kingslayer ± aleks

Aleks il a conscience que plus les jours passent, plus il reste là-dedans moins il sera simple pour lui de rebrousser chemin. L'éclat au grand jour auprès de son entourage de la reprise de ses activités illégales n'arrangeait pas les choses. Qui plus est, malgré les mois écoulés le sourire sur le visage de son père ne quittait pas son esprit. Il avait merdé. Plongeant tête baissée dans la gueule du loup. Il avait sous-estimé son géniteur. Il avait finalement bien trouvé le moyen de l’emmener sur la pente savonneuse. Sa faiblesse. L’amour. Celui qu’il porte à Arizona, à Brice. Il avait toujours pris soin de lui apprendre que ce sentiment causerait sa perte. Que dans ce monde, dans ce milieu il était à bannir. Celui qui avait cru retrouver sa liberté en se débarrassant de son tyran avait vite compris qu’il s’agissait d’un leurre. Sa survie en était la preuve. Ils auraient dû être traqué après leur fuite. Il aurait dû rendre des comptes pour ses actes. Son crime. Non la chute du roi ne le poussait que d’avantage vers cet héritage qu’il avait pris des années à refuser. Passer son temps dans les pattes de son père ne lui avait jamais plus. Forcé d’apprendre les rudiments de la mafia, si bien que parfois il se demande si se résigner à jouer le rôle qu’on attend de lui ne vaudrait pas mieux pour ses proches. Plus sûr que les représailles qui pourraient les attendre. Néanmoins, il sait qu’il est à l’origine de la cible qu’ils ont désormais dans le dos. Leurs vies liées aux lèvres du Russe, au choix qu’il doit faire. N’arrivant pas à se résigner à laisser le pouvoir qui lui tend la main derrière lui. Laissant alors la part d’ombre sommeillant en lui gagner du terrain.

Lutte qui ne s’arrête pas à ses pensées. Aleks essaye de faire les choses bien, se raccrochant à ce qu’il peut pour rester dans le droit chemin. Se donnant à fond dans cette formation. Soldat du feu le seul qu’il veut bien devenir. Plus simple s’il avait réellement tout balayé d’un revers de la main. Tout laissé derrière lui en Californie. Non. Il sait même toujours comment ça se passe sur la côte ouest. Partageant alors son temps entre son trafic et la caserne. Évitant sans doute le plus possible de se retrouver chez lui et de se retrouver à sa compagne et la déception qui l’accompagne à la suite de ses mensonges. Sa garde du soir l’arrange. Comment expliquer les raisons qu’il font reprendre, et qu’il n’arrive tout simplement pas à décrocher? La nuit agitée lui évite de trop penser, se contentant alors d’agir sur les diverses interventions. Si les appels sont nombreux par chance il n’y a rien de bien dramatique. C’est a l’aurore qu’il quitte les lieux, pressant le pas afin de rentrer. Le jour se lève doucement et lui n’a qu’une envie, celle de plonger sous la couette. Dormir. Un moyen de plus pour éviter les conflits.

« slav'sia otetchestvo nache svobodnoïe... » Voilà que la fatigue lui joue des tours. Y a personne aux alentours. Continuant sa route clope au bec. « droujby narodov nadiojnyï oplot... partiïa lenina sila narodnaïa. » Cet hymne qui continu, c’est trop pour que ce soit juste son imagination. Il stop le pas, guète les environs. Ça lui était destiné. Quelqu’un connaissant ses origines. Le connaissant. La dissimulation ne lui présage rien de bon. Tournant les talons, la rouquine se rapprochant. « nas k torjestvou kommounizma vediot. » Son mégot rejoint le sol alors qu’il l’a laisse s’approcher. Grosse erreur? Il serait vite fixé de son sort. S’il ne la connaît pas vraiment, la jeune femme il la déjà vu. Une fois. Un contrat de son père à accomplir. Un traitre à éliminer. Un simple hasard où était elle envoyé pour s’occuper de son cas. « voyez vous ça. long time no see, c'est comme ça qu'ils disent les anglais je crois? » Effectivement leurs routes ne s’étaient jamais recroisé depuis cette fameuse nuit. Nul doute qu’ils avaient tous les deux fait du chemin. S’il avait bel et bien désormais un crime à son actif, la rousse avait du étoffer sa propre liste. « C'est bien ça. Que me vaut le plaisir? » Ou déplaisir? Plusieurs questions se bousculent dans sa tête, questions auxquelles il évite de penser. « T'es là pour affaire? » Vu la ville ça ne l'étonnerait pas plus que ça, c'est le temple du vice par ici. Alors forcément elle devait crouler sous les contrats, ou pourquoi pas tout simplement s'installer dans le coin. Elle ne semblait pas être le genre de personne à craindre la concurrence, bien au contraire.

