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L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper


all monsters are human. :: 'til her daddy takes the t-bird away. :: archive des personnages.
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MessageSujet: L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper EmptyDim 21 Fév - 14:03

Raven Cooper.

C'EST SÛR, ELLE EST D'AILLEURS. ☾


nom prénom(s). Raven Cooper. âge, origine. Voilà 31ans qu'elle arpente la route abrupte de la vie, qu'elle s'y écorche les genoux et qu'elle s'y colle des ampoules, chaque jour plus absurde que le précédent, depuis qu'elle a quitté les vapeurs méphitiques de Boston. Elle est une pure Américaine, bien qu'elle n'ignore pas de lointaines origines anglaises. occupations, métier. Son génie est au service de l'Irish Mob. Ses mains s'activent à créer des cristaux d'extase, de perdition et d'abandon. Tout ce qui permet aux âmes égarées de trouver un sordide refuge à leurs démons. situation sociale et financière. Raven vit de ses solitudes et se dédie entièrement à son métier. L'argent n'est pas ce qui lui manque, car même si son patron réveille toutes ses terreurs, il a le mérite de bien la payer. orientation sexuelle. Elle éprouve un désintérêt tout particulier pour ce qui concerne les choses de la chair. Néanmoins, ce sont généralement les angles particuliers d'un visage masculin qui peuvent retenir son attention... groupe. Zombie.

☾ eye contact.

tics, manies, caractère. ☾
Elle était née pour la lumière, mais elle ne se complait que dans l'étreinte de l'ombre. Elle est un chant de discrétion, de timidité, de maladresse, de pudeur et d'étourderies. Sous ses traits impeccables et lisses vit le chaos sauvage de ses émotions, de ses idées éparpillées, d'un monde étrange et intriguant qui l'arrache à la moindre compagnie des gens normaux.
Elle se faufile sans que quiconque ne puisse la voir, anxieuse à la moindre possibilité d'avoir une quelconque interaction sociale avec un humain. Le noir est ce qu'elle vêt le mieux, s'effaçant au regard du commun des mortels. Il ne brille que de cette beauté douce et délicate, d'une imperfection charmante.
Raven, elle n'est pas de celles qui clament haut et fort pour se faire entendre. Sa voix est presque un murmure. Elle chuchote, parle bas, ne s'exprime que pour énoncer des faits simples et clairs, pour commenter toutes les idées absurdes qui lui passent par son esprit fécond.
Ainsi, elle existe sans vraiment être là. Elle est cet être que l'on ne remarque pas, celui dont on ne se souvient pas à la fin de journée, qu'on ne se rappelle pas avoir croisé, que l'on n'est même pas sûr d'avoir entraperçu. Elle est cette créature vouée à la nuit, à ses démons et au silence, s’épanouissant sous les rayons discrets de la lune. Elle représente ce néant qui vit au creux de son cœur, qui grignote chaque jour un peu plus sa poitrine.
Elle est l’aube et le crépuscule.
Elle est le corbeau que tout le monde fuit.
Elle n'est pas comme tout le monde, Raven.
Elle vit de toc et de manies, d'obsessions absurdes et d'habitudes étranges. Elle s’arrache au regard de quiconque la détaille trop. Pour cela, elle s’emploie astucieusement à choisir des tenues peu élégantes, un peu brouillon, dans lesquelles elle se perd pour ne plus demeurer qu’une forme confuse dans cette marée humaine. Il lui faut ranger méthodiquement chaque chose avec une rigueur mathématique proche de la pulsion. Tout est ordonné, mais guère dans l’optique de privilégier une harmonie esthétique. Les couleurs sont rangées chromatiquement, les bouteilles triées selon leur PH, la nourriture répartie du plus salé au plus sucré. Tout y est pensé pour respecter une logique rigoureuse et maladive.
De ses doigts délicats, elle crée chaque jour un peu plus de cristaux d’ivresse, de poussière de dépravation, de poudre d’oubli, un poison pernicieux qui vous emporte un sourire abandonné sur les lèvres gonflées de vapeur d’alcool. Et pourtant, Raven ne fume pas, ne boit pas, mange sainement. Elle s’astreint à une hygiène de vie bien éloignée du milieu dans lequel elle travaille à présent. Elle exècre tout ce qui l'empêche de garder son contrôle, tout ce qui pourrait écorcher les murailles impénétrables de son âme, tout ce qu’elle juge impur et terrible.
Le monde lui apparait sous sa forme la plus floue, avec des contours mal dessinés, imprécis. Ce sont des ombres immenses qui s’élèvent et qui l’entourent, qui peuplent cet univers peu rassurant qui est le sien. De sa main légère, elle trace des monstres qu’elle étale sur ses feuilles de papier. Elle s’invente mille monstruosité pour paraître moins monstrueuse elle-même.
L’imprévisible sursaut des lendemains tétanise Raven dans chaque fibre de son être. Le futur des astres, de l’infini grand et de l’infini petit la fascine, la fin de toute chose et du Tout l’émerveille, mais elle craint l’ignorance dans laquelle la projette le futur. Elle tisse difficilement les événements de chaque jour pour penser à ceux d’après. Forme crépusculaire enterrée dans son passé, la carcasse poisseuse du démon de son enfance reste agrippée à son épiderme meurtri et à sa chair profanée, annihilant tout désir de conquête de l’avenir.

