Sujet: we all share the same grave (t-rex) Mar 16 Fév - 19:42
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
Juché sur le toit de la voiture pour observer le combat par-dessus les têtes venues de toutes les classes sociales pour encourager leur ticket gagnant pour la fortune, Rocky ne descend de son gradin improvisé que lorsque le cercle formé par la foule se resserre et que la clameur ne s’intensifie, signe indéniable que l’un des deux adversaires est au sol et que l’affrontement s’apprête à toucher à sa fin. Le môme sait que Rex sera le prochain à s’avancer au milieu de cette arène clandestine parce qu’il l’a vu commencer à s’échauffer avec un peu plus de vigueur. Sur le qui-vive, le gamin ne perd pas une seconde pour attraper la trousse de secours qu’ils gardent dans la boîte à gants et la fourrer dans son sac à dos – ainsi qu’une bouteille d’eau et une serviette éponge – avant de se frayer un passage à travers les spectateurs en délire et les billets qui glissent de main en main pour se rendre aux premières loges de l’événement, se ramassant quelques coups d’épaule intimidant au passage.
Rocky ne pensait pas qu’il était possible de trouver un adversaire à la carrure plus monstrueuse que celle de Rex avant de voir son opposant entrer en scène. Un colosse d’une bonne tête de plus que lui mais ça ne semble pas déstabiliser Eden, plus enragé que jamais. Le môme pourrait passer des années à soulever de la fonte plus lourde que lui ou même s’injecter le plus puissant des stéroïdes de la planète qu’il n’en imposerait jamais autant que ces gaillards-là, lui dont les jambes étaient si longues qu’elles pourraient en faire des nœuds et dont le corps semblait taillé pour la fuite.
Si ses mâchoires ne manquent pas de se serrer à chaque crochet du droit un peu trop violent que se reçoit, Rocky se laisse rapidement emporter par la folie collective qui anime l’assemblée et même à mêler sa voix à la cohue générale, plus fier qu’il ne voudrait se l’avouer d’être là pour accompagner le vigile. C’est qu’il l’a toujours épaté, Rex, à encaisser les coups comme s’il ne s’agissait que de simples caresses. La plupart du temps, le blond était à peine remis sur pied qu’il se sentait déjà d’attaque pour enchainer sur un second round alors que Ledoux, lui, souffrait rien qu’en le regardant. Le gamin ne s’est pris qu’une vraie raclée dans sa vie – la seule avant qu’Estrela ne dissuade quiconque de se hasarder à toucher un seul de ses cheveux – mais il se souvient encore trop bien de la douleur engourdissante qui avait assiégé son être les jours suivants pour vouloir la revivre.
Une fois le combat terminé, l’adrénaline n’a même pas le temps de retomber que le môme se précipite déjà jusqu’au blond pour dégainer tout son attirail. Un premier coup d’œil furtif lui suffit à identifier les coupures les plus importantes sur le visage de Rex, faiblement éclairé par la lumière des néons fatigués du parking sous-terrain. Une fois de plus, les traits sévères du colosse ont disparu sous une marée rouge qu’il s’empresse d’éponger du mieux qu’il peut. T’es au courant qu’on a que cinq litres de sang hein, boss ? Qu’il finit par glisser, seulement à moitié rassuré par l’état du plus vieux. Si, au début qu’il accompagnait Rex dans ses violentes virées, ses connaissances médicales ne se limitaient qu’à un pansement négligemment posé sur un genou écorché, le môme avait maintenant acquis suffisamment de recul pour ne pas s’alarmer et le supplier d’aller à l’hôpital à la vue de la moindre goutte de sang. Concentré sur sa tâche, le gosse insère deux cotons stériles dans les narines du combattant qu’il comprime ensuite suffisamment longtemps afin d’en arrêter le saignement et se recule légèrement pour avoir une meilleure vision d’ensemble. Un sourire satisfait étire ses lèvres face au visage tuméfié grossièrement rafistolé du plus âgé alors qu’il lui jette un t-shirt propre qu’il extirpe de son sac. On va finir par croire que je te bats. Le môme ironise, oublie que l’humeur d'Eden pourrait possiblement être entachée par sa fraiche défaite et s’essuie finalement les mains sur son pantalon, en silence cette fois.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mer 17 Fév - 16:04
-- underneath it all we're just savages @Rocky Ledoux
Sa vue floutée par le sang ne suffit pas à le calmer. Tel le taureau que l'on ridiculise et blesse au milieu d'une corrida ensanglantée, l'animal se débat, poursuivi par un tel un besoin de survie que la souffrance le pousse à rendre les coups. La douleur, Rex ne la sentira seulement une fois le combat passé. Ses instincts dirigés par son seul besoin de dominer la situation tout en la perdant, sa respiration se coupe lorsque son dos épouse le sol et que les cris de la foule lui reviennent en pleine gueule. Il avait oublié qu'ils étaient là, ceux avec qui il vit un instant d'osmose tandis que son adversaire termine de lui détruire la gueule. Eden entend ses os craquer et le bruit assourdissant des chairs qui se percutent. Douce mélodie dans laquelle il s'enfonce jusqu'à l'arrivée de l'arbitre pour les séparer. Malgré la virulence du combat, le blond se redresse et chancelle jusqu'à sa place. Les défaites sont monnaie courante depuis que son corps lui réclame une retraite qu'il ne lui accorde jamais. Son ego légèrement blessé, Rex n'a pas le temps de confronter ses démons que Rocky débarque de nulle part afin de panser ses plaies. Habitué à ses mains et à la façon dont il le soigne, Eden refuse que d'autres posent leurs sales pattes sur sa gueule cassée. Ledoux est un gamin qu'il a lui-même formé. Le môme connaît le corps du minotaure mieux qu'il ne le connaît lui-même.
