if you fall asleep down by the water baby, i'll carry you all the way home
jephté et saturne ; univers alternatif
Jephté va lui en vouloir, il le sait, il le ressent, comme une évidence qui lui lacère le coeur alors qu'il vient de raccrocher et qu'il l'attend dans le froid. Il est bientôt quatre heures du matin et Saturne est épuisé. Derrière lui le Moine vient de s'endormir et d'enterrer au fond de lui des vices que l'on ne dit pas à voix haute. Le souffle d'autres le couvre encore un peu tandis que le froid cherche à conquérir sa peau. Il traverse ses vêtements trop fins pour la saison. Cauchemar, le garçon capable de collectionner les hommes mais d'être seul comme un rat d'égout une fois les rideaux fermés. Ses poumons sont serrés et ses épaules un peu lourdes. Jephté va lui en vouloir, c'est tout ce qui compte. Tout ce qui le tracasse. Saturne ne sent même plus les mains qui ont traversé sa peau toute la soirée. Si son ami ne veut plus de lui, s'il vient le récupérer ici pour mieux l'abandonner alors il n'aura même plus envie de se lever demain.
Son corps parle mieux que sa tête et sa bouche, il assimile mieux les sentiments. Ses jambes deviennent toute molles, comme du coton. Saturne sait qu'il vient de faire une bêtise en appelant Jephté mais il n'avait personne pour rentrer ce soir. Il aurait pu le faire à pieds, traverser la nuit sans relever les yeux mais l'envie n'y était pas. Il doit lui dire alors il en profite. Au bout de quelques minutes, les phares de sa voiture sur sa silhouette fatiguée ramènent un peu de vie là-dedans. Bouge-toi Saturne ! Maintenant qu'il est là, tu ne peux plus te défiler. Ses mains tremblent un peu alors qu'il est persuadé d'avoir fait le bon choix. Mais une fois devant Jeph, il a seulement envie de se taire. Mais le Moine. C'est évident. La caravane ne servira plus jamais de paradis de la prostitution. Il ne veut plus en entendre parler. Plus sous cet angle là. Pas alors qu'Edward a posé ses mains dessus pour lui rendre un peu d'amour et de beauté. Ça aussi, il voudrait lui dire, tu te rends compte ... ce type ne me connaît pas et il est là, il ne dit rien, il se contente d'être là. D'être là, t'entends ? Toi aussi tu es là Jephté mais tu n'as pas ses larges épaules ni ses yeux vides et encore moins le goût de ses lèvres. Saturne ouvre la porte de la voiture, balance son sac à l'arrière et s'assoit côté passager. Oh j'ai cru mourir de froid. Sa voix est douce alors qu'il souffle sur ses doigts pour essayer de les réchauffer. Bonsoir. Accompagné d'un sourire pour tenter de dissimuler les preuves, rapporter son attention ailleurs. Cauchemar use de son charme ... petite conne. Ses lèvres se posent sur la joue barbue de Jephté. Tu piques. Pas autant que le Moine lorsqu'il est en pleine heure d'affluence, pas autant que les coeurs glacés de tous ces hommes, pas autant que les reins enflammés de ces âmes esseulées mais tu piques quand même.
Oh et pas la peine de chercher Saturne. La planète a pris des vacances, elle s'autorise une petite virée pendant que Leon écarte les cuisses. Au Paradise, tout le monde adorait l'idée mais ici, il a même pas eu les couilles de dire qu'il s'appelait comme ça. Saturne. On se serait foutu de sa gueule, il a bien vu le regard des boss. Jephté ne se foutra jamais de lui, c'est pour ça qu'il garde son sourire conquérant. Je suis désolé de te déranger si tard. Mais je savais que toi t'allais venir, je le savais.