histoire. ☾
C’était tout autant de fils qui rattachaient un corps à ce qui lui restait de vivant, tels des serpents sinueux. Ils rampaient jusqu’à lui, les crocs refermés sur sa carcasse transparente et bleuie. Et il y en avait des tas. Certains sonnaient, d’autres suçaient ses veines asséchées, puis il y avait ceux qui déversaient le remède, philtre salvateur, pour conjurer le mauvais sort sur un corps profané dans sa chair, ses veines et ses os.
Deux prunelles pâles s’agrippaient à ces créatures rampantes avec une fascination féroce, spectatrices ingénues du grotesque spectacle d’une vie qui arrache ses dernières secondes aux mains d’une Mort patiente et docile, ne doutant pas de l’issue de ce combat vain. Comme si vivre plus longtemps dans un lit relié à des monstres de métal et d’argent était plus attrayant que le crépuscule des lendemains.
« Viens là, ma petite ombre. » Petite ombre… parce qu’elle s’abritait sous le couvert rassurant de son ombre, qu’elle mimait le moindre de ses mouvements, qu’elle vivait dans l’écueil rassurant de ses mots, qu’elle s’abreuvait du même air qui gonflait ses poumons autrefois grouillant de passion et de vie. « Viens là et montre-moi tes dessins. »
Ils étaient tout chiffonnés entre ses doigts moites et maladroits, malmenés par les coups de crayon appuyés à en transpercer le papier, transportés sans douceur dans la voiture, puis les étages. Elle s’approcha de quelques pas timides, poussée dans le dos par une main légère et encourageante. Elle tendit les piètres morceaux de papier.
Les couleurs dansaient sur la feuille blanche. Elles éclataient, tournoyaient, vibraient, explosaient comme un millier de feux d’artifice. Un monde se hissait sous les étoiles chatoyantes des coups de crayons, de pastels et de feutres. Il y pullulait des créatures merveilleuses, des ciels qui caressaient la terre, un soleil immense qui éclaboussait de diamants la surface rouge et brûlante de l’océan et une nature sauvage qui débordait de l’îlot de papier.
Et pourtant, il y avait cette grande tache sombre qui avalait les éclats de couleur dans sa gueule féroce, pourfendait les rayons puissants du soleil et grignotait lentement le corps de ce grand homme brun au centre de la feuille.
Les yeux du père étudièrent les fantaisies de l’enfant d’une attention soutenue, occultant avec superbe le terrible présage qui suintait dans l’encre noire et grasse. Sa main, grande et délicate, se perdit dans le ramage de corbeau de sa fille et le caressa tendrement.
« C’est très beau, ma petite ombre. »
Son regard s’agrippa à celui limpide de son père. Il faisait si bon vivre dans ses yeux qu’ils étaient son plus tendre refuge face aux créatures étranges et absurdes qui peuplaient ce monde grotesque. Elle s’y perdait sans volonté de remonter à la surface, comme une mer calme et clémente qui la renvoyait vers des rivages merveilleux. Mais aujourd’hui, la mer devint océan, puis tempête.
« Il pleut dans tes yeux papa… »
Sa main minuscule et blanche se tendit pour toucher le visage blême de son père, mais une autre l’écarta doucement.
« Delilah, va dans le couloir. Je reviens bientôt ! »

