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ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul.


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MessageSujet: ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. EmptyVen 19 Fév - 20:49


Cela pouvait difficilement bien se terminer pour lui.
La victoire imprimée sur son sourire aux saveurs rouillées du sang, il récupère les billets récoltés au prix du carmin écoulé et des coups, l’euphorie du combat fourmillant dans ses veines, délicieux cocktail de plaisir et de douleur, d’adrénaline et de fatigue. Ignorant les mauvais parieurs qui grognent, il cède tout juste un signe de main au bookmaker avant d’enfoncer les billets sertis du visage de la reine de cette belle patrie dans les tréfonds de ses poches. Il quitte sans regrets ni attaches les abords de cette cage aux lions entourée d’un public qui se déchaine à la vue de l’hémoglobine, réuni pour voir la violence crue de l’humanité triompher.
Ses pas avalent les marches menant au local vide qui sert de couverture à ce ring clandestin, ce fight club perverti par l’appât du gain et l’absence de règles. Poussant d’une épaule la porte qui le recrache parmi les ruelles dépouillées de vie d’Exeter, l’Américain contient le grondement qui roule sur sa langue, alors que son articulation malmenée lui rappelle qu’il ne l’a pas épargnée, et qu’en dépit de sa défaite, son adversaire n’a clairement pas manqué son coup. La bruine tardive se dépose comme un voile frais et agréable sur son visage tuméfié ; il jette un coup d’œil rapide à l’astre lunaire dans son cocon de nuages sombres en se dirigeant vers un abri de bus. La souffrance physique se brode sur l’épuisement qui commence peu à peu à grignoter ses muscles, au fur et à mesure que l’ivresse du combat s’évapore de ses artères. Son souffle se régule lentement sur ses lippes, accuse les restes de l’effort (et la ténacité de son âge qui ne diminue pas avec les jours). Il  préfère l’aider en fouillant dans les poches de sa lourde veste pour un paquet de clopes.
Où a-t-il mis son briquet déjà ?
La dernière fois qu’il s’en ait grillée une, c’était avec Rex, et l’homme ne lui emprunte que rarement son feu, donc il doit bien être quelque part sur lui.

Un sifflement dans son dos et des mains s’abattant sur ses épaules l’arrachent à sa vaine recherche.
Trois contre un –déjà abimé par un précédent combat.
Cáel discerne mal comment cette situation-là peut s’orienter à sa faveur ; même avec les quotas inépuisables de rage qui embrasent son cœur et nourrissent son énergie avec l’ardeur d’un incendie aux colères inextinguibles, même dopé à la brutalité de l’instinct de survie qui lui électrise les sens et attise ses coups rendus moins précis par la fatigue, il sait qu’il ne pourra que limiter la casse.
L’un des visages résonne avec quelques vagues souvenirs dans sa mémoire, troués par l’obscurité du lieu qu’il vient de quitter –sûrement des hommes venus venger leur ami humilié.
Au fond, qu’est-ce que cela change, pour Cáel ?
Ça ne rendra pas les poings qui s’enfoncent dans ses côtes moins vifs, ni n’apaisera les blessures que sa fierté encaisse très mal, mise à mal et argneuse.
Il n’y a que dans les films que les hommes s’en sortent dans ce genre de moments –et s’il aimerait sa peau de titane, Cáel sait qu’il n’a rien d’un Iron Man, et encore moins du héros de l’histoire qui survit contre toute attente à un énième plot twist au gré d’un scénario écrit par de grands enfants.

