Dimanche, jour du seigneur. Seule journée surtout où Silas peut enfin souffler un peu durant la journée. Il a personne à retrouver, pas de repas dominical à partager. Il est seul dans son appartement pourri à apprécier le silence exceptionnel de la rue, à user de sa solitude pour avoir un minimum de libre arbitre. Les irlandais le siffleront probablement pour la soirée, il finira certainement par quitter son logement étroit pour aller chercher le réconfort du ring, quand bien même il en est encore à panser ses plaies. Le dernier combat ne l’a pas loupé et même une semaine après, le portrait fait toujours de la peine à voir. Sa lèvre éclatée peine à se refermer, l’arcade ouverte offre encore une magnifique plaie, son œil au beurre noir commence à tourner au jaune. C’est pas la première fois, pas la dernière fois. Il a pris l’habitude d’avoir la gueule qui fait peine à voir, de se reconnaître avec ses blessures plutôt qu’avec un teint frais et une barbe bien rasée. Et à chaque fois, ça le fait repenser à Sienna, au regard réprobateur et inquiet qu’elle lui lançait quand il rentrait après un combat ou une bagarre dans un bar. La façon qu’elle avait de caresser sa peau avec douceur en lui faisant la leçon. Ça le rendait heureux à l’époque, autant que ça lui foutait la haine aujourd’hui. Tout ça pour le jeter aux lions sans même cligner des yeux. Salope.
Alors il lâche son reflet, allume une énième clope pour le mener vers un cancer carabiné des poumons, va s’accouder à la fenêtre pour observer les rues quasiment désertes, les allées et venues dans l’immeuble. L’habitude d’être transformé en chien de garde le soir. Il a rien d’autre à foutre, de toute manière. Activité qui lui convient parfaitement mais vient se troubler par des coups à la porte. Secs, bruyants. Putain, ce que Silas déteste les invités surprise. Ce sera quoi cette fois ? Les flics, la voisine parano, les irlandais, un autre collecteur de dettes ? Il a sa gueule des mauvais jours en ouvrant à l’intrus, une attitude qui dure pas. La clope manque de lui tomber du bec, probablement par manque d’habitude d’avoir de bonnes surprises. « Putain, j’savais que mon stock de bières ferait pas long feu. » Y a pas besoin de poser de questions, de demander les détails, de lancer des reproches pour rien lui avoir dit. Son deuxième frère est enfin sorti de taule et bordel, ça réchauffe le cœur. Une émotion que Paddo se permet d’exprimer dans une étreinte brusque, virile, probablement trop longue. « Bon retour dans le monde réel. » En espérant que ce soit pour longtemps. « Allez ramène toi. Rex est déjà au courant ? » C’était même pas le milieu de l’après-midi mais ils pourraient bien l’appeler, essayer de faire une réunion pleine d’émotions, ce genre de conneries.
GASMASK
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Sujet: Re: (fb) choices you've made (Nox) Mer 24 Fév - 23:11
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choices you've made ; silas & nox
la veille, elle est venue te chercher après tant de temps passé derrière des barreaux. pas de regrets, juste des convictions. il y a des enfers que tes bros ne peuvent pas supporter, alors tu le feras pour eux aussi longtemps qu'il le faudra. puis l'enfer qu'ils considèrent et le dehors qui les libèrent, s'inversent pour toi. être dehors, c'est bizarre. comme si tu n'avais plus ta place. l'as-tu déjà eue ? sauf qu'à l'intérieur, tu vivras plus très longtemps et y'a comme une envie de voir plus de sourire. ceux que t'as perdu, ceux que tu voyais dans le malt de la bière, dans l'ivresse des combats. ceux que ta connerie abat contre l'acier des barreaux qui hanteront ton quotidien. tu sais plus trop comment réagir et finalement ton instinct te guide vers celui que tu as vu en dernier. le seul qui ne pourra pas être rancunier. puis tu veux le voir, dehors, retrouver le silas que tu connais. pas celui entre quatre mur, avec le poids d'un crime qu'il n'a pas commis sur les épaules.
