just a small town boy and girl - rio

Seule devant sa penderie alors qu’il est déjà presque dix heures, Clara soupire et grimace, pas réellement convaincue. Elle enfile finalement un collant et une robe confortable, laisse sa crinière rousse retomber librement sur ses épaules et quitte sa chambre, puis l’appartement, pour rejoindre celui où réside Rio, avec son oncle et sa tante. Elle n'a que quelques coins de rue à parcourir et les rayons du soleil chatouillent agréablement sa peau alors que les beaux jours viendront bientôt, même s'ils ne durent jamais bien longtemps au sein de la ville anglaise.

Quelques coups sont frappés à la porte de l'appartement et rapidement, une femme d'un certain âge apparaît dans l'encadrement, un large sourire aux lèvres.

« Bonjour, ma chérie ! » Les bras de Marlene entourent le corps fin de la danseuse et Clara sourit avant de glisser sur sa joue un délicat baiser. « Rio dort encore, mais à une heure pareille, tu as ma bénédiction pour le réveiller. » La tante de Rio éclate de rire et caresse les cheveux roux de la jeune femme avant de les lui ébouriffer gentiment pendant que Clara retire déjà ses chaussures. « Je m'en occupe ! » souffle-t-elle, espiègle, avant d'abandonner Marlene pour rejoindre le couloir et s'introduire dans la chambre du plus jeune des Sisters. Elle se mordille la lèvre pour ne pas rire, mais son coeur rate un battement lorsqu'elle devine la silhouette allongée dans la pénombre de la pièce, quelques rayons de soleil s'infiltrant joyeusement à travers la fenêtre et les rideaux pour terminer leur course sur le torse nu du jeune homme.

À pas feutrés, la danseuse rejoint la fenêtre et tire les pans de tissu avant de revenir s'échouer sur le lit aux côtés du brun. Lentement, elle plante son nez contre l'épaule masculine, tente de le chatouiller en caressant son bras du bout des doigts. Un léger rire quitte les lèvres de la rouquine alors qu'elle le secoue un peu, jusqu'à ce qu'un grognement lui signale le réveil imminent du cow-boy.

« Allez, princesse au bois dormant. Je pense que t'as assez dormi. »

Elle se redresse légèrement dans le lit pour s'asseoir, les doigts toujours posés sur le bras masculin pour le remuer un peu et le garder éveillé. Attendre qu'il ouvre ne serait-ce qu'un oeil lui semble déjà trop long et Clara s'installe en tailleur, ne lui laisse absolument aucune chance de se rendormir alors qu'elle s'empresse de lui expliquer le programme de la journée. Bien évidemment, elle n'est pas sans savoir que l'ordre du jour le fera probablement grincer des dents, mais elle est persuadée de réussir à le convaincre, quitte à y passer une heure entière.

« Alooors. J’ai besoin d’un nouveau jean et toi, de nouveaux tee-shirts. Tu peux protester autant que tu veux, mais tous tes vêtements ont des trous, ou presque. Même ton chapeau. » le taquine-t-elle gentiment alors qu’elle sait à quel point ce vieux chapeau de cow-boy perforé lui tient à coeur et s’avère probablement être sa possession la plus précieuse. « Je te propose donc la plus belle sortie de ta vie : au centre commercial, avec moi. » Elle repousse un peu les draps qui recouvrent le brun pour l’obliger à sortir du lit, large sourire aux lèvres. « S’il te plaît ? » Clara aura certainement besoin de toute la persuasion du monde pour réussir à l'emmener avec elle, mais elle devine déjà que Rio finira par abdiquer lorsqu'il comprendra enfin qu'elle ne lâchera pas le morceau.

Ce n'est pas la première fois qu'elle le piège de la sorte, de toute façon, et ce n'est définitivement pas la dernière.

« Je leur reproche ... » La rouquine fait mine de réfléchir alors qu'elle relève les doigts l'un après l'autre dans son énumération. « Les trous, déjà. La couleur qui n'est plus tout à fait la même. Le tissu qui est devenu tellement mince qu'on peut presque voir à travers parfois.  » Espiègle, elle lui offre un large sourire alors qu'elle lui fait les yeux doux et qu'elle tente d'abord de le convaincre avec ce petit air de chiot qui vient de faire une bêtise, mais à qui on pardonnerait tout. Elle sait à quel point Rio déteste ça et pourtant, elle est persuadée que le mal s'avère nécessaire afin de l'encourager sans aucune subtilité à renouveler sa garde-robe. Le cadet des Sisters sera toujours beau à ses yeux, même s'il porte de vieux vêtements troués qui sentent l'écurie, mais Clara meurt d'envie de passer un moment avec lui à rire des trucs débiles qu'ils peuvent parfois trouver dans les rayons avant de dénicher la perle rare. Convaincue qu'il abandonnera rapidement les armes devant sa détermination à toute épreuve - il a compris, depuis le temps, que la danseuse s'avère généralement plus têtue que lui et qu'il perdrait un temps fou à s'obstiner - elle incline légèrement la tête et le supplie de l'accompagner.

La réplique du jeune homme lui soutire un haussement de sourcil faussement vexé alors qu'elle lève théâtralement les yeux au ciel avant de poser à nouveau ses prunelles claires dans les siennes.

« Répète-moi ça quand tu auras au moins jeté un coup d'oeil par la fenêtre. »  Si la température extérieure s'avère plutôt clémente, Rio n'est certainement pas obligé de le savoir maintenant. Elle rit, pose un baiser sur sa joue avant de lui attraper la main pour tenter de le tirer hors du lit. « Je paye le café et le déjeuner. Tu ne peux pas refuser ça ! » Sa robe s'empêtre un peu dans les draps et la rouquine grommelle avant de se laisser tomber sur le lit, doigts toujours liés à ceux du Sisters. Elle déstabilise un peu Rio et l'entraîne dans sa chute, ne peut pas s'empêcher de rire alors que l'épaule du cowboy aurait probablement pu lui briser le nez si seulement elle n'avait pas eu la rapidité d'esprit de rouler sur le côté. Menton posé sur l'épaule de ce dernier, Clara lui offre un sourire mielleux, réitère sa supplique avec les yeux doux de celle qui sait qu'elle en demande beaucoup.

Lorsqu'elle se redresse, c'est pour poser ses pieds sur le sol frais de la chambre de Rio alors qu'elle le tire à nouveau vers elle de toutes ses forces malgré la stature plus imposante du Sisters.

« Une boutique. Une seule. Si tu trouve pas, tu trouves pas. Okay ? » Elle sait déjà où elle veut l'emmener et est persuadée qu'il trouvera de quoi s'habiller là-bas, pour un prix raisonnable. Boutique immense et mixte, elle est aussi convaincue d'y trouver son compte, ce qui lui soutire un large sourire. Elle abandonne la main de Rio et récupère un tee-shirt un peu plus loin, le sent et l'inspecte avant de le lui tendre, visiblement amusée. « Il est pas mal, celui-là. Le moins pire, je crois. » Elle le taquine, évidemment, exagère toujours un peu lorsqu'elle doit le convaincre de quelque chose, mais attend qu'il se décide à la suivre.

Parce qu'il le fera. Il le fait toujours.