Please ensure Javascript is enabled for purposes of website accessibility

-10%
Le deal à ne pas rater :
-30€ sur la nouvelle Tablette tactile Lenovo Tab Plus – 11.5” ...
269.99 € 299.99 €
Voir le deal

Rex — but we have known each other too well in the dark


all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des rp.
Aller en bas
Invité
Invité
avatar
MessageSujet: Rex — but we have known each other too well in the dark Rex — but we have known each other too well in the dark  EmptyDim 14 Mar - 19:41












But we have known each other too well in the dark


Il en avait eu besoin comme ça, comme d'un verre après une journée de merde, une clope après le repas, l'envie lui avait sauté à la gorge sans prévenir. Il parait que c'est tout le problème avec la nostalgie ; que c'est à la fois le refus du chagrin et la compréhension de la perte, le mime d'un deuil que l'esprit n'est pas encore en mesure d'effectuer. Et ce soir, la mélancolie prenait le visage des souvenirs qui trainaient encore en lui, ceux des combats qu'ils effectuaient une fois la nuit tombée. C'était leur défouloir, leur mouroir personnel, leur terrain de jeu, c'était leur manière de se prouver leur invincibilité, leurs failles et leurs faiblesses, leur mépris du monde, c'était leur manière d'exister. À l'époque où ils étaient encore quatre types bien bâtis aux corps charpentés, qui se foutaient bien d'une ou deux côtes cassées, tant qu'ils récoltaient l'adrénaline salvatrice, la sensation de la victoire ; l'éreintement de la vieillesse n'entrait pas en compte, et je crois qu'ils n'imaginaient même pas le connaître un jour. Parait que c'est un truc normal, quand on a vingt piges : on aime se servir l'illusion que rien ne finira jamais, se figurer la répétition d'un état comme un paradis à part entière dont on maitrise les contours, les enjeux. Se battre, c'était leur jeu à eux. C'était tout ce à quoi ils étaient bons, ce à quoi ils s'étaient eux-même dressés, à force d'arpenter les bas-fonds d'une ville délabrée. Et certainement en tiraient-ils un plaisir atroce, à profiter des micro-miracles de leurs résurrections successives ; tomber puis se relever, se faire casser la gueule, croire qu'on est sur le point de crever, puis guérir. Recommencer.
Ça les faisait marrer, d'être leurs propres martyrs.
Pendant ces dix dernières années, il avait passé beaucoup de temps à se convaincre que tout ça ne lui manquait pas. Cet état de sauvagerie d'abord, comme une ode à la primaire brutalité que tout corps se doit, un jour ou l'autre, d'exulter ; le moment d'après, celui où tout déchainement prenait fin en une jouissance absurde, et où le calme ne semblait jamais aussi entier, aussi puissant. Et puis, le fait de partager ça avec eux. Parce que c'est une chose, de se laisser aller à l'animalité de l'âme, mais admettons : la société ne voit jamais d'un très bon œil les êtres qui décident d'envoyer balader le contrôle de soi préconisé. Même si ce n'était que pendant le temps d'un combat. Mais eux, ils comprenaient. Ils comprenaient cet état parce qu'ils le vivaient, le cherchaient, s'en sustentaient au même titre que lui, si bien qu'entre eux, ils n'avaient jamais à s'expliquer ou se justifier. Ils savaient, c'est tout.