Il peine à comprendre les paroles de son soigneur, l'esprit flottant encore au dessus d'eux dans une masse informe et invisible. Rex redresse sa carcasse, enfile un t shirt neuf et entame lui-même sa marche jusqu'à la sortie de gauche, celle des perdants, vide de toutes personnes hurlant son prénom. Le silence des défaites, celui qui raisonne parfois en lui lorsque la nuit se fait longue et que toutes ses erreurs troublent son sommeil. Sensation continuelle d'échouer. Son esprit le trompe un peu, lui fait croire qu'il ne vaut rien et le force à oublier ses nombreuses réussites lorsqu'il était plus jeune, qu'Estrela était elle aussi dans la foule, hurlant son prénom et l'attendant de l'autre côté des barrières. Rocky était encore trop jeune pour venir le voir mais sa sœur avait le rôle qu'il possède aujourd'hui. Il viendra récupérer sa bagnole une fois l'endroit désert. Ses mains ensanglantées s'enfoncent dans la poche de son jogging, clope au bec, l'animal se retourne brutalement vers le gosse. -- T'as du feu ? Il ne parlera pas de l'arène, de cette énième défaite et de ce qu'il se passe dans sa tête. S'il y a bien une chose que lui a appris la vie -ou plutôt son père,- c'est que les plaintes ne réparent rien. Le cœur muet et l'âme en sourdine, la fraicheur des rues d'Exeter endort peu à peu ses sens. Sa peau le démange comme s'il était sur le point de muer, effet secondaire de l'adrénaline lorsqu'elle quitte son corps afin de faire ressurgir sa vraie nature. Pendant ses combats, Rex n'est plus qu'une bête, un mélange de testostérone et de haine mal dosée, une fierté mal lunée capable du pire pour rester sur ses deux pieds.
Machinalement, Rex s'avance jusqu'à ce bar miteux où tous deux se rendent après chaque fin de combat, qu'importe qu'il soit perdant ou gagnant. Si autrefois, certains les suivaient pour se bourrer la gueule toute la nuit et fêter ses victoires, aujourd'hui il n'en est rien. Le temps n'a éloigné personne d'Eden. Seules les affinités ont montré leurs véritables visages. Ce n'était pas lui qu'on appréciait mais sa capacité à rapporter du fric. Aujourd'hui, ne reste plus que Rocky et lui, perdus dans un nuage où tous ceux sur qui ils comptaient n'étaient en réalité que des marionnettes bourrées de mensonges. Peu loquace, il faudra au môme suffisamment de patience pour espérer lui décrocher quelques mots. -- Passe-moi ça. Sur le chemin, Eden attrape son sac plus lourd que lui et le passe brutalement sur son épaule. Les lumières de noël clignotent tout autour d'eux, rappelant au passage à la bête qu'ils sont sur le point de passer une énième fin d'année sans une famille avec qui la partager. La ville couverte de son manteau nocturne, l'echo des hurlements raisonnent encore dans son cœur mais la seule saveur que porte sa bouche est celle de la défaite.
Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mer 17 Fév - 16:04
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
Si Rocky a toujours eu les silences en horreur, le manque de réaction d’Eden ne le froisse pas pour autant. Il lui aura fallu côtoyer la bête durant plusieurs années avant d’enfin parvenir à donner un sens à ses absences verbales et apprendre à faire la différence entre les blancs nécessaires, son mutisme naturel et les moments où il n’avait juste rien à dire mais au fil du temps, le gamin a fini par accumuler assez d’expérience pour respecter discrètement le temps de battement que le molosse s’accordait pour reprendre pied avec la réalité, quelques rares minutes précieuses où le bouclé ne tentait pas de forcer l’entrée de sa bulle personnelle, dans tous les cas si bien barricadée qu’il était persuadé qu’il ne trouverait rien de plus que de nouveaux verrous derrière. Alors, il se contente simplement de rester là à attendre que Rex daigne enfin sortir de lui-même sans qu’il n’ait à le trainer péniblement dehors, mission à laquelle il n’a de toute façon jamais excellé. Après tout, le blond était tellement doué pour empêcher les perturbateurs d’entrer qu’il avait décidé d’en faire son métier.
Aussi programmé qu’un automate, Ledoux emboite immédiatement le pas d’Eden lorsque ce dernier entame les quelques mètres qui séparaient le grand perdant de la soirée de la sortie, ce que certains ici appelaient la marche de la honte, . Le brun doit à moitié trottiner à sa suite pour tenir le rythme des enjambées pressées d’Eden qui n’a qu’une seule hâte, celle de quitter cet endroit maudit et d’abandonner sa défaite derrière lui. Le minotaure ne ralentit sa cadence que pour débarrasser le môme à la traîne de son sac et le petit en profite alors pour allumer la clope éteinte coincée entre ses lèvres avant que le duo ne poursuive ensemble son itinéraire sur ce chemin déjà emprunté des dizaines de fois qui les mènera tout droit dans les entrailles de ce vieux pub dégueulasse qui les accueillait après chaque combat, que ça soit pour arroser les victoires ou les ratés du combattant. Rocky n’attend pas que Rex termine sa cigarette pour pousser la porte du bistrot et se faufiler jusqu’au comptoir, esquivant au passage un main ou l’autre des habitués tentés de lui ébouriffer les cheveux d’un geste paternel. Ce bar est là pour lui rappeler absolument tout ce qu’il déteste, ce genre de taudis peu fréquentable pour les individus comme lui, qui n’hésiterait pas à le rejeter ou le dévorer tout cru s’il n’était pas accompagné d’Eden et de ses muscles suffisamment dessinés pour faire ravaler ses envies de moquerie à n’importe qui.