Sujet: Re: down by the river. (ua) Lun 15 Mar - 22:47
if you fall asleep down by the water baby, i'll carry you all the way home
jephté et saturne ; univers alternatif
Jephté ne s'est pas posé une seule question lorsque le vibreur de son téléphone contre sa table de nuit est venu troubler son sommeil et que le nom de Saturne s'est affiché à l'écran en lettres lumineuses. Qu'importe que la nuit se trouve à mi-chemin entre l'aube et le crépuscule, le brun ne connaît qu'une seule réponse aux appels de détresse nocturnes de son ami - et ceux de son frère - : ne bouge pas, j'arrive. Oh, il pourrait refuser et reprendre son somme là où il l'avait arrêté mais il est presque certain que quoiqu'il arrive, la culpabilité l'empêcherait de se rendormir et qu'il réfléchirait jusqu'au lever du jour aux conséquences qui pourraient avoir découlé de sa non-assistance. Il n'y a qu'à voir l'empressement avec lequel il enfile sa veste et attrape son trousseau de clefs pour comprendre que l'indifférence n'était même pas envisageable à ses yeux. Quinze minutes. C’est le temps exact qu’il lui faut pour grignoter le bout de route qui le sépare encore de sa comète et brûler environ trois priorités de droite. Il est soulagé d’apercevoir la silhouette de Saturne pile à l’adresse qu’il lui avait communiquée, véritable rayon de lumière qui chasse l’obscurité grandissante autour de lui. Il lui laisse à peine le temps de monter à bord du véhicule avant de l'accueillir de son sourire le plus attendrissant. A le voir là comme ça, personne ne pourrait deviner qu’on vient de le tirer du lit. J’ai fait le plus vite que j’ai pu. Tellement vite que le chauffage rudimentaire de son vieux tacot n’a pas encore eu le temps de réchauffer tout l’habitacle. Il attrape les mains de son ami pour les frictionner un peu et les réchauffer entre les siennes. Lorsque l’androgyne lui embrasse la joue, Jephté tourne malicieusement la tête pour lui voler un baiser sur les lèvres. Il estime mériter au moins ça pour le déplacement. Fier de son coup, l’Irlandais lui offre un nouveau sourire avant d’éloigner son visage du sien et d’hausser les épaules. Tu m’excuseras, j’ai pas vraiment pris le temps de me rendre présentable. Saturne aurait pu l'appeler à n'importe quel moment de la journée que ça n'aurait rien changé au problème mais pour une fois, le Texan en profite d'avoir une excuse à servir pour sa barbe artistiquement déstructurée.
Je suis désolé de te déranger si tard. Jephté ne lui laisse pas l’occasion d’ajouter un mot de plus pour agiter dramatiquement sa main devant lui et mettre fin à son flot de conneries. Ne sois pas ridicule, je ne serais pas là si tu me dérangeais. Alors qu’il se penche en avant pour allumer le contact, ses yeux tombent par inadvertance sur l’enseigne de l’établissement de charme devant lequel ils sont stationnés. Le Moine. Le lupanar le plus réputé du Bronx dont les activités peu glorieuses ne sont un secret pour personne, ayant grandi dans le Bronx tout du moins. Instantanément, son regard s’assombrit et les traits de son visage se durcissent. Il hésite sincèrement à lui poser la question, se force à croire qu’il y a méprise et que son ami lui en aurait forcément parlé. Il lui suffit de croiser l’expression crispée de la planète pour comprendre qu’il voulait qu’il sache et que c’était précisément dans cette optique là qu’il l’avait fait venir. Il aurait facilement pu masquer les apparences en s’éloignant un peu avant d'appeler Jephté, histoire de faire en sorte qu'il ne fasse pas le lien mais pourtant le voilà bien à le récupérer sur le seuil de l’empire des Bartolotti. Je t’en prie, dis-moi que c’est pas ce que je crois. Sa voix est suppliante, l’implore de mettre fin à toutes ces suppositions qui se bousculent dans sa tête. Jamais Jephté ne se serait permis de remettre en doute les choix de vie de son âme sœur, non, il n’y a pas une once de jugement dans ses mots, juste la déception indescriptible d’avoir été laissé de côté lors de ce genre de prise de décision importante qui implique forcément d’autres problèmes. Ca fait combien de temps ? Combien de temps qu’il le prive de lui apporter son aide. Jephté a besoin de le savoir, peut-être pour se sentir mieux ou alors tout simplement pour trouver une raison plus légitime encore d’en vouloir à son âme préférée. Las, l’Irlandais pousse un soupir en réalisant que tous les aspects de sa vie sont à présent condamnés à graviter autour de ce fichu nom italien.