alors planté devant la porte, tu finis par frapper à la porte. tu vois la clope pendu au bec de ton pote s'écraser au sol et ça t'fait marrer. apparemment il était pas préparé à te revoir. et tu sais quand il parle de ses bières qu'il y a zéro rancune. « je suis pas venu pour rien alors ! » l'étreinte vient naturellement, et devient purement fraternel. des souvenirs remontent. ta main vient tapoter son crâne. t'es content de le revoir ici, surtout ailleurs qu'en prison. et tu te tends quand il évoque rex. tu t'écartes en soupirant et en te dirigeant direct vers le frigo. faudra bien t'en descendre une ou deux avant de répondre à ça. « non, je pense pas que ça l'intéresse. » et t'es amer. tu ne l'as pas vu depuis combien de temps ? tu sais même plus. et tu le vis comme avec ce putain de traitre. et t'as les boules mais t'oublies rien. « comment il va ? »
C’est pas la visite à laquelle il s’attendait, mais ça lui fait un bien fou, comme si subitement le monde se remettait à tourner à peu près correctement. Parfois, Silas a la sensation que leur bande de bras cassés est née le nez dans les emmerdes, qu’ils sont bons qu’à avoir des ennuis collés à la peau. C’est pas si grave à force, c’est un truc auquel on s’habitue à condition d’être ensemble. Sauf que voilà, y a eu la taule pour les séparer. C’était pas la première fois, ce sera pas la dernière. Ça a juste brisé quelque chose dans leur mode de survie quotidien. Donc ouais, Silas serre son frère contre lui, savoure cette sensation de retour au bercail. Ça lui a manqué plus qu’il ne pourrait l’expliquer, lui fait juste rêver d’un retour à la normale. Juste quelques jours, juste le temps de pouvoir souffler dans l’œil du cyclone. Le seul problème étant qu’ils sont pas au complet là. Il manque Rex, un questionnement qui ne peut trouver de réponse sans alcool visiblement. Il a pas les détails Silas mais connaît le tableau. Ironiquement, ils ont eu le temps d’en discuter derrière les barreaux, quand l’aîné pensait que ce serait sa maison pour les années à venir. Là-bas, il avait failli devenir un animal, ni plus ni moins. Il avait perdu toute l’essence de qui il était, à savoir l’adulte à peu près raisonné et raisonnable. Ça lui avait valu de faire beaucoup de trucs dont il était pas si fier aujourd’hui. C’était aussi pour ça que Nox lui importait tant. Ils avaient trop de cadavres sur les bras à eux deux pour pouvoir un jour se tourner le dos. « Tu parles. Il est bancal sans toi. » ça lui avait rappelé quand Max s’était barré, la sensation qu’ils avaient tous eu de perdre leurs repères. Ils n’étaient pas seuls, mais il leur manquait un truc. Ils avaient fait leur deuil à force, c’était juste différent avec Nox. Il était pas loin. Malgré tout, Silas ne pourrait pas défendre son autre frère. Ce n’était pas à lui de justifier l’absence et le silence. « J’pense qu’il ira mieux en sachant que y a plus une vitre en plexiglas pour vous séparer. » Il leur laisserait pas le choix de toute façon. Distraitement, l’homme se ramène à son tour dans la cuisine pour se sortir une autre bière à son tour. Il trinque, claque le cul de la bouteille en verre contre celle de Nox. « T’as un endroit où crécher pour les temps à venir ? » Son bro lui parlerait des détails en temps voulu, mais Silas le connaissait. S’il le laissait en roue libre, il finirait pas s’égarer, faire des conneries. Ils pouvaient plus se le permettre.
