourcils lorsque la large silhouette de Silas fait irruption dans son champ de vision. Elle devine le coup d'oeil qu'il lance vers elle avant de se retourner comme si de rien n'était, comme s'ils n'avaient rien partagé, comme si elle ne représentait rien de plus qu'un morceau de viande pour lui.
Un long soupir quitte les lèvres de la blonde alors qu'elle se redresse d'un blond et qu'elle glisse un baiser sur la joue de celui qui la drague gentiment depuis son arrivée. Lorsqu'elle rejoint le brun, c'est pour se planter juste devant lui, sourcil arqué, menton relevé. Effrontée. « Je vais essayer de deviner. » propose-t-elle alors qu'elle fait mine de réfléchir sans néanmoins lui laisser la possibilité de placer un mot. « Je sais ! Tu as perdu ton téléphone et donc, mon numéro ! Non, attends. T'es juste un gros con qui se tape des filles sans jamais les rappeler. C'est ça ? » Moira aurait aimé qu'il la rappelle, aurait aimé le rejoindre à nouveau après avoir fait un effort supplémentaire pour agrémenter sa tenue d'un bijou discret ou d'un maquillage délicat. Les deux soirées qu'elle avait passées en sa compagnie s'étaient avérées agréables et elle regrettait presque de ne pas avoir fouillé le téléphone de Rex lorsqu'il l'abandonnait sur la table de la cuisine pour retrouver les coordonnées du brun.
Lentement, elle étire le bras pour récupérer le verre qu'il avait commandé pour lui et en prendre une minuscule gorgée, trop peu surprise par l'amertume du breuvage alors qu'elle aurait presque pu parier sur ce qui lui plaisait. Le whisky, ça lui va bien. Elle se mordille légèrement la lèvre, incline la tête alors qu'elle plante cette fois ses prunelles dans les siennes.
« T'as de la chance, j'ai le pardon facile. »
Ça dépend pour qui.
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Sujet: Re: let's never meet again (Moira) Mar 2 Mar - 23:34
C’est pas un chercheur de merde Silas et ce soir, il a juste envie qu’on lui foute la paix. Il veut pouvoir picoler en paix jusqu’à oublier ses emmerdes, oublier qu’il a cassé la gueule d’un pauvre type qui ne le méritait certainement pas et qui a juste fréquenté les mauvais gars. Oublier que ça pourrait encore gravement le mettre dans la merde. Il fait pas confiance à la mafia irlandaise pour le protéger en cas de pépin, c’est pas comme ça que ça fonctionne ici. On prend les ordres, on obéit, et on espère s’en tirer. Ce soir, il se rappelle juste de combien sa vie est merdique depuis trois ans, de combien il se sent asservi. Il pourrait tout foutre en l’air, planter ces putains d’irish pour aller voir la concurrence. L’offre d’Azraël n’est jamais bien loin de son esprit. Au bout d’un moment, il faudra bien admettre qu’il n’a plus grand-chose à perdre. Alors vu ses états d’âme du moment, Moïra qui se détache de la population du bar, c’est comme un énorme doigt d’honneur que lui fait le karma. Elle est simple l’histoire, il a pris son pied avec cette gamine une fois, deux fois. S’en est vanté auprès de Rex qui lui a fait les gros yeux. Il a pas envie d’être celui qui se fait tabasser ce soir pour avoir osé toucher à la fille du patron.
Le souci, c’est que la blonde a du tempérament et de la rancune, qu’elle vient lui faire une scène. C’est passif agressif, c’est que le calme avant la tempête. Ça lui coûte de vider son deuxième verre en l’écoutant, déjà prêt pour le troisième qui arrive devant son nez. « J’en sais rien, tu préfères quelle option ? » Il hausse un sourcil, l’observe lui voler son verre pour le faire sien et y plonger les lèvres. Elle ne grimace pas, mais il suffit de voir son visage pour imaginer parfaitement l’effet que lui fait la brûlure du whisky. Elle joue à la grande Moira, se prend pour une femme accomplie. Elle est jeune, ça devrait lui suffire à réaliser combien c’est malsain et inapproprié de sa part de s’y être intéressé en premier lieu. Mais tout ce qu’il regrette, c’est de la savoir hors d’atteinte maintenant. C’était agréable pour ce que ça a duré. Le pardon facile, ce n’est pas ce qui va arranger ses affaires. L’ours reprend son verre, l’inaugure à son tour. Il sent enfin ses épaules se relâcher, son corps se réchauffer. « J’pensais pas te manquer autant. Désolé si j’ai blessé ta fierté en ne te rappelant pas. Promis, ce n’est pas contre toi. » Si seulement ça pouvait suffire à en rester là. Mais elle ne va pas bouger, il le sent. Le patron n’a pas l’air d’être dans le bar ce soir, sauf qu’il y a le reste des employés. Y a des oreilles et des yeux partout au Devil’s Den. « Je pense que ce serait mieux qu’on en reste là. On n’a qu’à dire que je t’offre un verre et que je te laisse retourner vaquer à tes occupations avec les types là-bas, qu’est-ce que t’en dis ? » Elle aurait l’attention qu’elle réclame, il pourrait picoler en paix et s’épargner des problèmes. Tout bénef.