Le gamin n’a pas besoin d’articuler un mot que déjà, le barman prépare leur commande – la même que d’habitude – en jetant un œil à travers la baie vitrée, probablement en train de réfléchir silencieusement à la brimade avec laquelle il allait accueillir le molosse. Loin d’être dérangé par l’idée de voir cet homme aussi imbuvable que les boissons qu’il servait recadré par son beau-frère, le brun ne tente pas de le dissuader de mettre son grain de sel et attrape leur consommation pour aller s’installer à leur place où il l’attend patiemment, le menton posé par-dessus ses bras croisés sur la table et occupé à se creuser la tête pour trouver le meilleur moyen d’embrayer sur la suite. Rex a déjà dû deviner que sa tranquillité s’apprêtait à être mise en péril rien qu’à voir la façon dont ses yeux le scrutent avec insistance. L’envie de rebrousser chemin a déjà dû le titiller, suivie de près par un sentiment d’exaspération infinie à l’idée d’être coincé ici avec ce môme incapable de tenir ses pensées en laisse et de les garder pour lui, comme s’il avait peur de disparaitre et de devenir l’un de ces fantômes que tout le monde pouvait voir à l’instant même où le dernier mot quitterait sa bouche. Evidemment que Rex a déjà deviné alors qu’il s’installe en face de lui mais ça empêche pas le gamin d’enfiler des gants et de redoubler de finesse pour ne pas aborder trop brusquement l’animal au risque de se prendre un mauvais coup de corne ou de sabot. Contrairement à ce qu’il le laisse croire, ce ne sont pas leurs finances qui l’inquiètent au point de fourrer son nez dans le programme à venir du combattant mais bien son corps fatigué qui mettait à présent plus de temps à se réparer que ce qu'il lui en accordait et particulièrement ses mains aux articulations à présent si bousillées qu’il pouvait à peine garder ses poings fermés sans tirer la grimace. C’est sur cet argument que le môme bondit et mise toutes ses forces pour éviter de lui agiter son échec sous le nez et le foutre en rogne pour le reste de la soirée. Tu devrais pas combattre la semaine prochaine. Toute son assurance se dépérit immédiatement à l’instant même où le bœuf redresse la tête pour darder son regard dans le sien. Allez quoi, on peut pas oublier l’argent, juste le temps des fêtes ? On aura toute la vie pour y penser après. Parce qu’il sait que c’est là que réside le nœud du problème. C’est toujours la même rengaine à l’approche des fêtes et de tout ce qu’elles impliquent. Si le colosse est capable de survivre à des rafales de coups plus virulents les uns que les autres, jamais il ne se relèverait de voir la moindre trace de déception briller dans le regard de sa gamine. J’ai mis un peu de côté, c’est pas grand-chose mais ça devrait être assez pour nous permettre de profiter de Noël, de Pearl et même de Jim sans se soucier du reste. T’en dis quoi ? Il espère au moins qu’il prendra le temps d’étudier sérieusement sa proposition avant de l’accuser de ne plus savoir quoi inventer pour l’emmerder.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mer 17 Fév - 16:07
-- underneath it all we're just savages @Rocky Ledoux
Le ciel s'écroule sur ses épaules. Les nuages sont si lourds qu'ils ressemblent à de gros édredons. La ville lui semble soudainement plonger dans des lueurs grisâtres, enlevant alors au passage les couleurs de son visage déjà si fades. La douleur n'est pas encore parfaitement perceptible. Son organisme lutte, le force à tenir encore un peu le coup. Il n'y a que chez lui que T trouvera juste assez de paix pour laisser retomber l'adrénaline. Son corps lui semble si étroit, à moins que ce ne soit seulement son esprit, empli de douleurs et de honte, qui ne commence à déborder de tous les côtés. Rex ne se sent pas plus étanche qu'une passoire. Il ne garde rien, laisse chaque émotion le quitter sans essayer de les rattraper. Il avance aussi vite que le type avec quelques démons aux trousses. Le combattant ne se concentre pas sur Rocky, avance, oublie l'espace de quelques secondes que le gamin à dans son dos n'a pas son endurance.
Le minotaure leur inflige le silence, bordé par le vide. Pris d'un vertige, son cœur en voltige dans un espace flou et indéfini, la lumière du bar est ce qui le ramène à la surface. Clope calée entre les lèvres, le môme entre et lui reste là, un instant, de quoi se retrouver avec lui-même. Sa raison cause à sa tête et aucun des deux ne parvient à se mettre d'accord : est-il bon pour la casse ? Ses mains relâchent mollement le mégot au sol sans parvenir à l'écraser dans le cendrier laissé là à cet effet. Sa semelle le fait à sa place. S'il continue, Rex ne pourra bientôt plus faire quoi que ce soit sans avoir besoin d'assistance. Si son corps sonne l'alarme, lui ne l'écoute pas, sourd à ses propres faiblesses ; encore trop aveugle pour accepter de prendre sa retraite.
A peine passe-t-il l'entrée que le regard de Rocky pèse contre sa silhouette. Rex l'ignore les premières minutes, préférant saluer quelques types qui pourraient être ses amis s'il n'était pas sans cesse sur la défensive. Les sourires légers qu'il offre ne sont ni faux ni réels, seulement des mouvements instinctifs afin de ne pas passer pour le dernier des salauds. Ici, même dans l'échec, Eden reste le combattant qui autrefois accumulait les victoires sans difficultés. Aujourd'hui, s'il n'est plus que l'ombre de cette pâle réussite, l'homme reste une fierté des lieux. Nonchalant, T s'avance jusqu'à la table et prend place là où le gamin ne tarde pas à lui exprimer son inquiétude. Un soupir agacé ne lui laisse pas le temps de prendre la parole mais boucles d'ombre reprend de plus belle. Il peut voir au creux de ses pupilles une angoisse réelle mais le plus vieux se referme sur lui-même. -- Oh ça va, commence pas. Le ton est aussi agressif que ses coups de poing lorsqu'ils n'étaient pas usé par le mauvais traitement qu'il leur fait subir. Ses mains endolories déposent le sac sur le sol crasseux par l'hygiène douteuse du bar. -- J'ai pas b'soin de ton fric, j'suis pas ta pute. Langage cru des années passées dans le sillage d'un père destructeur. Eden respire par chaque pore de sa peau la rue et l'errance. Son visage et l'entièreté de son corps sont le reflet de ce par quoi il est passé, d'où il vient, ce qu'il ne quittera jamais. La pauvreté sociale lui colle à la peau ; elle n'est plus un masque mais une façon de vivre. Même s'il essayait de s'en défaire, qu'il changeait tout du jour au lendemain. A l'autre bout du monde, on ne tarderait pas à le cataloguer de chien errant. Le regard sauvage, enflammé d'une fierté mal placée, écrase Rocky. Allons, Rex, c'est tout ce que tu as dans les tripes ? Si Pearl lui a été enlevée par les services sociaux c'est aussi à cause de ça ; Comment un animal peut-il offrir un environnement stable à son enfant ? Comment une âme sans cesse à la dérive peut-elle aider une petite vie à trouver sa voie ? S'il a longtemps ressenti une haine profonde contre le système, aujourd'hui, il n'en est rien. Les années lui ont fait comprendre qu'il ne sera jamais à la hauteur de sa paternité. Pour le moment, Pearl est encore trop jeune et naïve pour lui en vouloir mais l'adolescence creusera les ravages qu'Estrela et lui ont causé sur son âme.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Lun 22 Fév - 21:42