GASMASK
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Sujet: Re: (fb) choices you've made (Nox) Mar 2 Mar - 0:18
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choices you've made ; silas & nox
quand tu y penses, le temps n'a pas d'emprise que sur vos faces. il passe aussi sur vos relations. à l'aube de vos existence pitoyables, tu n'aurais jamais juré que celui de qui tu te sentirais le plus proche en ce jour, ce serait paddo. tu pouvais tellement pas le sentir quand t'étais qu'un gosse parano et violent. pour toi, il squattait juste vos vies pendant que vous squattiez son appart. enfin, bien sûr, t'étais pas trop invité, c'était rex qui l'était, mais tu le quittais pas. ouais, tu lui collais plus au cul que son calbute, c'est dire. mais depuis, il s'est passé tellement de trucs. t'as toujours cru que ce serait un peu rex et toi contre le reste du monde mais peu à peu, paddo est devenu comme une sorte grand frère. t'avais une sorte de respect pour lui et comme tu n'avais de respect pour rien ni personne, c'était plutôt exceptionnel. t'as mis beaucoup plus de temps à lui faire confiance qu'aux deux autres. sans doute parce que max et rex étaient tes partenaires de jeux. ou que tu savais exactement ce qu'ils avaient dans le crâne, à l'époque. mais pas avec silas. tu pensais bien le connaître avant, mais quand il est passé par la case prison, sur le plateau maudit de la vie, tu as découvert des choses que tu n'aurais jamais cru réelles à son propos. tu t'es juré de ne pas trop y penser, et surtout de tout faire pour ne jamais revoir silas derrière des barreaux. néanmoins, pendant que vous mûrissiez dans vos jus, rex n'oubliait jamais de venir voir silas. c'était régulier, et toi t'étais juste un oublié. c'est drôle mais ça t'est plutôt resté en travers, ça. alors tu te marres quand il ose lâcher que rex est bancal sans toi. rire jaune, bien sûr, agrémenté d'une bonne dose de bière. « c'est pas mon impression, tu vois. il a l'air de bien se démerder sans moi. » l'amertume au bord des lèvres, tu désintègres rapidement ta bière avant d'en prendre une nouvelle. le sujet rex, c'est sensible, t'as absolument pas envie d'en parler sans t'enfiler l'équivalent de ton poids en alcool alors tu réponds rien. tu sais que silas a tort mais tu te contentes de hausser nonchalamment les épaules.
ton regard ne quitte le vide que lorsque silas fait tinter le verre de vos bouteilles en venant trinquer avec toi. ça te rappelle à quel point vos discussions en taule t'ont manquées. et aussi à quel point tu veux savoir comment ça se passe pour lui depuis qu'il est sorti. mais il attire ton attention sur ta vie de clochard et tu pinces les lèvres. « mon seul toit, c'est ma caisse, mais si t'as un bout de canap' pour moi, j'dirai pas non. » en attendant que tu te relèves. tu trouveras bien un moyen de te faire un peu de pèse. y'a toujours moyen pour un enfoiré comme toi de se faire de l'argent facile et de partager une coloc' avec des cafards. reprendre les arnaques comme ce qui t'a fait plonger la dernière fois te semble un peu dangereux à moins de vouloir retourner en taule le week-end prochain. alors tu sais pas ce que tu vas faire de plus que te battre mais tu trouveras. en attendant, tu te redresses et tu te tournes complètement vers silas. tes prunelles vertes viennent plonger directement dans les siennes et malgré que tu ne sois pas très fort pour lire à l'intérieur, tu t'y essaies. « si tu me disais plutôt comment ça se passe pour toi, depuis que t'es sorti ? ça va ? » en lui demandant ça, tu sais qu'il comprendra de quoi tu parles. est-ce qu'il est remonté à la surface ? comment il s'en sort depuis sa sortie ? le taf ? la sale petite pute ? le moral, surtout ? tu l'as vu au plus bas, et même s'il a l'air d'aller mieux, tu sais très bien qu'on se relève pas comme ça d'un tour à l'ombre.
Il se demandait parfois Silas quand est-ce qu’ils craqueraient, tous autant qu’ils étaient dans leur meute. Parce que la vie qu’ils avaient n’était clairement pas ce dont ils auraient pu rêver, si toutefois ils avaient eu des rêves un jour. Ils s’étaient tous pris des revers dans la gueule encore et encore sans qu’ils ne demandent rien. C’était pas comme les combats illégaux où ils se pointaient joyeusement sur le ring en espérant mettre l’autre à terre pour quelques billets. C’était juste la vie réelle, le genre de fléau qui s’amuse à les torturer même dans leur sommeil. Il était pas le plus à plaindre Silas, il avait réussi à s’en sortir. Le verdict avait été prononcé, les convocations au tribunal avaient cessées. L’épée de Damoclès avait changée de main. Mais le fait est qu’il était pas encore remis de la case prison et que putain, y avait pas de mots pour exprimer le soulagement qu’il ressentait à savoir que Nox était enfin sorti de là. Il savait pas dire si ce frère là était le plus solide ou le plus déglingué de la bande pour être toujours debout. Il comprendrait jamais ça Rex, et c’était tant mieux dans un sens. C’était pour ça qu’il avait réussi à aussi savamment merder avec ses visites aléatoires, avec son soutien foireux. Il pouvait pas comprendre combien c’était important. C’était ce qui arrivait entre eux quand les secrets et les états d’âme étaient gardés. « J’pense surtout qu’il était flippé. Je peux pas l’excuser, j’comprends que tu sois en rogne. Mais on a besoin de toi ici, pas derrière les barreaux. » L’amertume est partagée. Ils ont rien d’autre qu’eux, et il est trop conscient Silas maintenant de ce que c’est l’enfer carcéral. Il aurait pu crever Nox, encore et encore. Ils pouvaient pas se le permettre.
