Un air de famille [Houna sista ❤︎]

Assise sur ce tabouret, sa main agite le verre laissant remuer paresseusement l’alcool qui reste. Elle en est à son troisième verre de vodka et la russe n’est prête de s’arrêter en si bon chemin. L’endroit est festif, un groupe joue quelques morceaux d’un rock endiablé déchaînant passion et bonne ambiance.
La russe est occupée à dévisager le monde qui se trouve autour d’elle, à danser sur les tables et les chaises au rythme de la musique qui déchaîne les mœurs et les passions. Un sourire naît sur son visage pendant qu’elle termine le fond de son verre.
« Une autre. » Dit-elle à l’attention du barman qui la dévisage de cet air curieux qui caractérise souvent cette vision d’une femme seule, accoudée à un bar, enchaînant les verres comme si elle n’était rien d’autre qu’une alcoolique.
« Toujours sans glaçon et sans accompagnement ? » Lui dit-il en sortant la bouteille de vodka qu’elle observe avec envie et délice en sachant qu’il lui faudra, à un moment donné, savoir s’arrêter et trouver l’âme charitable qui paiera ses verres.
« Toujours pur. » Dit-elle de son accent chantant rappelant qu’au sein de ces pays de l’est, la tradition a souvent été de boire de la vodka pure pour pouvoir se réchauffer. Circé, ce soir, en a besoin pour se réchauffer.
Le laissant à nouveau la servir, la brune observe de nouveau le monde qu’il y a, ne faisant pas vraiment attention à qui entre et sort, s’attardant surtout sur ceux qui dansent. Circé aime ça. Danser pour s’oublier. Danser pour aguicher. Et quand le verre arrive, elle en boit une gorgée avant de sauter de son tabouret. Elle est petite et fine, et se fraye un passage parmi la foule. Et là, au milieu de la musique, la russe se détend et se met à danser, le corps moulé dans sa robe noire courte, destinée à se paraître attirante, à créer l’envie de lui donner du plaisir en échange d’un toit. Elle dit pas qu’elle en chie, mais elle survit et avec ça, règne l’idée de retrouver Gali.
Alors elle danse, Circé, se sentant exister en étant ce personnage provocant. Elle danse en sentant des regards sur elle, un sourire enjôleur ne quittant pas son visage. La robe est décolletée et laisse apparaître cette chaîne en or qu’elle porte tout le temps. Et si la maille dorée s’est cassée une fois, le médaillon lui est restée le même. Ce médaillon de la vierge marie où figure une date de naissance d’une personne dont elle ignore l’identité,, une personne dont l’âge est de deux ans de plus vieux qu’elle.
Elle a cru à une famille mais elle n’a jamais retrouvé les papiers relatif à sa naissance. Disparus sans une trace. A l’époque elle avait alors quinze ans, ado furax contre une enfance difficile.
aujourd’hui, elle est une nymphe qui cherche la proie facile qui l’hébergera encore. Ses bras se lèvent et elle danse sans craindre d’être trop regardée. Elle n’a plus peur de rien, de toute manière. Elle a cessé d’avoir la trouille quand Vlad l’a emmenée aux États-Unis. Elle s’est forgée une carapace et suit le cours de sa vie en se laissant porter, en fermant les yeux comme elle le fait en cet instant. Libre.

Elle danse en espérant qu’elle sera visible. Son corps est cette offre alléchante qu’elle met en avant, espérant y trouver une âme prête à se damner pour peu. Et si Circé devient cette nymphe en quête d’expérience inédite, elle est surtout  cette fille qui cherche la possibilité d’une nuit plus confortable, bien plus douce aussi.  
Espoir qui s’étiole face à la rigueur de ce monde, face à la malveillance qui règne. La russe s’y prend mal en espérant, pourtant, faire bien. En espérant montrer à Gali qu’elle peut se débrouiller sans lui tout en étant à deux doigts de le supplier et de lui demander pardon. Pourtant, Circé est têtue comme une mule, prête à se couper les bras pour ne pas admettre qu’elle a tort.  
Prête à tout pour oser l’affront face à l’italien lui ayant tout donné en échange d’une chaîne qu’il aura attaché autour de son cou. La rendre prisonnière d’une illusion et d’un attachement maladif. Elle n’arrive pas à s’en défaire malgré la distance et le silence. Toujours dans le comparatif de ce qu’ils ont été. Les étreintes en sont moins exaltantes loin de lui. Circé y perd ses repères, et espère encore réussir à renverser la donne. A croire qu’il y a mieux. C’est par ce simple état de fait qu’elle se donne en spectacle et laisse un sourire s’étirer sur ses lèvres en sentant, les yeux clos, des mains qui entourent sa taille. Et cette voix qui parvient à ses oreilles. Sentant son dos au contact d’un autre humain. D’une femme précisément.
La russe ouvre les yeux et pivote déjà pour lui faire face et lui glisser un sourire enjôleur. Que sa proie soit un homme ou une femme n’est pas un problème pour la russe. Elle prend ce qui lui sauve la vie. « Non… Je m’ennuyais… » Sa lèvre se retrousse en une moue charmeuse qu’elle fait très vite disparaître par un sourire éclatant. Renversant. Celui qu’elle réserve dans ce point final destiné à parvenir à ses fins. « Mais maintenant, je suis sûre que je vais vraiment m’amuser. » L’accent slave est chantant, résonne d’entre ses lippes et rappelle qu’elle n’a jamais été américaine ou anglaise. Mais une fille du pays de l’Est. Une fille qui a connu les froids extrêmes et sait boire de la vodka comme personne. Cul sec dans le gosier et parée pour danser toute la soirée.  
Elle se permet de la toucher également, de laisser ses doigts effleurer la peau de la rousse dotée d’une chevelure de feu. C’est fou mais elle aurait presque envie d’y plonger les doigts. Lentement et puis serrer tout à fait.
« ça te dirait de faire mumuse avec moi ? » La question est rhétorique, a même l’impression qu’elle n’a pas besoin d’être formulé tant il règne chez cette femme un aplomb qui lui plaît. Elle a toujours aimé les gens sûrs d’eux. Vlad l’était et c’est comme ça qu’elle l’a suivie tel le cobra appâté par le joueur de Pan. Elle lui glisse un sourire enjôleur, continue de se trémousser doucement mais sensuellement. Avec un peu moins d’entrain puisque sa proie est tombée dans les mailles de son filet.  
Tel est pris qui croyait prendre…
Elle se rapproche un peu plus de la rousse, toujours dans ce rôle de nymphe qui se veut charmante et désirable. En quête de sensation forte.
« Promis, je ne mords pas. » Oh non, elle ne mord jamais Circé. Elle se contente d’envouter avec un venin olfactif. D’appâter et d’enserrer un étau autour du cou de la victime. Et de serrer doucement… Toujours plus fort.
Jusqu’à ce que mort s’ensuive.  

@Houna Tchernychev