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
Distrait par le tintement des boules de billard dans son dos et les éclats de rire éméchés qui fusent aux quatre coins du bar, Rocky n'essaie pas de broder de futilités le silence que leur impose le minotaure alors qu'il prend place en face de lui, se surprenant presque à regretter cette époque victorieuse où leur bonne humeur se mêlait encore à la leur et où l'alcool semblait être le seul adversaire sur terre assez coriace pour mettre le combattant au tapis. S'il se doutait que la fierté de Rex tolérerait mal d'entendre parler de cet argent, le gosse ne peut s'empêcher de soupirer lorsqu'il balaie sa proposition du revers de la main, exaspéré à l'idée que sa solidarité soit confondue avec de la pitié. Et moi j’ai pas besoin d’une pute. Je veux juste aider, pas t’acheter ou je sais pas quoi. Le môme n’attendait rien en retour, espérait simplement pouvoir contribuer aux efforts déployés par Rex pour colmater leurs fuites financières suffisamment longtemps pour qu’elles ne viennent pas éclabousser leurs fêtes de fin d’année, mais aussi pour octroyer un peu de répit au corps cabossé du guerrier. De la même manière qu’il se rongeait les sangs à chaque nouveau problème que sa sœur ramenait à la maison, Rocky est incapable de rester indifférent aux difficultés traversées par cette famille à laquelle il s’était greffé par la force des choses et qu’il considérait désormais comme la sienne, qu’importe qu’il n’y soit qu’une pièce rapportée. Si l’incarcération d’Estrela lui avait bien apporté une chose, c’était ce sentiment d’appartenance que Rex lui avait offert en l’acceptant dans sa bulle sans jamais tenter de bousculer sa nature profonde à coups de jugement mal placé ou d’éradiquer cette sensibilité exacerbée qu’il embrassait depuis tout petit. Et c’était pas grave, si la vie n’était pas paradisiaque tous les jours, si l'inconfort de son petit bout de canapé lui refilait parfois le mal de dos ou s'il leur arrivait bien souvent de devoir rationner leurs repas pour tenir jusqu'à la fin du mois. Parfois, il arrivait même à Ledoux d’être si reconnaissant qu’il s’en voulait ensuite de vivre le quotidien de sa sœur à sa place, sous le toit d’Eden à voir sa petite grandir un week-end sur deux pendant qu’elle croupissait au fond d’une cellule avant de se ressaisir en se convaincant difficilement qu’il ne lui avait rien volé et qu’elle avait elle-même fait le choix délibéré de sacrifier ce bonheur fragile pour quelques magouilles signées dans leur dos à tous. C’est vrai quoi, c’est si impensable que ça de prendre une pause ? Sérieux Rex, tu feras quoi quand tu tomberas en morceaux et que tu pourras même plus aller pisser tout seul ? Le môme s’obstine encore un peu, pourtant bien conscient que sa voix ne portera jamais assez loin pour raisonner le colosse, comme s'il avait besoin de lui pour réaliser que son corps n'était plus qu'un tas de chair endolorie, vestige d'un empire désormais en ruines. Rocky voudrait parfois être l’une de ces bêtes sauvages qui savent montrer les crocs et faire entendre leur voix d’un grondement redoutable mais lui n’en a rien, se rapproche plus de ces petits animaux opportunistes qui vivent dans leur sillage et se contente de vivre avec ce qu’ils leur laissent pour ne pas mettre à mal l’équilibre naturel. A court d’arguments, le gamin croise les bras et laisse tout son poids retomber au fond de la banquette. Il a beau faire des pieds et des mains pour convaincre le blond de prendre un peu de repos, si Rex décide de combattre malgré tout, le môme flinguera sa propre crédibilité pour se tenir au bord de l’arène, qu’importe le poids de ses tracas, préférant de loin le harasser de son inquiétude après chaque affrontement plutôt que ne pas se trouver à ses côtés. Je peux aller t’attendre dans la voiture si tu préfères souffrir en silence. Ca me dérange pas. Il a bien ressenti que son attitude alarmiste commençait sacrément à importuner l’animal et préfère lui proposer de le laisser à sa tranquillité avant qu’il ne soit tenté de lui faire comprendre avec un peu plus d’insistance. Y a des antidouleurs dans le sac, d'ailleurs. Incapable de tenir en place une seconde de plus, la minuscule stature du brun se redresse pour se pencher par-dessus la table et faire entrer le sac dans son champ de vision. Si la communication n'a jamais été son fort, Rocky s'est toujours montré excessivement brillant dans l'art de passer à autre chose en un temps record.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mar 23 Fév - 13:20
-- underneath it all we're just savages @Rocky Ledoux
-- Bah va aider tes putains de vieux au lieu de m'emmerder si t'as tant d'fric que ça. Sa voix percute l'air aussi brutalement qu'il donne des coups de poings. Rex ne réfléchit pas, submergé par l'agacement et le repli. Eden n'est qu'un tas de chair au cerveau atrophié par les combats. Réfléchir ne lui dit plus rien. Le peu de fois où il a tenté, quelqu'un était là pour lui rappeler qu'il n'était rien. A présent, maintenant qu'il est réellement ce rien, l'animal se sent plus léger malgré les douleurs incessantes de son corps à la ramasse. Son regard est mauvais, de cette lueur sale qui le hante lorsqu'il est à deux doigts de craquer. Il ne s'en prendra pas à Rocky, jamais. Même s'il a la haine, le colosse prendra soin de la déverser ailleurs, contre un autre qui n'aura rien demandé. S'il y a bien un truc que la bête ne supporte pas, ce sont les connards qui s'en prennent à leur famille et ce môme est la seule chose qu'il lui reste en dehors de quelques week end avec Pearl. Il sait que c'était une erreur de s'y attacher mais les choses arrivent et on ne peut pas toujours les contrôler. Puisque Rex n'a pas su garder de la distance émotionnelle alors il fait en sorte de le maintenir en marge du pire. S'il le ramène aux combats, c'est aussi pour que Rocky apprenne malgré tout à rester sur ses gardes car viendra un moment où Eden ne sera peut-être plus là. Lui aussi finira probablement derrière les barreaux et ce gamin deviendra alors à son tour un adulte. Pearl lui posera des questions auxquelles personne ne veut entendre et tout deviendra soudainement si sombre. Pour l'instant, s'ils évoluent dans un monde fade, restent malgré tout quelques traces de lumières. Juste assez pour ne pas plonger complètement dans la rage. Cette rage là, qu'il sent bouillonner dans ses poings et reculer jusque dans son cœur. -- Tu crois vraiment que j'me bats juste pour ça ? Juste ça, ces putains de factures pour lesquelles Rex fait trop souvent des insomnies et qui pourraient éloigner d'avantage Pearl de lui. Il y a en réalité un désir plus profond, une addiction brutale ; ce besoin d'adrénaline et de coups. Quand la possibilité de perdre s'accentue, elle ne fait qu'augmenter la jouissance. Souffrir pour souffrir, savoir d'où vient le mal, pourquoi on l'expulse et pourquoi on le supporte. L'animal préfère la douleur physique, celle que l'on comprend, à l'autre, qui le bouffe et le terrasse comme s'il avait traversé l'enfer.