***

« Je vous assure, Madame Tilley. Il vous faut prendre conscience que votre fille n’est pas seulement douée. Elle possède un don certain. »
Mais Madame Tilley, qu’est-ce qu’elle pouvait encore y comprendre aux capacités exceptionnelles de son enfant ? Son mari s’était enfui quatre ans auparavant, agrippé aux ailes arrogantes de la mort. Et il avait tout emporté dans son voyage éternel. Dans ses ténèbres, il avait condamné la lumière, la chaleur, le bonheur et la simplicité des jours. Il avait repris jalousement ses gestes, ses caresses, ses odeurs, ses mots, ses baisers et toutes ses richesses. Il était parti en les laissant plus appauvries que jamais. Elle se noyait dans ce magma noirâtre et épais de rancune, de colère et de chagrin.
Ce qu’elle comprenait aujourd’hui, c’était la lente mélodie de son agonie où l’absence de l’être cher lui transperçait l’âme depuis quatre ans, six mois, cinq heures et vingt-trois minutes. Ce qu’elle comprenait, c’était le pitoyable refuge des bouteilles qu’elle vidait à toute heure, habillant son âme déguenillée, misérable et sèche autour des vapeurs d’alcool. Et quand elle n’avait plus assez de larmes à donner, plus assez de chagrin à crier, plus assez de souvenirs à chérir, elle le maudissait de son égoïsme et lui reprochait toutes ses solitudes. Ce qu’elle comprenait, c’était l’ivresse folle de ces soirées sans fin, c’était l’oubli dépravé dans lequel elle se jetait éperdue, c’était l’abandon malheureux de toutes ces heures où elle n’avait plus à penser qu’elle était vraiment elle-même.
Et Delilah, ce qu’elle comprenait, c’était que l’enfance emportait trop de choses avec elle. Les rêves n’existaient plus vraiment pour les adultes, telles des chimères faites de sable et poussière. Ils étaient comme des ballons qui éclatent, balayant les armures en carton, les épées en bois et les casques en papier mâché. Les années avaient décharné les paroles de sa mère, elles l’avaient dépouillée de sa beauté et de sa tendresse, elles l’avaient désossée de ses sourires et de ses danses, elles avaient poli jusqu’aux derniers angles pointus de sa détermination et de sa vie, et enfin, comme il ne restait plus rien à aspirer, elles vinrent lui ôter l’amour.
« Ce… ce qu’elle fait avec… c’est prodigieux ! Elle est bien au-dessus du niveau des autres élèves. Je suis certain qu’elle pourrait accomplir de merveilleuses choses. »
Les prunelles claires de Delilah s’arrêtèrent sur la contemplation étrange de sa mère. Elle abhorrait une mine confuse, comme si elle ne saisissait pas les mots du professeur assis en face d’elle et qu’elle déployait un effort colosse pour ramener à elle ses fragments de raison. Mais elle savait que ces bribes étaient éparpillées en des lieux intangibles, inaccessibles et inconnus.
Alors, elle ne fut guère surprise du gargouillis grotesque de ses mots qui perdaient toute leur logique à mesure qu’ils sortaient de cette bouche qui ne savait plus vraiment embrasser. Impuissante et insatisfaite, elle s’arrêta brutalement. Il lui fallut quelques secondes supplémentaires pour s’éclaircir la gorge et reprendre le peu de contenance dont elle disposait.
« Elle est bonne en quoi ? »
Elle était bonne en tout, Delilah, mais ce qu’elle adorait au-delà de toute chose, c’étaient les chiffres. Les chiffres et leur logique implacable. Et avec, elle pouvait se tisser un monde merveilleux où son esprit fertile et curieux venait se nourrir dans la réponse de chacun eux. Elle aimait la symphonie parfaite de ces sciences qui ne savaient pas mentir, qui ne pouvaient pas décevoir, qui l’entouraient des barrières rassurantes de la rationalité pure. Ils étaient son ordre suprême dans un univers chaotique et étourdi par les fantaisies d’une mère absente. Elle se perdait dans ces nombres aux possibilités aussi infinies que les astres, car chaque opération était là pour lui offrir une solution quand le monde ne lui renvoyait que des problèmes.
Mais cela, Madame Tilley n’était pas en mesure de le comprendre.
Et elle ne le comprendrait jamais.

