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| Sujet: why don't you try ? - nael Mar 16 Fév - 19:46 | |
| La sonnerie du téléphone s'évanouit lentement dans l'air alors que Duane soupire de soulagement. Il n'a qu'à poser les yeux sur le nom qui apparaît à l'écran pour se sentir un peu coupable de ne pas donner de nouvelles. Après tout ce qu'a traversé Nael au cours des dernières années, le policier aurait pu se montrer un peu plus empathique et sociable, même s'il n'a pour le moment envie de voir personne. Il retourne l'appareil sur le canapé afin de ne plus voir la notification qui s'affiche toujours à l'écran, se redresse difficilement et se rend jusqu'à la cuisine pour avaler avec un peu d'eau les pilules qui rendront son mal de tête un peu plus confortable et qui feront baisser la fièvre. Il ouvre le réfrigérateur, mais change rapidement d'avis alors que tout ce qui s'y trouve lui donne la nausée, ne récupère qu'une bière dont la bouteille vide ira rejoindre les autres sur la table basse.
Long soupir qui s'étiole dans la maison vide et le voilà qui retourne au salon pour abandonner sa carcasse sur le canapé et ouvrir la télévision. Émissions vides de sens et sans intérêt qu'il ne connait pas vraiment puisqu'il a passé sa vie dans un commissariat de police et qu'il n'a jamais pris la peine de se poser quelques heures par semaine sur le canapé afin de suivre les aventures de personnages de cinéma.
Rapidement, Duane éteint l'appareil et abandonne sa tête contre le dossier du canapé, paupières closes afin de se concentrer sur sa respiration, comme le lui a appris Trevor de nombreuses années auparavant. Le brun a toujours détesté ça, l'impression de ne pas avoir un total contrôle de sa vie et les dernières nouvelles n'ont fait qu'amplifier ce sentiment désagréable qui lui compresse la poitrine. Quel contrôle ? Duane a perdu le contrôle il y a des mois, lorsque tout s'est effondré sous ses yeux, lorsqu'il a vu sa vie partir en fumée avec la mort de son garçon. Il a perdu toute sa famille, ce jour-là, puisque rien n'a plus jamais été pareil. Sa femme s'est éloignée, sa fille s'est recroquevillée sur elle-même et son cadet ... Son cadet était encore trop jeune pour bien saisir la portée de la catastrophe qui s'était abattue sur eux.
Le sommeil le happe brutalement et Duane ne se réveille en sursaut que quelques heures plus tard, lorsque des coups sont frappés à la porte de la maison désormais plongée dans le noir. Une main passe sur son visage encore ensommeillé alors que la bière, à moitié vide, trône à ses côtés.
Pendant quelques longues secondes, Duane se dit qu'il pourrait ne pas répondre, qu'il pourrait faire le mort et attendre que l'intrus s'en aille, mais les mots de Nael l'écorchent et lui soutirent une grimace.
« C'est pas la peine de péter une vitre, j'arrive ! » grogne-t-il lourdement d'une voix rendue rauque par l'alcool et la sieste improvisée avant de se relever du canapé et de prendre quelques secondes pour retrouver ses repères. La pénombre l'enveloppe, mais le policier ne prend même pas la peine d'allumer une lampe sur son passage, se contente d'attendre que ses yeux s'habituent à l'obscurité.
Les pieds se traînent jusqu'à l'entrée et la porte s'ouvre sur la silhouette de son ami, à qui il offre un sourire feint. « C'est bon maintenant, t'es content ? Je suis pas mort. »
Pas mort, mais presque. |
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| Sujet: Re: why don't you try ? - nael Mar 16 Fév - 21:33 | |
| Un soupir quitte les lèvres de Nael alors qu’il tombe sur le répondeur de Duane, en récitant mentalement le message exact qu’il connaissait mot pour mot pour s’y être heurté un paquet de fois au cours des derniers jour. Respectueux de la zone de confort de chacun, le concierge n’aurait probablement pas insisté s’il ne connaissait pas assez son ami pour savoir que cette absence de nouvelles ne relevait pas d’un quotidien bien trop chargé pour garder son téléphone à l’œil. Duane n’était pas vraiment du genre à mâcher ses mots et s’il avait réellement voulu préserver sa tranquillité, il ne se serait pas gêné pour le lui faire savoir dans toute cette franchise dont il savait faire preuve. Non, ce silence prenait racine plus profondément, allait plus loin qu’une simple envie de se retrouver seul, Nael en était persuadé. Au fil du temps, le brun avait appris que les rares moments où Harrison se montrait le plus distant était également ceux où il avait le plus besoin d’être entouré pour ne pas se retrouver seul face à ces démons à l’appétit vorace et jamais vraiment rassasié qui le suivaient de près, attendant patiemment qu’il leur montre la moindre faille pour s’y immiscer et le trainer dans les abysses de ses vieux travers. Et ce soir, Nebchi n’était pas d’humeur à les laisser gagner, bien déterminé à s’époumoner pour leur crier de reculer et de rester loin de l’Irlandais qu’ils avaient déjà assez emmerdé pour les siècles à venir. La dernière tentative de le joindre se solde par le même bip catégorique que toutes les autres : il ne répondra pas.
