fast rp .:. cameron&achilles > cameron cordula.

la cave est silencieuse, inhabitée, seulement rythmée par le bruit cristallin d’une goutte humide qui tombe par terre. la fraîcheur est un soulagement vivifiant par rapport au vin aigre des dernières rangées, le genre qui brûle la gorge et qui pique les yeux.

cw : consommation de drogue (suggérée):

après tout si elle habille son frère de la même manière que ses envies de genre ça ne regarde personne. elle se met en mouvement, assez vite. elle sait que si elle reste là, sur le sol en pierre, elle finira par lui avouer son inquiétude. elle passe la tête par sa chambre, récupère quelques bijoux un peu grands, des vieux bracelets, et une chevalière à hyacinthe, avant de rejoindre la chambre d’achilles. une main sur la hanche, elle lui sourit et hoche la tête.

”tu es prêt pour le relooking?”

elle le dit en souriant, sur un ton plaisantin, avant de s‘approcher de la penderie immense, et d’en sortir quelques affaires qui pourraient ressembler à leur point d’accord. une chemise blanche, un pull en coton imprimé. elle vérifie les étiquettes -elle connaît lou, elle sait que son amie ne supporte pas les étiquettes, qui la démangent constamment.

“si tu veux mon avis, mais ce n’est que mon avis, le pantalon marron clair irait le mieux avec tes chaussures et le manteau d’il y a deux ans. on peut mettre ta ceinture marron avec. j’ai volé une chevalière à hyacinthe, et quelques colliers très simples et masculins que je mets jamais.”

tu es prêt pour le relooking, et déjà le renardeau se tapit dans l'ombre de son esprit. non, serait une réponse appropriée. non, il n'est prêt pour rien de tout ça, il y a trop de changements à faire, trop d'habitudes à perdre, trop de choses à inventer, et il se demande pourquoi aurele l'a invité, si c'est pour vouloir le transformer. pourquoi il n'a pas pris une autre personne, est-ce que c'est un genre de piège dans lequel il va tomber, est-ce que sa soeur en est, est-ce qu'elle va tenir le smartphone pour tout enregistrer quand ils seront en train de se moquer ou de l'humilier. non, il est tout sauf prêt. il sait par cœur comment la soirée devrait se passer, mais rien ne respecte les règles en ce moment, alors même avec l'alcool et les vêtements pré-choisis, rien ne va bien se passer.

joues qui font non et lèvres qui font oui, je ne pense toujours pas que le manteau de hyacinthe me va, si on peut tester un des miens, parce que ce sera trop serré, parce que hyacinthe est plus fin, que lui ça ne va pas, qu'il va le péter, que les coutures vont sauter. je les ai pas mis cet été, mais j'en ai, et ils sont relativement ok, je dirais. je sais pas trop en vrai, mais j'ai pensé que ça irait. en quoi c'est important, même. est-ce que ce n'est pas lunaire de comparer les chevalières quand ses doigts sont trop fins pour porter celle de l'héritier du foyer, que son père ne lui retire pas juste parce qu'il n'y a jamais pensé. tu connais les bars les moins pires d'exeter, si ça peut lui donner des idées?

elle avance, reine fière, comme toujours elle inspecte, accapare l'attention comme toujours. reine des nèfles, faisant du manoir sa cour, et pleurant une attention qu’elle n’a jamais perdue. pas comme lui. elle le sait, au fond, trop dramatique, juste pour en avoir plus. elle est un sans-visage avide de plus donnant juste pour recevoir, juste pour se sentir exister. qui est-elle quand personne ne la regarde ? ce n’est pas important, pas quand elle a son ombre juste en face d’elle qui la regarde en tremblant presque mais au milieu du brouillard : elle ne voit rien. le brouillard tourne autour d'elle-même miroir constant qui la met en valeur, couronne en papier crépon doré. alors elle continue sur sa lancée, hoche la tête en comparant les vêtements de hyacinthe à la stature plus délicate, plus longue d’achilles. elle fouille dans les vêtements comme si au final, toutes ces pièces du manoir n’étaient rien de plus que des annexes de sa propre chambre, voir de sa tanière de dragon.

“je peux te donner le nom des pires bars, comme ça tu sais si tu dois fuir. je dois en avoir une liste sur mon téléphone. je suis pas du genre à sortir, je préfère organiser ce genre de soirées chez moi.”

elle se moque bien d’essayer de comprendre son frère, d'essayer de le rassurer, elle est bien trop prise par le sang qui lui monte à la tête, et qui lui fait croire à un olympe qu’elle n’a jamais eu. un palais d'or qui n’a jamais existé. mais dans cet instant, elle y croit dur comme fer : elle a une mission. elle ne peut pas laisser son frère se ridiculiser et ruiner sa réputation à elle. plus d’instincts maternels, plus d’altruisme en elle, elle est devenue l’ombre de ce qu’elle était dans cette cave, rongée par la solitude. la carapace est en arsenic et de ses intentions coule le pire des venins, de ceux qui ruinent des familles entières, des vies, et qui la laissera au final sur le bas-côté agonisante, une plaie au coeur que nul loup ni renard ne pourra soigner.

une main qui tremble, qui serre la chevalière du patriarche dans ses mains, et elle se rend compte brusquement de ce qui arrive. de ce qu’elle est en train de faire. de se faire. de lui faire. de leur faire.

un souffle.

“achilles ?”

supplique d’enfant.

“j’en fais trop ?”