Il ne lui avait pas fallu longtemps pour savoir où prenaient désormais place les combats en question, même si les emplacements étaient mouvants, changeants. Ce soir, c'était dans l'ancien entrepôt d'une filiale de matériaux de construction, un bâtiment que Max connaissait de vue pour y avoir acheté deux trois bricoles il y a une quinzaine d'années, mais qui avait visiblement été fermé depuis – et laissé à l'abandon. Il était rentré là-dedans sans trop savoir où il foutait les pieds, avec la désagréable impression de se sentir à la fois tout à fait familier des lieux, mais aussi pleinement étranger ; car s'il reconnaissait l'atmosphère fumante et bruyante, cette foule serrée de corps empressés et nerveux, il n'en identifiait en revanche plus aucun visage connu. À l'époque, tout le monde les connaissait, vous savez ; c'étaient des habitués, chiens de la casse fichés depuis leur adolescence, le genre qu'on méprise un peu mais dont on finit aussi par se méfier. Parce que c'est le truc avec les clébards : ils sont imprévisibles, et impossible de savoir à l'avance s'ils auraient la sale idée de vous mordre, simplement parce qu'ils avaient passé une sale journée. Sauf que maintenant, les regards qui le dévisageaient étaient au mieux désintéressés, et au pire emplis de l'hostilité coutumière dont on darde les étrangers. L'air de dire, buddy, qu'est c'que tu fous ici ? À croire que même les inconnus auraient aimé lui indiquer qu'il n'était plus chez lui.
Mais Max n'en a cure. Il se fout pas mal de ce qu'on pense de lui, ou de se faire regarder de travers. Tout ce qu'il veut, c'est boire une bière, entendre de nouveau la foule gueulante acclamer le sang qui gicle et les poings qui giflent, tout ce qu'il veut, c'est célébrer cette profonde nostalgie. Peut-être pour s'en débarrasser peu à peu. Sauf qu'au centre du ring de fortune – comprenez, une vague estrade de bois délimitée par des cordelettes usées – ce n'est pas un étranger qui se tient. Ou peut-être que si, mais au moins il en connait le visage.
Rex, stature imposante aux cicatrices affichées, colosse de fêlures, titan de blessures. C'est marqué sur sa gueule, qu'il a morflé, qu'il a vu bien plus que quelques combats sur une estrade mal foutue, et c'est certainement ce qui le rend inquiétant ; qu'il soit encore debout, après tout ce temps. Quoiqu'il a l'air en sale posture, à l'instant, si on en juge par la tête qu'il tire, et son large dos qui se courbe sous l'éreintement. Instinctivement, il voudrait s'approcher, aller au premier rang et lui gueuler de s'ressaisir, d'aller péter les genoux à cet enculé. Mais il n'en a plus le droit : il vient de se rappeler.

Peut-être que cette scène en était la preuve ultime : tout avait vraiment changé.

Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
MessageSujet: Re: Rex — but we have known each other too well in the dark Rex — but we have known each other too well in the dark  EmptyLun 15 Mar - 19:57

but we have known each other too well in the dark
max et rex ;
solanum (gif)
Sa vue, floutée de sang et gênée par les deux hématomes que deviennent ses yeux, l'aperçoit dans la foule. C'est un moment de calme, où malgré les cris des clébards hystériques et la douleur qui irradie de son être, Rex ne voit que lui. De là, il pourrait se le remémorer, encore jeune, suffisamment heureux pour lui gueuler dessus et l'encourager même dans la défaite.
Et Eden, là, sur ce ring -sensiblement le même à l'époque-, vexé d'avoir perdu, qui puisait au fond de lui pour insulter son adversaire et lui promettre de prendre sa revanche.
Ils étaient heureux, tous ensemble.
Silas, Nox, Max et lui.
Du moins, ils semblaient l'être, bien dans leur corps mais pas dans leur tête. Si Gunn les avait abandonnés, ce n'était pas parce qu'il espérait les blesser mais parce qu'il tentait probablement de se soigner lui. Pas de leur amitié mais de la misère, cette foutue misère dans laquelle ils avaient grandi et à laquelle ils se sentaient redevables. Cette misère trouble, colérique, qui faisait partie d'eux et les définissait. Cette misère là, qui avait creusé les traits de Rex, tassé son corps, rendu son regard plus noir pour en faire une de ses créations les plus belles. Partout où il irait à présent, après tout ce temps passé dans l'ombre de ses conneries, Eden porterait sur lui ce fardeau : celui de n'être pas né au bon endroit, au bon moment et de ne pas avoir su quitter ce cercle vicieux.