Depuis quand marcher est-il devenu si douloureux ?
Il se fait l’effet d’une grand-mère aux os enrobés d’arthrite –à ce rythme, l’aube se lèvera avant qu’il n’ait atteint son appartement. Cet état de vulnérabilité fait courir un entremêlement de honte et de colère sous son épiderme trempé de sueur ; il retrouve son briquet aux détours d’un bar sur le point de fermer, et décide de s’octroyer une petite pause à la lumière faiblissant de l’enseigne qui s’éteint.
Quelle connerie de se battre aussi loin de chez lui. Comme si le moindre taxi allait s’arrêter pour accueillir sa carcasse fracassée, avec sa gueule amochée.
En dehors du territoire si restreint des Irlandais, il n’est rien de plus qu’un énième expatrié tombé dans un cercle de violence gratuite et aliénante. A peine mieux qu’une bête sur laquelle on parie, à la différence qu’il ne galope pas sur un hippodrome à la recherche d’une première place sur la ligne d’arrivée, mais qu’il fait goûter le bitume à d’autres combattants tels que lui.
Ces canassons possèdent bien plus de valeur que n’importe lequel d’entre eux, Cáel reste pragmatique à ce sujet.
Ses poumons digèrent mal la fumée, peut-être parce que ses côtes protestent lorsqu’il aspire une première bouffée et les sollicite un peu trop. Il ravale un juron, et considère un instant l’idée d’appeler un Uber (parait qu’ils ont ça aussi, en Angleterre ; il doit pouvoir télécharger l’application, si son téléphone a survécu). Avec un pourboire conséquent, cela pourrait fonctionner, même s’il déteste l’idée d’y griller ses billets qu’il pense d’autant plus mériter.
Le silence trahit d’autres pas sur l’asphalte humide, et l’Américain agresse du regard la silhouette frêle qu’il entend s’égarer sur son bout de trottoir. La chevelure blonde et les airs rêveurs qui trainent sur les traits de l’inconnu le dérangent, contraste saisissant avec le paysage endormi et si triste qui semble étouffer son corps presque chétif.
Assisterait-il au naufrage d’un ange perdu ?
« Va voir ailleurs. » lui jette-t-il d’un ton rauque mais dissuasif lorsque les iris aux couleurs indéterminées viennent l’attaquer.
Sa clope disperse la saveur de son propre sang sur ses lippes désertiques, zébrées de fissures vermeilles.
Manquait plus que ça, vraiment.
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MessageSujet: Re: ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. EmptyLun 8 Mar - 10:56


i breathed in the night and
felt the stars fill up my soul

cáel & icare

Tes doigts terminent de filer le tissu surplombé de dentelle. Tu souris. C’est étonnant avec quelle acuité tu es capable de percevoir les défauts de la matière, juste au toucher, toi qui est presqu’aveugle d’un œil. Dans ta vision, une bulle d’air continuelle qui déforme le gris de l’univers, quelques halos de lumière brouillés, et parfois des âmes. Certaines âmes tombent dans cet œil mort et te parlent à travers, leurs signes font des sons à ton cerveau. Couvrir tes oreilles ne te sauvera pas de leurs lamentations – elles sont en toi, dans ta tête, là où tes mains ne pourront pas les saisir, pas les atteindre. Triste est ta condition, médium sans talent ni avenir. Tu ne peux rien faire de plus qu’avoir peur et trembler. Un jour, ces ombres qui flottent à la surface de ton œil glisseront avec le courant de tes larmes, dans un cataclysme où tempêtes et raz-de-marée se mélangent elles rentreront en toi, elles te couleront par la gorge, elles deviendront toi. Non. Non, Icare. Tu ne dois pas les laisser venir, tu dois les chasser, dis-leur, dis-leur ! Penses-tu pouvoir leur faire peur avec tes œillades paniquées ? Autour de toi, la loge de Roxanne est vide. Elle est partie et t’a laissé travailler sur sa robe. Mais son aura est là, encore. Elle doit te protéger.

Qu’elle te protège, par pitié.

La dentelle sur la surface de ta peau t’arrache des frissons, maintenant, des frissons froids et bleus. Une épouvantable agonie t’attrape à la gorge, dans ton esprit tu vois des faucons qui s’arrachent d’un seul coup du sol. Ils vont venir et vont te dévorer, même les oiseaux te mangeront comme des graines. Les faucons sont énormes, bien plus énormes que toi, et leurs becs et leurs pattes à crochets sont cousins des hippogriffes, ils t’écartèleront. Tu as froid aux os. Tu grelottes. Doucement, et sans froisser la robe, tu te couches sur le divan en velours noir, ramènes tes jambes haut contre ton cœur et reste ainsi, les yeux ouverts, la dentelle précautionneusement plaquée sur ta poitrine, et les ombres dansent devant ton œil aveugle, autour de la lumière qu’elles adulent.

