Ménage à trois [Kayla]

“ménage à trois.” & Ce gros bonnet, Kayla l'observait depuis plusieurs semaines. Elle le filait régulièrement, mémorisant ses habitudes, petites manies. L'étudiait de A à Z. La jeune femme appliquait soigneusement la routine qu'elle s'imposait lorsqu'un nouveau nom lui tombait entre les mains. Tuer oui, mais pas à n'importe quel prix. Uniquement les tordus, les irrécupérables. Les pires rats de la société. Elle prenait le temps nécéssaire pour vérifier que ce soit bel et bien la pire des ordures avant de passer à l'acte. Son passé dans la police était utile : comment éviter les caméras, les entrées fréquentées, changer d'identité aisément, ne laisser aucune trace. Kayla faisait bien son travail dans l'ombre, et son métier d'enseignante aux yeux de tous. Connue sous un pseudonyme, elle n'opérait que pour un cercle fermé de personne, et visiblement, sa nouvelle cible s'était mis à dos ces gens haut placé. Après des semaines d'observations, l'Irlandaise passerait à l'acte aujourd'hui. Tout est prévu. Il devait se rendre dans un hôtel cinq étoiles, renommé de la ville pour y rencontrer des clients. Elle n'aurait qu'à se faire passer pour un membre du personnel. Ou même une prostituée. Ce qui lui permettrait d'ouvrir la porte le plus facilement. La deuxième option semblait la plus susceptible de se réaliser, à en juger par les informations collectées par Kayla.
Alors que la jeune femme l'observait depuis plusieurs minutes, minauder auprès d'une belle brune, Kayla voyait sa cible s'éloigner. Hors de question qu'il ne lui échappe. Hors de question de remettre à plus tard cette mise à mort. Alors qu'ils se dirigeaient vers l'ascenseur, l'Irlandaise s'imposa en laissant traîner son pied pour empêcher les portes de se refermer. L'ambiance qui se dégageait de l'étroite pièce était palpable. Une certaine rivalité entre les deux femmes. Le sourire béat de ce gros bonnet traduisait son excitation à l'idée d'être en si bonne compagnie. Autant jouer le jeu. "Pardonnez-moi, le personnel de l'hôtel tenait à vous accompagner personnellement jusqu'à votre suite. Me voilà donc, à votre service" lança-t-elle, avec un large sourire totalement forcé, mentant comme une arracheuse de dents. Sa réaction fut immédiate. Un sourire qui s'agrandissait à mesure que ses pensées se permettaient d'aller dans des endroits qu'il ne connaîtrait jamais. Oubliant même la raison de sa venue en compagnie de l'autre jeune femme, qui ne semblait pas apprécier cette intervention. Pour éviter qu'il ne lui échappe une nouvelle fois, elle se hâta d'appuyer sur le bouton du quatrième étage.
 