Alors il fait couler la bière dans son gosier, fait comme si c’était pour célébrer et non pas pour rendre la discussion plus facile. Il aimerait savourer le moment mais y a encore l’inquiétude qui lui tient les tripes. C’est con, peut-être qu’il a juste besoin d’entendre que son frère va bien, sauf que ça a pas l’air d’être le cas et qu’il croirait pas ce mensonge. « Y a pas de frigo pour la bière dans ta caisse. T’es chez toi. » ça le ramène des années plus tôt, quand ce type était juste l’intrus toujours collé aux basques de Rex, toujours à squatter chez l’un et l’autre avec le flegme le plus insolent qui soit. Maintenant, ça lui convenait qu’il use son canapé. Au moins, il était là. Pour ce soir, ils pouvaient se contenter de ça plutôt que de réfléchir à l’après, à tout ce qu’il restait à faire. Ça le laisse songeur l’anglais, quand bien même c’est pas son truc d’être trop réfléchi. C’est un putain de monde à l’envers. Nox qui s’inquiète pour lui, alors qu’il est celui qui vient de retrouver sa liberté et qui doit tout reprendre à zéro. « Ouais. C’est pas comme avant mais j’ai retrouvé mon boulot au garage, j’continue les combats pour arrondir les fins de mois, j’ai l’appart, et j’ai légalement plus le droit de m’approcher de l’autre traînée, ce qui est pas plus mal. » Il lâche un ricanement méprisant qu’il étouffe dans de nouvelles gorgées de bière, s’en sert une deuxième avant de venir s’échouer sur le canapé. Il en parle pas de tous le reste, des dettes qu’il doit, des petits boulots qu’on lui demande une fois la nuit tombée. Pas alors que son frère pourrait encore être une bombe à retardement. « Et toi alors, c’est quoi le plan maintenant ? A part célébrer ta liberté, évidemment. » Parce que faudra rebondir, hein ?
GASMASK
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Sujet: Re: (fb) choices you've made (Nox) Lun 8 Mar - 1:14
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choices you've made ; silas & nox
le goulot au bord des lèvres pendant que ton tendre poison se déverse dans ton estomac, ton regard est droit et vide. en fait, t'es pas venu pour parler de lui. t'es plutôt venu le fuir. s'il ne voulait pas te voir en prison, tu sais que c'est toujours vrai maintenant. tu vas pas te vexer pour ça, avec rex c'est normal de se faire rexer, jarter. t'es pas à ça près. tu sais qu'il a sa vie, ses priorités. s'il a toujours été la tienne, l'inverse n'a jamais été une réalité. et silas sait à quel point tu as macéré dans ton jus quand seul le son des barreaux qui s'ouvrent et se referment étaient une distraction. il sait ce que tu as dans le crâne. mais tout ça, toute la merde qui a pu te ronger peut s'éponger avec de l'alcool. qu'est-ce que tu peux faire d'autre ? aller lui péter la gueule ? t'en as pas la force. tu aurais sans doute péter les plombs avant mais devant le fantôme de l'oubli, tu ne peux que sourire amèrement. t'es vaincu depuis longtemps. tu peux plus te battre contre lui, contre ça. « besoin de moi, hein... » elle est bien bonne celle-là. besoin de toi pour quoi ? t'es paumé ici, tu sais pas ce que tu fais là. l'air qui mord ta peau, la société qui t'enterre sans un mot, t'es déjà mort. tu te sens même pas de reprendre une vie normale. le peux-tu ? en as-tu déjà eu une ? quand tu regardais monsieur madame tout le monde, avant, t'avais juste envie de leur voler ce qu'ils avaient. tout ce que tu pouvais voler. c'était pas vraiment de la jalousie mais quand tu n'as rien, tu as envie de tout. et finalement, tu t'es arrêté à tes potes. t'as cru que ça, personne ne pourrait te le voler, si tu le défendais. alors tu l'as défendu, tu t'es battu. t'as rien lâché. et maintenant t'es quoi ? juste un con aux mains tachées.