Tu finis par quitter la Casa, apeuré par le silence. Sur tes épaules, ta veste trop fine qui accueille le froid à bras ouverts, si aimante, elle qui veut lui faire une place, à lui aussi, près de ton cœur. Tes dents claquent malgré les verrous de tes mâchoires. Tu marches, tu marches, et t’arrêtes au détour d’une rue pour danser sur le rythme qui résonne dans tout ton crâne. Tac-tac, tac-tac. Ton souffle laisse sa marque dans l’air glacé de la nuit. Tu le constates et tu ris, tu craches une grosse bouffée de ta chaleur et tu y plonges ton visage, mais le froid arrache ton sourire de tes lèvres. Tu repars triste.

La réalité n’a jamais été aussi dure qu’elle l’est ce soir : tu le sais à présent, tu ne rentreras pas chez toi vivant. Tu mourras de froid ou tu te transformeras en cachalot – en cachalot comme tu l’as toujours voulu –, mais tu sais par expérience que le froid (et la mort) gagnent toujours la course sur tes rêves. Tu dois prendre le bus de nuit ou tu mourras, tu en es sûr, car on ne peut pas glisser sur des glaçons qui sont des pieds, c’est faux, parce que ce ne sont pas de vrais glaçons, mais de la chaire gelée.

La chaire gelée ne glisse pas.

Coincé entre deux fauteuils à l’arrière du bus, tu essaies de saisir si le véhicule est bien réel ou non. Cet engin a absolument l’air d’un noctilien, mais tu ne crois pas à ta chance. Comment aurais-tu pu attraper le dernier bus, le dernier entends-tu, toi, Icare, le garçon auquel on interdit la vie ? C’est trop de bonheur pour toi, louche… louche… Et tu louches sur ton doigt, et tu ris, mais la suspicion te reprend aussitôt et tu te braques à nouveau, enfant sauvage tapi au fond. Un homme te regarde de travers. Il est noir, très noir, tu n’as jamais vu un homme aussi noir de ta vie. Ou peut-être est-il une ombre ?..

Il n’y a pas d’homme dans ce bus.

Tu sautes de l’habitacle comme un voleur et le froid se rappelle à toi. Tu restes un temps sur le trottoir et tu regardes s’éloigner l'immense voiture. Ce n’était pas un vaisseau de la mort, finalement, pas un bateau qui devait te mener sur l’autre rive...

Juste un bus, rien qu’un bus.

Tu souris.

Oh, ton lacet est défait…

Ton lacet. Comment était-ce, déjà ? La petite boucle dans la… Tes doigts sont trop engourdis pour s’en sortir, et tes dents recommencent à claquer. Mais comment pourrais-tu revenir chez toi en un morceau avec un lacet défait ? Il n’y a que quelques pas, c’est vrai, mais tu pourrais perdre ta chaussure. Et que ferais-tu si tu la perdais et qu’elle s’en allait sans toi ?

Boum.

Ton cœur s’arrête net dans ta poitrine. D’un bond, lacet défait ou non, tu te jettes dans la ruelle perpendiculaire à celle-là et tu rampes de toutes tes forces pour te cacher, ver-de-terre. De l’autre côté, des cris, des cris à travers des dents. Tu plaques ta main sur ta bouche. Boum. Boum. Est-ce que ce sont les coups ou est-ce que ce sont les battements de ton cœur ? Les cris, les boum, les larmes te montent. Des insultes fusent. Tu convulses. Ton lacet est tombé dans une minuscule flaque de boue…

Des hommes passent à côté de toi mais ils ne te voient pas. Tu es caché derrière ta benne à ordures et tu ne comptes pas en sortir avant le petit jour. Mais le froid, le froid, Icare… il se rappelle à toi et c’est lui maintenant qui te lacère de coups. Ta peau te brûle. Tu as mal aux poumons et tu tousses. Tu peux le faire, Icare. Tu n’habites qu’à une cinquantaine de pas. Il faut sortir de la ruelle et avancer tête baissée, très vite, en rasant les murs... Cinquante-deux pas. Tu peux, tu dois.

Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix… Tu ne regardes pas le lieu du crime, tu ne lorgnes pas, même pas de ton œil vide. Tu fixes tes pieds qui font de grandes enjambées mais tu n’aperçois même plus ton lacet défait. Compte, fais tes comptes. Tu n'as pas payé la facture d'électricité. Ils vont te couper l'eau aussi. Qu'est-ce que tu vas devenir ? Quarante-deux, quarante-trois. Tu as marché si vite…

Va voir ailleurs.

