(UA) motherly love

-- stay in your sweetness. don't let anything take that from you.

les champs d’asphodèle bruissent d’un murmure, une rumeur nouvelle. un courant d’air tiède faisant fondre le givre. au milieu des fleurs blanches, qui luisent dans la nuit éternelle, une pierre précieuse est sortie du sol. une gemme que personne n’ose réellement toucher, tant elle semble fragile, sur le point de se briser. pas plus grosse qu’une noisette, et entièrement imprévue, elle a troublé toutes les frontières, pour arriver dans cette étendue désolée, dont isla est reine.

hazel.

elle a détesté la gamine avant même qu’elle existe, avant même qu’elle soit au monde, alors qu’elle n’était qu’un amas de cellules. sans autre raison que le foetus serait certainement un simple héritier darling. qu’elle ne pourrait en faire son propre enfant et qu’elle devrait l’offrir à son mari, sans pouvoir y faire quoi que ce soit. mais c’est une fille. ce n’est pas l’héritier tant espéré, et elle l’a juré, il n’y en aura aucun autre. elle croise les yeux bruns de l’enfant, alors qu’elle tète sa mère pour la première fois, et ce premier contact occulte chaque mot de son mari, essayant vainement de lui expliquer qu’elle sera une darling.

non.

peu importe.

elle essaie de le laisser faire, pour ne pas attirer son courroux, les premières années. essaie de le laisser prendre l’ensemble des responsabilités la concernant, le laisse dérouler ses plans complexes pour la modeler à son image. elle sera une médecin influente et reconnue. mais au moment où il disparaît dans son hôpital, elle prend l’enfant dans ses bras et fait d’elle une abernethy. elle sera la première à être heureuse, et ça, isla se l’est jurée.

puis les temps passent, et le patriarche se montre de pire en pire. de plus en plus demandeur, de la part des deux femmes. brisant isla, jour après jour, rendant l’éclat bleu électrique de sa vie de plus en plus terne.

jusqu’à ce qu’elle se brise.

le cristal éclate, et il l’attend, feuille d’or en main, pour la reconstruire, elle aussi, à son image. il ne pensait pas que les éclats iraient dans ses yeux. une gifle c’est tout ce qu’il a fallu à la créatrice pour se décider. pour prendre sa merveille sous son bras et partir, loin. vers londres, vers ce petit appartement. peu importe, elles y seront très bien.

c’est un nouvelle vie pour les deux. main dans la main, elles deux contre le monde entier. isla la protège des projecteurs, sans jamais la cacher, ou lui mentir. elle lui montre ses créations, l’initie aux côtés les plus reluisants de la mode. parfois, la petite tête brune se retrouve au milieu des mannequins, qui la toisent, immenses face à la petite. c’est une reine parmi les étoiles, elle celle que tout le monde attend, que tout le monde chérit, que chacun couvre de cadeaux.

et le soir, quand isla rentre des bureaux, et qu’elle se met à sa machine à coudre, rien n’est plus agréable que d'entendre les accords de guitare de sa fille. elle l’encourage, parfois elle tente de chanter, de la suivre, avec beaucoup de peine. après tout chacune sa spécialité. et puis, elle quitte son ouvrage, parfois, pour l’enlacer, la garder tout contre elle, et se plonger dans ses yeux bruns. ensemble elles sont plus fortes que tout. hazel a donné à isla la clé du bonheur, lui a donné le courage dont elle a toujours manqué, a cultivé son ambition de la meilleure des manières. et elle donnera toujours tout pour la protéger. une main sur le ventre d’hazel qui s’arrondit, elle lui sourit, brillant.

“et pourquoi tu ne l’appellerais pas wendy, tout simplement?”