tu lèves les yeux vers silas quand il sous-entend que tu ne seras pas mieux que chez lui. aec des bières dans le frigo et un bon canapé pour te niquer le dos. « t'as raison, j'ai même plus de glacière. » ta caisse, c'est pourtant toute ta vie, ça te dérangeait pas de vivre dedans. tu pourras pas squatter ici éternellement et de toute façon, tu n'en as pas envie. silas, il doit reprendre sa vie en main et c'est pas en t'ayant dans les pattes qu'il y arrivera. surtout en sachant que tu seras toujours l'ombre de ses pires souvenirs. c'est toi qui le défendais, t'as hésité, même une seconde. peu importe ce qu'il avait fait, tu as assumé le rôle qui t'incombait. y'a pas eu à réfléchir. peu importe combien de fois il t'a fallu être tabassé, agressé, tu ne regrettes toujours pas tes choix passés. quand tu l'écoutes, quand tu vois qu'il est capable de s'en relever, t'es presque heureux d'avoir été là pour l'empêcher de sombrer. tu caches pas ton soulagement. franchement, t'y pensais tout le temps. quand il venait te voir après sa sortie, qu'il te disait que ça allait, t'arrivais pas à le croire, mais en dehors des murs qui te piégeait, tu ne pouvais plus rien. « content d'entendre ça. et encore heureux pour l'autre petite pute. » tu aimerais rire avec lui mais tu es trop fatigué pour ça. même pour mépriser cette salope dans un rictus. tu suis ton frère pour te laisser tomber dans son canapé. l'imiter, c'est tout ce que tu arrives à faire pour paraître un peu vivant. « me bourrer la gueule. c'est déjà pas mal. d'ailleurs, t'as rien de plus fort que ça ? » tu sais que ton regard un peu hagard, n'est vraiment pas approprié alors tu tentes un sourire qui se termine en grimace. tu peux pas faire semblant. t'as jamais pu mais maintenant que silas t'a vu sous ton pire jour, le plus proche, plus plus pur, tu sais que tu ne peux même pas lui mentir. alors tu dévies. « t'as pas d'problème de tunes ? » son sujet t'intéresse bien plus que le tien. toi, tu vaux plus rien depuis longtemps. à quoi bon s'épancher ? tu pourras peut-être l'aider, au moins.
Putain, il se souvenait même pas de la dernière fois où les choses avaient été normales, où il s’était irrité de voir le gosse débarquer chez lui sans prévenir et taper dans sa bière. Où leurs préoccupations et premières discussions tournaient autour de conneries absurdes, de dernière soirée ayant mal tourné, du dernier cul baisé, du prochain combat au sous-sol du garage qui promettait de ramener de la tune. Un mode de vie qui avait rien de sain mais qui était presque heureux, en comparaison à aujourd’hui. Ils avaient dû se prendre quelques rides dans la gueule maintenant, perdre encore du naturel avec leurs sourires déjà si forcés. Ils sont même pas au complet, même pas capables de célébrer ce qui aurait dû être un événement. Faut croire que retrouver la liberté aujourd’hui, c’est juste rayer une emmerde de la liste avant d’affronter la suivante. Celle de la rancune bien installée, pour exemple. Le sarcasme fait soupirer Paddo qui trouve même pas les mots. Peut-être qu’il ment en fait en s’avançant pour parler de Rex, en essayant de faire le méditeur. Peut-être que c’est juste lui en fait qui avait besoin de savoir son frère sorti de derrière les barreaux, loin de la menace de mort perpétuelle. Des années plus tôt, il aurait jamais cru qu’il serait celui qui prendrait les responsabilités et se ferait un devoir de surveiller Nox. Ça l’emmerde même plus de le savoir à traîner dans son appart’, même si ça va engendrer des dérives, même si l’alcool laissera place à pire. Ça va puer l’embrouille, la perdition et l’auto-destruction bientôt. Ça aura un goût familier. « Me détruit pas l’appartement et insulte pas mes voisins, c’est tout. » Essayer d’instaurer un mode de vie un tant soit peu civilisé si c’était possible.