Tu relèves les yeux avant ta tête, comme si c’était possible. Tu relèves tes yeux aux pupilles déformées et ton regard tombe dans celui de l’autre homme, et tu t’arrêtes, pétrifié. Il a du sang partout sur les tempes, et son nez saigne aussi, et tu hais le sang plus que tu te hais toi-même. Tu fermes un instant les aberrations qui te servent de globes oculaires et tu vois passer sous tes paupières des lances de sang séché, des jets sous pression qui décrassent des croûtes que tu as sur le ventre. L’instant d’après, tu reviens à cet homme et tu as l'air d'être revenu d'entre les morts.

Va voir ailleurs.

Même chez toi, on ne veut plus de toi.

Qui ça, on ?

« J’habite ici... » C’est contre ta porte que l’homme-néant s’adosse. Il a le pied posé sur les deux marches à peine éclairées par la lumière jaune du néon au-dessus. Tu habites ici, tu dois passer cet infranchissable escalier si tu ne veux pas mourir...

Tes yeux continuent d’effleurer ceux qui les écorchent sans cesse. Tu vas saigner de la rétine à force de ces coups de rasoir. Tu baisses la tête. Tes lèvres coulent vers le bas. On dirait que tu vas pleurer. « Ce n’est pas grave, je vais marcher un peu. Reposez-vous si vous vous sentez bien à cet endroit. » Même chez toi on ne veut plus de toi. Tu détournes le regard vers la rue vide qui se déploie devant. Peut-être que ce bus était un navire mystérieux, après tout.
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MessageSujet: Re: ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. ICARE&CAEL » I breathed in the night and felt the stars fill up my soul. EmptyMar 9 Mar - 20:54


Cette cigarette entre ses doigts s’avère savoureuse malgré tout.
Tant qu’elle brûle, Cáel en oublie un peu sa fierté malmenée qui ronchonne dans son coin comme un enfant boudeur, grondé à tort. Tant qu’elle goûte la saveur ferreuse de son propre sang, il occulte le sentiment d’humiliation qui lui serpente sous la peau, et cette colère si véhémente dans son sillage –celle qui cherche frénétiquement des coupables à viser de son canon assassin, mais victime d’une honnêteté mortelle, ne trouve que lui-même à blâmer.  Tant qu’il souffre à chaque inspiration mal dosée pour étouffer ses poumons de ce poison, il se souvient qu’il est vivant.
Qu’il y a pire. (Il existe toujours pire.)
Une paix timide se faufile dans ses veines, tente de conquérir ses muscles harassés au rythme des bouffées qu’il enchaine presque tendrement, résilience fragile mais déterminée. Les cris de guerre qui résonne depuis le front l’effraie, rende sa quête difficile et terriblement lente ; elle patauge dans les sables mouvants de son cœur vide, s’acharne, se débat à son tour. Survit.
Et éclate comme une bulle de savon dès que des yeux étrangers osent arpenter la carcasse délaissée de l’Américain sur ces quelques marches glacées. Elle se dissipe en un regard partagé, dérobée par ces prunelles logées comme deux joyaux sur un visage aux traits anguleux des statues polies par une main amoureuse et un temps meurtrier.
Un instant, elle insiste pour embrasser son âme fuyante ; celui d’après, elle meurt avec la brutalité d’un os qui se brise.