Aleks il essaye de passer le plus de temps possible à la caserne, quand c'est pas le cas il erre dans les rues. Tous les moyens sont bons pour éviter Arizona. Leur appartement. Il a pas envie de la voir entrain de droguer, ou pire encore qu'elle soit déjà complètement défoncée. Il était supposé retrouver sa liberté. Retourné dans le droit de chemin, pas se perdre en route. Le précipice n'est pas loin, il le sent. Sa famille lui tourne le dos, leurs relations s'effilochent, alors au lieu d'essayer de tenter de remonter à la surface, il plonge il s'enfonce. Plus il passe de temps dehors plus il sait qu'il lui sera difficile de rebrousser chemin. Que l'appel du pouvoir est de plus en plus fort. Qu'un jour où l'autre il arrêtera de lutter, qu'il finira par céder, embrassant les ombres et les ténèbres. Adieu les illusions, le masque tombera. Lorsque l'aurore s'apprête enfin à pointer le bout de son nez c'est le signe de la fin de sa nuit de garde. Il espère que sa petite amie sera toujours endormie lorsqu'il passera le pas de la porte. Parce que lorsque cette dernière se lèvera, si elle en capable, pour rejoindre son lieu de travail il aura rejoint les bras de Morphée. Et si ce n'est pas le cas, il n'aura qu'à feindre le sommeil. Il presse le pas, clope au bec. Cependant il s'arrête net. Ce chant, cette voix aura eu le mérite d'attiser sa curiosité. Et pourtant, tous ses sens sont en alerte. Tout le pousse à ne pas attendre que l'inconnue ne quitte les ombres, non il devrait reprendre sa route et rentrer. Cette cible qui se dessine peu à peu dans son dos devrait lui suffire à rester en alerte. Houna. Le peu qu'il connaissait d'elle devrait le pousser à être aux aguets. Il a appris à faire bonne figure, ne pas craquer, ne pas broncher. Face à elle il ne ferait sans l'ombre d'un doute pas le poids. Véritable assassin. Une main de velours dans un gant de fer. Il s'interroge sur ce qu'elle peut bien vouloir de lui. Ennemi du vieux désireux de voir un autre héritier sur le trône? Crime personnel pour y monter elle-même? « crois moi, j'aurais préféré. » Pas là pour affaire, il aurait donc au moins une journée de plus à son actif. Toujours est-il qu'il n'est pas plus avancé que ça sur sa présence, la raison de sa filature.

Il guette chacun de ses mouvements alors qu'elle se rapproche de lui. « tu sais, quand je suis revenue et que les bruits se sont mit à courir j'y croyais pas. j'me disais que les langues étaient trop pendues et que c'était pour ça. » Son père. La rouquine ne serait donc venue le trouver que pour connaître le fin mot de l'histoire. Vérifier que le roi était bien tombé de la main du prince. « T'es venue pour que je te confirme la rumeur? Que je te dise si oui ou non je lui ai fait rendre son dernier souffle? » Il se doute bien que si son père a agi de la sorte c'est pour que Vlad répande des bruits de couloir. Que tout le monde sache que ce n'était plus qu'une question de temps avant que le jeune Russe ne chute, rentre dans le rang. « t'es au courant? » L'espace entre eux est pratiquement réduit. Le regard toujours braqué sur elle il essaye de comprendre. « pour le testament. » Pas le temps de réplique avec une autre question qu'elle continue sur sa lancée, plaquant un papier contre son torse. Il arque un sourcil alors que ses yeux parcourent le précieux sésame. Y lire son propre nom en tant qu'hériter de son foutu royaume ne l'étonne pas, le vieux avait donné sa vie pour espérer le voir sur le trône un jour. Non son attention était attirée sur tout autre chose. Houna Tchernychev. Ses yeux quittent enfin le bout de papier pour les reposer sur elle. « Tu veux que je te dise si j'étais au courant? Notre relation conflictuelle et mon départ de la Russie n'était un secret pour personne. Tu veux que je te confirme la surprise? C'est le cas il m'a toujours dit que t'étais bonne qu'à être sauté. » Elle, mais surtout les femmes en général. Après tout d'après le patriarche l'homme domine, la femme s'incline. « À moins que tu ne sois venue pour me faire disparaitre, que tu puisses récupérer toutes les clefs? » Etait-elle venue lui offrir une porte de sortie? Serait-il surtout prêt à la saisir. Partir. Arrêter les conneries, reprendre le contrôle de sa vie. Enfin. « Tu sais que je veux pas de ça. » Une vie entière à lutter, se battre contre son père, ses convictions, son monde. Plus certain que ce soit le cas aujourd'hui.