De toute façon, la réalité les rattraperait bien rapidement. Il s’en rend compte à l’instant même où il ose prétendre que tout va bien, Paddo. Il est dans une sombre merde, il a aucune idée de comment il s’en sortira. C’est juste morne. Même le procès terminé n’est pas une victoire en soit. Il a tout perdu, a dû renoncer à sa liberté pour un temps, a juste gagné des dettes et un traumatisme à vie. « J’fais en sorte de pas y repenser. » A Olivia, aux menottes qui se referment sur ses poignets, aux nuits trop courtes en taule à sursauter au moindre bruit, aux bagarres dans la cour extérieure, aux traquenards entre deux couloirs. Putain, il serait mort si Nox avait pas été là. Alors l’alcool plus fort sonne comme une évidence. Lentement, l’anglais se relève pour aller ouvrir un placard à la volée, là où il range ses bouteilles. Elles y restent jamais bien longtemps, si bien qu’il fait au mieux pour garder du stock. Y a ce whisky bon marché qui arrache la gorge mais auquel on s’habitue après trois verres. Ils sauront quoi en faire. La bouteille se pose sur la table avec deux verres qu’il remplit plus que généreusement. Malgré tout, Nox réussit à lui arracher un sourire. Tendu, désabusé, amusé par l’ironie de la situation. Faut vraiment parler de tunes ? Il répond pas de suite, descend presque la totalité de son verre. Ça lui donne du répit pour savoir s’il est honnête ou pas. « Endetté pour quelques années avec la mafia irlandaise. J’bosse pour eux quelques soirs et j’me ramène quand ils me sifflent. Rex m’a fait entrer. C’est pas l’idéal mais ils ont un bordel bien garni, ça régale les yeux. » Y avait les Irish, y avait les russes, y avait plein d’autres noms sur la liste. « J’trouverai autre chose. Doit bien y avoir une combine pas trop risquée dans laquelle on peut marcher. J’commence à me dire que je suis trop vieux pour les combats. » C’était tous les jours un peu plus dur. Aussi épuisé soit-il, il voulait pas arriver au jour où il se redresserait plus.
GASMASK
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Sujet: Re: (fb) choices you've made (Nox) Jeu 11 Mar - 18:59
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choices you've made ; silas & nox
t'aimerais te dire que t'es juste défaitiste, que tu vois tout en noir, alors que tout ce que tu as donné te revient toujours dans la poire. pas toujours comme tu voudrais, c'est vrai, mais qui se soucie de ce que tu voudrais si déjà toi, tu oublies tes propres désirs. et puis merde. tes sorties sont toujours aussi déprimantes, d'habitude ? ou c'est parce que tu as plus subi ? parce que tu crèves de pas avoir vu rex depuis aussi longtemps ? à moins que ce soit à cause de cet air sur la face de silas ? il peut essayer de faire semblant, avec toi, ça prend pas. ça sert plus à rien de mentir quand on vit le pire ensemble. tout ce qui était vrai avant, ne l'est plus maintenant et vous n'y pourrez jamais rien. quelque chose a changé, muté et tu ne saurais même pas dire si c'est bien ou pas. t'avais jamais eu à protéger un de tes bros dans l'enceinte d'une prison. en dehors, tu fais ton boulot mais sans être étouffant, puis parfois, c'est toi le vrai danger. tu les cognes, t'arrives plus à te retenir. mais c'est rien, ce genre de connerie. tu t'excuses après mais jamais avec des mots. généralement avec une bouteille ou une pute pourquoi pas ? ce qui leur fait plaisir. mais voir silas en prison, ça t'a détruit. c'est devenu une phobie de le voir y retourner. t'en cauchemardes la nuit. ça te bouffe, ça t'étouffe. mais tu peux pas lui dire à quel point tu as flippé quand il était avec toi derrière les barreaux. tu peux pas lui dire tout ce que tu as fait, tout ce que tu as pris. ce qui plane sur ta gueule, maintenant. tu peux pas lui dire que ce qui te fait le plus vomir dans tes souvenirs est causé par tes choix de le secourir. c'est sans doute la plus belle chose que tu aies pu faire dans ta vie. le reste, tu n'as jamais pu que le détruire, du bout de tes poings. « je connais pas tes voisins, je peux rien te promettre. mais ton appart sera toujours debout à mon départ, t'inquiètes. »