C'est donc là que se trouve le vrai visage d'Eden, jamais bien loin de la surface. Que Rocky lui propose de l'aider le ramène à la terrible vérité : Rex ne sera jamais capable d'être un père mais aussi un homme. Sa vie fait aussi pitié que lui. Si sa famille n'a jamais su quitter le cercle vicieux de la pauvreté, pourquoi lui ? Jeune il y croyait parfois, se donnait les moyens mais Reagan l'avait usé jusqu'à la moelle. Si l'enveloppe est solide, l'âme est minuscule, un pauvre gamin persuadé de ne pas avoir eu sa vengeance. Sa main claque brutalement contre la table. Qu'importe que cela lui fasse mal, que ses doigts se crispent et ses os se fragilisent d'avantage. Sa paume fait un bruit sourd comme le bois et la table d'à côté sursaute. Le bar se la ferme, habitué à ses état d'âmes et ses colères trop nombreuses. Quand il était plus jeune, Rex se foutait sur la tronche avec des types qui ne lui plaisaient pas alors qu'il descendait tout juste de l'arène. La seule chose qui l'empêche aujourd'hui de le faire sont les douleurs. Et encore. Il sait, qu'il est à deux doigts d'exploser. La veille il s'était fait la promesse d'arrêter les conneries et ne plus se laisser dicter par sa colère mais Eden se ment. Tout est bon pour exorciser la violence.
On les regarde, on ne voit qu'eux lorsque Rex arrache brutalement le sac des doigts de Rocky et que sa main ensanglantée attrape son menton. Personne ne dit rien dans le coin. Ici, la violence est monnaie courante et a toujours vécu sa meilleure existence entre ces murs. Son regard de bête furieuse agresse celui du môme. Ca va aller, okay ? Sa voix trop grave mais basse s'échoue contre le minuscule visage du gamin. S'il se veut rassurant, Eden est en réalité bien plus menaçant que jamais. Tu f'rais mieux de rentrer. En le relâchant, les marques violines sur ses joues témoignent de la virulence de son geste. Le Minotaure a encore trop mal pour supporter de l'aide.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mar 23 Fév - 13:31
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
C’est eux qui m'le refilent ce fric. Ces quelques billets de réserve qu’il glissait parfois sous son matelas, ils les devaient à ses vieux et aux pourboires qu’ils lui laissaient, probablement attristés par la misère que Rocky respirait par tous les pores de sa peau sans plus pouvoir la cacher. Le môme se contente d’hausser mollement les épaules à sa question suivante. En vérité, ça faisait bien longtemps qu’il se demandait si le colosse se battait pour se sentir vivant ou au contraire, parce qu’il voulait se faire tuer. Vaincu, il clôture le sujet de son silence, peu désireux d’ouvrir un énième débat qui ne mènerait à rien, bien conscient que Rex rejettera toujours son aide et que chacun de ses tentatives débouchera forcément sur une impasse, un haut mur en béton cimenté à la fierté d’Eden qui ne cédera même pas sous la dynamite.
Ledoux n’a pas connu la moindre maltraitance dans sa vie, ne s’est même jamais reçu la moindre gifle dans sa vie mais lorsque Rex attrape fermement son menton entre ses doigts, le môme adopte instinctivement tous les réflexes de l’animal battu. Fuyant, son regard dégringole au sol tandis qu’il recueille au creux de ses oreilles les paroles prononcées par la bête dont il ne gobe pas un mot. Cependant, le ton autoritaire du blond plombe sur le champ son élan de frénésie salvatrice alors que le gamin attend avec impatience le moment où Eden se décidera à le lâcher. Le bouclé l’aurait probablement imploré de se calmer s’il n’était pas intimement persuadé que les choses en resteraient là. Rex n’avait jamais levé la main sur lui, qu’importe les limites franchies. Je sais que t’es un grand bonhomme, que tu fais bien ce qui te chante et que t’as pas besoin de l’avis des autres pour vivre mais je supporte mal l’idée qu’il puisse t’arriver une bricole. Quel idiot je fais, hein ? Le traumatisme de le voir disparaitre brutalement de sa vie est assurément le plus enraciné en lui. Il est pas superstitieux, le môme, mais parfois il en viendrait presque à croire en l’existence d’une malédiction qui promettrait de lui arracher absolument toutes les personnes qui comptent à ses yeux et si son monde venait à s’effondrer une fois de plus, le gamin espérait sincèrement que plus personne ne viendrait le chercher au milieu des décombres et qu’on le laisserait appartenir aux ruines du passé une bonne fois pour toute. On a besoin de toi. Pas seulement lui, mais aussi Pearl, la prunelle de ses yeux qui n’avait de cesse de décompter les jours la séparant encore de ces précieux week-ends passés en famille. Rocky ne lui donne pas l’opportunité de le reprendre sur ce point – parce qu’il le fera, animé par cette fausse idée éternelle selon laquelle ils se porteraient mieux sans lui – et se lève pour exécuter les désirs du plus vieux en disparaissant de sa vue.