BY CΔLΙGULΔ ☾
Invité Invité
Sujet: Re: down by the river. (ua) Mar 23 Mar - 0:44
if you fall asleep down by the water baby, i'll carry you all the way home
jephté et saturne ; univers alternatif
Je t’en prie, dis-moi que c’est pas ce que je crois. Il est effrayé, énervé de l'entendre dire ça mais aussi tellement soulagé. Saturne avait besoin que quelqu'un le sache. Comme il n'a jamais eu de parents à consulter pour prendre des décisions ou se laisser réconforter, le regard de Jephté lui semblait une évidence. Son cœur se serre. Mais pourquoi tu lui fais ça ... Tu vois bien qu'il n'a pas les épaules pour supporter des montagnes. C'est dévident non ? faut pas avoir fait des études ou avoir la science infuse. L'amour de Jeph est la couverture la plus confortable sous laquelle se caler. Une fois dessous, même si la lumière filtre, les monstres se désagrègent. Saturne le fixe sans savoir quand ajouter. La vérité brute lui ferait trop de mal. Oui c'est ce que tu crois. Oui c'est comme ça, qu'est-ce que tu voulais que je fasse d'autre ?
Saturne se referme brutalement sur lui-même. Il est comme chat à qui on vient de jeter de l'eau et qui détale. Il part lécher ses blessures à l'abris des regards lorsque des mains tentent de le guérir. Cauchemar ne supporte pas l'accablement dans le regard de son ami. C'est pour cette raison qu'il n'a jamais demandé l'aide de qui que ce soit. Quand on est une cause perdue, on fait forcément du mal aux autres, ça ne peut pas être autrement. Un jour, le destin a ouvert sa porte à un petit enfant merveilleux et lui a montré la route pour blesser ceux qu'il aime. Depuis, il honore cette mission comme un fardeau, elle lui colle à la peau, l'empêche de faire autrement. Sa main se pose contre son front, une seconde, le temps pour Saturne de fermer les yeux pour se concentrer. Ils vont s'engueuler et dieu sait qu'il ne supporte pas ça. Ne me regarde pas comme si j'étais un pestiféré tu veux. Une pointe d'amertume et de mépris, les planètes ont une fierté qui dépasse toutes les lois de l'univers. J'ai besoin d'un ami Jephté, pas d'une assistante sociale. Et elle en rajoute une couche, pour être certaine, pour bien recouvrir les blessures, écarter la distance qui les sépare pour ne pas qu'il voit cette mélancolie au fond de ses yeux. Saturne ne le regarde pas, redresse légèrement la tête pour prendre un peu d'oxygène dans ses poumons, ça fait un long bruit.
Mais puisque ça semble te tenir à cœur. Cauchemar prend ses airs des mauvais jours, ce regard là a déjà coupé quelques âmes en deux. La voiture lui semble soudainement si petite qu'il lui faut regarder l'extérieur pour ne plus se sentir prisonnier de la vérité. Elle aime lui foutre des claques, la vérité, et la réalité la poursuit toujours. La vie est faite pour rêver qu'ils lui avaient dit, non mais tu parles d'une vaste blague. L'argent ne tombe pas du ciel aux dernières nouvelles. Que je me prostitue ici ou là-bas, tu peux me dire ce que ça change ? Une bite reste une bite, il me semble que t'en connais un rayon là-dedans. Le poison quitte ses lèvres, impossible de le retenir celui-là. Pourtant des larmes bordent ses yeux, Saturne détache déjà sa ceinture. Ça sert à rien de discuter de tout ça. Je rentre à pieds. Sa voix tremble un peu alors qu'il laisse sur la banquette arrière son sac. Juste dans l'espoir de ... Il faut le laisser se brûler les ailes, ne pas l'enfermer dans une bulle, c'est comme ça qu'il en veut aux autres après. Il faut le laisser se faire un mal de chien, attendre et accepter de le voir revenir.
Saturne n'a rien d'une planète. Il est seulement ce genre de garçon qu'on retrouve dans une chambre d'hôtel, allongé dans son lit, une boîte de pilules vide à la main. Cela doit venir de là, ce quelque chose de spécial qui les pousse tous à le suivre comme des papillons fatigués après un néon. Moins y a de racines, mieux c'est. Le propre de l'homme, la raison de l'amour.