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“ménage à trois.” & Lorsque ses plans sont contrecarrés, la jeune femme ne peut pas s'agacer, ni même laisser la place au doute. Il faut réagir, et terminer le travail quoiqu'il en soit. Bien sûr, ne pas se faire attraper. De toute façon, il y a tant de crimes dans cette ville qu'ils n'y verraient que du feu. Cependant, la belle brune qui accompagnait ce gros bonnet ne semblait pas décidée à la laisser s'immiscer dans sa soirée. Pourtant, on lisait le dégoût sur son visage. Son corps entier semblait repoussé par ce petit être, tordu jusqu'à la moelle. En revanche, lui, se délectait de la situation, ravi que l'on s'intéresse doublement à lui. Les seules jolies femmes qui l'approcheraient. Du moins, sans avoir besoin de payer pour avoir un brin de compagnie. Alors que la jeune femme lui fait sentir que sa présence n'est pas désirée, et qu'elle l'affirme poliment, mais fermement, Kayla se tourna vers elle pour lui adresser un petit sourire forcé. "J'insiste. La direction est très stricte à ce sujet", répond-elle simplement. Elle lit clairement dans son jeu, mais Kayla aussi. Pourquoi s'intéresser à un type pareil? Bien trop classe pour être une escort, ou pire, quelque chose d'autre se tramait. C'est alors qu'il se décide à prendre la parole. Des mots qui donnent littéralement la gerbe à l'Irlandaise, qui se retient de rire. Se battre pour lui. Dans ses rêves les plus fous certes, mais dans la réalité, elle se battait très certainement pour autre chose. Certains jours, Kayla se demande comment elle a pu tomber aussi bas, à descendre des gens contre de l'argent. Avec des contraintes certes, mais elle qui croyait dur comme fer en la justice, n'y croit plus du tout aujourd'hui. Encore moins depuis qu'elle vit à Exeter où les gens sont pourris. Les crimes pullulent, l'atmosphère qui règne en ville est détestable, et pourtant, elle se sentirait presque chez elle. Peut-être parce qu'elle aussi fait partie de ces personnes. Alors qu'elle a appuyé sur le bouton du quatrième étage, la porte s'ouvre avant de l'atteindre. une mère de famille et son petit se retrouve face à une scène des plus désagréables. Les mains de ce porc sur la jeune femme qui l'accompagne. Rien de bien dégoûtant que cette vision. Ces hommes qui se croient intouchables parce qu'ils sont plein aux as. Parce qu'ils ont un certain pouvoir, un nom connu. Sous prétexte d'être quelqu'un, on peut se permettre d'être odieux, et de se conduire comme le dernier des salauds, notamment avec la gente féminine. Lorsque les portes se fermèrent enfin pour les conduire à l'étage supérieur, la jeune femme reprit la parole. Paroles tout aussi à gerber que celle de l'homme un peu plus tôt. Il était ravi d'avoir autant d'attention. Tellement ravi qu'il ne voyait même pas ce qu'il se passait juste sous son nez. Elle se fichait clairement de lui. Sa présence ici n'était pas un hasard. Tout comme celle de Kayla. Se mêlant à la conversation alors qu'elle n'y était pas invitée. "Quelle bonne idée! Sarah Miller, employée de l'hôtel, ravie d'être avec vous ce soir. Quel bon vent vous amène chez nous?" lance-t-elle, sur le même ton enjoué qu'elle se force d'adopter depuis tout à l'heure. Ton qui ne lui ressemble absolument pas, et qu'elle hait au plus haut point. Les portes s'ouvrent, les amenant à destination. Le couloir semble infiniment long. C'est en tous cas un des derniers qu'il verra. Alors qu'ils s'avancent vers la suite qui lui est promise, Kayla retient discrètement la jeune femme par le bras. "Vous feriez mieux de vous en aller, la suite ne va pas être jolie". Elle ne parle pas de la chambre qu'il a réservé, mais plutôt du destin funeste qui l'attend. Mise en garde. Ne pas faire du mal aux autres. Son petit doigt lui dit que cela ne sera pas aussi simple de se débarrasser d'elle.
 

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“ménage à trois.” & Situation plus que délicate. Ses plans contrariés. Agacement qui la gagne peu à peu. C'est finalement ce porc qui lui permet d'aller plus loin et de mettre les pieds dans cette fichue chambre. Alors que ses mains la touchent et qu'il se délecte de ces sensations, Kayla se retient de ne pas lui casser le bras en plusieurs morceaux, et de lui arracher les yeux. Le dégoût qui la gagne.
Alors qu'ils s'avancent dans le hall, l'Irlandaise ressent le besoin de mettre en garde la jeune femme. Son but n'était pas de lui faire du mal. Elle a une cible, et une seule. Elle préfèrerait éviter d'en arriver-là. Elle ne s'attendait pas à recevoir une mise en garde elle. Son ton est froid, sec. Une intuition que la suite ne s'annonce pas belle. Pourtant, elle entre dans la chambre. Il faut terminer la mission. Mettre un terme à la vie de cette ignoble personne. Lui qui se réjouit à l'idée d'avoir deux belles femmes dans sa suite. D'être en si bonne compagnie. Lui qui ignore que ses femmes seront celles qui le mèneront à sa perte.
Appelée dans la salle de bain, la jeune femme se doute de ce qui va s'y produire. Elle l'a vue un milliard de fois à la télévision. A enquêter sur des centaines de cas similaires. Cette intuition que quelque chose tournerait mal. Là voilà. Le moment était arrivé, et c'était inévitable. Pour garder la face. Perpétuer le rôle. Elle entre, et rapidement, la situation dégénère. Câble autour de son cou. Qui se serre. L'eau du robinet qui coule en fond. Habituée à ne pas paniquer. Kayla applique à la lettre ce qu'elle a toujours appris. Ne pas se débattre. Et puis l'effet de surprise. La tête baissée pour diminuer la pression qui lui coupe le souffle. De sa manche, elle tire son petit poignard, et le plante au niveau du bas ventre. Pas suffisamment pour la blesser gravement. Mais assez fort pour qu'elle la lâche, et qu'elle puisse se dégager de son emprise. Son but était clair. Elles avaient le même. Encore fallait-il qu'elle lui laisse l'occasion d'ouvrir la bouche pour le lui dire. Leur bataille était inutile. Et cet idiot qui venait à nouveau tout gâcher. "Mesdames, tout va bien?". Il frappe à la porte de la salle de bains probablement impatient de retrouver ses sulfureuses plantes qui lui tiendront compagnie ce soir.
 

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