il fait en sorte de ne pas y repenser, bien sûr. tu sais ce que c'est. quoique tu as la survie facile. vivre dans une jungle, c'est facile pour toi. nager dans la merde, la peur, et les horreurs, ça t'va. c'est plus vivre dans ce monde où faut faire semblant d'être respectable pour un peu de blé, pour rentrer dans des cases, qui ne t'a jamais paru facile. tu dormais mieux la nuit, c'est tout. pour silas, c'était différent. s'il a pu autant compter sur toi, c'était bien parce que c'est très différent pour toi. tu as beau savoir à quel point c'est la mort, à quel point personne n'est jamais fait pour rester seul, enfermé au milieu d'animaux tous plus sanguinaires les uns que les autres, tu sais que tu n'as pas la même sensibilité que lui. lui, il sait vivre. et putain, tu sais depuis toujours qu'il mérite bien mieux que toutes les merdes qu'ils vivent constamment. il méritait même pas des potes comme eux. il est bien moins pourris que toi. et tu n'aimes pas le sourire qui se trace sur ses lèvres, ombré par sa barbe. tu attrapes le verre qu'il t'a servi, préférant boire avant d'entendre ce qu'il a te lâcher. tu sais pas pourquoi, tu sais que ça va être du lourd. et bien vite, t'as les oreilles qui chauffent et ta grosse voix orageuse s'élève. « vous faites quoi ?! mais putain, vous pouvez pas vous empêcher, c'est pas possible, putain ! » une main s'abat sur ta tronche épuisée et tu soupires. tu sais que t'as jamais pu les empêcher de merder. ils sont grands et c'est bien toi qu'ils traitent sans arrêt de gamin, et c'est toi le plus jeune, mais putain, ils te fatiguent ! ils trempent dans des histoires de mafieux maintenant ! et tu sais très bien comment ça se passe dans ce genre de milieu. les deux ne sont que de la chaire à canon. de quoi te filer l'angoisse à tous les coups. tu descends ton verre avec tant d'entrain que tu t'en ressers un immédiatement après. et un beau. de quoi te faire oublier ce que tu viens d'entendre. « un peu qu'on va trouver une combine dans laquelle on pourra marcher. je vais chercher ça puisque vous êtes incapables de pas faire des choix qui puent la merde quand je suis pas là. putains de crétins ! »
ça faisait près de 20 ans maintenant qu’ils se connaissaient, qu’ils avaient décidé que ce serait jamais l’un sans l’autre. Ils étaient quatre au début, puis ils ne furent plus que trois. Puis deux ont volé en éclats, n’en laissant qu’un en liberté. Ça avait été pour l’espace de quelques mois, mais ça avait suffit à tout changer, que ce soit dans la vie de l’anglais ou dans sa relation avec Nox. Aux yeux du monde, il avait manqué à personne durant ces interminables semaines en cabane. Mais lui, tout ce dont il se souvenait, ce n’était pas le décompte des jours. C’était la crainte aux trippes chaque matin, c’était le regard fatigué mais en alerte, c’était l’urgence de trouver son frère où qu’il soit dans cette putain de prison pour espérer survivre à une journée de plus. Ils étaient pas les premiers taulards, seraient pas les derniers. Mais le mensonge d’Olivia l’avait foutu dans la catégorie des gars qui sont pas supposés sortir intact de cet enfer et Nox, à vouloir le protéger, avait goûté à ce poison également. Au fond, Silas a pas envie de savoir à quoi ça a ressemblé. Il veut pas mettre de mots, d’images sur ce qui a pu se passer après son départ. Bien évidemment qu’il a imaginé le pire, qu’il a eu le cœur serré chaque fois qu’un numéro inconnu appelait de peur que ce soit une mauvaise nouvelle. Ça l’a rendu malade de voir la gueule de son frère tuméfiée quand il est venu le voir derrière les barreaux ensuite. Ils peuvent plus retourner sur cette pente, plus jamais. Si c’est pas les poings d’un détenu mécontent qui les tueraient, alors ce serait leurs propres démons. Alors ouais, tant pis pour la tranquillité du voisinage. Y a des dettes qui ne peuvent jamais être repayées et si Nox veut retourner cet appartement, qu’il fasse. Ce tas de meubles n’avait pas assez de valeur pour qu’il y prête attention.