***

Lambeaux par lambeaux, elle avait cherché à se reconstruire un nouveau monde. Il lui suffisait d’attraper des bribes infimes, un frôlement léger, l’esquisse d’un mouvement pour ériger une réalité seulement tangible au travers du ciel de ses yeux. Les hommes se transformaient en des créatures curieuses qui excitaient son imagination et animaient la main qui grignotait avidement la feuille vierge, rattachée à cet esprit fécond. Toutes les choses se liaient dans une harmonie parfaite pour tracer les contours d’un univers unique et limpide, parfois absurde. Delilah n’avait pas le goût d’éprouver la même vie que le reste du commun des mortels. Elle s’inventait des merveilles là où il ne pouvait résider que le laid et le dissonant. Elle redessinait à la couleur de ses pastels et de ses aquarelles les traits d’un nouveau visage que son quotidien revêtait. Ainsi, tout était plus beau, tout était plus simple, tout était plus rassurant. Comme le florilège sublime des équations, des algorithmes et des opérations qui s’enchevêtraient dans son esprit, qui se mêlaient et se démêlaient instantanément dans le flot ininterrompu de ses pensées.
Elle vivait au creux de ces chiffres qui la soutenaient depuis qu’elle était petite. Ils étaient son plus solide rempart face à la solitude, à la morosité de l’existence, à la médiocrité du quotidien. Ils étaient sa raison d’être et sa raison de se battre. Ils étaient son petit miracle au sein de ce monde pétri d’imperfections odieuses. Elle n’oubliait pas qu’elle devait sa réussite au professeur Hamilton, non pas parce qu’il l’avait aidée à se parfaire, mais parce qu’il l’avait empêchée de s’effondrer dans la main vide de sa mère. Il avait été l’un des plus fervents admirateurs de son génie, de son potentiel, de cet esprit si singulier. Dévot, il la menait tout droit vers un chemin séduisant qu’elle s’empressait d’emprunter, même avec ses genoux écorchés, ses pieds pleins d’ampoules, son allure déguenillée et son ramage en bataille. Il l’entraînait dans un tourbillon d’activités, d’expériences, de test, de concours pour prouver, lumière après lumière, qu’elle était née pour briller.
Elle ne pouvait pas sombrer…
Et Madame Tilley aussi, elle remontait peu à peu à la surface. Il avait suffi au temps un acharnement rigoureux pour panser les blessures, pour rallumer une étincelle presque éteinte, pour rappeler une rage de vivre que la proximité de la mort avait avivé. La douleur n’était jamais partie, mais elle demeurait juste moins vive. Les souvenirs étaient plus confus, moins foudroyants par leur netteté. Elle aussi, lambeaux après lambeaux, elle avait reconstitué avec du fil un peu usé le chemin de sa vie.
Il s’appelait Daniel.
Il avait reconduit Madame Tilley hors des pentes escarpées de l’ivresse. De son bras, il avait formé un bouclier, de ses mots, il en avait fait des armes, de son regard, il lui avait construit une armure. Elle s’était laissé prendre dans ses filets charmeurs et rassurants, dans l’étreinte de sa voix rauque et moite. Mais Delilah, elle n’aimait pas la toile gluante qu’il tissait à chaque fois que son regard de ciel d’orage s’échouait sur elle et dans lequel elle se sentait piégée. Elle craignait la caresse appuyée de son souffle sur sa nuque lorsque Madame Tilley tournait le dos. Et dans ses dessins, elle lui mimait des contours fragiles et poisseux.
Jusqu’à ce jour où la bête s’était transformée en monstre, où l’ombre était devenue ténèbres. Tous ses contours avaient éclaté pour laisser apparaître une forme hideuse et terrifiante qui avait balayé dans son souffle terrible toutes les couleurs, toute la lumière, toutes les rares puretés de ce monde. Elle n’avait pas pu crier, elle n’avait pas pu bouger, elle n’avait pas pu protester. Tous les éclats discrets d’un avenir radieux avaient éclaté sous les assauts infligés à son corps profané. De la créature féroce, elle retenait ses râles moites, ses mots laids, ses mouvements sauvages, ses mains poisseuses.
Le monstre avait refermé ses griffes hideuses sur ses ailes déployées. Il les avait déchiquetées, rapiécées, réduites en lambeaux jusqu’à ce que Delilah ne devienne plus qu’une chose informe à-même le sol, qu’elle ne puisse plus dessiner ses propres contours, qu’elle perde jusqu’au moindre détail de ses traits.
Et Delilah, la petite ombre, n’était plus.