Rocky est soulagé de retrouver le parking souterrain vidé de sa clameur. Il n’y a même plus un seul bruit de moteur pour venir chahuter la quiétude nocturne si reposante de l’endroit et les déchets qui jonchent le sol sont à présent la seule preuve formelle du carnage qui s'est tenu ici quelques heures plus tôt. Le môme pensait vraiment être seul jusqu’à ce que son regard se pose sur un groupe d’individus adossés au mur juste en face de la voiture commune. Il a l’étrange sensation que ces types-là attendent quelqu’un mais ne s’en formalise pas, persuadant tant bien que mal sa paranoïa que le monde entier n’était pas programmé pour en vouloir à sa peau. Ce n’est que lorsqu’ils l’interpellent tout en s’approchent de lui que tous les sens de Rocky entrent en effusion. Il est où Rex ? La menace qui pèse dans le ton employé lui laisse clairement savoir qu’ils n’avaient nullement l’intention de le trouver pour s'enquérir de quelques conseils de combat. Le bouclé se doute qu’ils ont dû se renseigner, qu’on leur a sûrement balancé qu’ils avaient quitté le parking ensemble un peu plus tôt de la soirée mais son cerveau gèle. Il aurait pu brouiller les pistes, les envoyer dans une direction complétement à l’opposé de celle où Eden était présentement en train de se murger mais il ne trouve rien de mieux à faire que de jouer les innocents. Connais pas. Le mensonge n’a jamais été codé dans ses gênes. C’est écrit sur sa tronche qu’il les prend pour des cons et sa réponse ne tarde pas à faire mouche. Le plus gringalet des trois l’attrape par derrière pour lui bloquer les bras pendant que le plus intimidant lui portent quelques coups bien dosés au visage. S’ils ne retiennent pas leur force, Rocky ressent qu’ils n’exploitent pas leur potentiel à fond et veulent juste faire remonter un message jusqu’à Rex, puis lui foutre un peu les jetons aussi. Ca ne dure qu’une poignée de minutes, juste de quoi le jeter par terre et lui balancer quelques fois leurs pieds dans les côtes avant de s'éclipser dans la nuit. Tétanisé par la peur, Ledoux hésite un instant à se réfugier sous la voiture en attendant que le colosse revienne.
Lorsqu’Eden lui apparait enfin, le môme ramène ses genoux contre sa poitrine et se redresse légèrement pour tenter de retrouver un semblant de contenance malgré l’angoisse qui le tient en otage et les respirations qu’il enchaine beaucoup trop vite. J’ai oublié les clefs. Entre le sang et la salive accumulés dans sa bouche, le môme gargarise ces quelques mots en espérant que Rex les comprendra.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mar 23 Fév - 13:34
-- underneath it all we're just savages @Rocky Ledoux
Il n'obtiendra rien de Rex Eden car personne n'obtient jamais rien de lui. Petit effronté des rues sales d'Exeter. Autrefois, on pouvait parfois négocier avec lui, essayer de le faire changer d'avis mais son père a incéré dans sa tête des idées préconçues. A la pioche. Et sans anesthésiant. Maintenant qu'elles sont là, les idées, qu'il a souffert pour les accepter, hors de question de les laisser se faire la malle. Rocky peut bien le regarder avec ses yeux de merlans frit. C'est trop tard. Il se sent en colère et la colère, elle coule dans ses veines comme si elle était chez elle. Elle connaît par cœur le chemin jusqu'à ses organes vitaux pour le transformer en une drôle de bête. Le silence qu'ont causé les gestes de Rex se dissipe un peu et il garde son air d'adolescent qui se fout de tout quand le plus jeune lui fait la morale. Pearl. Il y pense tout le temps, toute sa vie porte le nom de cette môme qui ne connaîtra jamais la chaleur d'un foyer où rien ne se passe. Elle a pas de maison, pas de nid où elle peut vivre sans être en apnée. Elle a pas de gardien. Pas d'histoires à raconter. Fin si, celle de son père qu'elle connaît en pointillés et d'un oncle surpassé par les événements. Eden serre les poings et la mâchoire, son visage est plus le même. On dirait qu'il contient en lui une force incroyable et qu'elle tape contre ses tempes et l'implore de le laisser partir, s'en aller pour de bon pour s'exprimer. Cela lui ferait du bien mais Rocky pourrait en mourir alors il se contient. C'est un abruti, mais pas un tueur de petit frère. Pas encore du moins.
C'est ça, casse toi. Rocky décampe et Eden ne décolère pas de la soirée. Quand un de ces types vient pour lui parler du temps où il avait pas les mains comme du verre cassés, Rex lui dit d'aller se faire foutre. Tu rigoles mec ? J'ai l'air d'rire ? Son regard sombre s'accroche aux pupilles surprises du gaillard. Partagé entre l'humiliation, la colère et la détresse, le vieil ivrogne baisse un peu le ton. C'est ce qu'on appelle avoir une discussion, Rex, pas un de tes foutus combats à la noix. Mais Rex ne connaît que ça, lui, le sentiment de guerre, celui du type sans cesse sur la défensive. Il n'a confiance en personne. Pourquoi devrait-il se donner cette peine ? Celle de ménager ceux qui se retourneront probablement contre toi en te disant par dessus le marché que tout est de ta faute. Nox et Paddo sont l'incarnation de la loyauté. Et s'ils le sont, si loyaux, ce n'est pas grâce à leur humanité mais parce qu'ils ont tout des bêtes. On le laisse passer ses heures seuls sans essayer de venir l'emmerder. Seul le barman ose venir lui remplir son verre sans même en changer. Ils le connaissent assez pour savoir qu'il vaut mieux en rester loin. Le patron a déjà refait les lieux bien assez de fois sur ces dix dernières années. S'il veut pas finir ruiné, alors autant laisser respirer les combattants les plus colériques.