Après avoir parqué sa voiture dans l’allée envahie de mauvaises herbes de son ami, Nebchi avise d’un coup d’œil méfiant les rideaux tirés et les lumières éteintes. Le concierge peste un coup mais n’a décidément pas fait le trajet pour se laisser arrêter dans son expédition par ces quelques obstacles insignifiants, surtout pas depuis qu’il a l’intime conviction que malgré les apparences trompeuses, Duane est là, tapi quelque part dans la pénombre. Par chance, Nael est suffisamment entrainé à ce genre de situation pour savoir exactement quelle corde tirer pour attirer l’attention de l’Irlandais dans sa direction en un temps record. Déterminé, le concierge se râcle la gorge avant de s’égosiller, balançant tout ce qui lui passe par la tête pour le faire sortir de là plus vite, que ça soit par peur de mourir de honte après que Nebchi ait alerté tout le voisinage de sa présence ou sous la menace de se retrouver avec un carreau brisé parce qu’il aura décidé de rentrer par la force. Prenant son rôle très à coeur, il va même jusqu’à attraper un parpaing pour renforcer l’illusion qu’il ne plaisante pas. Il le lâche aussitôt alors qu’un sourire victorieux prend place sur ses lèvres en entendant un signe de vie s’élever de l’autre côté de la porte close. Instinctivement, sa paume se plaque contre le panneau de bois pour le bloquer et empêcher Duane d’être tenté de lui refermer au nez. Harrison apparait enfin dans son champ de vision et son allure négligée lui confirme instantanément qu’il ne s’est pas trompé sur son sort et qu’il n’était pas en train de vivre sa meilleure journée. Techniquement, ne pas donner de signe de vie, c’est être mort, Dracula. Nael lui offre une accolade fraternelle avant de s’engouffrer à l’intérieur de la maison sans lui laisser d’autre choix que celui de faire avec sa présence, qu’importe ses projets pour le reste de la soirée. Aussitôt, il plonge les couloirs de la demeure dans la lumière, sans aucune pitié pour les rétines du policier. Quoi ? T’avais qu’à me le dire si tu voulais voir personne, je t’ai donné approximativement trente occasions de le faire. Nael pourrait sortir son téléphone de sa poche pour lui prouver son point de vue mais il remarque immédiatement à la tête de Duane que ça ne sera pas nécessaire. Tu t’es fait cambrioler ? C’est la première chose qui lui vient à l’esprit alors qu’il a l’impression de découvrir le salon de l’Irlandais pour la première fois, la faute aux objets qui semblaient tous avoir changé de place, délaissé là où Duane les avait posés pour la dernière fois, probablement incapable de mettre un semblant d’ordre dans sa chaumière là où même sa tête était sans dessus-dessous.
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| Sujet: Re: why don't you try ? - nael Mer 17 Fév - 6:18 | |
| « Je suis pas encore mort. » grommelle-t-il alors que son ami lui reproche de ne pas avoir donné de nouvelles. L'accolade offerte l'oblige à se raidir et Duane recule d'un pas, le met soudainement en garde. « Me touche pas. » Il se rend compte trop tard que ses mots peuvent s'avérer étranges pour celui qui s'impose au coeur de son logis sans lui demander la permission et rapidement, le policier tente de rectifier le tir. « Je suis sale. » La lumière soudaine l'agresse brutalement et Duane se frotte les yeux, soupire lourdement à la réplique de Nael. Il a raison, bien sûr qu'il a raison. Si l'irlandais avait répondu à son premier appel afin de lui dire qu'il allait bien, mais qu'il n'avait pas envie de parler et qu'il préférait rester seul, son ami aurait probablement compris et l'aurait laissé tranquille. En filtrant ses appels - comme tous les autres, d'ailleurs - Duane lui avait ouvert une porte qu'il n'avait pas été en mesure de protéger. L'inquiétude avait gonflé le coeur si grand de Nael et s'il se trouvait chez lui en ce moment même, le policier ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.
« J'ai changé de numéro. » lance-t-il sans grande conviction alors qu'il sait pertinemment que son ami n'y verra qu'une fausse excuse de plus et qu'il perdra désormais toute crédibilité. « Je n'ai envie de voir personne. » ajoute-t-il finalement alors que Nael semble déjà prendre ses aises au sein de la demeure qu'il connaît sûrement par coeur. La maison est beaucoup plus calme maintenant que les enfants sont à l'autre bout du monde avec leur mère, mais la décoration n'a pas changé et le réfrigérateur n'a pas bougé.