***

« Glauque ! »
Les mots avaient été prononcés sur un ton appréciateur. La fille aux cheveux de jais redressa son regard transparent sur Sky. Cheveux teints en platine, tee-shirt trop grand, jeans rapiécé, bottes immenses et des bijoux claquant à chacun de ses mouvements, elle vint se placer à côté de son amie, cigarette à la main.
« Pourquoi tu dessines toujours des monstres et des horreurs ? »
L’intéressée jeta un regard d’étude sur les papiers qui s’éparpillaient sur ses genoux, profusion de traits grossiers à l’encre noire. Elle se contenta de hausser les épaules avec une résignation lasse.
« Je dessine ce que je vois. »
Sky, c’était une de ces âmes égarées en cours de route. Pourtant, quelle que soit la direction qu’elle prenait, elle mimait toutes ses actions avec une détermination convaincante. La vérité, c’était qu’elle ne savait pas où aller. Alors elle se déguisait en marginale, prenait la pose de l’esprit rebelle qui a choisi cette vie alors que cette dernière ne lui avait pas laissé le choix. Elle s’était retrouvée seule, abandonnée, fuyant un père violent et alcoolique.
Ils étaient tous ainsi, dans ce squat délabré des basfonds de Boston, à composer une palette étendue de destins éteints. Ils avaient fui, avaient été chassés, n’avaient pas eu le choix, mais à un moment donné, ils s’étaient retrouvés là, à reconstituer un lambeau de famille avec tous les débris de cette jeunesse déjà échouée sur les rivages de la perdition. Ils vivaient de pas grand-chose, surtout de rien, trouvaient un moyen de vivre par le talent des uns ou des autres, ou bien en volant, ou encore en se plongeant dans des commerces malhonnêtes.
Delilah était la plus jeune de la bande incongrue qui s’était formée. C’était Sky qui l’avait trouvée quelques mois plus tôt, errant sans trop savoir où dans les rues malfamées du quartier, juste un sac à la main, abandonnant toutes les reliques de son enfance derrière elle. Elle lui avait fait l’impression d’une créature improbable perdue dans un monde qui n’était pas le sien. Alors elle l’avait embarquée avec elle. Quand elle lui avait demandé son nom, l’inconnue au plumage sombre avait mis longtemps à lui répondre.
Raven Cooper.
Elle avait tiré ce nom du fond des âges. Il provenait des histoires que sa grand-mère aimait à lui raconter quand elle était petite. Cooper était son nom de jeune fille, fière étendard qu’elle arborait avec orgueil pour chanter la mémoire de cette famille qui avait réchappé au naufrage du Titanic, trouvant l’exil sur le Nouveau Continent. Delilah aimait cette histoire lointaine et source d’une imagination débordante. Elle se figurait les périls endurés jusqu’à gagner rageusement leur bonheur. Leurs ancêtres avaient vécu une vie extraordinaire et heureuse, jusqu’à leur dernier souffle. Avec ce nouveau nom, elle voulait être une partie d’eux, bien plus étincelante que le sobriquet de Tilley.
Quant à Raven, il s’agissait d’un surnom donné par ses camarades de classe dont elle avait vêtu les sombres atours. Elle était étrange cette Delilah. Petit génie discret qui ne supportait la compagnie de quiconque, une silhouette fantomatique qui rasait les murs, dont la voix douce ne se faisait jamais entendre et qui se perdait sous une couche de vêtements informes. Tout ce qu’ils remarquaient d’elle, c’étaient ces grands dessins dont elle éclaboussait ses cahiers, cet immense oiseau noir qui l’emprisonnait entre ses serres terribles. Alors, ils l’appelaient Raven, parce qu’il leur semblait que c’était elle sous ses traits noirâtres.
Puis un jour, ils ne l’ont plus jamais revue.
Ainsi, elle s’était retrouvée au milieu de tous ces enfants de rien, les ailes déjà brisées. Elle n’était pas mal avec eux. Elle était tout ce qu’elle n’était pas ailleurs : acceptée, protégée, aidée. D’elle, ils ne réclamaient aucune histoire tant qu’elle participait à la vie communautaire. Personne ne savait les lourds secrets qui s’accrochaient à sa maigre silhouette, ni même ne voyait les blessures sur ce corps éprouvé et vieilli. Ils n’avaient pas cerné la violence de chaque assaut mené sur son corps meurtri, ni même entrevu les plaies encore à vif de la trahison d’une mère envers sa fille, refusant d’admettre la vérité apparue dans sa plus brute apparence et préférant chasser l’enfant plutôt que l’homme par peur de retomber dans ses vieux démons, perdre tout ce qu’elle avait lentement et sûrement rebâti autour d’elle, château de sable fragile et tremblant.
Alors, Raven Cooper était née.