Son corps tangue et un type le ramasse tant bien que mal. Animal lourd à la carcasse fatiguée, viendra un moment où son crâne finira par éclater et le peu de neurones qu'il lui reste par le lâcher.
Le goût du sang le fait grimacer tandis qu'il attrape une serviette chaude et humide pour essuyer grossièrement son visage.
Il a perdu mais l'âge et la fatigue l'empêchent d'être déçu. Il savait qu'il ne tiendrait pas le coup et plus le temps passe, moins il y arrive mais qu'importe pourvu que l'oubli le fauche, le mette à genoux et le lave de ses péchés.
Sa silhouette torse nu, puante de transpiration et de sang, fend la foule qui, elle, se heurte à ne voir que le gagnant. Eden se fond dans la défaite, le corps anesthésié par l'adrénaline. La douleur viendra lorsqu'il s'allongera dans son lit et qu'il laissera tomber ses instincts de survie mais en attendant, par un miracle de la nature, Rex tient encore debout.
Sa démarche nonchalante de bête blessée le mène jusqu'à celui qu'il avait laissé tomber sur le trottoir du Devil's Den et dont il avait tenté de se défaire dans la minuscule cuisine de son appartement. Pourtant, depuis ce jour-là, le combattant n'avait pas su enterrer toute la douleur que le regard de Max escortait. Il y avait d'abord la souffrance physique et réelle, celle que Gunn avait laissé couler sur ses joues et l'autre, plus profonde, plus directe, qu'il avait eu du mal à avaler en soutenant son regard chez lui. Les traces des coups que Nox lui a donné sont encore là, il peut les voir, discrètes mais réelles. Rex s'approche avec la même tranquillité du lion sur son territoire. Le torse bombé, à agir comme s'il avait encore vingt ans alors qu'il en a le double, Eden se plante devant lui. Grand et faussement invincible, recouvert de fluide mais sûr de lui malgré la défaite.
S'il pense avoir le même regard que ce soir au bordel Irlandais, il n'en est rien. L'animal ne saurait pas le reproduire sans les sentiments nécessaires. Il y avait une telle colère dans son âme qu'il n'avait même pas trouvé le courage de lui parler. Euphorique, l'âme bordée d'adrénaline, Rex n'est plus si hostile. Quelques types se reculent malgré tout, persuadés que les coups vont fuser, comme si leurs souvenirs existaient encore dans cette ambiance et qu'elle se souvenait de ce dont ils étaient capables. Mais à la place de ça,  le colosse attrape la bière de Max et en boit une gorgée.
Nostalgique, vieux débris ?
Le goût dégueulasse de l'alcool bon marché lui rappelle pourquoi il se bourre la gueule dans le bar du coin après ses combats. La foule agitée dans son dos donne au lien qui les relie une tension électrique et brûlante. Les cris ne font pas que encenser la violence mais alimentent aussi le feu qui les anime. Celui incandescent de Rex face à l'étincelle fade de Max.
Sa stature se décale légèrement afin d'accorder un coup de menton en direction du ring. Il y a d'abord un silence tandis qu'un type, sensiblement plus jeune qu'eux, attend qu'un autre se dévoue pour l'affronter. La large main brisée d'Eden se pose sur le torse d'un gamin surexcité pour l'arrêter dans sa course vers l'arène. Ses doigts serrent le tissu de son t shirt, brutalement, et le môme tasse son entrain.

Tu tentes ta chance ?
Les frères ont creusé leur trou dans ce monde poisseux et Rex a aussi suffisamment de poids pour que Max passe avant les autres. Ses pupilles s'intensifient, fouillent dans les siennes, y cherchent du courage, des tripes, ce crépitement brutal qu'il a besoin de voir en lui.
S'il le sait encore blessé des coups de Nox, Eden ne veut rien savoir. Il lui ouvre là la possibilité de renouer avec ce qu'ils étaient.
Comme un rituel de passage, souffrir afin de se reconnaître, à nouveau.
Sentir le sang, la transpiration et retrouver l'odeur des siens, en signe d'appartenance à cette bulle de violence à laquelle il sera toujours relié.
Les cris s'élèvent, s'impatientent et le combattant ne cille pas.
Envoyer Max sur le ring, c'est prendre le risque de l'éteindre une bonne fois pour toutes ou bien de le réveiller.
BY CΔLΙGULΔ ☾
Revenir en haut Aller en bas
Invité
Invité
avatar
MessageSujet: Re: Rex — but we have known each other too well in the dark Rex — but we have known each other too well in the dark  EmptyMar 16 Mar - 12:20










