barbi-narity sucks (lou)

-- sweeter than sweet, money tastes like sugar

la fatigue qui tombe sur ses épaules comme une chape de plomb à l’idée de devoir rejoindre encore un de ces dîners bourgeois avec ses compatriotes libéraux. des gens de la fac, certains plus de droite que d’autres au final, tous envieux de se faire des relations et de constituer les cabinets de demain, tous envieux de la connaître et de lui parler, elle la fille du légendaire leofstan sterling. elle aime cette sensation de cou, elle aime être au centre de l’attention, mais elle sait comment se passent ces dîners, elle sait que ce seront sûrement tous des hommes, avec des midinettes à qui ils auront demandé de simplement sourire et de ne pa parler, à l’exception de quelques femmes fortes comme palmyre. et aussi des remue-merde, comme à chque fois, de sgens qui ne veulent que la superficialité, les potins et autres rumeurs, comme si la classe dirigeante n’était qu’une grande émission de télé réalité.

le pire dans tout ça, c’est cette apparence progressiste et féministe si dérisoire, lorsqu’elle sait qu’elle perd une grand epartie de sa crédibilité à venir à ces dîners sans personne à son bras, comme si de ne pas être fiancée à vingt et un ans était un problème. elle qui pensait, enfant, que parce qu’elle n’était pas noble, elle dérogeait à la règle, elle qui pensait que ses parents étaient un mariage d’amour, dans ses toutes jeunes années, et que ce n’était que plus tard qu’ils avaient fini par se dé-aimer, elle avait grandi. et elle savait qu’elle avait besoin d’avoir quelqu’un à ses côtés, même un banal intérêt amoureux fuyant. juste quelqu’un. et pour ça, elle connaît la meilleure personne. alors, elle l’accueille bras ouverts, lorsqu’iel arrive. lou. elle en sait plus vraiment par quel moyen elle est devenue une sorte de sugar mommy/dealeuse, mais ça ne la dérange pas plus que ça. ça lui fait de la compagnie, quelqu’un qui veut connaître d’elle plus que son corps. du repos, en quelque sorte.

une étreinte brève mais sincère à la porte, tandis que cam ajuste sa robe de chambre autour de sa taille à l’aide du cordon. elle sourit, et pointe vers la salle de bains. “il y a tout ce dont t’as besoin à la salle de bains si jamais tu en as besoin, je peux te faire un thé? ou un café, ou quelque chose ? on va peut-être pas directement attaquer à la vodka.”

-- sweeter than sweet, money tastes like sugar

le message de lou lui a réchauffé le coeur dans la journée, l’idée de ne pas être seule dans cette journée fatigante, de savoir qu’elle pouvait être épaulée, d’avoir quelqu’un à qui parler de ce genre de choses, quelqu’un qui pourrait la comprendre. son lien avec lou est précieux, l’une des seules amitiés réelles et fortes. alors elle l’attend, patiemment, mettant un peu d’ordre, préparant tout ce dont ils pourraient avoir besoin, faisant chauffer sa bouilloire électrique. elle est démaquillée, première chose qu’elle a fait en rentrant. elle l’écoute, voit les légers tremblements dans ses muscles et grimace. elle en sait pas trop quoi faire, mais elle se doute que les dérivés morphiniques ne sont pas la seule solution, pas vraiment. à l’intérieur de son esprit, elle classe le fait d’appeler un médecin compétent pour observer ses symptômes et lui proposer quelque chose d’adapté. peut-être que lou pourrait rester ici aussi, au rez-de-chaussée de l’immeuble sécurisé, quand ça ne va pas, plutôt que de devoir supporter les escaliers pour la moindre chose.

elle verse l’eau chaude, glisse un sachet du thé que son ami aime bien, les laissant infuser, tandis qu’elle lui sourit. un vrai sourire, pas celui des photos pour les couvertures de magazine. “je disais ça parce que, y a aussi ton traitement là-bas.” la confiance est grande mais surtout, elle ne laisse personne avoir accès à tout son stock, précieusement caché dans un placard fermé à clé. elle ne veut pas avoir d’accident, elle ne veut ça pour personne, ni ses amis, ni ses clients. “il y a la dose habituelle, normalement ça devrait être assez pour deux semaines, mais appelle moi si t’as plus assez.” elle vient s’installer sur le canapé confortable, non pas sans avoir ajusté la couverture décorative dessus, et s’allume une cigarette, se laissant enfin se détendre. elle aime la présence réconfortante du danseur, son masque social laissé sur le porte manteau à l’entrée, tandis qu’elle démêle ses cheveux avec ses doigts. elle s’étire et tente de décontracter sa mâchoire.

“j’ai appris un énième dîner entre étudiants riches et de droite -pas libdem, juste de droite. et je sais que je vais y être une des seules, filles? qui ne sera pas juste là pour faire joli au bras de quelqu’un, et le fait d’y aller seule, à chaque fois, ça m’attire des remarques misogynes.”

elle tique sur le fait de se définir comme une fille. ce n’est pas la première fois. ce ne sera pas la dernière. il y a des jours plus simples que d’autres, et elle ne comprend pas vraiment pourquoi. pas comme si elle avait que ça à faire, pas envie de tout remettre en question, c’est sûrement juste son cerveau qui lui joue des tours.