Clébard à l'échine redressée, Eden quitte les lieux sans un mot et ne tarde pas à tomber sur la silhouette de Rocky. De cette distance, il sait que seuls les types bourrés ou ayant pris une bonne raclée se tiennent dans cette position. Pour Ledoux, ça ne peut être que la seconde option. Rex casse la clope qu'il a entre les doigts, mouvement instinctif. Une vague le frappe de plein fouet, celle que crée la peur. Rocky ? P'tain de merde. La bête s'approche brutalement et pose ses doigts sous son menton. Il voit les dégâts en un éclair de seconde, vieille habitude du combattant habitué à se faire ratatiner la gueule. Qui c'était ? Il l'entend même pas lui parler. Aveuglé par le rouge de la colère. Eden regarde autour d'eux mais ne voit rien. A la vue du sang qui commence à sécher, peu de chances que ces connards soient encore dans le coin. T'réponds p'tain ? Ils étaient combien ? Ses mains contre ses épaules, Rex y exerce une pression qu'il a du mal à contrôler. Maintenant que Ledoux est dans cet état, en plus de devoir gérer sa propre douleur, le gamin devra puiser suffisamment d'énergie pour trouver le courage de calmer la rage d'Eden. Ils le savent tous les deux, si le feu n'est pas éteint tout de suite, il deviendra dévastateur. N'importe qui y passera jusqu'à ce que le Minotaure soit trop fatigué pour continuer.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mar 23 Fév - 13:39
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
Du coin de l’œil, Rocky peut voir Rex accélérer l’allure pour le rejoindre plus vite et ça le rassure instantanément de le savoir là. C’est même pas sa présence sécurisante ou le fait de se dire qu’on lui cherchera plus des noises maintenant que la sauvagerie d’Eden veille sur lui, non, c’est surtout le soulagement de voir qu’il est passé sous le radar de ces brutes-là et qu’il lui revient pas plus amoché qu’il ne l’était déjà lorsqu’il l’avait laissé en tête à tête avec sa bière. Se faire casser la gueule, c’était certainement pas l’expérience la plus jouissive que le môme avait eu à vivre, il allait certainement en chier et casser les oreilles d’Eden durant les quelques jours à venir mais son corps mettrait toujours moins longtemps à se regénérer que celui du plus vieux. Bientôt, sa douleur ne sera plus qu’un affreux souvenir, contrairement à celle du colosse, incrustée si profondément qu’elle faisait maintenant partie intégrante de lui, au même titre que son cœur et ses poumons. Les rôles se retrouvent inversés pour ce soir et cette fois-ci, c’est le combattant qui s’accroupit face à lui pour attraper son menton et inspecter la gravité de ses plaies encore sanguinolentes. Le gamin grimace lorsque le minotaure lui tourne un peu le visage et se retrouve presque déçu de ne déceler aucun changement dans son expression, lui qui pensait au moins en avoir pour cinq ou six points de suture, les premiers de toute sa vie.
Ledoux ne répond pas de suite lorsque Rex le canarde de questions. Il connait assez bien l’animal pour savoir que s’il lui donne trop d’indices, il finira inévitablement par ratisser tout le périmètre pour refaire le portrait à tout individu ressemblant de près ou de loin à la description qu’il lui en ferait et le gosse n’est pas vraiment transcendé à l’idée que de possibles innocents goûtent à la fureur du minotaure, surtout pas par sa faute. Peut-être trois ou quatre, je sais pas. J’ai pas trop eu le temps de bien voir, je crois que je leur ai fait peur. Un rire timide soulève sa poitrine et provoque une nouvelle vague de douleur. Il sait même pas trop d’où ça vient, si c’est sa tronche, ses côtes ou si c’est seulement son hypocondrie. Tu crois pas que tu t’es assez fait cogner pour ce soir ? Ils avaient pas l’air de rigoler en plus. Rocky sent qu’il en dit déjà trop et se ravise presque aussitôt. Son regard se dérobe, exactement comme son courage face à ses agresseurs disparus dans la nature et il coupe court à la conversation, replié dans une attitude suffisamment suspecte pour laisser croire à Rex qu’il ne lui disait pas tout. L’attitude protectrice du bœuf le ramène quelques années en arrière, du temps où Estrela avait dû le récupérer à l’intérieur des murs de l’école parce qu’il était terrorisé à l’idée de sortir en sachant que les brutes de sa classe lui avaient promis de l’attendre à la sortie. Il avait eu tellement honte qu’il aurait préféré qu’elle ne vienne jamais le chercher. Ca avait beaucoup amusé sa sœur qui lui avait assuré que la peur était en réalité un des plus puissants instincts de survie. C’est pas vraiment l’impression qu’il avait eu, lui, couché par terre et paralysé jusqu’à la pointe des cheveux là où il aurait au moins pu essayer de partir en courant. C’est bon Rex, laisse tomber. Je suis plus un enfant, j’ai pas besoin qu’on me venge. Son visage maintenant au moins aussi tuméfié que celui du plus vieux était en soi déjà le fruit d’une vengeance, d’une dette de nature inconnue qu’il avait essuyé pour un faux pas du minotaure, exécutée par une poignée de sales types qui semblaient garder quelques rancunes tenaces envers lui. On peut y aller maintenant ? Naïvement, il espère profiter de son sale état pour mettre fin à l’interrogatoire. Quitte à avoir l’impression de mourir, autant le faire bien au chaud depuis leur canapé. Je veux bien que tu m’aides à me relever par contre. La fierté déjà réduite en poussière, ça lui coûte pas grand de demander son aide à Eden. C’est qu’il avait bien essayé de se remettre d’aplomb par lui-même mais ses jambes aussi vacillantes que celle d’un faon qui fait ses premiers pas refusaient catégoriquement de le soulever.
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Mer 3 Mar - 20:17
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rex & rocky ;
Pourquoi Rocky ne fait-il pas preuve de plus de courage ? Son père lui aurait mis une torgnole pour bien moins que ça, prétendant au passage que son fils n'était rien de plus qu'une tapette. Pris au piège des vieux fantômes à l'éducation barbare, si Eden réagit sévèrement, c'est à cause de l'adolescent qui prend éveil en lui. Le gamin paumé et terrorisé de s'être fait casser la gueule par ses camarades de classe et de ne pas avoir été à la hauteur. Rex rentrait chez lui, parfaitement droit, la démarche assurée afin de masquer la douleur qui irradiait de ses côtes par peur que son paternel découvre qu'il n'était pas infaillible. Plutôt mourir qu'être cette chose à peine capable de respirer parce qu'il n'avait pas rassemblé suffisamment de courage pour répondre aux coups. Plutôt annihiler ses sentiments que les laisser prendre le dessus et le contrôler. La fierté avant tout. Ce n'est qu'une question de ça depuis qu'il est en état de comprendre que le monde n'existe pas pour se montrer clément. Alors pourquoi pas lui ? Pourquoi pas Rocky ? Son regard bestial reste attaché aux traits de son visage fatigué tandis que sa main attrape son menton, le serre. Quand le môme lui demande de ne rien faire, la claque part d'elle-même, geste de grand frère en colère à la sensibilité parsemée de violence. Le bruit qu'elle fait raisonne dans le parking et ses doigts lui piquent. Rex fronce les sourcils, détourne le regard, conscient de ses problèmes, du mal qui le ronge, de l'horreur qui le gouverne.