***

Elle ne l’aimait pas vraiment, mais il exerçait un pouvoir particulier sur elle. Il était feu quand elle était eau. Il était lumière quand elle était ténèbres. Il était tempête féroce quand elle était le calme d’une rivière. Il ne lui avait pas plu au début, mais elle l’avait remarqué plus sûrement qu’il n’avait pris conscience de sa présence. Depuis plus de six ans, elle s’était abîmée auprès de Sky et de sa bande. Au travers des années, leur groupe avait de nombreuses fois changé de forme. Certains étaient partis, d’autres étaient arrivés dans la chorégraphie mal ordonnée de la vie. Telle une ombre, elle restait sans trouver d’autres horizons où se rendre, terrifiée à l’idée de vivre de vide et d’inconnu. Elle n’en était pas moins essentielle à leur petite communauté, trouvant des idées ingénieuses pour apporter du confort ou des solutions avec un brin de rien, juste quelques étincelles jaillissant de sa cervelle effervescente. Elle brillait par ce talent inné qui vibrait dans toutes les zones de son crâne.
Il l’avait vue ainsi.
Il s’appelait Scott, nouvelle recrue dans leur cercle en perdition. Il l’avait d’abord observée, détaillée, étudiée, estimée, puis, à l’image du professeur Hamilton, il avait cerné un grand potentiel en elle. Ses premiers mots pour elle ouvraient un univers nouveau pour Raven, lui peignaient le paysage d’un futur en mouvement, d’un avenir plus radieux. Il n’était pas aveugle de ses ailes liées, et il voulait faire prendre son envol au corbeau. Pas à pas, prudemment, il l’avait approchée, avait adouci ses craintes, ses angoisses, il avait comblé ses solitudes, puis il l'avait séduite. D’abord pour son offre, ensuite pour lui-même. Raven ne s’était défendue au départ que par ses peurs primaires, incontrôlables, jusqu’à ce que les échos de sa lassitude la portent vers les charmes de son discours. Avec son talent pour la chimie, pour les chiffres et pour tout en général, ils pourraient accomplir de grandes choses.
Ainsi, ce fut comme cela qu’ils commencèrent au début. Elle ne cherchait pas à savoir comment il se procurait le matériel, jusqu’où allait l’illégalité de ses démarches, mais elle savait quoi en faire. Ce n’était qu’un peu de poudre, des mélanges harmonieux, des cachets que Scott s’empressait de distribuer auprès de son réseau, puis revenir, sourire sur les babines, les doigts pleins de frics. Mais l’argent n’était pas la préoccupation de Raven. Elle trouvait une sorte de contentement à manipuler toutes ces substances, à tester la chimie, à la modeler jusqu’à trouver la recette parfaite. Elle pouvait passer des heures seule, à produire leur gagne-pain, et se montrait étrangement exigeante auprès de Scott sur le matériel qu’il devait lui fournir. Elle plongeait avec délectation dans le bain rassurant des calculs, des chiffres et des formules. Entourée des nombres et des opérations, la peur ne vint pas la saisir aux tripes quand il lui annonça qu’ils allaient partir pour une ville plus grande, pour avoir plus de clients et gagner plus d’argents. Apparemment, il avait commencé à se faire un réseau du côté de Philadelphie. Raven s’en moquait. Elle ne souhaitait que travailler.
Elle était sa créature de l’ombre, son génie invisible, la muse solitaire qui créait l’ivresse et la dépravation au creux de ses doigts. Jamais personne ne se douta de son existence. Il n’y avait que Scott et les merveilles qu’il vendait aux lèvres de tous les drogués de la ville. Si bien que, après trois ans d’une vie où Scott tissait déjà les maillages d’un avenir glorieux, il se retrouva seul derrière les barreaux. Raven n’attendit pas de savoir s’il l’avait dénoncée ou non. Quelques heures après l’arrestation, elle se trouvait déjà dans un avion qui le menait tout droit vers New York, quelques poignées de billets dans la valise.
Loin de cette nouvelle vie. Loin de ses formules. Loin de Scott. Loin d’elle-même.

