Une chambre transformée. Refuge secret qui s'était animé. Peu qui avait l'honneur de pouvoir entrer dans ce sanctuaire. Une ligne invisible tracée qui était franchie, qui signifiait que un seuil avait été franchi. Un degré de confiance acquis. Un degré de confiance qui n'était pas équivalent à celui qui pouvait être acquis au sein de la mafia. Différent. Laissant par là l'inconnu faire son entrée dans ma vie privée. Dans cette chambre qui avait si peu été découverte par des inconnus qui n'étaient plus. Inconnue qu'elle n'était pas. Amie qu'elle était devenue. Et dans cette chambre rangée à l'origine avec soin, tout désormais maintenant sans dessous, dessus. Des robes sorties du dressing adjoint. Des tops dévoilés. Des tenues essayées. Des tenues toujours choisies avec soin. Un automatisme. Comme celui de s'assurer que tout était parfait avant d'entamer un photoshoot ou un nouveau défilé de mode. Dressing qui avait été actualisé. Dressing qui avait été dépoussiéré, même si jusqu'à là chaque étoffe, chaque robe avait conservée avec le plus grand soin. Comme dans un musée. Un musée que j'avais réveillé. Et il paraissait alors qu'une multitude de touristes en avaient franchi les portes et s'étaient arrêtées devant les vitrines, presque à demander la clef pour pouvoir examiner de plus près le contenu. Ce que j'avais fait. Sortant les tenues les une après les autres. Essayant. Insatisfaite. Indécise. Soignant cette image.
Comme si quelques heures plutôt, ce n'était pas les coups qui étaient échangés. Comme si quelques heures plutôt, ce n'était pas les poings qui étaient sortis. Frapper et esquiver. Se servir d'un corps comme d'un instrument. Tout qui devenait un arme. Un corps qui était transformé. Instrument de la mort à part entière. Tomber et se relever. Parfois cette voix qui soufflait qu'elle avait de bons réflexes. De trop bons réflexes. Cette voix qui me poussait à me demander si j'étais aussi douée qu'elle lorsque j'avais plongé dans cet amas de ténèbres. Le néant. Cette voix qui se taisait. Abandonnée. Oubliée dans un coin de mon esprit. A la pousser plus loin. Jusqu'à ce qu'elle en vienne à se briser. Pour voir si elle allait craquer. Pour voir si elle allait s'effondrer et rester là, postrée au sol ou se relever. Phenix renaissant de ses cendres. Parce que personne ne pouvait entrer dans cette famille sans apprendre avant à jouer avec le feu. Parce que peut être j'aurai pu y aller en douceur. Mais la douceur avait été oubliée. Laissée au vestiaire. Mot à la texture inconnu. Innocence et onde de douceur ravagées par la violence de la nuit.
Une nuit sans fin. Une soirée qui ne faisait que commencer. Comme si de rien n'était. Ou parce que ces fragments de violence étaient devenues une partie du quotidien. Devenant l'ordinaire. Devenant cette habituée de l'obscurité. Serpent qui muait. Changeant de peau. Me transformant. Louve qui redevenait humaine. La bête maitrisée. Reprenant le contrôle. Troquant la froideur et le sang pour les paillettes. Troquant legging sombre pour une tenue plus confortable. Le noir remplacé par le blanc. Top enfilé. Cheveux qui retombaient sur mes épaules, et une mèche de cheveux que je repoussais derrière mon oreille. L'illusion qui était presque constante. Poudre pour masquer les marques de la couleur du ciel. Empreinte physique qui disparaissait en l'espace de quelques secondes. Etoiles qui disparaissaient de la voûte céleste, comme effacé. Regard qui ne quittait le miroir. Des gestes précis. Un automatisme dans ces mouvements. Ce signe que le geste avait été répété encore et encore. Apprenant à dissimiler. Illusion après illusion. Une personne et des multiples de facette. Ayant appris au fur à mesure des années qu'une personne n'avait qu'un seul visage. Chacun qui portait un masque. Chacun qui se laissait plus ou moins aller. Chacun qui abandonnait plus ou moins le contrôle. Apparence soignée. Ne me préparant pour un show pourtant. Accès de beauté. Habitude. Signe que j'étais en contrôle. Mais tout autant détendu alors le sourire sur ce visage était sincère. Ligne de la couleur du charbon que je traçais le long de mes yeux. Reposant l'eye-liner sur la commode avant de me retourner vers Love. Celle qui avait eu l'honner de voir plus loin, d'aller plus loin. Celle qui avait eu accès à ce santuaire et avec qui j'allais partager ma soirée. « T'es prête ? »
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