Il le sait Aleks. Cette rencontre n’apportera rien de bon. Véritable assassin qu’est cette rouquine. Il reste sur ses gardes, se demandant si enfin quelqu’un avait de choisit de le faire éliminer. De s’assurer que l’héritier ne montera pas sur le trône. Jamais. De rendre cette place vacante au plus méritant. Hymne qui le ramène à ses racines qu’il a tant cherchées à repousser. Toujours à traîner dans les pattes de son père, attendant que ce dernier le laisse enfin tranquille. Il fallait se rendre à l’évidence. Le répit n’arriverait jamais, pas dans cette vie. Avait-elle attendu tapi dans l'ombre que son monde ne s'écroule avant de surgir. Que son meilleur ami l'abandonne à son sort, et que son couple soit sur le fil du rasoir. Cet instant où il pourrait fléchir à chaque seconde. Pas vraiment d'humeur à déblatérer sur la mort de son père, à lui donner des détails croustillant pour assouvir sa curiosité. Et ce bout de papier. Celui qui le rappelle à la mafia. Celle qu'il avait toujours cherché à combattre, gardant pourtant toujours un pied dedans. « ta gueule et lis. » Aucun tact. Semblable à ses souvenirs de la jeune femme. Ses yeux parcourent malgré tout ce manuscrit maudit. Son nom ne le surprend guère, son père avait toujours tout fait pour qu'il prenne sa place. La surprise vient après. En lisant le nom suivant le sien. La surprise est d'autant plus grande qu'il s'agit d'un prénom féminin. Aleks ne se gêne pas pour lui rappeler le côté misogyne de son géniteur. Aussi redoutable puisse-t-elle être, de son point de vue aucune femme ne pouvait être en mesure de diriger quoi que ce soit. Qu'importe que son père ait passé un pacte avec le diable. La présence de ce testament ne changeait rien, cette vie n'était pas pour lui. Si Houna était prête à donner sa vie pour toutes ces conneries grand bien lui fasse, ce n'était pas son cas. « ça y est t'as fini d'te plaindre? » Il arque un sourcil, non, il voulait juste qu'elle lui lâche les baskets et qu'il puisse enfin rentrer chez lui. Aller se coucher, et oublier tout ça. « Non. Ça ne change rien. Je pensais que sa mort aurait rendu les choses claires pour tout le monde. » Qui pouvait réellement avoir envie de le voir régner alors qu'ils pourraient suivre quelqu'un qui respecte les codes. Quelqu'un qui n'aurait pas tué le roi.

« allez, tu sais quoi la première leçon est gratuite. » Il n'a même pas le temps de s'interroger sur cette leçon. Les actes d'Houna parlent d'eux-mêmes. Il ne voit pas venir le coup de botte de sa compatriote qui le fait vaciller. Ni même ce bras qui se ressert autour de sa jugulaire. Il suffirait qu'elle serre un peu plus, un peu plus longtemps pour signer la fin de ses problèmes. Il n'aurait ainsi plus besoin de fuir cette mafia lui courant après. « ton avis n'est pas nécessaire, c'est dans ton sang. t'as été désigné pour régner alors tu vas régner. » Espoir qui s'envole en fumée alors qu'elle le relâche. Genou toujours à terre, il passe une main sur sa gorge. « Pourtant je t'offrais les clefs du royaume tout entier. » Il finit alors par se relever la regardant s'éloigner. Plutôt surpris de voir qu'elle tient à respecter les volontés du vieux, partager le pouvoir. « suis moi l'enfant roi, tes soldats t'attendent. oh et me force pas à te kidnapper t'as sûrement pas oublié que les poisons étaient ma spécialité. » L'hésitation prend place quelques instants dans son esprit. Il connaissait effectivement ses talents. Ses aptitudes avaient été vantées avec mérite avant que la rencontre n'ait lieu en Russie. Avant que le contrat ne soit donné. Il ne craint pas ce qu'elle pourrait lui faire, sans doute à tort, cela fait bien longtemps qu'il ne craint plus la mort. Non ce qui le fait céder, et avancer est tout autre. Arizona. Brice. Parce qu'il ne supporterait pas qu'il leur arrive quelque chose. « Mon père a pas réussi, qu'est-ce qui te fait croire que tu pourras me faire plier? » Se retenant d'ajouter qu'il n'a que faire de ces soldats et de leurs sorts. Que les rencontrer ne changerait en rien son ressenti. Pas son problème s'ils étaient stupides au point de vénérer un nom. De courir derrière une chimère.