***

La pluie drue s’abattait sur ses frêles épaules, mouillait ses plumes et ankylosait ses vêtements, pourtant, elle s’était arrêtée devant la bâtisse singulière du Old Lady. L’immeuble était plongé dans les ténèbres de ce jour d’orage, mais elle n’en voyait que la vie grouillante, le bruit qui vibrait entre les gouttes, les mouvements qui se discernaient à travers les voilages des fenêtres, le chaos de toutes ces existences uniques qui se mêlaient les unes aux autres sans se toucher. Elle contempla la misère de ces vieux murs de briques, la présence incongrue des graffitis et l’usure des tuiles qui se conjuguaient dans une harmonie imparfaite et dissonante. Et elle aima toutes ces histoires cachées derrière ces murs rouges et orange, l’anonymat qui transpirait à travers chaque pore de ce vieux bâtiment, ce cataclysme quotidien qui ébranlait les fondations et la projetterait dans l’ombre la plus parfaite.
Quelques jours plus tard, elle emménageait dans son nouvel appartement, petit joyaux de propreté et d’ordre dans cette spirale décousue du Old Lady. Elle qui affectionnait tant la solitude, elle la découvrit pleine et entière. Elle se fondait dans la vieille tapisserie des couloirs, puis s’enfermait dans son antre pour se lancer dans de nouvelles expériences. Tout était sujet à des procédés novateurs, à faire jaillir des idées merveilleuses, un concept jamais exploré. Pour vivre et survivre, elle se contentait uniquement d’effectuer les services de nuit dans un fastfood drive, là où l’interaction sociale avec le monde extérieur était minimale.
Jusqu’au jour où sa route croisa celle de Manus. Il fut une main tendue vers elle, étrange et douteuse. Elle s’en méfia, et puis, un peu comme Scott avait abaissé sa vigilance, il était parvenu à rentrer un peu dans son univers, à gratter prudemment le vernis de ses angoisses. Il n’avait pas la même manière d’aborder les gens, Manus. Plein de douceur, de paroles calmes, d’assistance dans ses attitudes. Elle se surprit à l’apprécier, plus qu’elle ne pouvait affectionner Scott par le passé. Mais le brun n’y fut pour rien dans sa décision d’accepter son offre de travailler pour l’Irish Mob. Elle avait été séduite par l’attrait du matériel neuf et de qualité, par la solitude de ses expériences, par la possibilité de produire des substances pures. Peu importait ce qu’ils lui demandaient de créer, elle était prête à toutes les formules secrètes tant que cela la précipitait dans les bras enivrant des chiffres et des équations, des calculs et des algorithmes.
L’excès, l’ivresse, l’abandon au bout de ses doigts.