But we have known each other too well in the dark


Le face à face entre eux a quelque chose d'absurde. Car à les voir ainsi placés en miroir l'un de l'autre, on comprend que s'ils avaient été semblables il y a de ça des années, il n'en était plus rien ; Rex était devenu ce qu'il aurait été s'il était resté, comme une version alternative de sa propre personne déchirée par le temps. Et Max, il parait presque chétif face à ce colosse éreinté, figure flagrante de ce qu'on perd en s'éloignant. Il voit bien pourtant, que Rex n'a plus la même dégaine qu'avant, lorsqu'il quitte un combat ; il imagine aisément les douleurs que son corps traitre doit lui faire subir, comme une moquerie face aux années qu'il tâchait d'ignorer. Mais Eden a toujours eu cette manière de tenir tête à la douleur comme s'il s'était agi avant tout d'une question de fierté, et que rien n'aurait raisonnablement pu être en mesure de lui faire courber l'échine durablement. La résurrection, c'était son hobby, son passe-temps. Il avait toujours été doué, dans la matière.
Peut-être Max avait-il été surpris de le voir s'avancer vers lui, et pire, de lui adresser la parole. Leur dernier échange s'était pourtant paré de toutes les consonances définitives, et il le lui avait assuré sans ciller : de lui, il ne voulait plus entendre parler. C'est pourtant sans prendre ombrage des décisions prises qu'Eden s'adresse de nouveau à lui, et même pas pour lui intimer de dégager. Tout le contraire, à vrai dire ; ce que veut Rex ce soir, c'est de le voir se confronter au pire. Ou plutôt au passé, leur passé, le voir revêtir les traits de celui qu'il a perdu comme pour vérifier si sous cet amas cabossé de remords énoncés, le Max d'avant était toujours présent. En toute sincérité, il n'aurait même pas pu répondre, si on lui avait posé la question frontalement. Je veux dire, il était conscient d'avoir sacrifié pas mal de parties de lui ces dernières années, d'avoir annihilé des pans entiers de son être pour devenir autre chose. Et il n'avait même pas eu le crédit de réussir, c'était peut-être ça, le pire. Puis lorsqu'il avait voulu faire marche arrière, retrouver ce qu'il était, il avait dû se rendre à l'évidence : certaines pièces du puzzle avaient été perdues en cours de route, et il lui fallait alors composer avec cette identité incomplète, vacillante, pleine à la fois de tout ce qu'il était devenu et de tout ce qu'il n'était plus, comme une contre-forme à ce qu'il avait perdu.
Au fond, Rex avait raison ; de Max, qu'est ce qu'il restait désormais ?
Car c'est la vraie question sous ce défi, la peur primaire qui les enserrait tous et qu'ils ne formulaient pas, par crainte de la voir devenir trop réelle : et si celui qui était revenu n'était plus rien qu'un étranger, si ces traits familiers n'étaient finalement que mensongers ? Et si dix années avaient suffi à détruire définitivement le frère qu'ils avaient aimé ? Il fallait s'en assurer, à la fois pour savoir sur quel pied danser et puis panser les plaies sans regrets. Savoir si un deuil devait être fait, ou si quelque chose pouvait encore être récupéré.

Tu tentes ta chance ?

Au fond, il n'a pas vraiment le choix. Lui aussi doit savoir. Alors il ne détourne pas le regard de celui d'Eden, imperturbable dans le défi qu'il lui lance sans ciller, et il se déleste machinalement de son blouson pour le balancer plus loin.

Quoi, t'as pas les couilles de me casser la gueule toi-même, cette fois ?