L'interrogation du concierge lui soutire un long soupir alors qu'il secoue lentement la tête et qu'il récupère une bouteille vide, ne serait-ce que pour lui montrer qu'il peut aussi faire un effort.
« T'es venu ici pour critiquer mon ménage ? » demande-t-il finalement alors qu'il traîne les pieds et qu'il passe une main dans ses cheveux. Quelques traces de sommeil se déposent encore sous ses yeux, mais la fièvre semble avoir disparu puisque les frissons se sont atténués. « Si ça peut te rassurer, oui, je me suis fait cambrioler. » ment-il effrontément sans chercher à dissimuler subtilement la vérité. Duane sait que Nael ne le croira pas et il ne compte définitivement pas là-dessus pour pousser son ami à partir, se dit qu'il prendra peut-être lui-même la décision de fuir lorsqu'il comprendra enfin que le policier est une cause perdue et qu'il n'est pas d'humeur.
Il se laisse finalement tomber sur le canapé, soupire longuement et prend une gorgée de bière désormais chaude alors que la bouteille est posée sur la table, là où il l'a abandonnée quelques heures auparavant. Son front rejoint ses paumes, mais les anti-inflammatoires ont suffi à réduire presque à néant ces maux de tête qui lui embrument le cerveau et qui l'empêchent de voir clair.
« C'est Roxanne qui t'envoie ? » l'interroge-t-il alors qu'il redresse les yeux vers lui, sourcils légèrement froncés, suspicieux. Il a revu la brune quelques jours auparavant et Duane est désormais persuadé qu'elle a envoyé Nael pour le secouer un peu. |
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| Sujet: Re: why don't you try ? - nael Sam 6 Mar - 21:48 | |
| Sans vouloir t’offenser, c’est pas vraiment l’impression que tu renvoies. Nebchi était même presque prêt à parier que les macchabées avaient plus fière allure que l’homme qui lui faisait face. Si Duane pouvait choisir de le mener sur de fausses pistes pour ne pas qu’il s’inquiète plus que de raison, sa dégaine débraillée, son haleine empestant l’alcool et ses traits creusés par le manque de sommeil, eux, n’avaient aucune raison de mentir. Sceptique, Nael fronce les sourcils lorsqu’Harrison se soustrait brutalement à son contact, comme si son étreinte venait de lui envoyer une décharge électrique si violente qu’il ne pouvait la supporter sans finir électrocuté. Le flic ne l’a jamais habitué à ce genre de comportement par le passé mais le concierge décide d’y voir une simple tentative de dissuasion de plus, un peu à la façon de ces animaux qui montrait les crocs et hérissaient le poil pour éloigner les individus indésirables de leur territoire quand ils se sentaient menacé. Duane ne fait que venir confirmer cette théorie lorsqu’il lui souligne ce qu’il savait déjà : son ermitage était parfaitement prémédité et sa présence n’était pas la bienvenue. Second point que Nael décide d’ignorer volontairement en s’aventurant à l’intérieur de la zone d’ombre dans laquelle se terrait Harrison depuis quelques jours.
Un rire quitte la gorge de Nael lorsque Duane lui affirme sans le moindre état d’âme qu’il a bien été cambriolé, détournant une fois de plus l’attention du concierge du réel problème. Si tu veux mon avis, ils feraient mieux de songer à une reconversion professionnelle. Qu’il lâche finalement en désignant l’écran plat - objet de valeur le plus en évidence de la pièce – d’un bref signe de tête. Soudainement moins enclin à prendre les choses à la rigolade, Nael se laisse tomber sur le canapé aux côtés de son ami, à une distance suffisamment respectable pour ne pas enfreindre la volonté d’espace vital émise un peu plus tôt par le policier. J’ai pas attendu sur Roxanne pour me faire du souci pour toi, tu sais. Nebchi n’avait pas eu besoin d’échanger un seul mot avec leur amie commune pour déceler que quelque chose ne tournait pas rond dans la vie du plus vieux. Bon alors, raconte-moi ce qu’il se passe. Ses yeux se posent sur lui et le supplient presque de ne pas le prendre pour un idiot plus longtemps, histoire qu’il comprenne bien que Nael n’était pas venu là pour le regarder se livrer à une mascarade à laquelle il ne mordait pas mais bien pour lui apporter tout son soutien. J’suis pas aveugle, je le vois bien qu’un truc te bouffe la tête alors hésite pas. Tu devrais savoir que je suis pas vite effrayé. Qu’il ajoute sur une note un peu plus complice. Pour être passé par là avant lui, Nebchi sait que pour en arriver à cacher ses tracas à ses proches, il devait forcément s’agir de quelque chose de très personnel ou d'assez grave pour susciter leur inquiétude. L’inviter à se livrer est la dernière chose qu’il fera avant de se convaincre pour de bon qu’il se faisait des films depuis le début et que Duane avait simplement passé une mauvaise semaine.
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| Sujet: Re: why don't you try ? - nael | |
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