Mais il sait de toute façon, que c’est pas parce que la liberté est retrouvée que tout redeviendra rose. Le monde réel est juste une autre jungle dans laquelle il faut évoluer, survivre. L’une de celles où on attend d’eux qu’ils soient des types intègres et réglo, même si c’est pas ce qui permet de faire vivre. Il a cette inquiétude Silas, qu’est-ce qu’ils vont faire de son bro maintenant ? Dans quoi ils vont le pousser pour qu’il évite les conneries et puisse espérer reprendre le cours de sa vie ? C’est pas le type qu’on fout dans n’importe quel boulot de bureau stupide de 9 à 5. Pas celui qu’on met au contact des gens normaux et de leur naïveté exécrable sur la beauté du monde. Il colle à aucun tableau Nox, il est chaotique, mais putain, malgré toutes ses merdes, Paddo sait que sa richesse vient de ce genre d’amitiés. C’est pour ça qu’il ne peut pas se résoudre à lui mentir complètement, use de l’alcool pour faire passer la pilule un peu plus facilement. Il le verra bien de toute façon quand Silas disparaîtra la nuit, les soirs, quand il rentrera la gueule défoncée sans avoir mis le pied au sous-sol du garage. « C’est pas comme ça, Nox. On est des sous-fifres, on n’a pas assez de valeurs pour être avec les grosses pointures. On s’contente de faire les flics, de virer les gars bourrés dehors, de surveiller les putes, de jouer leur taxi et de casser la gueule des gars qui les respectent pas. C’est l’employeur qui est pas réglo, la fiche de poste, ça va. » Le whisky rend le mensonge plus facile à avaler. Probablement parce que ce n’en est pas un ; il fait tout ça le concernant. Y a juste le reste qui pourrait mal tourner, comme régler le compte des mauvais payeurs. « Tu peux chercher si tu veux, mais c’est toi qui as fini en taule. Tu feras rien qui risque d’te faire finir en cabane encore une fois, sinon je te jure que je t’explose les deux genoux et que je t’enferme à la cave le temps qu’tu te reprennes. » Et s’il fallait ça pour éviter que son frère se foute à nouveau dans les emmerdes, il le ferait sans ciller. « J’préfère qu’on profite juste du fait que t’es là, ok ? » Même s’il a un pincement au cœur en se disant que Rex manquait à l’appel. Ce serait une connerie à gérer pour le lendemain.
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GASMASK
la veille, elle est venue te chercher après tant de temps passé derrière des barreaux. pas de regrets, juste des convictions. il y a des enfers que tes bros ne peuvent pas supporter, alors tu le feras pour eux aussi longtemps qu'il le faudra. puis l'enfer qu'ils considèrent et le dehors qui les libèrent, s'inversent pour toi. être dehors, c'est bizarre. comme si tu n'avais plus ta place. l'as-tu déjà eue ? sauf qu'à l'intérieur, tu vivras plus très longtemps et y'a comme une envie de voir plus de sourire. ceux que t'as perdu, ceux que tu voyais dans le malt de la bière, dans l'ivresse des combats. ceux que ta connerie abat contre l'acier des barreaux qui hanteront ton quotidien. tu sais plus trop comment réagir et finalement ton instinct te guide vers celui que tu as vu en dernier. le seul qui ne pourra pas être rancunier. puis tu veux le voir, dehors, retrouver le silas que tu connais. pas celui entre quatre mur, avec le poids d'un crime qu'il n'a pas commis sur les épaules. 