Parce qu'il sait. Il va certainement se faire démonter s'il grimpe sur ce ring. L'époque où il se battait tous les soirs est lointaine, et le gamin sur l'estrade doit avoir la moitié de son âge. Mais il s'en fout.
De toute façon, il a toujours été merdique, pour prendre de bonnes décisions.
Y'a des sifflements et des ricanements qui résonnent dans la foule autour de lui, lorsqu'il se fraye un chemin jusqu'au ring ; le gars qui l'attend parait presque déçu, comme s'il avait compris que le combat qui l'attendait serait tellement inégal que la victoire n'aurait aucune saveur réelle. Il grimpe, s'expose aux lumières blafardes des plafonniers, braquées sur leurs deux corps prêts à se déchiqueter, et retire son t-shirt à son tour. L'évidence est désormais flagrante ; la carcasse qu'il exhibe n'est pas de celles qui se laissent encore malmener, l'usure s'y lit en caractères immenses. Vieilles cicatrices mal soignées, contusions nouvelles, souvenir d'un Nox déchaîné au Devil's Den, toutes racontent à la fois un passé chargé mais révolu, et un futur sur lequel on se garderait bien de parier. La foule autour le comprend brutalement : il va se faire défoncer.
Et il existe ce moment inconnu, juste avant le début du combat, où la peur s'invite en lui, lui serre les entrailles. Pas la peur de la douleur, mais celle de découvrir qu'il n'était plus rien qu'un squelette atrophié, bon à rien, que rien ne pouvait-être gardé du passé et que même sur ce ring trop souvent foulé, il était incapable d'exister. La terreur est immense, mais au moment où la cloche sonne, elle se mêle à un pic d'adrénaline. Le cocktail est étourdissant, à tel point qu'il ne voit même pas venir le premier crochet du droit. Ni le deuxième.
Merde, c'est plus douloureux que ce dont il se rappelait.
Il essaie de frapper mais il est trop lent, l'autre l'évite si facilement que ça doit paraître risible, vu de l'extérieur. Pourtant, ça avait toujours été sa force, sur l'estrade ; la rapidité avec laquelle il assenait les coups, fort de sa silhouette sèche, longiligne. Mais ce n'était plus le cas. Même ça, il l'avait perdu. Et les rires qui résonnent autour de lui le lui font bien comprendre : ce n'est pas un combat auquel ils assistent, mais une mascarade, à peine un interlude comique. Un coup dans le plexus solaire lui coupe brusquement la respiration et il recule de quelques pas sous la force du poing balancé. Titube. Face à lui, le sourire du gamin est moqueur, à croire qu'il aurait presque de la peine à l'idée de matraquer cette carcasse décharnée, ce mec venu de nulle part qui essaie vainement de le frapper, de l'atteindre. Mais il n'arrête pas pour autant, balance un autre crochet dans sa mâchoire, puis encore un autre. Ses oreilles se mettent à vrombir. Putain, quarante-cinq secondes sur le ring et il a déjà l'impression de crever. S'il s'était vu, il aurait certainement ri devant l'aspect pitoyable de la scène, et s'en serait même détourné, jugeant que celle-ci ne méritait aucun intérêt. Et c'est exactement ce qu'il lit dans le regard de son adversaire lorsqu'il le croise : il s'ennuie. Pire, il retient ses coups, parce qu'il parait qu'on cogne pas les vieux, et qu'il n'a rien d'un vrai concurrent. Il se contente de balancer des torgnoles sans réelle conviction, espérant que tout serait vite fini, et que tout le monde pourrait passer à autre chose. Droite, gauche, droite encore. Max bouffe le sol. Et il se dit pendant un instant qu'il a eu sa réponse, qu'il a définitivement perdu tout ce qu'il avait, tout ce qu'il était, il se dit qu'un peu plus loin, Rex doit même avoir détourné le regard lui aussi, par pitié, dégoût, abandon.
Il tousse, le nez à trois centimètres du sol, crache du sang. Le goût de la ferraille envahit sa bouche et il lève les yeux vers la foule, cette foule inconnue aux sourires railleurs, et il y reconnait un visage.
Rex n'a pas détourné les yeux.

Allez, abandonne l'ancêtre, qu'on en finisse, Raille la voix du gamin, derrière lui.