En face, l’inconnu belliqueux se tétanise comme s’il avait perçu ces fracas intérieurs de fin du monde. Si la pénombre s’avérait un peu plus clémente avec le jeu d’ombres que le lampadaire fatigué disperse sur le visage de l’intrus, Cáel pourrait voir la peur escalader l’expression du blond, submerger ses pupilles. Il doit plutôt se contenter de la sentir bondir sur ses tendons, mordre ses muscles de tensions, lacérer un sentiment d’insécurité sur ses joues pâles. L’homme de main n’en ressent pas la moindre satisfaction, mais ne peut s’empêcher d’éprouver un soulagement diffus à la pensée que ses quelques mots, couplés à l’écarlate qui maquille certainement encore ses lippes et qu’il sent goutter contre ses narines, saveurs tailladées sur langue, dissuadent toute approche.
Simple badaud ou curieux dérangeant, bon samaritain imaginaire ou danger en approche – Cáel les relègue tous au néant, et le contemple comme si l’autre homme était responsable de quoi que ce soit (de tout).
Ainsi piégé dans le cocon de craintes que ses prunelles accusatrices et ses paroles aux agressions gratuites ont enduit sur sa peau, ce passant ressemble à l’un de ces papillons que les spécialistes épinglent sur des tableaux en leur murmurant une vie éternelle d’adoration, sans que jamais plus ils ne retrouvent l’usage de leurs ailes. Magnifique et délicat ; écartelé et vulnérable.
Ses instincts de préservation demeurent trop bruyants alors que l’apaisement du mégot mort entre ses lippes assoiffées s’évapore complètement ; au travers de leurs chuchotis frénétiques, Sweeney entend à peine la protestation chétive de son interlocuteur, mais ne peut manquer les formes que les mots prennent sur les lèvres gangrénées par le froid.
Il habite ici.
Cáel soupire en jetant un coup d’œil vide à la porte qui lui sert de dossier ; c’est toujours agréable de se sentir bien bête.
Se faire cadavre sur le palier de quelqu’un d’autre, quelle délicieuse idée.
Il se sent brutalement fatigué ; les dernières traces d’adrénaline qui résistaient dans ses artères meurent à l’instant où il percute à nouveau l’autre homme de ses prunelles. L’épuisement s’abat sur son échine, irradie douloureusement dans sa nuque qui ne ploie pas, et pousse quelques crans de sécurité à l’abri de ses pensées conscientes. La souffrance a-t-elle toujours été aussi aigüe dans ses côtes, et le froid si vif contre sa peau ?
Il faut qu’il rentre.

Froncer les sourcils sous l’assaut de l’incompréhension et de la perplexité lui arrache un grognement d’animal malade. Ce que l’autre débite n’a pas le moindre sens ; partir faire un tour comme s’il gênait, alors qu’il aimerait juste retrouver l’intérieur de son chez-lui ? Peut-être prier un dieu auquel ces iris-là croient certainement, pour que le danger qui s’est échoué sur le pas de sa porte ait disparu quand il reviendra.
(Après la crainte que Cáel a sciemment tenté de lui inspirer, il ne peut pas vraiment ressentir de surprise face à cette fuite.)
Est-ce un semblant de pitié qui lui picote le palpitant alors qu’il considère d’un regard lourd et inquisiteur l’âme comme recroquevillée à l’intérieur de ce corps de brindille assiégée par les vents ?
« Tu sais que je pourrais ne pas avoir bougé, quand tu repasseras ? laisse-t-il entendre d’un ton désinvolte. C’est pas en te couvrant les yeux avec tes mains que tu feras disparaitre le danger. »
Celui qu’on ne voit pas est celui qu’on n’apprend pas à appréhender.
C’est ce qu’il soufflait à une toute jeune Rory quand il trouvait une araignée dans un coin de la pièce –ne regarde pas, papa s’en occupe. Même par curiosité ou esprit de contradiction, elle n’a jamais vraiment cherché à défier ce conseil. Comme s’il pouvait être capable d’anéantir tous les monstres qu’elle viendrait à craindre.
Le râle qui déchire la chair de son cœur se noie dans les tiraillements de ses blessures.
« Tu peux rentrer, lui précise-t-il d’un timbre au calme plat, dépouillé de chaleur ou de menaces, en faisant une nouvelle fois gémir son briquet pour embraser la cime d’une cancéreuse. Je ne compte pas claquer sur ton palier, ni te suivre à l’intérieur, je prends juste une pause clope. »
Une tentative d’humour qui tombe à plat sur ses lippes enroulées autour du filtre.
Le froid dur du béton n’a rien de confortable, néanmoins Cáel doit encore rassembler quelques forces (mentales, surtout) pour se redresser et envisager de continuer sa route.
A cette heure si tardive, quand la plupart de ceux qui flânent encore dans les rues y errent éternellement, s’amusent d’une démarche pressée ou ivre à regagner leur foyer ou se faufilent dans les entrailles illégales de la ville, les anges apeurés devraient être rentrés ou enchainés en sécurité.
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