***

Les coups frappés violemment à la porte firent trembler tout le ramage du Corbeau. Emprisonnée entre sommeil et brume, elle s’extirpa de ses draps avec la conviction profonde que la Mort viendrait rafler son âme. Malheureusement forcée de constater que ses intuitions n’étaient guère éloignées de la réalité puisque Cináed se tenait sur le pas de sa porte. La chimiste étouffa un petit couinement de souris de laboratoire qui sait sa dernière heure venir. « Vous venez pour remplacer le canapé ? » hasarda la jeune femme d’une petite voix. Après tout, il avait souillé son salon et sa cuisine de toute l’hémoglobine qui s’échappait de sa blessure la dernière fois. Elle n’avait eu d’autres choix que d’expédier une partie de son mobilier irrécupérable à la décharge. Le regard d’orage qui lui adressa son patron la dissuada d’espérer à un nouveau canapé. « Commence à faire tes valises. On décolle après-demain. » Ses tripes firent un saut périlleux dans son ventre. Interloquée, elle dévisagea l’Irlandais, source de toutes ses frayeurs. « Qu… quoi ? » croassa-t-elle, se sentant perdre pied. Le soupir de Cin vint la cueillir à vol. « La situation est merdique. Vraiment à chier. Depuis l’arrestation de Connor, j’ai les autorités au cul. Rester à New York n’est plus une option. Va falloir se barrer. » Raven s’accrocha à la porte pour ne pas défaillir, oubliant qu’elle se présentait en pyjama devant le pire des démons. « Mais… où ? » - « Départ pour l’Angleterre. Exeter. Je t’ai un billet si tu veux toujours en être. » L’illusion du choix… La chimiste savait que Cináed ne se séparerait pas de sa cuisinière si aisément. Néanmoins, tout se bousculait, s’emmêlait et se précipitait. Le Corbeau n’était pas sûr de savoir que faire. Son cœur tambourina dans sa poitrine. « Et… est-ce que Manus vient ? » Sa voix n’était plus qu’un murmure. Les joues rougissantes. L’épiderme fiévreux. La gorge sèche. Il lui fallait tout calculer à Raven. Estimer toutes les possibilités, envisager les pour et les contre, établir des calculs hypothétiques. Pourtant, pour la toute première fois, elle ne réfléchit pas. La réponse fut spontanée. Immédiate. « Je viens. »


ton pseudo sur la toile. a écrit:
A tes méchantes blessures. Mayelle au rapport qui vous suivra jusqu'au bout du monde !  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 2882741361 Je suis heureuse de pouvoir poursuivre cette belle aventure avec vous et merci de vous démener autant pour faire vivre ce petit bijou  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 236745472
Pour ce qui est de moi, j'arpente le monde du RPG depuis longtemps déjà, en compagnie de ma Chouquette adorée ! J'ai à présent 25ans, je travaille dans l'édition du livre et j'habite à Lyon !  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 2818319601 J'ai hâte de vous retrouver in RP  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3701413749
kezako, ton perso. Un scénario qui revient de bien loin, grâce à @Cináed O'Reilly alias, ma Chouquette  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3814471339

Code:
[u]nom de l’avatar[/u]. ∴ Raven Cooper
[b]Nom de ton personnage [/b] : Cusinière pour l'Irish Mob
[b]Quartier d'habitation :[/b] Heavitree
[size=10][u]269[/u] [b][i] Raven Cooper[/i][/b] Appartement.[/size]

crédit icons strangehell.
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MessageSujet: Re: L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper EmptyDim 21 Fév - 14:29

 L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 4094401142
Notre Corbeau national.  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 2882741361
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MessageSujet: Re: L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper EmptyDim 21 Fév - 18:43

Ma petite Raven à la voiture cramée  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3434729010
heureuse de te compter parmi nous  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 2882741361
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MessageSujet: Re: L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper EmptyLun 22 Fév - 6:47

Oh non pas elle ..:  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3942321025
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MessageSujet: Re: L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper EmptyLun 22 Fév - 15:21

Hiiiii MERCIIIII  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3814471339  L'enfer, c'est les autres + Raven Cooper 3814471339
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