T'es pas un gosse non t'es qu'un putain d'froussard. Ses doigts marquent sa peau. Il pourrait croire la fine mâchoire du gamin sur le point de céder sous ses phalanges. Hors de question que j'les laisse s'en tirer comme ça. Il le sait. Rocky ne peut que le savoir, pour l'avoir vu trop de fois agir sous l'impulsion. Bête protectrice, Eden ne pourrait pas vivre en laissant droit sur ses jambes un connard persuadé de pouvoir s'en prendre à sa famille sans en payer les conséquences. Si les liens du sang ne valent plus rien, ceux du cœur sont si puissants qu'ils transcendent le temps et l'espace. Rex est né seul, malgré l'existence de ses parents, sa sœur et son frère. Un vide l'entourait, le torturait, jusqu'à que se lient à lui des âmes comme on se lie au bonheur sans qu'il ne fasse la moindre vague. Ils sont ses évidences, tous, chacun à leur façon, même s'il est incapable de leur dire.
Pourquoi faut toujours qu'tu sois aussi faible et lâche ? Il lui en veut de les protéger ou de le protéger. Des deux, seul Rocky nécessite qu'on l'entoure de papier bulles afin d'empêcher les tracas du monde extérieur de le traquer. Suffisait qu'tu restes avec moi ce soir. T'fais chier. Ce n'est qu'une fois trop loin que l'animal revient sur ses pas. Sa voix est moins grave, ses cordes vocales s'adoucissent. Ta soeur m'tuerait si elle savait. Estrela. Son étoile envolée, perdue dans l'immensité de la noirceur de ce monde prêt à tout pour tâcher à son tour Rocky. Et Rex au milieu, déjà si sale qu'on ne peut plus rien contre lui.
BY CΔLΙGULΔ ☾
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Sujet: Re: we all share the same grave (t-rex) Dim 14 Mar - 19:04
underneath it all we're just savages
rex & rocky ;
Pétrifié, Rocky peut presque voir la colère de Rex palpiter dans la veine gonflée de son front, assez infusée dans son sang pour lui donner le goût de la revanche. Le môme ne s’était jamais attendu à ce qu’il conserve son calme ou laisse passer l’affront de ses agresseurs sans bouger le petit doigt mais pensait au moins qu’il leur laisserait le temps de se remettre à tous les deux avant de se lancer dans la traque sans relâches des fautifs. Le bouclé n’a à présent qu’une seule envie, celle de se rouler en boule et de devenir invisible jusqu’à ce que l’orage passe mais les doigts de Rex maintiennent bien trop fermement son visage pour le laisser disparaitre aussi facilement, l’obligent à regarder droit dans ses pupilles embrasées par la haine, fenêtres ouvertes sur cet enfer intérieur qui abrite ses démons les plus féroces. C’est la gifle que Rex lui assène qui achève de le faire flancher pour de bon, démolissant le barrage fragile qui empêchait encore la crue de monter à ses yeux. S’il a toujours encaissé sans problème la violence verbale de Rex, l’avalant pour mieux la digérer à chaque fois, additionnée au passage à tabac, il sent celle-ci faire plus de dégâts émotionnels qu’il ne le voudrait alors qu’une larme perle sur sa joue.
Froussard. Une insulte qui n’en est plus une depuis longtemps à ses yeux, plus comme une seconde peau qui n’avait jamais mué et dont il n’avait jamais pu se débarrasser depuis l’enfance. Le second adjectif employé, lui par contre, se veut plus percutant, assez pour sortir le gamin de sa tétanie. Lâche ? Il n’avait jamais fait preuve d’autant de courage qu’au moment de serrer les dents face à la pluie de coups qui le prenaient pour cible uniquement pour avoir gardé le silence et couvert les arrières de Rex alors qu’il n’avait qu’un mot à dire pour sauver sa propre peau. Qu’est-ce que j’aurais dû faire hein ? Leur dire où t’étais ? Les y emmener moi-même ? Inconsciemment, sa main attrape son autre bras pour tenter de calmer les tremblements qui l’agitent alors qu’il se tient là, au bord de la crise de nerf. C’était toi qu’ils voulaient, pas moi. Toi. Ce sont ses erreurs à lui qui les avaient rattrapé tous les deux. Je les avais jamais vu avant. Y en avait un plus nerveux dans le tas, il parlait très mal, je crois qu’il devait plus lui rester beaucoup de dents. Epuisé, le môme laisse l'arrière de son crâne prendre appui contre la tôle froide de la voiture alors qu'il finit par céder et lui distribuer les rares indices dont il se souvenait.
Tu la vois quelque part ? Parmi les milliers d’occasions où Rocky aurait rêvé de lui parler de sa sœur sans qu’Eden ne se referme comme une huitre, celle-ci était probablement la dernière. Estrela avait perdu le droit de reproche sur Rex à l’instant même où la police l’avait embarquée pour un long séjour derrière les murs tristes de la prison d’Exeter. Elle était juste autorisée à garder le silence quand il s’agissait du minotaure et de la façon dont il s’était toujours maladroitement démené pour aider le bouclé à affronter le quotidien depuis le jour où il était venu frapper à sa porte, complétement largué par l’arrestation de son aînée. Il en avait enchaîné, des parloirs, mais jamais il n’avait prononcé un mot moins respectueux qu’un autre à propos de ce grand frère que la vie sans Estrela lui avait offert, au cours d’aucun d’entre eux. Soudainement inquiet à l’idée que le plus vieux puisse garder du ressentiment envers lui à l’idée qu’il se soit laissé humilier sans jamais essayer de rendre la monnaie de leur pièce à ses agresseurs, le môme se redresse légèrement pour capter à nouveau l’attention du colosse. M’en veux pas Rex, je pouvais pas bouger. C’était comme si on lui avait coulé du béton dans les veines pour le transformer en statue de pierre. Les phalanges de ces pauvres types auraient pu se décharner sous la violence des coups qu’ils lui portaient qu’il n’aurait toujours pas été en mesure de riposter.
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