Un crachat atterrit sur son dos. Et brutalement, il se rappelle. Il faut se mettre dans la peau du bourreau qui n'agit pas parce qu'il souhaite la souffrance de sa victime, mais simplement parce que celle-ci l'indiffère. Il faut vouloir voir le sang gicler, le vouloir vraiment. Faire des corps un amas de chair et d'os, rien de plus ; le sien en premier. Il se rappelle que sa propre douleur ne compte pas, ne compte jamais, et qu'elle n'est là que pour l'électriser, le faire devenir tout ce qu'il était.
C'est comme une gifle, un pic d'adrénaline. Un sale sourire s'étire sur ses lèvres barbouillées de sang, et son dos se courbe, ses mains repoussent le sol du ring. Il n'a plus mal. Il décide qu'il n'a plus mal. Qu'il n'est rien et que l'autre non plus, à peine des silhouettes en mouvement, de la barbaque, de la carne à cogner, rien d'autre. Et peut-être qu'il titube un peu lorsqu'il se relève, peut-être que son adversaire ricane de le voir encore s'acharner, mais il a surtout oublié de le regarder.
Il aurait dû voir ce truc, dans ses yeux.
L'ivresse, vous savez.
Car cette fois lorsqu'il frappe, c'est avec l'exaltation féroce d'une violence trop longtemps délaissée, avec la joie sordide de la retrouver en soi et de l'exprimer. Les retrouvailles avec l'animal carnassier sont pleines de cette allégresse ordurière, qui s'infiltre dans chacune de ses veines pour l'électriser. Il n'a plus de doute : il sait précisément où cogner. À la gorge pour lui couper le souffle, contre les tempes pour l'étourdir, dans la mâchoire pour voir le sang jaillir. Le rouge est d'une beauté violente, et il n'arrête plus, il n'arrête plus maintenant qu'il a commencé, et la foule est heureuse de voir la situation rebondir, le scénario changer. Il sait comment la satisfaire ; céder à l'ignominie pure, leur donner à voir l'animalité humaine dans toute sa splendeur, les vices que la société s'efforçaient de mettre au ban, soudainement glorifiés. Il s'acharne comme un clébard enragé sur l'homme qui devient carcasse, jusqu'à ce que le visage soit tuméfié ; mais l'autre avait dû repérer cette fragilité sur le flanc droit, souvenir de plusieurs côtes fêlées, et mal réparées. Le coup de talon qu'il lui a flanqué pour le dégager l'a brusquement rappelé à sa propre douleur, si puissante qu'il n'a pas été en mesure de l'ignorer. C'était tout ce qu'il fallait à son adversaire pour reprendre l'avantage : un moment de répit, une manière de mettre fin à l'ivresse sanguinaire de son rival. Parce que malgré la pluie de torgnoles reçues, il en avait visiblement encore assez sous la pédale pour le clouer définitivement au sol. Ce qu'il a fait.
Sauf que cette fois, il n'a pas retenu ses coups.
Et lorsque tous deux ont décidé que c'était assez, que la défaite de Max était assez évidente pour être énoncée, tout s'est arrêté. Le calme qui a suivi ne lui a jamais paru aussi satisfaisant, aussi grisant.
Parce qu'il s'était retrouvé, l'espace d'un instant.
Alors peut-être qu'il ne ressemble plus à grand chose quand il descend du ring, qu'il essuie le sang sur son visage avec son t-shirt, mais il sait que même s'il a perdu, il pourra de nouveau regarder son vieil ami dans les yeux. Rex l'attend là, ni surpris, ni impressionné, ni rien. Il se contente de lui tendre une bière.

Peut-être l'air de dire, ravi de te revoir, vieux frère.



Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé

MessageSujet: Re: Rex — but we have known each other too well in the dark Rex — but we have known each other too well in the dark  Empty

Revenir en haut Aller en bas
Rex — but we have known each other too well in the dark
Revenir en haut
Page 1 sur 1
Sujets similaires
-
» (ua) don't go dark on me -- hyansby.

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des rp.-
Sauter vers: